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Le petit loup


Le petit avait envie de savoir  ce qu’il y avait au delà du bord de la tanière, il pressentait quelque chose ? Sa mère ne souhaitait pas qu’il grimpât. La curiosité et l’envie de savoir furent les plus fortes, dans la nuit sombre poussant difficilement sur ses petites pattes, il atteignit le bord et la, le vent lui soufflât aux narines un air dur. Jusque la il n’avait connu que le souffle régulier de sa mère quand elle prenait soin de lui. Ce pneuma, souffle pulmonaire, était le bon coté de la vie, le plaisir sans partage, le bruit habituel du souffle de vie sur sa fourrure. Il frissonnât de surprise. Mais enfin le souffle venait bien lui apporter quelque chose ? Le souffle geste crucial de respiration permet la vie, le jour où nous rendons le souffle nous connaissons le mystère de l’Orient Eternel. Si le souffle est personnel, individuel, obligatoire à la vie, il est libre et va ou il veut, lorsqu’il est sorti du corps, de la gorge, de la bouche de l’homme. Dans l’Evangile de Jean le souffle est liberté « Le Souffle, souffle où il veut, tu entends sa voix mais tu ne sais d’où il vient, ou il va. Il en est ainsi de ceux qui sont nés du Souffle ».

Ce que ressent l’Être lors de la perception du souffle spirituel est alors naissance, partie de la renaissance qu’il est en train d’accomplir librement, il ne le sait pas mais il va réfléchir. Le sens de liberté, du déplacement libre, de la curiosité agissante est lié au souffle, le souffle est presque toujours relié à des notions de liberté dans le travail « souffler à son rythme » et d’universalité dans la recherche agissante, « souffler pour aviver la flamme ». Il donne la vie non seulement matériellement ou spirituellement mais il est transformation par la poussée insufflée dans la voile de l’âme qui à besoin de forces. L’air se mit à souffler en mugissant, il comprit qu’il ne connaissait rien encore et redescendit au fond de la tanière.


Le sentiment de vouloir avancer dans la connaissance fut le plus fort, il reparti à l’abordage de la nouveauté. Parvenant a se hisser, la pluie le surprit : mais c’est froid ! Mais c’est humide ! pensa t il mais qu’est ce que je fais la, je serais mieux blotti contre maman. Quand je tête c’est un liquide chaud et sucré. Une voix intérieure lui répondit, mais petit, l’eau est source de vie, permet à la semence de germer, est un moyen de purification par lavage ou baptême, régénérescence comme la sève de printemps. Les eaux dans leurs masses sont des symboles, montrant l’infinité de leurs possibilités, elles contiennent les débuts du monde et les noyades, les germes et les pourrissements. S’immerger pour rejaillir, sans se diluer, c’est revenir à la source, au liquide amniotique qui nous a nourrit et nous a protégé. L’eau donnée par Yahvé aux Hébreux devient plus mystérieuse, symbole de sagesse car l’homme non avisé ressemble a un vase brisé d’où s’écoule l’eau. Recherchée dans les mondes lointains pour savoir si une vie semblable à la notre peut exister, l’eau est vitale. Créatrice et destructrice, source de vie et de mort, l’eau est plus que tout, elle est symbole pluriel  rassemblement d’images contradictoires, les axes de symbolisation du liquide sont divergents. Cela surprend, comment penser à toutes ces choses. La bruine faisait moins de bruit que le vent. Sagement il perçut qu’il fallait attendre et revint se blottir.


Un peu plus tard il repartit, le jour était levé, il clignât des yeux, tout n’était donc pas sombre dans le monde, la chaleur du soleil réchauffait son corps endolori par tant d’effort. Allait-il savoir que cette chaleur positive, action fécondante et illuminatrice, peut devenir négative en se transformant en passion ou étouffante par la fumée dégagée du brasier des envies négatives. Demander la lumière ce n’est pas appuyer sur un interrupteur et voir venir, il faut aller la chercher, après s’être redéfini, mesurer le mesurable et transmuter sans chaleur excessive, juste avec la force nécessaire. Lumière demandée et voulue. Symbole double de fécondation associée pour les plantes à l’eau la lumière déclenche la force créatrice, le renouveau et donc la renaissance annoncée par Le Baptiste. Mourant chaque soir, elle renaît tous les matins symbole du destin, de notre chaîne d’union, de la pérennité des cycles de vies que les Egyptiens traduisaient par l’image du dieu RA cousu sur les linceuls. Revenu au fond il découvrait la lueur à l’entrée, pour une première découverte de la lumière quel choc. La lumière pouvait le guider tout en l’éclairant. Il voyait plus loin, cette liberté de voir était nouvelle pour lui. Il avait été prisonnier des ténèbres, son chemin allait être illuminé.

Les membres plus avancés en âge de la meute suivaient avec intérêt, sans que le louveteau en soit conscient, ses efforts. Ils appréciaient le fait que seul pour le moment il soit parti à la découverte, la curiosité saine n’est pas un défaut pour ceux qui s’assemblent, voulant comprendre ce qu’il y a plus loin. Innée ou acquise la connaissance de notre monde, des mythes, des symboles, des mystères montre l’intérêt que les hommes de tous temps portent aux choses du monde au travers de leurs matérialités. Les avancées, les doutes sont inscrits dans un temps et un espace non clôturé. La réflexion est unie au comportement de l’homme et nos progrès nous font savoir qu’il y a moins de frontière entre la matière et l’esprit aujourd’hui qu’hier. Nos symboles, nos outils seraient donc plus proches de nous que nous n’avions pu le croire jusque la. Les avancées de la science nous le disent, l’impalpable est lié à son support matériel, l’idée est issue du cerveau et le cerveau est matière. Bel engrenage de l’immatériel au matériel et retour, le démarreur étant architecte. Nous ressentons les douleurs non physiques, au travers de nos corps, tremblements, larmes, frissons, les idées et les joies , sourires par contraction des muscles faciaux, rire à gorge déployée n’est ce pas exprimer l’idée de bonheur, de la joie dans les cœurs, au travers du corps.


Le chef de meute vint le renifler et frottât sa tête trois fois, le louveteau sût à ce moment là par ce geste, qu’il était admis parmi les siens que sa curiosité était récompensée. Au travers de l’intelligence et du raisonnement, le jeune avait la disposition d’esprit permettant d’aller à la découverte des idées, des êtres. Envie et curiosité peuvent être malsaines, pernicieuses comme pour Eve, celle que j’évoque avec vous c’est la curiosité de celui qui cherche en lui, par lui avec les autres pour les autres. Toutes les assemblées ont un rite qui rappelle aux membres qui ils sont, ce qu’ils sont venus chercher et qui les unit. Des assemblées plus matérialistes pratiquent plusieurs rites, puisqu’elles se disent plus prés de la vie cela doit être un symbole de richesses. D’autres sont unies étroitement par les mêmes gestes, les mêmes signes, les mêmes mots dans une même architecture pour une construction spirituelle. Le lien est si fort qu’après quelque temps le rite est en nous. Le REAA, dont la spiritualité révélée par l’étude des symboles est le ciment de notre obédience. Nous l’avons au cœur, chose qui nous parait si normale que souvent nous n’y pensons plus tellement il est en nous. La spiritualité est le résultat de l’addition de nos aspirations puis de nos inspirations dans un chemin de pensées conduit de l’extérieur vers l’intérieur de l’être puis pour ne pas rester stérile renvoyés vers l’autre dans un enrichissement mutuel du travail, d’abord de l’Atelier puis inspirant notre conduite, il guide notre vie et éclaire le chemin dans le monde profane.

L’apprentissage de la vie en meute commençait, vivre pour soi et seulement pour soi est une chose que les bonnes assemblées comme les bonnes meutes n’apprécient pas. Car le fait d’accepter un membre donne des devoirs au groupe, de même l’arrivant à des obligations codifiées. Si nous sommes écossais c’est que nous acceptons les mêmes règles, pratiquons le même rituel, taillons avec la même méthode. Nous ne disons pas ce qu’il faut savoir mais comment chercher en oubliant la rumeur de la rue, sachant que notre architecture morale est issue des symboles de l’architecture matérielle par l’équerre et le compas.

L’initiation, demande de travail, est individuelle et collective en même temps, chacune des deux contient une part de l’autre et lui donne du sens. Esotérique car tournée vers le sacré et exotérique vers le profane, deux sens, expression d’une même réalité que nous avons en nous, modernes Janus, vers la construction nouvelle spiritualiste et humaniste, progressiste et traditionaliste. Effaçant le paraître, ego profond, pour faire venir l’autre, achever l’œuvre. Elle n’est pas qu’un instant solennel qui a marqué le départ vers ma nouveauté, vers le renversement sur moi par le travail avec ce que j’ai en moi. Individuelles, collectives et actuelles, les idées sont émises par moi, homme du siècle, du temps présent, portant un regard d’amour et de respect sur ce qui m’entoure. Cette façon de regarder est obligatoire au renouveau. Il me faut dépasser l’ombre de la caverne, jeter le regard de l’éros conscient. Mon être sensible ne réduit pas l’éros à la chair, l’amour est une part de l’âme qui veut montrer dans la conscience et l’esprit qu’il est un élan vers la lumière, vers l’autre. Cet élan est bouleversement de la vie, de l’émotion, du merveilleux. Ma complexité ne facilite pas la chose mais à moi de la domestiquer pour tirer la substantifique moelle. Mon développement est éternel au delà de la vie et de la mort, comme infini, car ma création spirituelle me survivra par le don aux autres au travers du travail commun. La spiritualité non dogmatique me fait progresser dans ma vérité intime qui m’oblige à dépasser mon instinctif reptilien et réduit la dispersion des idées rassemblant ce qui est épars avec mes frères.

La vigilance durant la taille doit être critique afin que je puisses garder ma liberté de travail et que nous n’allions pas vers une unique pensée réductrice. Sagesse, beauté et  force sont des compléments qui assurent l’équilibre dans nos dualités, hommes et femmes, bien ou mal, tout se terminant par la joie dans les coeurs qui orne nos raisonnements et notre recherche. La pensée initiatique du REAA grâce à la richesse des interprétations personnelles des symboles me dégage des somnolences, du tout prêt à penser, dépassant le visible pour arriver à l’invisible. Au travers des symboles nous parlons une autre langue active nous permettant d’aller dans le sens du beau et du juste. Le symbolisme nous amène à percevoir le double de chaque être, le double de chaque chose, le sens caché du mot, amélioré et reconstruit. Pour arriver à ce point le chemin initiatique devient art de vivre par et pour l’amour, le tout maintenu par les nœuds fraternels de notre Rite.


Devenu adulte le loup se souvint, il vit que le chemin est un parcours d’initiation par l’orientation donnée à sa vie. Grandir c’est vaincre les craintes, parvenir à l’âge d’homme c’est vivre la sérénité acquise qui ne peut être ressentie que par la taille sur son corps, son âme et son esprit. Arriver à l’homme demande de l’opiniâtreté. La taille de la pierre est un symbole douloureux, pensons aux opératifs avec leurs ciseaux en fer et non pas en acier, travail ingrat, long.  Ce chemin est le révélateur du souvenir et de l’en avant, chemin de la nostalgie des passés et des espérances à venir. Paradoxe de l’homme tendu vers un projet d’itinéraire de vie, projet qu’il veut partager. J. SERVIER, anthropologue et homme d’action le définissant comme «  à la limite des pavés sacrés blancs et noirs, retournement brutal, inversion du centre et de la périphérie de l’être, exigeant une descente aux enfers par le miroir et une ascension par une voie difficile de purgatoire ».

J\J\ C\

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