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Le petit bonhomme de paille


Je vous propose ce soir mes B
\A\F » une allégorie .

Une ALLEGORIE : Est une espèce de discours, qui est d'abord présenté sous un sens propre, et qui ne sert que de comparaison pour donner l'intelligence d'un autre sens.
Quand Pythagore disait : « N'attirez pas le feu avec l'Epée »
Il voulait dire. « Ne donnez pas des armes à des gens en colère »

En fait pour ce qui nous intéresse, je vais tenter de vous faire percevoir dans le contenu d'un Conte qui n’est qu’une Allégorie, nos progressions maçonniques, de l'Apprenti au Maître notamment, voire plus, à chacun de nous de pendre ce qu’il est en droit de connaître!

Le petit bonhomme de paille

Le petit bonhomme de paille, est une histoire :
Une Histoire d’infinis : de l’infiniment petit à l’infiniment grand
Une histoire de limites : le temps d’un début et d ‘une fin.
Une histoire de sens : du perceptible à l’insaisissable.
Une histoire, comme tant d’autres et pourtant différente.
Il existe un lieu perdu au-delà du temps, des distances et des limites. En ce lieu vivent des Êtres qui n’ont pas leur place dans le monde matériel des humains, dans cet univers de logique scientifique, gouverné par la rigueur des mathématiques ou l’on ne doit croire qu’à ce que l’on voit de nos yeux, à ce que l’on touche de nos mains, à ce que l’on peut comprendre.

Pourtant on parle d’eux dans les contes pour enfants, dans des récits mythologiques ou religieux.
Parfois on se souvient de les avoir rencontrés lors d’un rêve.
Certain pense en avoir aperçu dans un coin d’ombre ou  dans un rayon de lumière, l’espace d’un instant, juste d’un instant.
Il y a toujours en soi, une pensée pour ceux que l’on ne voit pas, ceux que l’on ne comprend pas.

Il est une vallée perdue, qui abrite un petit village, dans ce village il n’y a plus personne.
Les maisons sont vides, abandonnées.
Il y a bien longtemps une rumeur a circulé  dans ce petit village :
des « on dit » , des « il parait que ».
            « On dit » : qu’il y a au cœur de la montagne une grotte qui abrite un somptueux trésor protégé par un Dragon.
            « Il parait que » : certains l’on vu, et craignant pour leurs vies ils s’étaient enfuis.

Dans ce petit village on en a tellement dit de choses, que petit à petit les gens ont commencé à réellement y croire.
Et c’est là que tout a vraiment commencé !

Des hommes de ce petit village partirent chercher le trésor, ils ont cherché partout sur cette montagne l’entrée secrète de la grotte.
Ils passaient tellement de temps à chercher qu’ils en perdaient la raison.
Tout le village ne parlait plus que de ce trésor mystérieux, de cette grotte protégée par un Dragon.
Les hommes partaient tous en quête de ce trésor, laissant derrière eux, femmes, enfants, travail. 
Certains sont revenus fous, d’autres sont morts, enfin ceux qui sont rentrés au village ne semblaient ne plus penser qu’au trésor, c’était devenu une obsession, ils ne rêvaient que de repartir à sa recherche. 

Alors, certaines femmes, ne supportant plus la faim et leur solitude, ont commencé à quitter le village.
Les plus courageuses, celles qui voulaient rester étaient prêtes à tout faire pour garder leur mari à la maison.
Elles avaient beau faire, elles avaient beau dire, tous les hommes finissaient par devenir fous et partaient en quête de ce mystérieux trésor.
Elles étaient seules, abandonnées, la tristesse était dans tous les cœurs. Elles n’arrivaient plus à sécher les larmes de leurs enfants.
Oui ! Il y avait dans ce petit village des enfants.
Résignées, toutes les femmes partirent de ce village avec leurs enfants abandonnant aux quatre vents leurs demeures.

Il excite donc une vallée perdue, qui abritait un petit village et où tout le monde est parti, où, dans ce village il n’y a plus personne.
Tout le monde est parti ! Tout le monde ? Il n’y a plus personne !
Non !
Il semble qu’il y ait là-bas une petite lumière qui filtre à travers les volets d’une modeste chaumière. Une fumée timide sortait de sa cheminée.
Y a-t-il vraiment quelqu’un qui habite encore dans ce village abandonné ?
Oui ! Des enfants, des enfants oubliés, des enfants perdus.
Car il faut malheureusement le dire, lorsque tout le monde a quitté ce village, chacun s’est bien gardé de s’occuper des orphelins.
Alors, ces enfants abandonnés se sont rassemblés, dans cette chaumière.

Dans cette chaumière, ils sont trois enfants :
Il y a Jean, le plus grand, c’est lui qui va aux champs, pose les pièges, c’est lui qui apporte la nourriture. Il a quinze ans. Il est rarement à la maison.
Il y a Rose, elle s’occupe de la maison, c’est elle qui fait à manger et règle les différents quand il y en a, on peut dire que c’est une mère. Elle n’a que onze ans.
Et enfin il y a André, un vrai touche à tout, débrouillard et solitaire, il aide fréquemment Jean aux champs ou Rose à la maison. Mais il ne parle pas beaucoup. Souvent, il pleure en cachette. Il a sept ans.

Tout ce petit monde, vivait dans un monde clos d’une modeste demeure depuis un an. Ils avaient déjà passé ensemble un printemps, un été, un automne et là, c’était le début de l’hiver.
Jean était inquiet, très inquiet. Cet hiver était exceptionnellement froid. Tout en travaillant beaucoup il n’arriverait pas à fournir de la nourriture à sa petite communauté, point de légumes, encore moins de gibier. Même les animaux sauvages avaient fuit ce froid.
Rose était anxieuse elle aussi, elle savait que les réserves de nourriture ne suffiraient pas à passer cet hiver.
Il neigeait, il faisait froid, très froid.
Jean demanda à Rose de préparer un repas de fête. André était chargé d’alimenter en bois la cheminée. Les trois enfants mangèrent en silence, tous étaient conscients que ce repas pouvait être le dernier, mais nul ne pouvait le dire.
Jean donna à André une énorme tranche de pain et la moitié d’un fromage en lui disant « tiens André mange !» 
 Jean parlait peu, Rose encore moins.
Cela rendait le silence de la forêt encore plus profond.
Tout n’était que silence.
            « Dis Jean, on va mourir ? » demanda André
            « Pourquoi cette question ? »
            « Tu ne me réponds pas ! » insiste André
            « Dis-moi ce que tu penses André, dis-moi ce qui te pousse à poser cette question ? »
            « Nous ne sommes que des enfants, je le sais, tu le sais, Rose le sait aussi. T’as beau faire tous ce que tu peux nous ne passerons pas cet hiver » dit André en éclatant en sanglots.

Jean prit le visage d’André entre ses mains, délicatement il lui essuya les larmes au fur et à mesure qu’elles coulaient sur ses joues et le posa tendrement devant la cheminée en lui disant « veille au feu cette nuit, il va faire très froid ! Demain nous verrons  »

Le feu dans la cheminée n’était que braise.
André ne pouvait dormir.
Il prit une poignée de paille, la plia soigneusement en deux, et noua une ficelle autour, de sorte à former une boule.
« Tiens voila ta tête » murmura André.
Ensuite, il travailla les bras, le buste et les jambes de ce qui allait devenir son petit bonhomme de paille.
Il coupa soigneusement les brins de paille qui dépassaient et le serrant contre son coeur, il lui chuchota «  çà va aller ne t’inquiète pas, je suis là, je veille sur toi ».
André prit d’un profond désespoir, fatigué, encore tremblant par les émotions de cette soirée posa son  petit bonhomme de paille sur la cheminée et s’endormit.

Toc,Toc, Toc.
André a entendu, mais ne peut bouger, il a peur.
Qui peut bien  frapper à la porte, à cette heure de la nuit, dans cette vallée perdue, qui n’abrite qu’un petit village, où il n’y a plus personne ?
« André,c’est Moi, ! » dit d’une petite voix.
« Qui Moi ? » répond Andrée d’une voix tremblante.
« Ton Ami !»
« Quel Ami, je n’ai pas d’Ami, quel est ton nom ? »
« André, je n’ai pas de nom, puisque tu m’en as point donné, mais tu sais bien qui je suis ! ».
« André ouvrit les yeux et découvrit avec stupeur, sur la cheminée, son  petit bonhomme de paille qui gesticulait.
            « Qu’y a-t-il André ? »
            « Tu n’existes pas, je suis en train de rêver, tu n’es qu’un rêve ! »
            « Un rêve ! Un bon ou un mauvais ? D’après toi ! Crois-tu au bien et au mal André ?»
            « Je ne sais pas ! »
            « Crois-tu en moi, André ? Crois-tu  aux Fées, aux Elfes, à un Être Suprême ?
            « Non je n’y crois pas ! »
            « Alors André, avec qui crois-tu parler à cet instant ? »
            « Je ne sais pas, je ne sais plus ! »
            « Écoute André, je vais t’aider. Je vais te donner un indice, écoute bien :
                        « Je suis un être vivant issu de l’Amour, de la Haine, du Désir, de la Peur et de l’Espoir. »
                        « Je suis la Terre, le Ciel, l’Eau, et le Feu  réunis en Un Seul. »
                        « Je suis l’Infini et le Néant. »
                        « Je suis en même temps Imaginaire et Réel. »
                        « A  jamais Éternel parce que déjà Disparu. »
                        « Je suis le battement de ton cœur. Présent et pourtant ignoré de tous. »
            « Mais, je ne suis qu’un petit bonhomme de paille, je n’ai pas le pouvoir de changer les choses Moi ! Le Dragon est bien trop puissant. »
            « Il a le pouvoir de changer les choses ? » Interrogea André.
            « Oui »
            « Quelles choses » ? Questionna André.
            « Toutes les choses. Le Dragon est au cœur de toutes choses. Il est à la fois la Vie et la Mort, l’Amour et la Haine, l’infiniment Petit et l’infiniment Grand, il est le fruit de ce que vous les Humains appelez la « Foi » ».
            «  La Foi ! » cria André.
            « Oui la Foi, cette force, ce trésor qui te pousse vers la confiance absolue, la quête de toute une vie, l’aboutissement de tout qu’aucun humain n’a jamais réussi à trouver.
André Je dois te poser la dernière question : Jusqu’où est tu prêt à aller jusqu’à quel sacrifice es-tu prêt pour avoir ce trésor ?
« Jusqu’au dénouement, jusqu'à la mort » répondit doucement André en abaissant lentement sa tète, comme pour prier.

Toc,Toc, Toc.
« André réveille-toi, viens voir à la fenêtre ! » C’était Jean.
André sursauta, se frotta les yeux et regardant sur la cheminée, son petit bonhomme de paille avait disparu.
Avait t’il existé, ou n’était-ce que le fruit de son rêve ?
Avec Jean, André tout tremblant, regarda par la fenêtre 
Il y avait devant cette demeure un large chemin tracé dans la neige.
Ce chemin était verdoyant, de l’herbe grasse bien verte la recouvrait en son entier. Il y avait de ça de là des fleurs de la prairie, marguerites,  coquelicots, pensées.
Un arc-en ciel recouvrait d’une main protectrice, la chaumière et le chemin. Tout n’était que couleurs, et parfums.

L’histoire dit que les enfants oubliés de cette vallée perdue, qui abritait un petit village, un village où il n’y avait  plus personne, partirent ce même jour dans la vallée.

Le reste est une autre Histoire.

D\ M\

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