GLDF Loge : NC 03/10/2009


En l’an 3200...


Comme tous les jours depuis des années, le cherchant se rendait dans son étude, et depuis des décennies il essayait de comprendre ce qui restait du Passé.

Il y avait environ 700 ans que la Grande Panne avait privé le monde et l’humanité de mémoire, car en ce temps depuis bien longtemps, l’informatique avait envahi tous les secteurs de l’activité humaine, de la plus simple activité à la plus complexe. Toujours est il qu’un jour tout c’était arrêté ; causant une pagaille à l’échelon de la Terre. Collisions dans tous les systèmes de navigation causant des millions de morts sur les routes, dans les airs et sur mer sans parler des échanges commerciaux, du fonctionnement des grandes administrations comme les hôpitaux, même les bibliothèques gérées par l’informatique, avait subi de graves dégâts car tous les livres rares dont la chaleur ou l’humidité étaient des ennemis efficaces, avaient subi l’outrage du temps. De la ménagère au PDG, le séisme électronique avait tout détruit dans une réaction en chaîne sans précédent.

Des pans entiers de l’économie avait fini d’exister, car le savoir faire des métiers consignés dans des supports fiables enfin ce que croyait le monde de l’époque, n’était plus accessible.

Mais le plus grave était dans le fait que depuis des décennies, on avait perdu l’habitude d’utiliser la mémoire humaine, au profit de la machine.

En ce temps là, l’humanité tomba dans une grande détresse, et même dans des actes de sauvagerie, tout ce qui était du domaine de la morale, de la religion et de la spiritualité, n’avait plus aucun sens pour l’homme de cette époque. Cruelle chute !

Comme tous les jours, le cherchant passa devant le musée des Objets anciens, on y gardait toutes les vieilles machines électroniques des années 2500. C’était le souhait du comité des Sages, qui entre autre avait décidé de retisser des liens avec le passé de la Terre. Pendant des centaines d’années l’humanité avait eu un comportement plus proche de l’animal que de l’humain, causant d’innombrables conflits. Le comité avait mis en place des groupes de recherche spécialisés, et notre cherchant, membre de la Confrérie du Triangle, appelée ainsi car les premiers a fouillé le passé avaient constaté dans le peu de documents restants, la présence de nombreux triangles, d’où l’appellation de cette Confrérie. Il faut dire que le livre papier n’ avait pratiquement plus d’existence, le livre électronique était en usage depuis bien longtemps dans les écoles comme dans les universités, mais dans les fins fonds de nos provinces il restait encore des livres papier, mais avec de la chance et de la ténacité, on pouvait les trouver.

Notre cherchant lui avait eu un coup de chance en dénichant dans une ancienne bibliothèque des livres papier, dont il avait extrait d’autres livres marqués du triangle et qui parlait de maçonnerie ; ce qui pour lui ne voulait rien dire du tout. Cette reconstruction se heurtait à l’impossibilité de comprendre les mots et surtout ce que ces mêmes mots cachaient comme sens.

Depuis des mois, notre cherchant se grattait le front, car il ne pouvait pas mettre du sens sur les mots suivants : hiram, CBCS, jakin, boaz, Salomon, Kadosch, Gabaon et bien d’autres mots tout aussi bizarres ; dans sa recherche il était tombé sur des pages en très mauvais état parlant d’un certain Anderson, il en avait compris que l’on parlait de morale, mais sans pouvoir rattacher ces phrases à quelque chose de cohérent.

Exposé devant le Conseil des Sages, le résultat des recherches n’apporta rien qui puisse donner une définition du mot maçonnerie, qui fut convaincante et parlante aux membres du Conseil. On parla de civilisation disparue de langage très ancien, de coutumes archaïques, même de sorcellerie, enfin on prit la décision de classer les recherches sur la maçonnerie comme une chose incompréhensible pour le temps présent, et l’affaire fut classée, en attendant d’autres éventuelles découvertes.

Notre cherchant lui avait trouvé dans un vieux bouquin la phrase d’un écrivain totalement oublié disant : « que les civilisations sont désormais mortelles. » Cette citation fit l’effet d’une bombe dans la tête de notre cherchant, il prit conscience que son travail buterait toujours sur l’incompréhension, sur la motivation, sur la croyance de la civilisation disparue, que le peu de lumière qu’il trouvait ne serait rien face à toute l’ombre du temps passé. Il crut, avoir trouvé les traces d’une société mystérieuse qui se réunissait à chaque solstice, mais sa déception fut très grande, en constatant que les participants n’avoir rien à voir avec la maçonnerie.

Notre cherchant finit sa vie au sein de la Confrérie du Triangle sans savoir ce qu’était la maçonnerie

Pierre LENGYEL

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