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Connais-toi Toi-Même

En recevant ce thème de travail, j'ai eu l'impression qu'un souhait inconscient venait de se réaliser.

L'homme qui veut répondre à son destin doit constamment s'interroger sur lui‑même, se demander ce qu'il est, d'où il vient, où il va.

A ce sujet, OSWALD WIRTH écrit : « I1 a été demandé à 1 'Apprenti d'où il vient, et i1 a du savoir trouver lui‑même une réponse. Le Compagnon doit chercher à son tour, mais cette fois en s'efforçant de discerner ce qu'il est ».

Dans la ligne de la Tradition, la Franc‑Maçonnerie reprend le précepte de SOCRATE "CONNAIS‑TOI TOI‑MEME" et l'agrémente de toutes les connaissances des batisseurs du Moyen‑Age et de la Renaissance.

Souvenons‑nous : enfants au coeur léger ou quelque fois au coeur lourd, nous abordions 1a vie avec insouciance et frivolité. Mais déjà nos Parents nous imposaient des règles familiales, sociales puis scolaires. Ils voulaient que nous soyons les meilleurs pour réaliser ce qu'ils n'étaient pas, ou que nous soyons les dignes descendants de leurs efforts et de leurs ambitions. Que nous ayons adhéré à la pression de nos Parents, ou que nous nous soyons révoltés, nous avons subi une empreinte indélébile qui nous a façonné et que nous portons encore aujourd'hui.

Bien souvent, les qualités que j e crois posséder, sont celles qui me manquent 1e plus pour découvrir une nouvelle manière d'être. Je veux tout, tout de suite, parce que j'ai perdu la compréhension de l'effort ; mais c'est surtout, j e pense, une séquelle de ma période infantile. Mais enfin, si j e veux pouvoir traverser le présent d'un pas léger, i1 convient d'abord de déposer le fardeau inutile du passé.

L'essentiel, pour 1e Compagnon que je suis, n'est pas de progresser en découvrant un autre monde dans lequel je me perds un peu, mais, à l'aide d'une vision du monde, de se connaître pour dénouer les fausses tragédies, pour pardonner et se purifier.

Toute véritable démarche conduisant à la connaissance de soi exige de s'assumer dans une part de solitude consentie, de prendre la responsabilité de soi‑même, de sa vie et de son destin. Penser qu'une seule démarche ... serait illusion, elle doit être aimée en raison même de 1a rigueur qu'elle impose constamment.

Ne cherchons pas des idées révolutionnaires ; apprenons plutôt à prendre 1e temps de gouter à notre vie intime, et de nous éveiller à notre Etre intérieur. Chaque homme entreprend une démarche strictement personnelle. Les réalisations de la connaissance de soi ne sont jamais identiques et cependant toutes communient dans une harmonieuse unité. La claire conscience du soleil intérieur, du soi . tel est l'enjeu de la vraie connaissance.

En fait, il s'agit de trouver ou de donner un sens à ce qui, a priori, semble ne pas en avoir si l'on ne sait pas le percevoir. Nos yeux ne voient que ce qui nous est extérieur, alors que l'essentiel est à découvrir en nous. Mais cela ne peut se faire sans que nous fassions préalablement notre introspection, notre auto‑analyse afin que le "connais‑toi toi ­même" devienne le "comprends‑toi toi‑même".

Parce que cette compréhension nous conduit à comprendre l'autre et à nous situer par rapport à lui. Nous comprendrons alors que chaque autre a son Ego comme nous avons le notre, qu'il a son vécu, qu'il a sa propre vision du monde, c'est‑à‑dire qu'il le vit autrement que nous, mais que nous sommes tous sujets à part entière de notre monde commun. Aussi deviendrons‑nous conscients de ne pas avoir 1e droit d'avoir une vision égoïste de ce monde que nous partageons entre tous.

L'homme n'est pas une entité égocentrique isolée. il vit dans son corps, qui vit dans son monde, qui vit dans l'univers. Et c'est bien de l'univers qu'il s'agit, puisque les assauts que nous subissons, sont le fait des conditions extérieures de notre existence.

L'essence de la vie qui est invisible au regard se trouve contenue dans la lumière du cœur, et c'est sur cette lumière da coeur que les yeux vont tenter de se fixer en regardant au‑dedans. Les paupières clauses, les yeux illuminent l'espace intérieur. La lumière qui se trouve dans 1e cœur est ainsi éveillée et circule à l'intérieur de l'être.

Se connaître c'est connaître l'univers, mais c'est surtout connaître son monde. Se connaître dans le monde et connaître 1e monde pour mieux s'apprécier et apprécier les autres.

Le but de l'enseignement est d'apprendre 1e silence des sens et des passions, 1e contrôle de l'imagination, afin de parvenir peu à peu au recueillement profond, qui permet l'exercice de l'attention à l'égard de la vérité intérieure (que l'on approche mais que l'on atteint jamais).

Le papillon n'est pas une chenille ailée, l'initié n'est pas un homme ordinaire avec un savoir en plus. C'est un homme radicalement métamorphosé né de l'homme ordinaire qui s'efface L'initiation opère une métamorphose, et le sujet devient capable de recevoir la révélation des mystères. Ce qui était caché est éclairé : 1e sujet connaissant quitte sa nuit et pénètre dans la lumière du jour.

C'est cela 1a vraie connaissance par rapport au savoir. Connaître c'est étymologiquement CO‑NAITRE ou NAITRE AVEC. Si nous voulons nous connaître, nous avons besoin de sentir ce qui est intérieur.

Le profane croit qu'il appartient à 1a vie sociale, et que, s'il se tourne vers son intérieur, i1 deviendra égoïste. Erreur. En premier lieu, il n'est pas comme il le croit, orienté vers 1a vie des hommes, mais uniquement vers 1a sienne. Son Ego amoindrit sa perception du monde. En second lieu, se connaître, n'est pas se tourner vers ses sens déjà suffisamment au pouvoir, mais descendre plus profondément en soi. Là où plus libres et plus lucides, les yeux purifiés verront mieux 1a lumière, où les pieds seront davantage en contact avec 1a terre et 1e cœur plus ouvert à la générosité et à l'amour. Si l'on ne se comprend soi‑même, il est impossible de penser " VRAI ". A chacun de faire d'abord 1a lumière en lui-­même.

L'homme en marche vers 1a connaissance doit donc tenir compte de ce qu'il est, ce qui ne signifie point qu'il n'a pas à lutter et à se modifier lui‑même. On peut creuser 1e lit d'un fleuve ou l'endiguer, on peut le faire dévier de son cours normal, on ne change pas sa source, ni 1a qualité de ses eaux. Celles-ci dépendent du lieu de sa naissance, des terres dont il émerge et de celle qu'il baigne dans son parcours. Ainsi l'homme se développe et se libère dans la mesure où i1 prend conscience de ce qu'il est et peut devenir.

La véritable réalisation opérée par la connaissance de soi fait de l'homme : « un deux fois né », ce qui équivaut à l'expression "naître de nouveau". Quand 1a connaissance de soi atteint ce terme, l'homme est près de sa maturité

La véritable réalisation opérée par la connaissance de soi fait de l'homme : « un deux fois né », ce qui équivaut à l'expression « naître de nouveau ». Quand 1a connaissance de soi atteint ce terme, l'homme est près de sa maturité.

Mais, plus il avance sur le chemin, plus il éprouve l'impression d'être éloigné de son but. Cependant l'important ce n'est pas 1e but mais le chemin qui y mène. Entre le MOI et le SOI, 1a distance est considérable. D'ailleurs JUNG dira : « il y a du SOI au MOI la même distance qu'il y a du soleil à la terre ».

Dès que l'homme apprend à se connaître, il saisit les oppositions qui règnent dans sa vie et président à son existence. La connaissance de soi est donc une connaissance qui perpétuellement se découvre ; il est impossible de l'aborder avec précision et de la décrire. Nul ne peut avoir 1a vision plénière de ce qu'il aperçoit encore dans l'obscurité.

Existe‑t‑il un moyen, un système pour se connaître ? Toute personne habile peut inventer un système, une méthode, mais ne pensez‑vous pas que le résultat d'une méthode est crée par 1a méthode elle‑même ? (1a méthode maçonnique par exemple).

Si j'adopte un certain système pour me connaître, j'obtiendrai 1e résultat qui découle de cette méthode, mais je ne me connaîtrai pas pour autant. Car 1a méthode, le système, le moyen façonnent 1a pensée et l'activité, mais cette forme particulière qu'elles assument n'ai pas 1a connaissance de soi.

Pourtant, je pourrai me poser la question . comment passer à la connaissance de soi alors que j e suis d'abord en relation avec le milieu et les choses ? Certains suggèrent la contemplation intime, le retour sur soi. Mais c'est là une complaisance ruineuse, car nous sommes alors 1a proie de nos fantasmes, de nos illusions et de nos commodités. Se connaître, c'est s'éprouver, se mesurer aux hommes et aux choses, c'est affronter les vicissitudes de 1a vie, c'est se débattre dans les difficultés de l'existence. Se connaître, ce n'est pas vivre en soi comme dans un monde clos, mais c'est faire face à ce qui nous assaille, à ce qui nous paralyse, à ce qui nous entrave.

En dépit de cette extraordinaire, ou extravagante perspective ésotérique sur la connaissance de soi, la Franc Maçonnerie ne professe aucune théorie et n'impose aucun dogme. Le Franc maçon est un homme libre dans une loge libre, qui avec ses éléments de base, ses connaissances et ses croyances, avance sur le chemin de 1a vérité à son rythme, dans la direction qu'il a choisi en fonction de ses découvertes.

voilà le Cabinet de Réflexion : du latin Reflegio = action de tourner en arrière. D'après 1e LAROUSSE . action de l'esprit qui réfléchit, qui examine et compare ses pensées avec le jugement qui en résulte. Cabinet de Réflexion où il faut périodiquement redescendre se ressourcer, se confirmer, s'améliorer, c'est‑à‑dire descendre en soi. Faire 1e point fixe dans son jardin intérieur, soit mieux se connaître pour mieux aimer l'autre.

La connaissance de soi se présente comme une recherche du sens de la vie, une recherche de la délivrance, c'est‑à‑dire une découverte de la vérité, d'une vérité qui apparaît et se manifeste d'une façon toujours neuve. Aboutissant à la sagesse, elle fait de l'homme un être libre, maître de son royaume au sens où RONSARD écrivait en 1561 :  

« Le vray commencement pour en vertu accroistre,
C'est disait Apolon soy‑mesure se cognoistre.
Celuy qui se cognoist est seul maistre de soy,
Et sans avoir Royaume i1 est vraiment un Roy. »

Nous connaître, c'est comprendre comment nous sommes attirés, séduits, appelés, c'est savoir quelles sont les valeurs que nous privilégions, ce que nous aimons et ce que nous redoutons.

La connaissance de soi ne s'épuise jamais , elle est toujours à poursuivre et à recommencer. C'est pourquoi elle se présente comme la finalité de l'homme. L'homme qui réalise la connaissance devient son propre créateur ; ayant vaincu ses dragons, 1e voici introduit au centre de lui-­même, dans sa propre source qui est une source lumineuse.

Tant que l'homme n'a pas trouvé en lui son propre soleil, i1 le cherche à l'extérieur ; a‑t‑i1 réintégré en lui‑même son centre, 1e voici éclairé et éclairant, possédant son soleil à l'intérieur. La connaissance de soi est une naissance à sa propre lumière, à son propre soleil. L'homme qui se connaît est un homme vivant.

Rien que dans ce monde, nous voyons bien qu'un énorme effort de connaissance et d'ajustement est nécessaire pour y vivre avec bonheur et espérer approfondir 1a connaissance de soi plus finement encore.

Avant de conclure j'aimerai vous citer ALAIN POZARNIK qui écrit : « La Franc maçonnerie ne peut être comprise par celui qui la pratique, que s'il apprend tout au long de son initiation et de sa vie maçonnique à se connaître lui‑même ».

Le bouquet magnifique de la vie, redevient un assemblage de fleurs, toutes plus belles les unes que les autres, mais toutes séparées, et j'ai encore besoin d’œuvrer longuement, pour trouver en mon coeur la lumière de l'amour universel.

V\M\ J'ai dit.


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