GLDF Loge : Le Voile d’Isis - Orient d’Evry-Corbeil Date : NC

La Liberté

Vénérable Maître et vous mes Frères en vos grades et qualités, je vais vous parler de la « Liberté ».

La Liberté est-elle bien comme l’affirme SIEYES « la cause finale de tout le monde social » ou bien s’agit-il comme le disait DIDEROT d’« un mot vide de sens » ?

On l’aura compris, il existe de nombreuses confusions possibles à propos du terme de liberté. Il faut donc prendre soin de distinguer les différents sens de ce mot.

La Liberté peut constituer un attribut de ma volonté, et être la condition de droits naturels ou positifs, mais aussi de devoirs ; la réalisation effective de l'acte volontaire peut néanmoins comporter une dimension vécue que je ne saurais réduire à ce qui précède.

Je dois me défaire de la définition courante de la liberté : "Le pouvoir de faire ce que je veux".  En faire une simple absence de limites, c'est me condamner à n'y voir qu'une illusion. En effet, cette liberté relève de la licence, de l'abandon au désir. Or, il n'y a pas de liberté sans loi, car la liberté de tous serait en ce sens contradictoire : les désirs universalisés s'annuleraient (Rousseau : Le Contrat Social).

Toutefois, la Liberté ne peut se réduire à l'indépendance par rapport au monde extérieur ; il faut également une autonomie intérieure réelle par laquelle je me donne volontairement des règles d'actions. Ainsi, alors que l'indépendance concerne les causes externes ( définissant ce que je peux ), l'autonomie concerne les causes qui sont la source de la volonté ( définissant ce que je veux ). La réflexion philosophique intériorise le problème et cherche à en trouver les conditions internes, en niant que la liberté soit dépendante en quoi que ce soit du monde extérieur.

L'autonomie intérieure me permet ainsi d’exercer ma liberté d’accomplir mon devoir et de donner un sens à ma vie.

C’est ainsi qu’en me débarrassant de mes préjugés,  l’initiation maçonnique m’a permis de retrouver ma « liberté de penser » et avec les outils qui m’ont été donnés, j’ai pu tailler ma pierre et lui imprimer ma personnalité. Peu à peu, par un long effort sur moi-même, j’ai commencé à me libérer des contraintes de mes préjugés. J’ai appris à maîtriser ce dont jusque là j’étais l’esclave.  J’ai appris à être libre ou mieux véritablement libéré !

Par ailleurs, je m’interroge sur cette liberté, fruit de mon travail, ne risque t’elle pas d’entrer en conflit avec l’expression de la liberté d’autrui ?  La revendication de la liberté peut, en effet, se poser en termes de rapport de forces, conception  non seulement immorale dans la mesure où elle constitue un retour à la loi de la jungle, mais encore illusoire puisqu’on trouvera toujours une force supérieure pour venir imposer sa loi. Aussi, la liberté ne peut être que si elle se traduit en termes de recherche  en commun avec les autres hommes.

C’est ainsi, que « la liberté de penser » est dans la Maçonnerie un « landmark » fondamental.  Et cela explique l’hostilité rencontrée par la Maçonnerie de la part des Religieux et des Gouvernements dictatoriaux .

Ceux-ci ne peuvent admettre qu’un seul individu se distingue du reste du troupeau.  Or, la « liberté de penser », c’est aussi la « liberté de passer » qu’on symbolise parfois par un pont avec les trois lettres L D P, qui sont les initiales de Liberté, Devoir, Pouvoir.  En effet, la liberté du Maçon, soumis à ses devoirs lui donne le pouvoir, c’est-à-dire la puissance, la capacité d’agir, l’autorité.

A cet égard, cette trilogie est sans doute à rapprocher de celle du triangle liberté, égalité, fraternité qui est la devise de notre ordre.

La liberté et la fraternité sont les bases du triangle : la liberté s’identifiant à l’individu ( l’un ) et la fraternité à la communauté ( le multiple ) ; tandis que l’égalité constitue la pointe élevée du triangle, ce vers quoi je dois en tant qu’homme élevé ma quête initiatique en cherchant à concilier l’un et le multiple, le plaisir et le devoir, pour réaliser le rêve comme aboutissement de l’épanouissement et de la quête de perfection.

  Egalité ( le rêve )
7010-4-1
  Liberté ( le plaisir )                     fraternité ( le devoir )

Autrement dit, mon devoir de citoyen et de Maçon se confond puisque c’est dans la liberté qu’il y a de l’ordre, c’est dans la fraternité qu’il y a de l’équité et que c’est dans la fraternité qu’il y a de la solidarité.

Par ailleurs, l'autonomie politique me donne, en tant que citoyen ayant abandonné son indépendance naturelle pour se soumettre volontairement à des lois, la possibilité d’être libre ensemble. Mais les lois peuvent parfois être ressenties à comme une aliénation de liberté. C’est pourquoi je pense comme le philosophe ALAIN que la résistance et l’obéissance sont les deux vertus du citoyen, par l’obéissance j’assure l’ordre et par la résistance j’assure la Liberté.

En effet, la liberté n’est jamais donnée ni acquise : elle est fragile et appelle une surveillance constante de l’efficacité des limites imposées au pouvoir par le citoyen. Ainsi la liberté et la démocratie ne vont pas de soi : une telle position se soutient de l’adhésion à certaines valeurs.

Liberté ! Mot lumineux qui chasse les ténèbres et permet à l’homme de s’épanouir en lui donnant sa vrai dimension ; revendication la plus légitime et droit le plus naturel, que nul n’a à accorder à qui que ce soit, parce qu’il appartient à tous et depuis toujours.

Pour autant, la liberté suppose l’action volontaire, ce qui réclame la connaissance ; car nul ne peut prétendre agir librement s’il n’est pas en mesure d’évaluer les conséquences de ses actes.  Or, cette connaissance n’est pas celle sanctionnée par un diplôme, mais bien celle du monde intérieur qui nous anime et du monde extérieur qui interagit.

La connaissance intérieure est la première démarche libératoire de l’apprenti Franc-Maçon ; car pour se préparer à une nouvelle naissance librement choisie, il est invité à descendre au plus profond de lui pour se dépouiller de tous les préjugés qui l’aveugle.  Après cette étape que nous avons tous passés, commence seulement le véritable apprentissage :  une libération progressive par le travail!  
 
J’ai dit

S
\ N\

7010-4 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \