Obédience : NC Loge : NC 17/02/2017

 

Savoirs et Connaissance

« La Connaissance s'acquiert par l'expérience, tout le reste n'est que de l'information ». Einstein.

Une phrase qui interpelle et bouscule certaines idées reçues. La définition du Larousse est ambiguë et entretient la confusion entre l’acquisition de données et la démarche pour en intégrer une certaine forme de compréhension.

Sans omettre l'expérience, qui relève de la raison, de l'observation et de la logique, je souhaite m'orienter aujourd'hui vers notre méthode initiatique qui nous guide et nous invite peu à peu à remettre en cause nos certitudes, à nous débarrasser de nos métaux, afin d'ouvrir notre être intérieur, d’éveiller notre conscience.

Un petit tour d'horizon sur les différences fondamentales entre savoirs et Connaissance.

Les savoirs

Les savoirs sont un patrimoine culturel qui nous est offert. Fruits de l'observation, des acquis et découvertes depuis la naissance de l'humanité ils sont un précieux héritage de nos prédécesseurs.

Fruits aussi de recherches personnelles, nous sommes nous même modestement acteurs dans nos vies de certaines découvertes.

Ces savoirs existent en dehors de nous, ils nous sont transmis, nous essayons de les acquérir au mieux. Et bien sûr, ce que nous intégrons est tributaire de notre capacité de stockage mémoire et de notre pouvoir de compréhension.

Certainement aussi, de l'intérêt que nous leur portons.

On peut dire que ces savoirs, procédures, méthodes, concepts, référencés dans des ouvrages encyclopédiques, littéraires, scientifiques, philosophiques etc…sont une accumulation basée sur l'intellect et la raison.

Ils ne sont jamais figés. Ils évoluent, complètent ou annulent d'anciens acquis. Ils vivent, riches de la tradition, tout en s’actualisant sans cesse.

L'érudition peut-être entendue comme la capacité de mémoriser, de comprendre et de créer des ponts entre un grand nombre de données.

Mais au-delà du plaisir intellectuel nous ressentons ce besoin impérieux de comprendre le sens de la vie, ce que l’on pourrait nommer « le besoin d’être ».

Ces apports exotériques, de nature horizontale, basés sur la raison ne représentent qu’une partie de notre être, nous donnant l’illusion de posséder une forme de vérité, occultant l’intuition, l’imaginaire, l’accès à la transcendance, à la spiritualité. Ce n’est qu’une facette de la réalité, la partie émergée de l’iceberg.
Dépasser une vision matérialiste nous dévoile des dimensions à apprivoiser en dehors des codes, des faits prouvés, reconnus.

« L’école nous apprend des choses sur des questions qu'on ne se pose pas, dit Michel Onfray. Mais elle n’apprend pas à l’enfant à rechercher ses propres questionnements. Dans cette acceptation passive des choses et des faits, elle n’invite pas à être sensible au monde, à réfléchir sur ce qui favorise la vie. La vérité du monde n'est pas dans les livres, elle est dans le monde. Il serait bon de penser, non pas à partir d'un texte, mais à partir du monde » ...Fin de citation.

Apprendre la pensée des philosophes ou des sages ne fait pas de nous des sages ou des philosophes.

Lire des ouvrages sur la maçonnerie, pour un profane, ne fait pas de lui un maçon. Plus banalement, de connaître les ingrédients d’un plat n’en garantie pas forcément sa saveur !

Les apports livresques ont une limite, même si la curiosité intellectuelle est indispensable, elle est à mon sens incomplète si elle n’est pas associée aux affects, à l’intuition, à la spiritualité, au vécu.

La Connaissance fait appel à la subjectivité, à l’esprit, à l’intuition, à l’instinct, aux émotions.
Elle est inhérente à l’être. Ce n'est que lorsqu'on intériorise des savoirs, qu'on en devient possesseur, que ces savoirs se transforment en Connaissance. C’est une construction étayée par ces savoirs.

La Connaissance est verticale et unique, voire intime. Elle ne fait alors plus référence à la mémoire, elle est inaltérable.

Elle est une union des savoirs avec le souffle personnel de la voie intérieure. Chacun se crée par ses pensées, ses sentiments, sa conscience et ses actes. C’est le sel, combinaison du soufre et des apports mercuriels, une alchimie personnelle qui met en relation l’inné et l’acquis dans notre athanor.

Cette Connaissance est un chantier toujours ouvert car elle impose une implication de soi qui remet continuellement en cause nos certitudes acquises à la lumière d’une conscience libre et en éveil.

L’objectivité sert à acquérir des savoirs, la subjectivité entretien le doute et ouvre la voie de la recherche. La subjectivité est un sésame qui nous permet de nous transcender pour accéder à notre propre essence.

Alors, pourquoi ce sujet au grade de chevalier Rose-Croix ?

Le chemin initiatique nous offre cette formidable opportunité de cultiver et d'enrichir nos savoirs, tout en nous ouvrant la voie de la Connaissance, une voie ontologique. Nous apprenons beaucoup, sur des thèmes très diversifiés et nous apprenons aussi sur nous même. Au cours des années le CRC s’est construit, il a acquis une certaine sagesse. Il est passé par différents stades de compréhension du monde à travers le langage symbolique qui met en lumière des questions alors que la science cherche des réponses.

Le 18ème degré met l’accent sur des références alchimiques. L’alchimie est un travail de transmutation de la matière pour donner naissance à un nouvel élément.

Au cours de ce processus dans notre athanor on peut observer plusieurs notions de temps. Si les savoirs sont des concepts proposés dans l’immédiateté de la transmission, la Connaissance est un labeur caché, mystérieux, comme la graine qui doit être ensevelie au sein de la terre pour germer. Un temps de maturation est nécessaire.

Au cours de cette longue métamorphose peut jaillir un déclic, un instantané. La lumière surgit à notre conscience. Une vision nouvelle se fait jour et devient une partie constitutive de notre être.

Je suppose que nous avons tous vécu ça : lentement imprégnés de nos rituels, nous pensons bien les connaître. Soudain un jour nous découvrons un nouvel aspect qui était pourtant à notre portée depuis le début !

Immédiateté des savoirs, lente maturation et jaillissement…

La F\ M\ sollicitant de nombreux domaines de recherche permet d’élargir notre conscience. Encore faut il garder une ouverture d’esprit pour accueillir ces métamorphoses.

La méthode d’éveil maçonnique n’est pas basée sur une réflexion purement intellectuelle, même si elle y joue un grand rôle. Elle est basée sur un vécu éprouvé, une rencontre avec notre réalité intérieure, c’est une véritable maïeutique. L’art de révéler ce qui est au fond de soi par un questionnement permanent.

On ne peut rien enseigner à autrui. On ne peut que l'aider à le découvrir lui-même. Ce n’est pas le maître qui donne, mais c’est l’élève qui prend.

Contrairement à l’enseignement, l’expérience initiatique est une construction qui n’est pas mécanique, les degrés illustrent la progressivité dans l’accès à la Connaissance. Chaque degré est une expérience qui s’appuie sur les acquis des degrés précédents pour mieux élargir notre domaine d’investigation et repousser nos limites.

Dans le symbolisme de l’arbre de vie et de l’arbre de la Connaissance, l’équilibre ne doit pas être rompu. Si on privilégie l’un au détriment de l’autre l’intellect domine et l’ego prend de l’ampleur sans être éclairé par l’amour. C’est bien aussi le message et l’énergie créatrice du grade de CRC\ qui s’exprime par des actes sociaux équilibrés.

Au grade de Comp\ la Gnose nous révèle déjà la voie de la Connaissance. Elle s'acquiert à force de méditations personnelles, modifiant les données acquises en valeurs universelles contenant en germe une cosmologie, une métaphysique…une morale.

Conclusion

Si les savoirs sont une intégration cohérente des enseignements acquis, où pouvons-nous situer ceux qui ne sont pas apparents, mais qui doivent exister quelque part ? Sont-ils dans notre inconscient sous une forme non exprimée en attente d’une situation favorable à leur émergence ?

Le rationalisme ne peut pas être dissocié de l’inné et de la Connaissance sans risquer de détruire un équilibre naturel. La force et la qualité de cette relation dépendent du niveau de conscience. Elle est à mon sens essentielle à la survie de l’homme sur cette terre en l’intégrant comme une composante naturelle du macrocosme.

Il est très difficile, à notre époque, de prendre conscience de l’étendue de la sagesse des anciens peuples. Notre société a fait de grands progrès technologiques et nous avons l’impression d’être plus avancés, d’avoir « évolué ». Notre éducation nourrit d’ailleurs cette idée.

On pourrait envisager deux voies d’évolution parmi celles qui se proposent de nous conduire à ce que nous appelons la Connaissance.

L’une est celle qui emprunte des éléments de réflexion et de savoirs à la philosophie (par exemple), l’autre initiatique qui résulte du maniement des matériaux symboliques. Ces deux voies qui mobilisent les ressources intellectuelles et spirituelles de l’initié exigent un travail personnel lucide et constant.

La voie initiatique nous aide à faire émerger notre propre essence, à devenir ce que l’on est en ne se contentant pas d’exister, dont le sens latin est exsisterer : se tenir hors de. C’est une voie sûrement plus difficile, mais c’est celle que je tente de prendre.

J’ai dit.

C\ L\

Mondaneum mons Belgique exemple de mondialisation des savoirs


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