Obédience : NC Loge : NC 10/02/2012


De l’Arbre à la feuille et de la feuille à la Planche

Les feuilles du printemps annonciatrices du changement de saison, sortent l’arbre de sa torpeur hivernale. L’arbre qui donne la vie à l’humanité par ses feuilles, permet également de nous fournir en feuilles de papier. La première nourrissant notre matière, la seconde notre esprit. Cette feuille de papier vierge, par un processus alchimique intellectuel nous sert à coucher nos idées et nous permet de réaliser sa transformation en Planche à tracer.

Comme un bateau sur les flots découvrant le monde, laissez-vous guider par ce voyage symbolique.

Tout commence comme à chaque fois, par une feuille blanche. Sa frontière périphérique délimite notre monde réel à celui qu’elle représente par sa blancheur. Cette représentation est symbole de pureté, de naissance, de commencement.

Commencement : Cette feuille vierge représenterait-elle aussi l’initiation ? La virginité philosophique de cette feuille n’est elle pas identique à celle que nous trouvons chez les nouveaux Initiés après leur Testament ? Cette porte/feuille est celle de la liberté et de la liberté d’expression.

Combien de fois, accompagné de cette inspiration muette, je suis resté face à cette feuille vierge. Peut-être n’étais-je pas prêt à franchir cette porte blanche close. Les mots ne s’assemblaient pas, rien à faire et puis un déclic indéfinissable me permettait de commencer à écrire. Suivant ce Fil d’Ariane dans ce labyrinthe de la pensée et retrouvant le chemin de l’inspiration, je m’engageais vers la liberté de l’écriture. Cette liberté guidée par le devoir m’oblige à emprunter le Passage destiné aux Initiés, puisque je pense qu’il n’y a pas de Liberté sans Règles.

Cette feuille nous illumine et nous invite. Elle brille de son plus bel éclat en nous attirant par le chant de cette Sirène muette. Sa luminosité nous attire comme l’éphémère papillon de nuit charmé par la Lumière. Comment résister pendant cette nuit de noce à cette pureté qui nous invite à la déflorer d’une plume, comme si nous ne pouvions pas nous en échapper.

Ce tatouage indélébile sur sa peau de cellulose marquera à tout jamais nos pensées livrées à tous. Le recyclage de sa matière lui permettra de vivre plusieurs vies, pour ses écrits, ils resteront je l’espère gravés à tout jamais dans nos esprits.

De nos écrits, cette feuille va-t-elle devenir l’ambassadrice de nos idées ? Va-t-elle éclairer notre environnement en lui apportant un peu de nos expériences ou un peu plus indiscret, refléter nos pensées ? Allons-nous nous dévoiler ? Je le pense, nous sommes entre Frères.

Considérant que nous sommes les seuls à savoir ce qu’il se passe en nous, le fait de l’écrire le libère en l’offrant aux auditeurs. Le créateur (c’est bien le nom que l’on peut lui attribuer) doit par son devoir de fraternité, de tolérance, de respect des autres, préparer son chantier dans une certaine norme.

L’architecture de la planche suivra la règle de la balance, celle de la thèse, de l’antithèse et de la synthèse, chacun trouvant dans ce triptyque, l’idée qu’il reconnait comme la plus proche à sa pensée.

Dans la Planche, une seule vérité ou bien afficher ses certitudes ne peuvent qu’annihiler notre travail perpétuel élaboré dans notre T\ : La remise en question.

La « chrysalidation » de cette feuille blanche en Planche est possible par la trinité composée de la feuille vierge, la pensée philosophique et l’acte physique de l’écriture. Cette fusion pour moi, symbolise l’équilibre entre la matière du support, l’esprit de la pensée et au milieu l’acte de l’homme fusionnant les deux premiers. D’ailleurs que serions-nous sans cette alchimie ? De l’esprit sans la matière ou de la matière sans l’esprit ? La vie ne se crée que par ce savant mariage et pourtant ils sont si différent, l’un visible et l’autre invisible, comme si l’esprit invisible ne peut-être dévoilé qu’entre frères. Corréler la matière et l’esprit, tel est notre devoir.

Au court de sa création, cette Planche se transforme en miroir pur et sans taches, en la relisant, j’espère y voir mon reflet. Même si certaines règles de présentations sont à utiliser, la conception personnelle signera la Planche. Ne reconnaissons-nous pas les auteurs par leurs écrits ou leurs œuvres ?

L’intérêt d’écrire une Planche, permet de libérer notre pensée, d’ouvrir une vanne. L’effet principal est déjà atteint, c’est la libération. Pendant la lecture, vous tous présents, êtes attentifs et par la suite vous n’êtes jamais là pour critiquer ou juger, vous êtes là pour écouter, analyser et si dans l’assemblée un Frère venait à prendre la parole, ce ne serait que pour nous faire grandir, nous faire partager ses connaissances.

Ainsi nos feuilles ainsi transformées en Planches revitalisent nos arbres/colonnes et notre Temple.

Pour exécuter à bien notre Planche, nous comptons principalement sur notre mémoire, notre connaissance. Cette dernière est acquise par le vécu, l’écoute et la lecture. Au même titre que quand nous essayons de lire un plan technique fait par une autre personne, la compréhension d’un écrit peut-être aussi complexe. Ce qui est écrit n’est pas obligatoirement nôtre et pour bien l’assimiler, il faut le travailler pour ensuite le restituer à notre façon.

Les livres et écrits ont été inventés pour pérenniser le savoir de génération en génération, transmettre au futur le passé, mais tout ce qui est lu, ne sera compris pleinement que par un vécu intellectuel ou physique.

La lecture permet également à l’homme d’anticiper l’avenir. Rien de mieux que le passé et l’histoire pour cela. Considérant que la vie est une droite plus ou moins rectiligne avec comme point d’équilibre ce soir, cela nous permet de constater que la progression régulière d’hier, va générer une progression régulière pour demain, mais l’avenir également nous appartient, à nous de le forger à l’image que l’on veut bien lui donner.

L’écriture et de ce fait l’expérience devrait nous aider à ne pas reproduire les mêmes erreurs que nos aïeuls, mais il en n’est rien. A la fin de toutes les tragédies provoquées par l’homme, il y a toujours eu ceux qui s’empressaient de dire que dans l’avenir, on ne les reprendrait pas à recommencer. Ce n’est pas vrai, petit à petit, la matière reprend le dessus sur l’esprit, comme si le temps non palpable usait notre esprit pour laisser place à la matière, à nos passions, à l’intérêt individuel.

Lecture, Liberté, deux mots jumeaux qui vont bien ensemble, différents sur la forme et identiques sur le fond. Les 7 lettres qui les composent représentent la perfection inaccessible. C’est pour contrer notre soif de liberté que de nombreux dictateurs ont brisé cette chaine invisible qui lie à jamais ce vieux couple. Soyons vigilant, lorsqu’un jour un homme commencera à dicter nos lectures, à les bruler, je pense que nous serons dans une nouvelle période de chaos, nos écrits seront anéantis par volonté d'effacement de la mémoire, de l'histoire et de l'identité de l’humanité qui sans livres, donc sans connaissance serait la mort de l’homme.

Je pense que dans certains cas, il faut être d’une grande vigilance et que cet outil de liberté qu’est la lecture peut nous enfermer dans le microcosme de l’auteur. Considérant qu’une Planche doit venir du cœur, l’utilisation des livres pour sa création ne fosse-t-elle pas notre idée d’origine ? Ne faisons-nous pas un compte rendu du livre quand nous agissons comme cela ? Parlons-nous avec notre cœur quand nous restituons même avec notre idée ce que nous avons lu ? Je pense qu’il faut une période plus ou moins longue entre le moment ou nous lisons et le moment ou nous retranscrivons notre avis sur ce sujet. Pour ma part, j’utilise que rarement au moment de ma rédaction la lecture qui est en rapport avec le sujet de mes écrits. Pourquoi ? Peur de vous tromper, d’être influencé, peur de devenir l’interprète d’un auteur, surtout peur de ne pas être moi-même.

Notre Planche, au moins ce qu’elle fut au moment de la création de la Maç\ nous permettait de créer des structures techniques afin de pouvoir en faire la conception, la fabrication et la pose. Dans l’absolu, elle était comme notre Planche dont nous nous servons actuellement pour présenter un sujet. La conception représente l’idée de départ, la fabrication représente l’écriture qui est la mise en forme de nos idées et la pose correspond à la taille de la Pierre lors de la lecture de la Planche.

Comme souvent, le sujet peut-être libre ou proposé à un auteur soit par une personne ou par le groupe. L’auteur de l’œuvre met à profit ses compétences et les enseignements reçus pour développer à son tour comme notre vie l’exige sa vision du sujet. L’expérience marque à jamais l’homme et à chaque cycle, une Pierre graduelle est rajoutée à son édifice.

Mais revenons à la Planche, avec un symbole lié à cette surface plane à laquelle nous voulons lui faire prendre du volume, soit par des vues, plans et coupes ou alors par nos écrits, moyen pour donner du volume à nos idées et à pouvoir élever notre T\.

Ce symbole lié à la « Planche » est l’action d’effacer. Action d’humilité qui nous apprend à nous remettre en question et de ne pas vivre qu’avec des certitudes. Cela nous permet de ne pas avoir peur de tout recommencer à zéro en trouvant les ressources de se relever avec plus assurance.

Hier, équerre, règle et compas étaient les outils pour tracer « la Planche ». Les ouvriers s’en servaient pour élaborer la taille des bois et de la pierre afin de pouvoir ériger les monuments que nous pouvons découvrir dans l’art religieux, militaire et administratif. Aujourd’hui, le travail est spirituel et s’exécute par une plume.

Les outils de nos Anciens ne sont plus que symbolique et leur utilisation au Temple n’est là que pour pérenniser cet Art qui fût l’un des 7 transmit par nos Anciens et présents dans de nombreuses sociétés initiatiques, la Géométrie.

La plume est symboliquement liée aux Quatre éléments, en particulier celui de l’air. Elle est la continuité de notre main. Si la nature ne nous a pas dotés de plume ou d’outils, elle nous a donné la faculté d’utilisation d’outils interchangeables. Nous pouvons comparer le symbole de la plume avec celui du Phénix dans la transmission de la connaissance. Cet oiseau défiant la mort et la surmontant a le même symbole que notre plume servant aux générations actuelles comme outil de transmission de notre message.

Les Egyptiens de l’antiquité appelaient la plume « Le traceur de tout ». Elle représente aussi le souffle purificateur donnant la vie. C’était le symbole de l'expression de la parole divine délivrée par l'écriture.

En conclusion mes FF\, continuons à œuvrer de la sorte, que nos écrits fusionnent pour ce travail indispensable pour rendre notre monde meilleur.
 
Ayons également une pensé pour l’Arbre qui contribue à la vie sur Terre, soucions-nous de sa mort que nous provoquons pour nous permettre de donner la vie par nos « Planches ».

J’ai dit V\ M\

F\ B\


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