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Le cercle eternel dont le centre est partout et la circonférence nulle part

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« Le cercle eternel dont le centre est partout et la circonférence nulle part ».

John Milton écrit dans un poème « il prit le compas d’or préparé
Dans l’éternelle réserve de dieu,
Pour circonscrire cet univers
Et toutes les choses crées :
Une pointe il centra et tourna l’autre autour
Dans la vaste et obscure profondeur
Et dit jusque là étends toi et tes limites
Et que ceci soit ton exacte circonférence »

O monde :

L’univers est perçu comme une entité contenue dans un cercle.

Pascal a décrit l’univers comme « un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part ».

Le cercle et son centre, se prêtent à une multitude de transpositions métaphysiques.
Le cercle et son centre figure le soleil en alchimie.
L’alchimie et l’astronomie s’interpellent et l’or appartient au soleil selon Proclus.
Le cercle et son centre, soleil alchimique, or spirituel figure au sein du cabinet de réflexion. Il est vrai que cycliquement, j’y retourne à ce cabinet de réflexion pour m’y recentrer. Partons du centre du cercle et parcourons le cercle en passant par le rayon.

Lariö Villaine, décrit le cercle, dans son dictionnaire des symboles, comme une figure plane, fermée par une seule ligne courbe nommée circonférence, dont toutes les parties sont également distantes d’un même point qu’on appelle centre.

La portée symbolique du centre du cercle figure dans le rituel d’ouverture au 3ème degré.

- « Pourquoi au centre du cercle ? »
- « Parce que ce point central est le siège de la force inconnue qui maintient la cohésion de la construction universelle ».

Cette force de cohésion, ce pouvoir de concentration suggère comme le dit Plotin que le centre est le père du cercle, qu’il contient le germe du cercle.

Le cercle n’a d’ailleurs de sens qu’en fonction du centre car le cercle est réductible à un point sans dimension, lorsqu’il se confond avec le centre.

Situé au centre du cercle, l’esprit humain perçoit, reçoit réfléchit les impulsions provenant du monde extérieur et les restituent transmettant ainsi les connaissances acquises.

Dans les traditions les plus anciennes, ce n’est pas l’esprit humain, élément de la création qui se trouve au centre du cercle mais le principe créateur lui même. Suivant cette conception le centre est considéré comme l’origine de la circonférence qui n’a de réalité qu’en fonction du rayonnement, l’espace intermédiaire représentant la création manifestée.

Le centre n’est pas à concevoir dans la symbolique, comme une position simplement statique. Il est le foyer d’où parte le mouvement de l’un vers le multiple, de l’intérieur vers l’extérieur, du non manifesté au manifesté, de l’eternel au temporel de la circonférence, cycle de la vie et de la mort, cycle de la nature, l’univers sans commencement ni fin.

Si le cercle est en rotation, un point du cercle reste immobile alors que tout le reste tourne autour de lui, et c’est justement le centre qui est ainsi l’origine immuable de tout mouvement, de tout changement, de toute activité, et par la même de toute création. Le centre symbolise alors l’unité.

Il est aussi juste de penser que le principe, et la création qui en nait constituent un tout indivisible puisque le principe, cause première, n’a d’existence qu’en fonction de la création : avant la création il est tout puisqu’en dehors de lui il n’y a rien : c’est un tout potentiel, siège de toutes les possibilités mais lui-même possibilité. Ce n’est que par la réalisation de ces possibilités, « en faisant du vide quelque chose et de ce qui n’était pas ce qui est » (Kabbale), qu’il se réalise lui même. On peut dire alors que le centre et le cercle sont l’un comme l’autre le symbole de l’unité, étant entendu que dans le premier cas, il s’agit de l’unité non manifestée et dans l’autre de l’unité manifestée.

De prime abord, deux conceptions s’opposent : l’une qui voit au centre l’Esprit humain, fruit de la création, l’autre qui y voit au contraire le point de départ, l’origine principielle de toute création, la circonférence n’étant que le reflet de son rayonnement.

En fait cette contradiction relève du principe d’inversion des symboles, suivant lequel si le symbole procède par analogie, toute analogie doit pouvoir être appliquée en sens inverse. C’est ainsi que l’on considère les rayons du cercle convergents de la circonférence vers le centre ou au contraire divergents du centre vers la circonférence, que l’unité peut être à la fois l’infiniment petit ou l’infiniment grand, que ce qui est le plus grand dans l’ordre principiel, c’est à dire le principe lui-même est en même temps le plus petit dans l’ordre de la manifestation si l’on considère le Principe comme un point en perpétuelle expansion. Tout cela est représenté dans la formule « Tout ce qui est en haut est le même que ce qui est en bas ». De ce fait l’esprit humain rejoindrait dans le centre l’unité principielle, car si le centre est le point de départ de toute création, c’est aussi le seul d’où l’esprit puisse contempler l’Univers le seul d’où il puisse rétablir « l’ordre dans le chaos ».

Le centre est un point duquel dépend la circonférence. Le centre apparait ainsi à la fois comme point de départ puisqu’il ne peut y avoir de circonférence sans centre et un aboutissement puisqu’il ne saurait y avoir de diamètre sans circonférence.

La circonférence se situe à une distance du centre qui en théorie ne connaît pas de limites, mais les branches du compas ne peuvent indéfiniment s’écarter au risque de former une ligne droite.

La circonférence, extension du point dans l’espace se superpose aisément à la théorie cosmologique de dilation, d’expansion de l’univers sans limites, à l’infini. Ainsi de l’infiniment petit que constitue le centre à l’infiniment grand que peut constituer la circonférence, se dessine une figure symbolique parfaite du microcosme et du macrocosme. Si le cercle est le symbole parfait de la totalité, il s’approprie donc le nulle part et le partout.

Que dire de la phrase du rituel « Le centre est partout et la circonférence nulle part » ? Plotin écrit le centre est l’Un et « L’un n'est nulle part, mais il est partout ».

Guénon affirme que non seulement dans l’espace mais dans tout ce qui est manifesté, c’est l’extérieur ou la circonférence qui est partout tandis que le centre n’est nulle part, puisqu’il est non manifesté mais le manifesté ne serait absolument rien sans ce point essentiel, qui n’est lui-même rien de manifesté, et qui précisément en raison de sa non manifestation, contient en principe toutes les manifestations possibles, étant véritablement le moteur immobile de toute chose, l’origine immuable de toute différenciation et de toute modification. Ce point produit tout l’espace par le déploiement de ses possibilités.

Toutes ces potentialités créent le nouveau maitre qui effectue, son premier travail, le tracé du cercle éternel. Le maitre se fait compas et le cercle représente le champ des connaissances humaines. Ce champ est virtuellement illimité, c’est l’univers tout entier, c’est pourquoi la maitresse maçonne revient régulièrement au centre, pour ne pas se perdre, pour se recentrer, se concentrer.

Le centre est partout ce qui peut signifier selon Irène MANGUY que, chaque maçon est libre de trouver sa juste mesure. Le partout du centre est l’idéal d’une liberté fondamentale de penser et d’agir.

Le centre spécifique à chaque individu est son être profond qui est capable de créer toute circonférence, travaillant sans fin pour créer l’homme spirituel, l’homme vrai. Selon la philosophie Zen, le cercle est le symbole de l’étape ultime du perfectionnement intérieur, de l’harmonie acquise par l’esprit. Tandis que pour la doctrine taoïste, le centre est le point d’équilibre idéal, celui ou se trouve le sage parfait qui est parvenu au point central et y demeure en union indissoluble avec le Principe, là, ayant dépassé toutes les oppositions qui sont inhérentes à la multiplicité, il est arrivé à la vérité immuable, la connaissance du principe universel unique.

Sous cet angle, le cercle et le centre symbolisent la maitrise dont le but n’est jamais complètement atteint et la voie royale est la voie qui va indéfiniment vers la maitrise, vers l’absolu.

J’ai dis très respectable Maitresse

Bibliographie :

La symbolique maçonnique du troisième millénaire d’Irène Manguy.
Le compas, le cercle d’alain Lejeune.
Les ancêtres alchimiques : extrait du Tracé.
Franc maçonnerie et alchimie de Roger Caro.
Le cercle, symbole de l’unité sur l’édifice.
La franc maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes d’Oswald Wirth.
Dictionnaire maçonnique de Roger Richard.

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