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Le cercle, le centre du cercle

« Nul ne peut entrer s’il n’est géomètre, mais nul ne peut y rester s’il n’est que géomètre ».

Cette phrase, si connue qu’on ne la présente plus, situe d’emblée ma réflexion au delà de la rationalité scientifique, et m’en fait aborder le domaine symbolique.

La forme symbolique de la démarche Maç\ génératrice de progression et de transformation nous aide à donner à notre vie un sens plus spirituel, en enrichissant notre vie intérieure.

En tant que structure figurative et symbolique j’aborderai successivement sa représentation dans l’espace, dans le temps, dans le mouvement. Je ferai ensuite des rapprochements avec les enseignements du rituel au grade de M\.

Figure parfaite, centré sur un point, délimité par sa circonférence, son tracé s’effectue avec un instrument à partir d’un point fixe : la corde qui tourne autour de ce point, l’Axis Mundi, ou le compas qui compose une des 3 grandes lumières de la F\ M\.

Le cercle dans l’espace :

La marche de l’App\ se caractérise par 3 pas égaux, rectilignes, pieds en équerre. La marche du Comp\ s’enrichit d’un pas chassé sur la droite avant de revenir sur son axe : Ces pas s’effectuent sur un plan horizontal. Nous sommes dans un espace à 2 dimensions.

La marche du M\ nous engage dans le concept de verticalité, en s’élevant au-dessus du corps d’Hiram. En le franchissant, le M\ dont les jambes peuvent figurer les branches du compas, passe de l’Équerre au Compas. Ces deux outils sont placés au début et à la fin de sa marche. Nous sommes dans un espace à 3 dimensions. On peut noter que ces 3 pas qui s’ajoutent aux autres, se dirigent vers la droite, puis la gauche et enfin se recentre. Le M\ voyage de l’Or\ à l’Occ\ du Zénith au Nadir et par toute la terre.

Le relèvement du nouveau M\ décrit, là aussi, un arc de cercle en passant de l’horizontale à la verticale, de la Terre vers le Ciel, de la Matière vers l’Esprit.

Le cercle dans le temps :

Le cercle traduit par le mot grec Kuklos signifie : cycle.

Pour appréhender la notion de cycle, il faut se placer hors du temps, c’est-à-dire dans l’éternité.

Le mouvement circulaire est parfait, immuable, sans commencement ni fin. On désigne le temps linéaire comme temps profane et le temps cyclique comme temps sacré.

Symbole solaire, parcourant en une année le tour de la Terre, il devient par analogie le symbole du temps et de la mesure ; il sert à reporter toutes les mesures y compris l’illimité et l’infini. L’écartement de ses branches et leur rapprochement représente les divers modes de raisonnement. Les points de vue, toujours précis, sont plus ou moins vastes. On peut y voir une disposition philosophique ; l’expression d’un rapport entre l’intelligence de l’homme et l’Univers. Le tracé de ce cercle peut se faire dans l’un ou l’autre sens et conduit le M\ à la notion du temps réversible.

On remarque d’ailleurs une inversion dans la cérémonie d’exaltation : on entre à reculons, on voit le cadavre, et ensuite on revit les événements qui ont provoqués la mort.

Le grade de M\ à un caractère cyclique de mort et de résurrection : chaque nouveau M\ vit cette régénération.

Le cercle dans le mouvement :

Il y a 3 choses à considérer : le centre, la circonférence et le cercle qui englobe le tout. Le cercle est le symbole fondamental, le centre en étant l’origine. Proclus a écrit : « Le centre est le père du cercle et le point a contenu le cercle ; tous les points de la circonférence se retrouvent au centre du cercle qui est leur principe et leur fin ». Le point ou centre joue le rôle de pivot, il symbolise aussi le non encore manifesté.

Il est le principe d’où tout part et où tout revient. Il est le germe qui contient la force créatrice. C’est l’unité primordiale. De lui partent toutes les forces qui vont se répandre à l’infini dans les 4 directions du cosmos. C’est aussi vers lui qu’elles convergent. Point de départ et d’aboutissement il est le lieu ou s’unissent les contraires, ou se résolvent toutes les oppositions.

Le rayon est la condition de la transmission. Il est le lien, entre le centre et la circonférence, l’individu et le monde, l’intérieur et l’extérieur, permettant de passer en permanence de l’un à l’autre.

Ces va et vient participent à l’élévation spirituelle de l’initié autour d’un axe. L’esprit s’élargit de plus en plus en accroissant ses champs de connaissance.

On peut y voir une forme pleine, statique, fermée sur soi. Mais aussi un vide, non visible, qui ouvre un chemin vers l’intérieur. On pourrait assimiler cette configuration à l’être et le paraître.

Pourquoi ce symbole au grade de M\ ?

Que nous apporte-t’il pour éclairer notre démarche ?

Après le long apprentissage au 1er degré, après avoir travaillé sur le chantier des Comp\, étudié les arts, les sciences, après avoir voyagé, le Comp\ se sent prêt à devenir un M\. Mais dès son entrée dans le temple, les questions posées le font douter. Il est ensuite soupçonné d’un crime perpétré par vanité, fanatisme, ignorance. Il est renvoyé à ses propres faiblesses. Un long travail attend le M\ qui se croyait relativement accompli en étant proposé à ce grade supérieur.

Le rituel nous fait prendre conscience d’un nécessaire retour vers soi. Au cours des circumambulations le parcours des MM\ en quête du corps d’Hiram se resserre ou s’ovalise comme pour signifier que le futur M\ doit se rassembler en son centre.

Pour tenter de retrouver le chemin du centre, l’esprit doit méditer le cercle, et comme sur une orbite faire d’abord le tour de soi-même : C’est le « connais-toi toi-même » de Socrate. Cette recherche de connaissance du moi (cercle) passe par une appréciation du soi (centre). Si nous voulons faire rayonner nos valeurs, nous devons devenir un centre fécond, d’où nécessité d’un travail sur soi sans relâche.

Le M\ plus éclairé, pourra rayonner et remplir en conscience « ses devoirs envers l’humanité ». Ce cheminement, cette mise en tension vers le centre, cette « concentration va se faire en spirale selon le mode : progression-transgression-régression ; ou bien par passages concentriques sur une orbite plus ou moins rapprochée du centre, suivant l’évolution personnelle de chacun dans cette démarche ».

Chacun d’entre nous est un centre qui trace des circonférences qui croissent et qui décroissent au fil de notre apprentissage permanent.

La conjugaison de tous ces centres, de cette multitude de circonférences participe à la construction du temple de l’humanité. D’où la nécessaire recherche d’un équilibre parfait. Mais pour trouver le centre, on doit faire appel au nombre Pi, qui donnera toujours un calcul inexact, puisque Pi comporte un nombre infini de décimales.

Le centre est en quelque sorte un idéal jamais atteint. Mais être M\ dans la pleine acceptation du terme, c’est : chercher en son cœur à être en harmonie avec soi même et avec le monde. A l’instar du 3ème voyage de l’initiation, c’est tout mettre en œuvre pour devenir meilleur, essayer de ne plus laisser s’insérer en nous nos mauvais penchants. C’est agir en conscience avec amour et humilité. C’est : aller au fond de soi pour aller chercher et mettre en lumière nos valeurs.

Pour conclure ; ce travail ne prétend pas donner de recette. Il ouvre simplement quelques pistes pour nous faire réfléchir au sens que nous voulons donner à nos vies. Ces pistes pourraient être d’une part la recherche de notre noyau intime. D’autre part, la noirceur de ce mythe, puis la nécessaire purification, la régénération et la responsabilité d’endosser la suite du M\ nous fait ressentir une nouvelle impulsion, une dynamique à mettre en œuvre. Hiram n’a pas achevé le temple, mais d’autres prendrons sa suite en s’efforçant de faire toujours mieux.

J’ai dit

L\ C\


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