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Le Cercle et son Centre


La difficulté d'aborder la symbolique du centre du cercle réside plus dans le choix de l'angle d'attaque que dans l'expose en lui même, tant la symbolique du cercle et de son centre est riche en analyses, quelles soient philosophiques, scientifiques ou ésotériques. Apres avoir longuement recherche cet angle, je me suis souvenu d'une phrase du philosophe Edgar MORIN, qui dit ceci :
"Si le regard philosophique procure le recul nécessaire pour considérer la science, le regard scientifique procure le recul nécessaire pour considérer la philosophie. Aussi, leur dialogique binoculaire pourrait procurer le nouveau recul qui nous est nécessaire pour considérer la connaissance."

Et si, mes bien aimes Frères, ce regard dialogique binoculaire était celui du Maçon, comment par l'analyse scientifique et philosophique appréhenderait-il le cercle et son centre pour obtenir une connaissance symbolique ?

Tout cela nécessite un voyage dans le temps, tout au début, au moment ou la soupe primitive s'est mise a tourner sur elle même, un peu partout dans l'univers, mettant en fabrication la materia prima, une sorte d'épreuve de la Terre a l'échelle cosmique. De la volonté du Grand Architecte ou de son entêtement a donner de la cohésion a cet univers, est ne le premier mouvement, en effet, la forme de l'univers, son expansion et tout ce qui le compose ont un point commun, le mouvement circulaire.
Bien évidemment ce ne sera que quelques millions d'années après ce "big bang" que l'homme prendra conscience de cette vérité. Mais bien avant cela, l'homme, l'homo habilis, terre au fond de sa grotte, (est-ce déjà un cabinet de réflexion ?), fit un jour la relation entre l'astre du jour et celui de la nuit, de leur forme, de leur déplacement. Quel avancée pour l'humanité d'assimiler cette notion de forme, cet homo erectus venait par analogie de la forme de découvrir le symbole, il n'est plus qu'a faible distance de l'idée cache par le symbole.

Toujours terre dans sa grotte, cet homo sapiens neandertaleusis medita, se ressassa encore et encore ce symbole qui le tracassait consciemment et inconsciemment. Quand decouvrit-il que le soleil disparaissant d'un côte (toujours le même) pour réapparaître de l'autre côte (toujours le même) en décrivant cette forme qui ressemblait aux astres du jour et de la nuit, cette forme qu'il avait également assimile lorsqu'il chassait a coup de caillou des poissons et que l'impact de ce caillou sur la surface de l'eau s'apparentait également à cette forme circulaire, nul ne le sait..
Toujours est-il qu'a force d'analogies toujours plus complexes les unes que les autres, notre homo sapiens sapiens  venait de concevoir le cercle.

Cette notion si claire en son esprit a été à mon humble avis bien  difficile a exprimer a ses semblables, peu enclin sûrement a comprendre ces notions.
Il fallu a notre homo sapiens sapiens  leur présenter la forme avant de leur faire comprendre le symbole et l'idée derrière le symbole. Chose impossible, quoique jusqu'au jour ou la branche d'un arbre (peut-être d'un acacia ?) lui permis en la courbant et en tenant fixement une extrémité et en faisant pivoter la seconde autour de cet axe, de tracer le cercle. Enfin il pu exprimer à ses congénères cette notion de circonférence.

L'homo sapiens sapiens venait par analogie symbolique de tracer le premier plan, d'inventer le compas pour le tracer, et bien évidemment de découvrir le centre du cercle.

Il pu ainsi se prendre pour un Dieu, car il pouvait grâce à ses découvertes appréhender  le monde, la notion de microcosme et de macrocosme s'ouvrait a son esprit. D'une certaine façon il fut le premier "Maître" détenteur de la "parole primordiale" avant que celle-ci ne soit perdue.

L'homo sapiens sapiens avait pris le recul nécessaire, par son regard philosophique de considérer la science, en ce sens la première partie de la phrase de Morin est juste.

" Le regard philosophique procure le recul nécessaire pour considérer la science."

Faisons un bond en avant dans le temps et remontons jusqu'a l'homo sapiens sapiens dénommé Platon. Celui-ci conceptualise  et privilégie la démarche dialectique   de remontée vers les idées, archétypes intelligibles auxquels l'accès, durant cette vie, est limité, si bien que la connaissance doit sur de nombreux points s'effacer devant le mythe et l'hypothèse. En ce sens le cercle n'est qu'une vue de l'esprit.  Par persévérance il lui faudra édifier plus concrètement cette notion pour qu'il puisse arriver a donner une définition mathématique du cercle : cette définition n'a jusqu'a présent été mis en défaut :
Le cercle est dans un plan le lieu des points équidistants d'un autre point qu'on appelle centre.

Cette définition scientifique du cercle amène bien évidemment d'autres théorèmes :

- Le centre et le cercle ne se définissent que l'un par rapport a l'autre.
- Un cercle implique nécessairement un centre.
- Un centre sans cercle associe n'est qu'un point.
- Le cercle ne peut se tracer qu'avec l'aide d'un instrument  qui a partir d'un point fixe respecte l'équidistance (rappelons nous notre homo sapiens sapiens et sa branche d'arbre).

Autre notion scientifique qui découle de ces théorèmes, est celle de l'espace, en effet l'instrument qui sert a tracer des cercles et que nous nommerons par commodité compas ne peut se situer sur le même plan que le cercle qu'il  trace. Le cercle et le compas définissent donc les trois plans de l'espace. Enfin, le fait de tracer un cercle implique la notion de temps (action de tracer).  Le cercle et le compas conceptualisent donc la notion d'espace temps, a laquelle il faut ajouter la notion du dynamisme dans le trace du cercle.

Voila, ainsi démontre la deuxième affirmation de notre philosophe Edgar MORIN :

" Le regard scientifique procure le recul nécessaire pour considérer la philosophie."

Cette notion d'espace temps  fortement liée au cercle auquel souvenons-nous nous avons ajoute la notion de dynamique, nous oblige et lorsque je dis nous je pense aux Maîtres Maçons que nous sommes, par notre regard dialogique binoculaire a analyser la notion de cercle tant sur le plan de l'espace que celui du temps.

Pour l'analyse du cercle en rapport a l'espace, il nous faut garder la dénomination de cercle, du latin circulus avec toujours en filigrane la notion de dynamique.

Le temps quant a lui sera apparente à la définition grec, pour laquelle cercle se dit kuklos, et qui a donne le mot cycle, faut-il encore préciser la notion de dynamique dans cette représentation ?

Ces deux définitions étant prises en compte, nous pouvons nous placer tels que le rituel nous y invite au centre du cercle. Puisque c'est a cet endroit que nous retrouverons le Maître qui s'est perdu.

Analysons, mes Bien aimés Frères, avant tout l'élément commun aux deux définitions du mot cercle (circulus et kuklos), c'est a dire la dynamique, le mouvement. De fait le cercle n'est pas une figure figée, mieux encore, le Maître Maçon voyageant de l'Occident a l'Orient et de l'Orient a l'Occident soit sur toute la surface de la terre ne reste donc pas en permanence au centre du cercle mais va plutôt dans un mouvement incessant se deplacer du centre à la circonférence et de la circonférence au centre.  L'objectif du Maître Maçon peut-il être précisé dans ces conditions ? Peut-être que son parcours incessant entre le centre et la circonférence lui permet de mesurer en permanence le chemin parcouru, arme de son compas qui s'il sert a tracer des cercles, est également bien utile au Maître pour la mesure des proportions, leurs comparaison aussi.

On en déduit donc que le cercle est le terrain privilégie du Maître, mais suit-il un sens  de déplacement ? Une fois encore il nous faut remonter a l'homo habilis, celui-ci rappelons nous, a tire de la forme mais aussi du mouvement du soleil la notion de cercle. Nous pouvons imaginer que le Maître débute son déplacement avec le lever du soleil le suis dans son parcours jusqu'a son coucher, soit de l'Orient a l'Occident, Maître Maçon, ayant connaissance de l'invisible il pourra continuer a le suivre et expliquer ainsi son aptitude a voyager de l'Occident a l'Orient. Cette déambulation suivie par les Apprentis et les Compagnons trouve donc sa pleine et totale signification en chambre du milieu.

Ce parcours est linéaire, s'il sert d'exemple aux Apprentis et Compagnons est néanmoins insuffisant aux Maîtres qui doivent s'avancer vers le centre et l'atteindre.  Le terme atteindre est dans ce cas le mot juste, la définition du dictionnaire étant : "Parvenir au bout d'un certain temps à un état, une valeur.". Disons que pour le Maçon , le centre est un idéal, ce qui veut dire en substance que la maîtrise ne nous place pas au centre du cercle mais nous donne le moyen de l'atteindre.

Cet objectif n'est pas facile a atteindre et le chemin pour y arriver ne peut être radial. Pour expliquer cette affirmation, il faut faire appel aux mathématiques et surtout se rappeler le principe de dynamique postule précédemment. En effet placer sur un cercle en mouvement deux forces entrent en jeu, la force linéaire qui permet le déplacement et suivant le principe énonce juste avant ce déplacement est dextrosum (solaire), l'autre force est la force centripète qui permet de conserver la trajectoire et de rester ainsi sur le cercle grâce a la dynamique qui ramène vers le centre notre objectif.  S'il n'y avait pas cette dynamique qui pour le Maçon s'appelle la volonté de progresser, nous serions en l'instant éjectait du cercle par la force inverse dénommée force centrifuge.
Je ne sais si le philosophe Morin est Franc Maçon, toujours est-il que sa maxime prend ici toute sa dimension maçonnique.
"Si le regard philosophique procure le recul nécessaire pour considérer la science, le regard scientifique procure le recul nécessaire pour considérer la philosophie. Aussi, leur dialogique binoculaire pourrait procurer le nouveau recul qui nous est nécessaire pour considérer la connaissance."

Dans ce cas précis, la déduction de la notion d'espace et le calcul scientifique nous ouvre la voie philosophique et initiatique de la démarche du Maître Maçon.
Celui-ci voyageant sur le cercle aura a cour de progresser et d'atteindre le centre, son parcours ni linéaire, ni radial s'apparentera a une spirale sollicitée par les vicissitudes de la vie profanes et les désirs de progression de l'initie. Le Maître s'approchant du centre ayant aplani progressivement les obstacles profanes verra sa marche et sa progression de plus en plus facilitée.
Sous entendu l'approche de la seconde notion indissociable a celui de l'espace : le temps.

Cette notion du temps dans le cercle traduit par le mot grec Kuklos et qui veut dire cycle est considéré par nous comme temps sacré à l'instar du temps linéaire apparente au temps profane.

Projetons nous une fois de plus sur le cercle, si celui-ci est d'un diamètre infini nous nous retrouverons sur une ligne droite et notre temps peu influence car beaucoup trop éloigné du cercle ne sera que profane, aucune force ne viendra s'interposer a notre parcours .linéaire et nous subirons de plein fouet le temps profane qui s'écoulera inexorablement..

Si au demeurant, inities nous nous retrouvons sur ce cercle, mais par notre progression philosophique celui-ci  est de faible rayon avec l'envie de progresser encore et encore, nous allons retrouver les mêmes forces que précédemment dans la notion d'espace, car nous restons des humains et par voie de conséquence très lies au temps. Et une fois encore le seul chemin pour parvenir vers le point initial c'est a dire le temps primordial sera la spirale un peu a l'image des cadrans solaires dans ce parcours, plus nous nous approcherons du but et moins le temps sera important.
Nous ne pouvons parler du cercle du temps sans mentionner le Compas, dans l'espace le cercle et le compas occupent des dimensions différentes, il en est de même dans la notion du temps.  En effet pour appréhender la notion de cycle il faut se placer hors du temps, c'est a dire dans l'éternité. Le Compas sera ainsi l'outil qui reliera par l'intermédiaire de ses deux branches le temps profane et le celui sacre.  Cette vérité est d'autant plus criante que le trace de ce cercle du temps peut se faire dans l'un ou l'autre sens et amène le Maître Maçon a la notion du temps réversible.

Serait-ce la solution pour retrouver la parole perdue : remonter le temps ?

Je n'ose y croire ou plutôt l'espérer, toutefois, la chronologie des événements lors de la cérémonie d'élévation semble le confirmer.
Dans cette cérémonie d'exaltation, se superposent les deux notions du temps linéaire d'une part avec notre entrée a reculons et l'expose des faits dans une chronologie inversée (le constat de la mort, puis le déroulement de cette mort) et le temps sacre d'autre part avec la pseudo résurrection qui n'en est pas une car les mots sont réellement substitues.

Plus encore nous retrouvons en cette cérémonie les propriétés du cercle et le compas qui nous amène hors du temps par l'immortalité et nous laisse entrevoir l'éternité.

Il est temps de nous rappeler de la définition du mot Compas en grec qui se dit diabhths , de dia bainein, c'est a dire traverser. Traverser le temps sied a merveille à l'éternité.

Le cercle n'est donc qu'un moyen de parvenir au centre, vers un infini vers l'éternité. Le cercle n'est donc que le trace du Temple  symbole du microcosme et représentation du macrocosme.

Le Compagnon qui dans son évolution doit franchir l'étoile devra par la suite devenu Maître continuer son parcours pour atteindre son centre, en cela il est arme de son compas, il tracera autant de cercles que nécessaire pour ajuster et définir le centre  véritable, la ou il ne pourra plus s'égarer étant enfin Maître du Temps et de l'Espace.  On peut donc en retenir que pour le Maître la seule chose qui compte est le maniement de son outil : le Compas.
 Mes Bien Aimés Frères, cette approche sur le cercle et son point n'est qu'une approche parmi tant d'autre, tant les analyses philosophiques, scientifiques et ésotériques sont nombreuses.
Et je me garderai de donner a mon humble travail le moindre esprit de synthèse et donc d'approche de La Solution.

De surcroît  cette approche n'est pas très intimiste, toutefois il m'apparaît difficile d'aborder le cercle et son point par l'expérience vécue, a moins d'avoir atteint ce point et donc l'immortalité, dans ce cas précis cela sous entendrait que le cercle et le point ne sont qu'une étape supplémentaire dans notre quête du vrai, si cela est je n'ai pas encore les outils en main pour y arriver.

Cependant je me sens bien sur le cercle car je vous y côtoie. L'énergie que j'y développe pour progresser vers le centre me vient essentiellement de votre amour de votre tolérance, mais aussi de l'amour profane de ma famille et de leur compréhension. En l'instant la force centrifuge ne parvient pas a submerger celle qui me rapproche du centre. Le temps joue aussi dans ce sens, heureusement car il m'en faudra encore beaucoup pour atteindre le centre de mon cercle.

J'ai dit Vénérable Maître

P\ S\

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