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Le point

« Ce qui semble vrai pour autrui ne l’est pas forcément pour soi ! ».

Le cheminement de pensées, de découvertes et d’interprétations des symboles sont propres à chacune. Grâce à vos enseignements et à mes propres efforts, je peux réaliser ma volonté initiatique d’apprendre à réfléchir et travailler avec indépendance et objectivité, en Franc-maçonne Libre.

Selon Mircéa Eliade : « Le chemin de la sagesse et de la liberté est un chemin qui mène au centre de soi-même ».

Dans l’Etoile Flamboyante représentée par Vitruve, le centre du corps humain est par nature le nombril qui représente le point par où toute vie commence.

Tout être peut se sentir sensibilisé à cette métaphore et c’est ainsi que le point s’est révélé à moi comme étant d’une mystérieuse simplicité mais aussi celui ayant l’apparence la plus parfaite.

Certaines réminiscences subsistent, tel celui du premier dessin que ma fille aînée avait réalisé lors de son premier jour à l’école, elle avait trois ans.

L’âge de l’apprentie.
Certainement perturbée de quitter le point central et le cœur de sa maman, un point avait été dessiné dans l’angle de la feuille.
Signe de refus, ou tout simplement la manifestation inconsciente du point de départ de sa construction ?
Elle avait dessiné un point, c’est tout !
J’ai parlé de « dessiné », le terme exact ne serait-il pas pointé ?
Car le point, est-il un dessin ? Il est sans forme, et cependant, c’est l’infiniment petit qui a la caractéristique de l’infini grand. Il m’apparaît alors comme étant le plus pur de toute la construction universelle.

Quand je dis, « un Point c’est tout », ce n’est pas « rien », car je n’ignore pas pour autant qu’il existe le vide, le néant, le chaos qui réciproquement engendre le plein, le matériel et l’Ordre.

Le point se révèle alors être le départ de toute chose, de la géométrie, de la vie dans toute sa complexité et la richessede ses formes et de bien d’autre encore.

« Mamie, dessine-moi mon prénom ! » m’avait sollicité mon petit fils.

Cette réflexion enfantine me fit sourire et devant son air étonné, je lui avais répondu, « Tu as raison, ton prénom est un beau dessin ! ».

Cette parole, venant de son cœur d’enfant, est très pertinente car en effet, le point est le début de la formulation par les traits, les courbes, les angles ; de l’écriture et à fortiori, à la construction du Verbe.

Le Point représente donc, le Un, cette unité parfaite d’où émerge l’Univers.

Héraclite parle de « l’Un et le Tout ». Plus tard, cet axiome sera symbolisé par l’Ouroboros et deviendra l’un des signes centraux de l’alchimie qui représente l’unité de toute chose.

Pour les cabalistes, de la brume jaillit le point central qui rutile de ses feux, c’est le commencement, le premier mot de la création du Tout. Ce point de tous les débuts a été identifié avec la Sagesse divine, « Sophia », qui contient la semence de toute chose.

C’est le voyage fondamental qui va du point à la ligne unique, qui passe au plan, puis à la troisième dimension et s’élève au-delà, pour finalement, revenir au Point.

Il est point, tout en part et tout y revient !

Le point se déplace dans l’espace, il dessine une ligne mais n’en constitue pas la texture puisqu’il est sans dimension. Celle-ci nait quand le Un débouche sur les deux principes, celui de l’actif et du passif.

Cette succession de points séparés devient une énergie dynamique.
Le point demeure cependantune énigme.
En prenant comme symbole : la roue, on peut s’apercevoir que son centre contient le point qui tout en donnant le mouvement, reste immobile.

Le point est donc le centre principal dansle cercle. Il est la source de toutes choses cachées au cœur de la création. Le placer dans un cercle revient à en indiquer la source sacrée.

Cette forme géométrique a été choisie dans les temps les plus reculés car elle représente d'une part l'infini et de l'autre l'équilibre car en effet, tous les points sont placés à égale distance de son centre.

Le cercle, est un point étendu grâce à l’ouverture du compas. Il participe à sa perfection et désigne à la Franc-maçonne les limites de ses devoirs envers elle-même et la société.

Le mouvement circulaire est parfait, immuable, sans commencement, ni variation, ce qui l’habilite à symboliser : le temps,la vie, le matériel et le spirituel, l’infini. Dans le langage alchimique, le cercle avec le point central symbolise l’Or, le soleil. De même que le Soleil, le Point est la concentration de l’énergie réelle et absolue, le départ vers le multiple, la source de tous les nombres et celle du Verbe.

A partir de lui, l’esprit peut rayonner.
Le point serait donc le cœur de toute naissance et renaissance !
Ne serait-ce pas une des raisons si la Compagnonne est réceptionnée à la Maitrise dans la chambre du milieu ?

Le point me fait penser, également, à l’intersection d’une croix. Ce point de rencontre permettant une pause de réflexion nécessaire à la pensée et qui m’invite au recueillement sacré afin de pouvoir poursuivre mon chemin. C’est le centre du monde où tous les possibles sont réunis dans l’attente d’un choix.

A l’instar d’Isis qui reconstitua le corps d’Osiris, la nouvelle Maîtresse sesubstituant aucorps d’Hiram, ne peut se relever qu’avec la concentration de l’énergie de la Très Respectable, qui représente le « Un », aidée deux Vénérables Sœurs afin de se régénérer et de s’édifier par les cinq points parfaits de la Maîtrise.

Si les cinq points parfaits de la Maîtrise sont indissociables et manifestementcomplémentaires, personnellement, le deuxième point m’a interpellé. Pied contre pied, ce point d’appui qui laisse l’empreinte de mon passage et m’aide au redressement.

Je marche sur les pas des Vénérables Maîtresses pour m’éleverdans le monde progressif de la Lumière Maçonnique.

Cette idée du cheminement me conduit dans la voie de ma réalisation spirituelle.

Le sens de ce rituel dans l’union de la nouvelle Maîtresse avec Hiram représentela perpétuation de la mort et de la naissance, Ad vitam aeternam.

Dans le livre de Mircéa Eliade, « Le Sacré et le profane » : « Aucun monde n'est possible sans la verticalité, et cette dimension, à elle seule, évoque la transcendance ».

C’est aussi « grâce aux phases lunaires, c’est-à-dire sa « naissance », sa « mort » et sa « résurrection », que les hommes ont pris conscience à la fois de leur propre mode d’Etre dans le cosmos, leurs chances de survie ou de renaissance ».

Egalement,deux de nos Lumières m’éclairent ; l’Equerre qui représente la matière, et le Compas celui de l’Esprit.

Au premier grade, l’Equerre domine le Compas laissant la matière œuvrer dans les ténèbres. Au deuxième grade, bien que la Parole et la Lumière soient donnés à la Compagnonne et qu’une des branches du compas soit libérée, l’Esprit rayonne partiellement.

C’est au troisième grade quele Compas s’érige et irradie en pleine Lumière. Redressé, son ouverture extérieure lui permet d’utiliser ses deux pointes et le compas peut clore le cercle à partir du point central.

Ces trois étapes de l’enseignement Maçonnique me semblent indissociables.

Proclus, dans son commentaire des éléments d’Euclide, disait que le cercle est le symbole géométrique de l’esprit parce que dans la genèse du cercle, le point d’arrivée est identique au point de départ. Hegel l’entend ainsi : l’absolu identifié à la réalité ferme le cercle, l’esprit absolu n’a pas d’Autre.

La Franc-maçonne a accompli ses devoirs Maçonniques.

Les légistes écrivent que c’est dans l’Equerre (traçant le carré) et le Compas (servant à mesurer et à tracer le cercle) qu’est la perfection du carré et du rond. Dans la géométrie plate, le cercle est symbole du ciel et le carré de la terre. Le Temple est Dans la géométrie plate, le cercle est le symbole du ciel et le carré de la terre. Le Temple est l'intermédiaire entre l’un et l’autre, entre le haut et le Bas. C’est à travers le Temple qu’on obtient la quadrature du cercle et l'union indissoluble de l'esprit/matière.

De ce fait, la nouvelle Maitresse ressuscitée se situe naturellemententre l’Equerre et le Compas. Et lors du mouvement d’Elévation et de l’accolade Fraternelle, la posture du compas se forme avec la Très Vénérable Maîtresse et constitue le Un.

Le travail exécuté, les deux pointes se rejoignent pour le repos.

En conclusion, je vous cite une maxime compagnonnique sur le Point introduisant la formulation du trait.

« Un point
Qui se place dans un cercle,
Qui se trouve dans le carré,
Et dans le triangle ;
Si vous trouvez le point,
Vous êtes sauvés,
Tiré de peine, angoisse et danger ».

Avec la mort prématurée de notre Maître Hiram Abi, les secrets originels ont été perdus. On ne peut les retrouver qu’au centre, ce point à partir duquel la nouvelle Maîtresse ne peut s’égarer. Selon les constitutions d’Anderson :

« La maçonnerie est le centre de l'union et le moyen de concilier une sincère amitié parmi despersonnes qui n'auraient jamais pu sans cela se rendre familières entre elles ».

Aussi, faisant le point sur ce qui me semble essentiel en Franc-maçonnerie, j’ai le devoir, au grade de Maîtresse, de me remémorer constamment l’article 1er de la Constitution et de ses principes : la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même et la liberté absolue de conscience.

Le point m’apparaît alors comme l’espace sacré protecteur qui rassemble ce qui est épars et qui concilie les contraires.

Il me permet de me ressourcer auprès du cœur de mes Sœurs afin de réaliser l’Unité parfaite dans le temps comme dans l’espace et de m’élever vers l’idéal qui est le mien en n’ayant de cesse de tourner mon regard vers la Lumière.

Un point, c’est Tout !

J’ai dit.

C\ M\


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