Obédience : NC Loge : NC Date : NC



L’enseignement des Voyages, 
le rejet des métaux au Grade de Compagnon au RER

Le désir de trouver un mieux être spirituel m’a conduit en maçonnerie pour trouver justement des réponses à mon questionnement, pour comprendre d’où je viens, qui je suis et quel est mon devenir. Les enseignements que j’ai reçus de mes guides, les échanges que j’ai eus avec mes Frères m’aident déjà dans mon apprentissage, dans ma compréhension du rejet et dans ma libération de ces métaux.

Au RER, les métaux symbolisent les vices et les passions comme une sorte de renvoi à la matière, à la corporalité de l’Homme, au temps et aux préoccupations terrestres. Ces métaux associés à certaines valeurs terrestres nous sont déjà signifiés aux stades de profane et d’Apprenti. Je me rappelle qu’en tant que profane lors de mon passage en chambre de préparation et avant d’entrer en loge, il m’avait déjà été fermement demandé, de me dépouiller de mes bijoux et de mes métaux, principale cause des vices et associés à la jouissance. Il m’a aussi, été indiqué fermement qu’en maçonnerie, « toutes discussions religieuses, morales, et politiques, sont sévèrement prohibées ». Juste avant la cérémonie de réception au grade de Compagnon, les métaux sont évoqués par le Frère préparateur lors de la vérification du travail accompli par l’Apprenti « Sur l’attention qu’on eut de vous ôter votre épée et votre chapeau, et de vous dépouiller de tous vos métaux ». A ce moment là, je n’en connaissais pas l’explication.

Dans son passage au grade de Compagnon, l’Apprenti entre cette fois-ci avec les yeux ouverts et comme dans une sorte de continuité, il prolonge les 3 premiers voyages de l’Apprenti associés aux éléments par 3 nouveaux voyages emblématiques du compagnon associés aux métaux. Au départ il devait y en avoir cinq mais le candidat Apprenti n’en fait que trois car dans les deux autres « il aurait peut-être pu succomber ». Ces Voyages se font alternativement dans les sens solaires et contra-solaire, en passant par le Nord ou le Midi pour finir à l’Occident, mais démarrent cette fois au Midi. Les Voyages, au RER, se font autour de la Loge, un peu comme un tour du monde qui nous amènerait aux limites des quatre points cardinaux de cette Terre, aux limites de toutes les tentations, de tous les dangers qui nous guettent. C’est là qu’on reçoit les mises en garde du Frère Introducteur, notre Guide du moment. Au final, nous sommes toujours ramenés à l’Occident entre les 2 colonnes du Nord et du Midi, tourné vers l’Orient, dans l’axe médian où se situe le V\ M\, pour recevoir les Maximes Salutaires, comme un enseignement, comme un rappel de la bonne direction à suivre pour trouver le chemin de la lumière de notre quête.

Dans la chronologie de la réception au grade de Compagnon, les voyages se font juste avant l’épreuve du miroir, avant de se faire livrer la deuxième vertu de la Tempérance. Ce n’est qu’ensuite qu’on nous indique l’étoile flamboyante qui deviendra plus tard le seul et unique guide que nous devons apprendre à découvrir et à suivre.

Je vais essayer de faire un parallèle entre les 3 voyages et le chemin initiant de mon travail maçonnique. Je garde à l’esprit que la maçonnerie doit m’aider à recouvrir l’état initial et primordial de mon âme par transformations successives de mon état de conscience. En effet, depuis son expulsion du jardin d’Eden, l’Homme qui était « l’image immortelle de Dieu » s’est dégradé en perdant par étapes sa spiritualité, sa part divine, au profit d’une nature de plus en plus terrestre, matérielle et corrompue. Le processus de dégradation de l’Homme me rappelle, un peu et par analogie, ces périodes et passages de la mythologie appelés âge d’or, d’argent, de bronze et de fer. Peut-on faire, ici, un parallèle avec l’Ordre des épreuves des métaux au RER ? Est-ce une coïncidence, un hasard ? Vous êtes libre d’en juger.

Les 3 dernières périodes, des quatre Ages Mythologiques, pourraient correspondre à l’ordre des épreuves des métaux (argent, bronze et fer) des 3 voyages emblématiques. Mais alors qu’en est-il de l’Or ? Je vous répondrai comme mon Rituel et mon catéchisme du RER me l’ont appris : « Parce que l’or étant à l’Orient, les Apprentis et les Compagnons ne pourraient le découvrir ».

Ainsi, au cours du premier voyage l’Apprenti subit l’épreuve de l’Argent. Rappelons-nous la première mise en garde du Frère introducteur : « L'argent a divisé les hommes et séparé les Frères ». Elle indique la dégradation due aux mauvais choix faits par l’homme entre sa spiritualité et la matérialité et à ses conséquences. Adam a chuté et a été précipité dans la division, il n’a pas fait le bon choix entre la volonté de Dieu et la connaissance du bien et du mal. Il est dit dans la Bible (Matthieu Chapitre 6 : Verset 24) que l’Homme ne peut servir qu’un seul maître : Dieu ou l’argent. Est-ce que L’homme Ordinaire fait le bon choix ? Je crains que « non » car nous en avons tous les jours des exemples sous les yeux. Même, dans notre univers maçonnique, il est arrivé que l’argent sépare des Frères qui n’ont pas accompli leur devoir. Parmi les vices et les passions, l’argent est certainement la seule tentation dont le pouvoir sur l’Homme peut égaler, voire l’emporter potentiellement sur celui de Dieu.

La première maxime salutaire enseignée par le V\ M\ est : « Frère Apprenti, l'insensé voyage toute sa vie sans savoir où il va, ni d'où il vient, ni ce qu'il doit faire. Mais le sage se rend compte de tous ses pas, parce qu'il en connaît l'importance et le terme ». Cela nous éclaire sur la direction à prendre. Le V\ M\ et la Maçonnerie nous orientent vers le chemin de la réintégration tournée vers Dieu. Pour moi, l’importance c’est le salut de mon âme, c’est le sens donné à la vie. Chaque pas vécu en conscience peut devenir une grâce sans limite donnée par la connaissance de la séparation entre le spirituel et le matériel, entre le bien et le mal. Si on en connait l’importance c’est qu’on a appris à la mesurer. Est-ce donc l’Argent (ou le pouvoir) qui a séparé l'Homme du divin ? Pour sûr les tentations et les bruits du monde profane nous en éloignent ! Ce n’est que par la pratique de la morale religieuse épurée et des vertus que l’on peut faire face à ces tentations et continuer dans le bon chemin.

Dans le second voyage, l’Apprenti découvre l’Airain (ou le bronze) au Midi et réalise peut-être comment, à l’âge de bronze, l’Homme s’est écarté de la vertu, de la religion et de ses commandements salutaires. Très justement la deuxième mise en garde nous dit : « Mon Frère, ce métal est l'emblème de l'orgueil qui, par son alliage impur, dégrade les plus grandes vertus ». L’orgueilleux se croit au dessus des lois prescrites et écrites sur les tables. La pratique de la Religion qu’on pourrait croire vertueuse peut être dégradée par l’orgueil qui aveugle et fait confondre le bien avec le mal surtout quand on croit agir avec une « bonne volonté ». On risque, au pire, d’être tenté de se mettre à la hauteur de Dieu par orgueil. Il s’agirait de ce péché originel dont l’empreinte a été posée dans l’homme depuis sa Chute. C’est cette alliance brisée avec Dieu qu’il nous faut retrouver par la pratique de la morale religieuse épurée et des vertus.

Le V\ M\ nous enseigne dans la deuxième Maxime salutaire : « L'homme est naturellement bon, juste et compatissant. Pourquoi est-il si souvent en contradiction avec lui-même ? Etudiez-en sérieusement la cause, Frère Apprenti, elle est bien importante à découvrir ». Cela nous rappelle la bonne et véritable nature spirituelle de l‘Homme. C’est la seule maxime qui contient une question et me renvoie à une réflexion préfigurant la suite de la cérémonie tournée vers la recherche de la connaissance de soi. L’homme est naturellement bon mais il se contredit trop souvent par ses actes. C’est en suivant le chemin de la vertu et de la vérité qu’une autre voie peut être ouverte. Même si on touche la grâce, comment savoir quand on est plus proche de la vérité ? Le doute et le questionnement seraient-ils des pas fait vers l’apprentissage de la connaissance de soi ? Le doute va de pair avec la foi.

Au troisième voyage l’Apprenti découvre le Fer évoqué ainsi dans la troisième mise en garde : « Frère Apprenti, le plus dur des métaux est détruit par la rouille, lorsqu'il est abandonné à lui-même ». Cela nous rappelle que l’Homme, après sa chute, a été condamné à travailler pour retrouver le chemin de la connaissance. Comparé au Fer, l’Homme qui reste dans l’Oisiveté, continue de se dégrader en se rouillant. Il en est de même pour le travail maçonnique non soutenu et sans fraternité qui ne peut que détourner le maçon du bon chemin. Le travail est un devoir permanent, il devrait être à l’esprit tout le temps et non pas seulement pratiqué lors de nos réunions occasionnelles. Ce n’est pas comme les résolutions du premier Janvier qui ne tiennent pas, il ne suffit pas de dire que nous sommes cherchant et que nous voulons nous mettre à la tâche, faut il encore s’y attacher avec désir, volonté et surtout persévérance.

Rappelons-nous la troisième Maxime Salutaire enseignée par le V\ M\ : « Celui qui, étant une fois entré dans le chemin de la vertu et de la vérité, n'a pas le courage d'y persévérer, est cent fois plus à plaindre qu'il n'était auparavant ». En effet, le Maçon qui a connu par transmission le bon chemin (même s’il est personnel) et la bonne direction à suivre parviendra au même but. Le Compagnon que je suis devenu doit polir et rectifier sa Pierre pour améliorer son être, en se libérant du chaos dont tout est issu, pour élever son âme par un immense effort de volonté, d'action, de courage et de persévérance. Mais c’est une voie difficile, une porte étroite pleine de souffrances.

Les trois voyages emblématiques nous enseigneraient donc pourquoi l’homme s’est dégradé et comment il peut revenir dans le chemin de la connaissance et de la vérité. Sûrement que sans l’enseignement des voyages, le candidat Apprenti aurait beaucoup plus de difficultés à résister sans succomber à l’épreuve du miroir. Comme s’il fallait s’être purifié, se défier de soi-même et être libéré de la matière (grâce au rejet de ces métaux) avant de pouvoir affronter l’épreuve de la connaissance de soi afin d’apprendre à se voir tel qu’on est.

Peut-on dire, qu’il s’agit d’un chemin descendant de la dégradation de l’Homme comme décrit dans la Genèse, dans la Mythologie mais surtout dans ces trois Voyages qui se terminent par l’épreuve du Fer ? Peut-on dire qu’il signifie l’état le plus bas de l’homme dégradé, de l’homme ordinaire, du profane que nous étions ? Dans notre démarche, lors de notre entrée en Maçonnerie nous initions un chemin inverse, une remontée. Les voyages nous enseignent, mes F\ F\, le chemin de la Réintégration de notre âme et les dangers qui nous menacent, que rien n’est acquis et que nous pouvons rechuter. L’enseignement de notre Rituel dans l’instruction morale au milieu de la première page nous précise : « vos connaissances était trop imparfaites pour pouvoir être sans danger, votre propre guide. Il fallait vous garantir de la présomption et préjugés dont les illusions chéries égarent l’âme des mortels, et vous mettre en état de méditer avec fruit les nouvelles maximes que l'Ordre vous destinait dans ce grade ».

 L’étoile que nous allons découvrir peu après les Voyages, nous donne l’exemple du chemin à suivre, peut être un peu comme cet autre initié, qui de « Dieu fait Homme » est redevenu « fils de Dieu ».


7001-I L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \