GODF Loge : Les constructeurs - Orient de Corbeil-Essonnes
05/11/2010


Le dépouillement des métaux


Vénérable Maître, et vous tous mes Frères, en vos grades et qualités, ma 1ère planche en tant qu’Apprenti portera sur « le dépouillement des métaux ».

Au cours de l’initiation maçonnique, il est demandé au candidat de se dépouiller de ses métaux.
Il doit abandonner à la porte du Temple « montre, bijoux, cravate, argent, etc.. ».
Cet acte est le symbole d’une vie nouvelle, d’une renaissance.
Dépouillé de toutes ces choses, inventées par l’orgueil humain pour se distinguer, indications du niveau de richesse sociale qui accentuent les différences et sont souvent signe ou marque de pouvoir, le candidat retrouve ainsi son état originel, c’est à dire celui dans lequel il est venu au monde, parfaitement égal à ses semblables.
A l’intérieur du Temple, il ne sera plus apprécié qu’en tant qu’Homme, avec un grand H, c’est à dire en raison de sa valeur réelle.
En abandonnant ses métaux, il marque son détachement de tout bien matériel et de toute convention, il affirme sa volonté de se libérer de toute chaîne afin de recouvrer l’innocence originelle et être soi même ; condition sine qua non afin de pouvoir commencer à dégrossir sa pierre brute.

Les métaux sont source et symboles d’inégalité, de tromperie !
Ils génèrent envie, bêtise et jalousie ; ils conduisent même parfois à commettre l’irréparable pour s’en emparer.
Cependant, il ne s’agit aucunement de mépriser les richesses, mais de ne les rechercher qu’en vue de les employer dans l’intérêt de tous, avec son cœur.

L’abandon des métaux, s’il n’est pratiqué physiquement qu’au cours de l’Initiation, est sous-entendu pour toute la vie maçonnique.
Ainsi, qu’il soit Apprenti, Compagnon ou Maître, chaque maçon laisse ses métaux à la porte du Temple, et ceci à chacune des tenues à laquelle il participe.

Sa tenue vestimentaire originelle, costume noir et chemise blanche, participe également à ce « dépouillement », en lui permettant de ne pas se distinguer ostentatoirement en Loge par rapport à ses Frères, ces égaux.
Il ne faut en effet pas voir dans cette tenue sombre un uniforme strict, mais plutôt la blouse grise d’écolier qui permettait jadis à nos chérubins de ne pas afficher leur différence de classe sociale dans la cour de récréation.

Les maçons en loge sont là en tant qu’hommes, et non en tant qu’élément d’une classe sociale privilégiée ou aspirant à appartenir à une élite quelconque.
Ils abandonnent volontairement à la porte du Temple tout ce qui peut les séparer et les détourner de la devise de la Franc Maçonnerie : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Le faux brillant des choses ne doit pas faire illusion
L’initié a conscience de son ignorance et de la nécessité qu’il y a de ne pas s’arrêter au paraître.
Il doit abandonner ses passions, ses désirs, son orgueil, son égoïsme, ses préjugés, ses habitudes, pour se retrouver dans un état de simplicité et d’innocence, dépouillé de son ego, condition incontournable pour établir une communion des cœurs dans la recherche de la Lumière ; et pour que l’harmonie, la paix et la sérénité règnent entre tous.

Il est nécessaire lors de chaque tenue de faire un effort conscient sur soi pour faire abstraction de tout ce qui est négatif.
Au lieu de réagir par un comportement d’opposition séparatrice, il faut au contraire s’efforcer de réaliser la conciliation des oppositions complémentaires qui sont fécondes et constructives, car elles concilient les pôles d’une dualité porteuse d’Unité ; Unité qui est une valeur majeure de la Franc maçonnerie.
L’attachement aux métaux est un obstacle au partage de fraternité universelle.
Il fait obstacle à l’élévation de l’esprit et du cœur.

Depuis mon initiation, je me questionne beaucoup !
Notamment au travers de mes différents travaux : 5 min de symbolisme, planches d’Apprenti, questions à l’étude des Loges, mais aussi durant les tenues où mon mutisme d’apprenti est propice à l’introspection.
Je réfléchis au symbolisme maçonnique en général, et au dépouillement des métaux en particulier. Et ce n’est pas facile !
Faire abstraction de son éducation et de sa culture pleines de préjugés, de son instruction scolaire formatée, de ses habitudes confortables, du « Fais ce que je dis, pas ce que je fais ! », c’est TRES difficile !!!

Aussi, à chaque tenue, je fais un effort sur moi-même, un effort pour progresser, car j’ai bien conscience de mes failles et de la nécessité d’atteindre cette capacité à me dépouiller de mes métaux afin d’être pleinement en mesure de participer à la construction Universelle.
Mais il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir...

En conclusion, je ne peux m’empêcher de finir par un clin d’oeil en reprenant l’image de 2 hommes nus, donc « égaux ».
Car si le symbole est beau, il n’en reste pas moins limité.
En effet, Mère nature, malgré sa volonté de bien faire, créer malgré tout des inégalités dés la naissance.
Certains hommes sont grands, d’autres beaux, d’autres bien « équipés », d’autres rapides ou forts...
Et ces métaux naturels, au contraire des métaux matériels, peuvent difficilement être laissés à la consigne du Temple...
Mais malgré tout, tous ces métaux, naturels ou matériels, ont la même caractéristique, ils ne sont que très éphémères...
Le beau se fanera, le grand se tassera, et le riche ou le puissant redeviendra simple poussière.

Tout ceci, que ce soit en loge mais également dans le monde profane, nous invite donc à toujours faire preuve de beaucoup d’humilité et de tolérance, en un mot de fraternité !

La bibliographie que j’ai consultée pour cette planche est :
-                     La symbolique maçonnique du 3ème millénaire (Irène Mainguy, éd. Dervy)
-                     Dictionnaire des symboles (Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, éd. Robert Laffont)
-                     Dictionnaire symbolique et pratique de la FM (Jean ferré, éd. Dervy)
Les remarques éclairées de notre Frère Second surveillant m’ont également été d’une grande aide pour achever la rédaction de cette 1ère planche !

J’ai dit, Vénérable Maître.

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