Obédience : NC Loge : NC 23/11/2010

 

L’etoile flamboyante du deuxième au troisième

Après avoir connu la taille de la pierre, les rudiments du maniement des outils, l’Apprentie est reconnue par les maîtresses de la Loge comme étant prête à les utiliser et à devenir compagnonne.

Lors de son Augmentation de Salaire, elle a accompli cinq voyages symboliques pour s’améliorer, chercher la justice et la vérité, pour étudier la nature, l’univers, pour réunir l’Art et les Sciences en s’inspirant des Grands Initiés et Glorifier le Travail. Elle découvre ses nouveaux outils, le fil à plomb, le niveau, l’équerre, la règle et le levier en même temps qu’un nouveau symbole à l’Orient, l’Etoile Flamboyante avec, trônant en son cœur, la lettre G\. On peut considérer que cette étoile est à la Compagnonne ce que le delta lumineux est à l’Apprentie ce qui n’est pas sans rappeler le Grand Architecte de l’Univers : serait-elle donc à la fois une origine, une source, une trajectoire, un chemin tracé ?

A cet instant, le chemin de la Compagnonne va dans les pas de l’Etoile Flamboyante : elle va être son guide, l’encoche de la mémoire sur son bâton de pèlerin, celle qui va donner le rythme à sa marche, qui lui rendra la fatigue plus supportable.

Comme le lui rappellent les sphères, c’est tout l’univers qui est proposé à ses investigations. L’Etoile Flamboyante est là pour éprouver la persévérance de la Compagnonne. Elle la pousse à s’ouvrir au monde, à l’explorer, à s’exercer à ce « pas de côté » inscrit dans sa démarche. Elle lui suggère deux voies dans sa recherche, celle de la rigueur et celle de la fantaisie en veillant, toutefois, à entretenir un heureux équilibre entre ces deux tendances, en quelque sorte avoir peut-être l’air fou mais être sage… L’Etoile Flamboyante la conduit aussi à vérifier la régularité des faces de la pierre cubique sur laquelle elle œuvre.

L’Etoile est construite sur la base cinq, celle du monde vivant et sur la proportion dorée, la relation parfaite. Elle met en avant la nécessité d’une harmonie entre l’Etre et le monde extérieur, d’une osmose entre le corps et l’esprit et d’une unité constante entre ce dernier et le Principe Créateur représenté par la lettre G symbole dans un symbole, parcelle de l’Esprit, parcelle de Lumière que contient tout homme.

L’Etoile flamboie de la vie des cinq sens que la Compagnonne anime : l’œil pour percevoir et « voir » afin de pénétrer l’essence précieuse des choses qui se situe au-delà des apparences extérieures, l’oreille réceptrice des paroles et des mots qui servent à entendre, à comprendre, l’odorat pour discerner le subtil des choses, le goût pour apprécier les valeurs spirituelles et formuler, la main pour transcrire et transmettre les attouchements de notre Ordre et les perceptions délicates qui seront mises en harmonie par le cœur car, ce dernier, qui naît de l’écoute entend l’inaudible.

Guide sûr, l’Etoile Flamboyante, en même temps qu’elle développe l’intuition, conduit la Compagnonne au décodage de son propre fonctionnement psychique avec lucidité en vue d’éveiller sa conscience sur la réalité humaine. Elle la ramène à sa juste proportion : l’école de la modestie.

Elle lui enseigne que c’est à partir de son équilibre, de sa connaissance qui lui donne la clé de la liberté conquise sur elle-même, de son travail et de son énergie qu’elle va rayonner. Savoir regarder et intégrer, passer de la compréhension à l’acte et pour que tout soit juste et parfait, rectifier ce qui doit l’être, se mettre préalablement à l’équerre, à la perpendiculaire et au niveau est l’essentiel du travail de la Compagnonne qui évolue sur le plan horizontal guidée par l’Etoile Flamboyante. Elle connaît l’art du trait, est réfléchie, en chemin vers la parole pour la faire vivre mais, si elle entrevoit le ciel, elle n’a pas encore son autonomie.

Lors de son voyage intérieur, elle a appris à ouvrir son cœur à ce qui lui était étranger, à se connaître, à dominer sa part d’ombre, l’Etoile Flamboyante l’ayant convaincue que chaque composante d’elle-même était indispensable à son équilibre. Elle a accompli son chef d’œuvre, sa pierre s’intègre à l’édifice. Son désir d’élévation spirituelle s’est intensifié, elle peut aspirer à être reçue en Chambre du Milieu.

Entrée dans le Temple courbée, par la porte basse, le jour de son initiation, c’est à reculons que la Compagnonne, pour atteindre la Maîtrise, y pénètre de nouveau dans une quasi obscurité, avec seulement la lumière rassurante puisque connue, pleine d’espérance malgré les ténèbres, de l’Etoile Flamboyante découverte à l’Orient et maintenant passée à l’Occident. Si elle ne sait pas où elle va, elle le pressent car elle éprouve cette convulsion de la mémoire qui, au moment de la mort, dit-on, fait déferler toute une vie dans un torrent d’images.

Durant cette marche qui l’oblige à changer ses habitudes, la Compagnonne est exhortée par la Très Respectable Maîtresse à faire une introspection rendue possible par le recul qui permet de porter un regard lucide sur le chemin parcouru. La marche à reculons lui permet de revisualiser ses années vécues en creux, en bosses, en pics, en plat. Elle l’aide à faire la transition avec le travail qu’elle a accompli et celui qui lui reste à faire. Elle l’incite à se poser, à vider sa musette des métaux qui restent encore dans la doublure, à se remettre en cause, à faire grandir sa conscience car toute transformation véritable se fait par elle.

La Compagnonne revoit tous les outils qui lui ont été dévoilés jusqu’à reprendre son maillet et son ciseau. Elle renoue avec ceux qui lui ont permis de dresser, de déplacer, de vérifier. Mais, malgré sa bonne volonté, a-t-elle participé à la fois de l’écoute, de la tolérance ? A-t-elle été fidèle à la règle car c’est bien face à elle que se révèlent les fausses certitudes. A-elle travaillé à son propre perfectionnement pour « continuer au dehors l’œuvre commencée dans le Temple » ?

Ce point d’arrêt sur l’Etoile a conduit la Compagnonne à abandonner la réalité visible pour se diriger vers la réalité invisible, à s’élever vers l’esprit. Elle médite sur la fatalité, l’éphémère et la vanité des choses qui passent. Le déplacement de l’Etoile rappelle à la Compagnonne que toute croissance est faite de l’alternance de temps de progrès, d’immobilité et de temps de retour. La course de l’Etoile qui la conduit à son crépuscule est apparentée aussi au passage du temps de la jeunesse, celui des ambitions où l’on s’interroge à celui de l’âge mûr où l’on réfléchit, médite, moment de transmutation où l’on tend vers la sagesse en relativisant l’importance de toute chose.

Avant d’aborder la Maîtrise, la Compagnonne doit affronter la mort de son propre corps qui en se putréfiant libèrera l’esprit pour accéder au plan vertical de la connaissance métaphysique, ce qui la fera entrer dans les lignes courbes du cercle. Survient alors le moment du « retournement », ce changement d’état de la conscience, cette conversion de l’esprit ou l’expérience de la dualité est abolie. Le Temple est plongé dans le chaos : il n’y a plus de repères, plus d’ordre comparé à celui qui régnait aux deux précédents grades. Plongée dans les ténèbres, la Compagnonne ne comprend pas tout. Ce qu’elle ressent ? Un vrai sacrifice, celui des connaissances qu’elle croyait posséder et être validées par l’Etoile Flamboyante, ce qui ébranle quelque peu ses convictions. Dans cette conversion du regard et des perspectives, l’intellect est mis à bas, le rationnel cesse de dominer la conduite cependant que l’esprit se rend réceptif à la sagesse profonde.

En changeant de niveau, la Compagnonne peut entendre le récit symbolique au pied du tombeau lequel est le point de départ du voyage de son âme dans l’autre monde. L’Etoile lui a ouvert une porte vers l’infini où elle va passer de la matière à l’esprit, de la terre au ciel en se désincarnant et du ciel à la terre en reparaissant, disciple d’Hiram, plus « radieux que jamais » grâce aux cinq points parfaits de la maîtrise et au mot sacré.

La porte de la mort en Franc-Maçonnerie est désignée comme le passage à l’Orient Eternel ou accès à la vraie lumière. Aussi, l’Etoile passée de l’Orient à l’Occident n’est plus flamboyante mais voilée comme si elle allait disparaître car c’est désormais de l’intérieur que sa lumière va briller. Pour la Compagnonne digne d’accéder à la Maîtrise, l’Etoile s’éteint car il ne lui suffit plus de la voir mais bien de pénétrer jusqu’au squelette de la vérité.

Ce n’est pas l’Etoile qui a changé de lieu mais bien la Compagnonne. Symbole de l’union de l’unité de l’homme et de son créateur, elle est devenue de la même nature, de la même essence que cette Etoile au point même de l’avoir traversée, de s’en être éloignée. L’Etoile Flamboyante lui a livré son secret, celui de la Tradition et de quoi aller plus loin, seule, notamment vers la mort et la résurrection.

En langage hiéroglyphique, seba, la porte signifie aussi étoile, enseignement, ce qui peut vouloir dire que l’Etoile Flamboyante marque la fin d’un enseignement, celui des Petits Mystères où l’Etre se trouve encore au centre du domaine de l’individualité humaine.

Avec la Maîtrise, un nouveau matériau de construction apparaît : l’homme. La tâche de la Maîtresse Maçonne qui regarde de plus haut et plus largement, va être désormais de créer et de transmettre ce qu’elle a reçu à l’Orient de sa Loge, ce qu’elle fera en voyageant « de l’Orient à l’Occident et de l’Occident à l’Orient et par toute la Terre pour chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars ».

L’Etoile Flamboyante a été, au début, l’expression du désir de la Compagnonne. Puis elle est devenue l’expression de l’œuvre d’un cycle achevé dans la rectitude : le voyage s’est bien passé. A la Maîtresse qu’elle est devenue de choisir le dépassement, la voie difficile mais si joyeuse de l’amour et du travail.

J’ai dit T\ R\ M\

G\ B\


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