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Le Pentagramme

L’étoile : symbole universel

L’étoile à cinq branches figure sur une soixantaine d’étendards de pays. Elle agrémente également les logos de nombreuses marques commerciales, blasons de villes et de clubs sportifs…

On peut la trouver dans les plans de la ville historique de Washington. Ces plans sont l’œuvre de Pierre-Charles L’Enfant, ingénieur, urbaniste et architecte français né à Anet (Eure-et-Loir) en 1754. Il était franc-maçon.

On la trouve aussi dans la nature comme la fleur de poirier, la fleur d’églantine ou lorsqu’on coupe transversalement une pomme.

Elle est présente dans de nombreux édifices religieux, comme on peut le voir ici dans la cathédrale d’Amiens où elle est inversée donc, en principe, maléfique. De même que pour le médaillon-vitrail de Notre-Dame de Paris où l’étoile est « stylisée ».

A Orléans, au 251 de la rue du Faubourg Saint Vincent on peut voir cet « écusson », probablement pour des raisons religieuses compte tenu de la proximité d’une congrégation. L’étoile y est nettement présente avec d’autres symboles.

Lorsqu’elle est inversée, elle se veut symbole du mal, du malin, de Satan… On la représente alors souvent contenant un bouc : le diable…

Elle doit donc avoir un sens. Qu’est-ce qui fait son caractère universel et intemporel ? Il faut se souvenir qu’elle est héritée des Égyptiens voire des Mésopotamiens et qu’elle était l’emblème d’Hygie, déesse grecque de la santé préventive et de Pythagore, géomètre, philosophe et grand initié.

Elle a derrière elle un riche passé symbolique.

Quant à la lettre G située en son centre, on peut lui donner de nombreuses significations tout aussi valables ou irrecevables les unes que les autres. L’analyse des symboles étant un acte personnel et libre ; elle autorise celui qui en use à ignorer les significations qui ne lui parlent pas personnellement.

Guide des Mages vers Bethléem, elle constitue l’architecture secrète des églises romanes et cathédrales gothiques qu’elle décore plutôt discrètement mais de manière significative. Symbole commun à de nombreuses symboliques elle contient en elle-même son propre principe explicatif, tandis qu’elle constitue un guide sûr pour comprendre le sens de la vie.

Construction du Pentagramme

Le Pentagramme est construit à partir du Nombre d’or. Il se construit assez simplement avec une règle, un compas et un crayon. Je vous propose de continuer la présentation qui va, dans un premier temps, rappeler succinctement ce qu’est le Nombre d’or, ses propriétés les plus remarquables puis, dans un deuxième temps, une façon de construire le Pentagramme.

On constate la présence d’un nouveau pentagone au cœur du Pentagramme. Ce qui signifie que l’on peut « emboîter » des pentagrammes les uns dans les autres donnant ainsi une idée de l’infini, du microcosme et du macrocosme.

Cela peut aussi permettre de visualiser que « tout ce qui est au-dedans est identique à tout ce qui est au dehors ». En effet, quel que soit le niveau de profondeur où on se place, on voit toujours la même chose.

C’est, peut-être, également une approche de la géométrie fractale de Benoît Mandelbrot dans laquelle le même motif se reproduit à l’infini.

L’étoile dans notre ordre

Lors de la cérémonie de réception, après avoir effectué le cinquième voyage les mains libres, le F\ Expert « fait briller [aux yeux du nouveau compagnon] le grand Symbole du Compagnon » ; « cette Étoile mystérieuse dont les rayons flamboyants frappent pour la première fois vos regards ».

Puisque pour accéder au grade de Compagnon, le Maçon encore Apprenti doit effectuer cinq voyages, que, pour mieux se comprendre et pour mieux appréhender le monde qui l'entoure, le Compagnon Franc-maçon doit voyager et que tout voyage doit commencer au début du chemin, tournons nos yeux vers l'Étoile Flamboyante et suivons la voie qu'elle nous trace sur le chemin de la Connaissance et de la vraie Lumière.

L'Étoile Flamboyante, pentagramme à cinq branches, nous rappelle tout d'abord que le grade de Compagnon est intimement lié au nombre cinq.

Dès la cérémonie d'augmentation de salaire, le futur Compagnon fait cinq voyages. Il est sensibilisé à l'ouverture des cinq sens et prend connaissance des cinq ordres d'architecture. Il est également consacré Compagnon Franc-maçon par cinq coups de maillet sur l'Epée Flamboyante du Vénérable Maître. Désormais, le Compagnon doit grimper cinq marches avant l'entrée du Temple, il demande l'entrée du Temple par cinq grands coups. Il doit entrer dans le Temple par cinq pas réguliers et il a maintenant cinq ans.

Enfin, selon le rituel du Rite Ecossais Ancien et Accepté, en Chambre de Compagnons, l'Étoile Flamboyante est éclairée à l'Orient. Elle s’élève ainsi au dessus du Vénérable Maître et éclaire le Temple de sa quintuple puissance.

L’étoile et l’Homme

Par l'application du nombre d'or, l'Homme est devenu un symbole d’harmonie. Dans son livre « De Architectura » Vitruve a indiqué que les proportions d'un bâtiment devraient correspondre à ceux d'une personne et il a employé la proportion dorée pour fixer ce qu'il a considéré comme les mesures relatives d’un humain idéal. L’une des illustrations les plus frappantes de ce corps harmonieux se trouve dans le célèbre « Homme de Vitruve », où Léonard de Vinci inscrit l'Homme, telle une étoile à cinq branches, dans un cercle. Souvenons-nous que pour les adeptes de Pythagore, le cercle représente le royaume de l'Esprit. Si ce corps, assimilé à l'Étoile, est le summum de l'harmonie physique ou terrestre, alors l'étoile à cinq branches, pentagramme tracé selon les préceptes du nombre d’or, est celui de l'harmonie céleste ou spirituelle.

Nombre d’Or, corps humain, Pentagramme et unités de mesure des bâtisseurs de cathédrales.

Au Moyen Âge les bâtisseurs de cathédrales utilisent 5 unités de mesure relatives au corps humain avec une unité de base, la ligne qui mesure 2,247 mm :

la paume = 34 lignes (7,64 cm),
la palme = 55 lignes (12,36 cm),
l’empan = 89 lignes (20 cm),
le pied = 144 lignes (32,36 cm),
la coudée = 233 lignes (52,36 cm)

On constate :

que l’on passe d’une unité à la suivante en la multipliant par le nombre d’or,
que le nombre de lignes évolue selon la suite de Fibonacci, et donc
que chaque unité est la somme des deux précédentes.

Toutes ces unités se retrouvent donc dans le pentagramme.

Le Compagnon doit pouvoir tracer le pentagramme d’un seul trait, sans lever la main. A chaque trait tracé, le Maçon éveille en lui les cinq éléments si chers aux hermétistes : la Terre, l'Eau, l’Air, le Feu et enfin l'Éther. L'Étoile Flamboyante évoque l'accès au cinquième élément, l'Ether.

Cette Étoile est donc semblable à l'homme. Peut-être pourrions-nous même dire qu’elle est le miroir de l'Homme. Car, comme nous l'enseigne les alchimistes, tout ce qui est en haut est comme tout ce qui est en bas ; le microcosme est le reflet du macrocosme.

L’étoile et la lettre « G »

La Bible nous indique que l'Homme est fait à l’image de Dieu. Lorsque Ponce Pilate présente Jésus à la foule il s'écrie « Ecce Homo » (Voilà l'Homme). Le Christ sur Terre, le Fils de l'Homme, était bien le reflet terrestre de Dieu le Père, le « G » qui trône au centre de l'Étoile Flamboyante. C’est au 18ème siècle (probablement en 1737) qu’apparaissent l’Etoile et le « G » dans les loges françaises. Ses significations d’alors semblaient être Gloire, Grandeur, Géométrie.

On pourrait aussi envisager que le G signifiât God (Dieu en Anglais).

Mais cette lettre « G » peut aussi signifier « Géométrie », le fondement de toute science, ou même « Gravitation », « Génération », « Génie » ou « Gnose ». Si la gravitation est la force primordiale qui règle le mouvement et l'équilibre de la matière, elle est aussi pour le Franc-maçon le symbole de l'amour qui rapproche les cœurs et les maintient dans une étroite union fraternelle. La génération, puissance d'engendrer, est cette force vitale qui assure le maintien de la vie et son évolution dans la direction de l’idéal ; qui pousse le Maçon à se dépasser sans cesse. Le génie, forme supérieure de l'intelligence humaine, inspire l'Homme éclairé â chercher sans relâche et trouve son expression dans la création intellectuelle, morale et artistique. Le travail du Maçon met quotidiennement son génie au service des principes de notre Ordre. La gnose, représente enfin la Connaissance sacrée, ce que l’Apprenti cherche à tâtons dans les ténèbres et que le Compagnon cherche dans le monde extérieur. Peut-être pourrions-nous dire que l'Étoile Flamboyante est une synthèse de toutes ces sciences et que la lettre « G », qui brille en son centre, en signifie la juste application.
Ainsi, si l’ÉtoileFlamboyante représente l’absolu, l’Univers, le macrocosme, avec en son cœur la lettre « G », symbole de la Géométrie sacrée et du G\A\D\L’U\, elle représente aussi l'Homme, l'Initié, le Franc-maçon ayant en lui le cœur éclairé par la Lumière du Grand Architecte.
Ce peut être aussi le « Gamma » (G) des grecs, lettre centrale du nom d’Hygie. On peut constater que le G est la cinquième consonne de l’alphabet.

L’étoile et la Bible

Il est dit dans la Bible (Exode 34.29) : « Il ne savait pas, lui, Moïse que la peau de son visage était devenue rayonnante en parlant avec le Seigneur ».

Lorsque Moïse a grimpé vers le sommet du Mont Sinaï, il a spirituellement fait le chemin inverse et est descendu au plus profond de lui-même. C'est là où il a atteint l’initiation suprême, le contact avec la Vérité et il est devenu physiquement flamboyant. Dieu l'a purifié. Le visage de Moïse était illuminé. Le flamboiement de l'Étoile caractérise alors l'Initié. Car tout comme le rayonnement de l'Étoile répand sur l’Initié la Lumière de la Vérité, le Franc-maçon, rayonnant à son tour du feu de la Connaissance, doit s’efforcer de briller et de servir d'exemple, de guide en quelque sorte, dans le monde profane.

Rappelons-nous les paroles de Saint-Pierre dans son deuxième Epître : « jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l'astre du matin se lève dans vos cœurs ». C’est une belle image de la quête du Compagnon qui avance entouré de ténèbres qui se dissipent peu à peu, qui au fur et à mesure qu'il poursuit son voyage à l'intérieur de la Terre n'est pas aveuglé par l’ombre mais, au contraire, aperçoit plus de lumière. A l'instar des rois mages, qui ont suivi un chemin tracé par une étoile brillant dans la voûte céleste avant de trouver l'enfant Jésus, celui-là même qui est la Lumière faite chair, le Compagnon doit suivre l'Étoile Flamboyante, l'emblème de la Lumière divine, l'astre qui se lève dans son cœur et qui le guidera dans sa quête initiatique.

Retour sur la Franc-maçonnerie et conclusion

L'Étoile Flamboyante, empreinte de la lettre G, est donc le symbole qui transforme le Franc-maçon en nouveau Perceval, en quête du Graal, de sa place matérielle et spirituelle dans l'Univers. Mais le Compagnon est encore loin d'être un Galaad des temps modernes. Il ne trouvera pas le Graal car son voyage n'est pas terminé et ses yeux ne sont pas encore assez forts pour supporter tout l’éclat de la vraie Lumière. Le Graal, symbole de la perfection divine, de la conquête de cette perfection enfouie au fond de soi, ne peut être conquis brutalement, matériellement. Il ne sera atteint que par une transformation de l'Esprit et du Cœur. La lettre G, placée au centre de l'Etoile Flamboyante, peut donc aussi signifier « Graal ». La pierre philosophale, la vraie Lumière, la véritable Connaissance de soi et celle des Dieux et de l'Univers, c'est le Graal, le Cœur du Temple que chaque Maçon bâtit A L\G\A\D\L’U\. C'est la quête de ce Graal qui permettra la transmutation du Plomb en Or, du Profane en Initié.

En traçant l'Étoile Flamboyante, le Maçon unit donc le microcosme au macrocosme. En ouvrant ses cinq sens aux Vérités enfouies au plus profond de lui-même, il éveille l'Ether. Ainsi, par l’opération de l'Ether et des quatre éléments purificateurs, il ouvre l'œil du cœur et il pourra voir l'Étoile Flamboyante se lever en lui. Le Compagnon sait alors qu'il peut s'écarter de la ligne de l’Apprenti dans sa découverte du monde extérieur. Mais il sait aussi qu'il doit savoir revenir à la Règle et suivre toujours sa marche vers l'Étoile. Il accomplit ainsi une étape de son alchimie interne, qui lui permet de s'élever, de mieux voir cette pierre qu'il ne cesse de polir et de prendre un nouveau pas sur le chemin vers la connaissance de soi et l'accomplissement du Grand Œuvre.

Pour conclure, je dirai que l’Étoile, guide du voyageur, représente probablement l’idéal inatteignable, le but ultime, la perfection vers lesquels tout Homme, initié ou non, tend tout au long de sa vie ; bref, l’inaccessible étoile comme l’a si bien chantée Jacques Brel dans La Quête tirée de L’Homme de la Mancha.

Éprouvez-moi par l'Équerre mes Frères, demandez-moi si je suis Compagnon, et je n’aurai qu’une seule réponse à vous donner : « J’ai vu l’Étoile Flamboyante ».

J’ai dit Vénérable Maître.

H\ B\


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