Obédience : NC Loge : NC 20/08/2013

L’Initiation pour une vision non-restrictive du Monde

Lorsque la contemplation s’affaiblit chez les hommes, ils passent à l’action qui est une ombre de la contemplation et de la raison (Plotin)

L’action !

L’Initiation n’aurait qu’une seule finalité, il faudrait que ce fût celle-ci.

Goethe dans Faust nous rappelait que « L’Acte est au commencement de toute chose ». Pour ma part je souhaiterai qu’en Grande Loge de France l’Action illustre toujours l’achèvement de nos réflexions.

En l’année de Vraie Lumière 6004, j’avais été chargé de rédiger une allocution pour la Commémoration du deuxième Centenaire du Suprême Conseil de France. J’avais alors donné naissance à un personnage répondant au nom de Pierre. Tout au long de mon texte, ce cherchant effectuait un fabuleux voyage au pays du Rite Ecossais Ancien et Accepté. En observant les fondamentaux de notre rite, il passait de l’étonnement à l’émotion, après avoir éprouvé quelques difficultés face à certaines subtilités dont il n’était pas toujours facile de percevoir le sens caché. Il avait établi le singulier constat, que l’essentiel lui était propre, et qu’aucune vérité n’était hébergée ailleurs que dans sa propre intériorité. Une réelle intimité avait vu le jour entre lui et le Grand Architecte de l’Univers. Ce dernier avait quelque peu perdu de son mystère, mais cette amitié commune leur avait permis de cheminer ensemble vers la Pierre Cachée. Il avait osé ouvrir la Bible, livre qui jusqu’alors s’imposait par son inaccessibilité, mais qui en devenant Volume s’était ouvert à la page de l’Amour, page écrite par un aigle, sur les rochers de Patmos. Si le message délivré était d’une haute spiritualité, les outils sur lui déposés tel un signe, tel le signe, lui indiquait déjà la nécessité opérative de sa démarche entreprise, l’obligatoire finalité de son parcourt initiatique : L’Action.

Certes l’objectif ultime était l’Homme rectifié, l’Homme construit, l’Homme fini, mais cet Homme idéal qu’allait-il devoir faire dans ce Cosmos où il évoluait, dans cet Univers où quelques milliards d’humains gravitaient ?

Il avait fait sienne la maxime de Jean qui nous rappelle que : « Celui qui dit être dans la Lumière, et qui a son frère en haine, est dans les ténèbres alors que celui qui aime son frère est dans la Lumière ».Mais un Franc-maçon avait-il le droit de seulement aimer ? L’Amour ne devait-il point être soutenu par l’acte ? Devenu véritablement un agent coopérant au Principe Créateur, Pierre se trouva alors devant une triple invitation :

- Tourner son regard vers la Lumière en suivant ainsi l’invitation faite par Julien Green « chaque homme, dans sa nuit, vers la Lumière ».

- Savoir jouer habilement des rapports de l’Ombre à la lumière. C’est de l’observation de ces rapports que l’homme s’enrichirait. Il effectuerait ainsi un réel progrès vers la connaissance de lui-même, vers l’approfondissement de sa relation d’homme avec le Cosmos.

- Enfin agir concrètement dans le monde, dans notre vécu quotidien, dans notre engagement personnel et responsable dans la cité. Et cette dernière invitation Mes Frères, exige que nous prenions ensemble le temps de nous poser les bonnes questions.

Pierre est un maçon libre, et je suis persuadé que vous ne l’imagineriez pas autrement. Libre de se poser les bonnes questions, libre de nous inviter, nous les Francs-maçons de la Grande Loge de France, à reconsidérer notre démarche, à observer si elle est en parfaite adéquation avec l’identité de notre maison, avec les messages que nous délivre à chacun des degrés notre rite, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, et enfin si notre démarche est dans une parfaite continuité logique et cohérente avec notre histoire. La Grande Loge de France, obédience atypique par l’originalité du parcours qu’elle propose, a sans aucun doute un rôle majeur à tenirdans le monde qui nous entoure. Si le voile d’Isis, déesse à Saïs, sépare la connaissance cachée de la connaissance révélée, si soulever ce voile, c’est pourtant se voir révéler la Lumière, ce sera d’un autre voile dont je vais ce soir vous parler.

Passer de l’esprit à l’action, en trouvant l’énergie dans sa propre Initiation, est donc le nouveau défi de Pierre, qui veut par cela mettre en réveil une grande dame : La Grande Loge de France. Avec Pierre Mes Frères, soulevons lui son voile et invitons là à se mettre en marche, une marche en avant.

Dans cette étude, nous ne déconnecterons jamais l’Initiation de l’Action qui devra suivre, car en effet l’élan fait toujours partie du saut.

Effectuons tout d’abord, si vous en êtes d’accord, l’état des lieux en ce début de millénaire, afin de comprendre en quoi nos contemporains subissent-ils une véritable tromperie sur la nature de leur bonheur, et la manière dont ils pourraient participer à l’élaboration des conditions nécessaires pour que d’autres, leurs frères en humanité, accèdent à leur tour, eux aussi au bonheur. Pour cela, il nous faudra d’abord définir la notion de bonheur.

Epictète, déjà en son temps considérait que le bonheur ne consiste pas à acquérir, ni à jouir, mais à ne rien désirer, car il consiste à être libre. Sans être aussi froid dans notre approche, ne consisterait-il pas seulement à l’harmonie et la sérénité, dans la conscience d’un but, dans une orientation positive, convaincue et décidée, de l’esprit, bref dans la paix de l’âme ? Les intellectuels, étant les plus forts, trouvent leur bonheur là où d’autres périraient : dans le labyrinthe, dans la dureté avec soi-même et certains dans la tentation, leur joie étant de se vaincre eux-mêmes. Et cependant, le bonheur n’est pas situé dans les lointains, il n’est pas plus loin que la lune changeante. L’Abbé Delille ne nous disait-il pas que le bonheur appartient à qui fait des heureux. Gardons en mémoire cette dernière voie, nous aurons à plus tard à la parcourir.

Les médias, et plus particulièrement la télévision devenue l’opium des peuples contemporains, sont des vecteurs d’une totale illusion de bonheurs faciles, achetables, jetables, surfaits. Comme le soulignait ainsi Alain Souchon « On nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir, de l’avoir plein nos armoires »,ces méthodes nous attirent dans un terrible engrenage, transformant des êtres naturellement libres, progressivement en esclaves d’une société de consommation, d’où l’humain ressortira toujours perdant. L’apparition de ces médias et de la technologie qui leur apporte leur dimension, est l’une des résultantes du progrès. Alors que penser du progrès. Il se présente réellement comme contenant d’une dichotomie interpelante à savoir :

- d’une part, par le truchement des médias, il apparait comme un facteur d’éloignement des valeurs traditionnelles, telles que la famille, tels nos voisins avec qui nous nous devons d’entretenir une certaine convivialité, tel l’échange nécessaire et riche entre les diverses générations et d’une manière plus générale telle la participation aux différents évènements ludiques simples comme les fêtes de villages, une soirée au cirque, le repas rituel de Noël ou le partage de la galette des rois.

-d’autre part en s’imposant comme une invitation exceptionnelle à mieux découvrir le monde, les hommes qui l’habitent, et pourquoi pas nous-mêmes, venant ainsi en parfaite complémentarité de l’Initiation. Alors en quoi consistent ces fameux ferments de l’action, qui séjournent en puissance au cœur même de l’Initiation ?

Tout d’abord, l’introspection, première étape de l’Initiation donne entre autres le moyen de tromper le temps, de considérer comme simultané tout ce qui a été, tout ce qui est et tout ce qui sera la vie dans l’avenir. Ce creuset de réflexion est donc la source première, à l’instar des levures mères dont il faut toujours partir pour obtenir de la nouvelle levure. L’Initiation est une rencontre dérangeante, qui nous est proposée, avec l’inconnu que nous sommes pour nous-même. Cet inconnu a été lentement fabriqué, à notre insu, par un système dont le contrôle nous échappe et cependant, il possède en lui de façon innée l’essentiel, essentiel qu’il faudra décrypter. La démarche maçonnique repose sur un pari sur le sens, et l’idée de sens se trouve liée par nécessité à un certain état d’éveil. Il faudra donc favoriser chez tout homme, qu’il soit maçon ou non, l’acquisition de cet état d’éveil. Mais l’Initiation maçonnique n’est pas seulement ce chemin solitaire, que d’autres formes d’Initiations proposent. Elle est un lieu de rencontre et de partage, et c’est bien la rencontre de l’autre, l’autre qui dérange, qui va agir comme un révélateur chimique en nous obligeant à aller puiser en notre fond le plus secret, les énergies et les réponses à nos propres bouleversements. Dans un monde en constante mutation, l’Initiation va demeurer la constante salvatrice qui unira les hommes au-delà des époques et des civilisations. Enfin, l’approche symbolique sera le véritable langage, qui nous permettra de comprendre le monde et de le faire comprendre à nos Frères les humains, souvent perdus dans une spirale sans repères.Le Franc-maçon est en apparence loin des réalités immédiates, et loin des questions cruciales du monde, dans le secret, le profond et l’obscur de sa Loge. Sa première action s’inscrira donc dans la diffusion des idées, des valeurs qui concourent à rapprocher les hommes par le respect de l’autre, par la compréhension de ce qui fait nos différences, par la défense de la justice, par le combat des oppressions de quelques nature qu’elles soient, comme nous le rappelle un degré de notre rite, par la reconnaissance de l’existence entre tous les hommes d’une essence commune qui les fait tous frères entre eux. Il s’agira donc de voir, comment les initiés que nous sommes pourront exercer leur rôle « rectificateur », en vertu des transformations qui se seront faites en eux, de par l’initiation qu’ils auront reçue.

Mais d’abord en premier lieu, un mot rapide sur notre histoire, l’histoire de la Grande Loge de France et des hommes qui l’on construites et fait grandir.

De Gustave MESUREUR, fondateur de la Grande Loge Symbolique Ecossaise, véritable précurseur de la Grande Loge de France, lui qui fut L’héritier d’Adolphe CREMIEUX, lui qui fut dans une même vie, fondateur de l’association des réformes républicaines, de la Bourse du Travail, des Tribunaux de Prud’hommes au commerce, de l’Assistance Publique dont il fut le président, du Parti Radical dont il fut le premier président, d’une école d’infirmière à la Pitié-Salpêtrière, lui qui fut à l’origine d’un chantier colossal de rénovation des Hôpitaux de Paris, lui qui obtint en 1904 que la Grande Loge de France devint une Puissance Maçonnique « autonome, indépendante et souveraine » et lui enfin, qui se définissait comme un homme de réflexion et d’action, voyant en cela rien de contradictoire.

De Louis DOIGNON, qui mena un combat sans concession contre la montée de tous les extrémismes dans le monde d’entre deux guerres, tout en fédérant tel un précurseur les obédiences européennes dans une idée d’unité hostile aux mesures d’exceptions.

A Pierre SIMON, ramenant les techniques d’accouchement sans douleur d’URSS, précurseur de méthodes contraceptives nouvelles tel le stérilet, créateur du planning familial, engagé derrière la loi NEUWIRTH dont il avait donnée l’impulsion, co-fondateur du Club des Jacobins.

En passant par bien d’autres Frères encore, qui de façon personnelle, mais en portant la résultante d’une réflexion de groupe, ont transformé de sages réflexions en actions indispensables, pour remplir ce que j’appellerai le « Contrat Moral », que nous avons avec la Grande Loge de France, qui nous a un jour accueillis, et qui a ainsi radicalement transformé notre vie en un chemin de Lumière.

Vous voyez, Mes Frères, la Grande Loge de France n’a ni à rougir d’une certaine tiédeur, que certains évoquent parfois avec gêne, ni à se maintenir dans le carcan du seul esprit qui réfléchit, car ce n’est par cela son histoire et son identité, que lui souffle les différents messages du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Mais là où se marque sa spécificité, c’est qu’elle éclaire sa soif de liberté, de tolérance et de justice, en un mot d’humanisme, par une spiritualité éclairée et qui n’exclue aucune forme d’expression.

Considérons maintenant si vous le voulez bien, ce qui devra présider aux actions à mener, et quels sont les chantiers qui s’ouvrent aujourd’hui pour La Grande Loge de France. Il y a plus de 20 ans, notre Ancien Grand Maître, Michel BARAT observait l’espérance et la crainte simultanées, qu’une question à l’étude des Loges, relative à l’action du Franc-maçon dans la cité, avait suscité. L’espérance qui agitait chaque Frère depuis la soirée de sa propre initiation, se fondait sur le rayonnement que la Franc-maçonnerie doit avoir à l’extérieur, prolongeant ainsi l’œuvre commencée dans le Temple. La crainte, était celle de voir se profaner à l’extérieur la pureté de notre quête spirituelle. Nous nous devons d’abord de rappeler le troisième alinéa du Chapitre 1 de notre Constitution, relatif aux principes de la Franc-Maçonnerie Universelle, et qui dit « La Franc-Maçonnerie a pour but le perfectionnement de l’Humanité ». Le perfectionnement de l’Humanité ne pouvant pas s’imaginer sans l’action, laquelle fait juste suite à la réflexion, voyons maintenant quelles sont les conditions, pour que cette réflexion, conquise grâce à l’Initiation, puisse passer de la virtualité à l’acte dans la cité, et par extension dans l’ensemble de l’Humanité.

Observons d’abord, que le Franc-Maçon souffre auprès de nombre de gens et de milieux particuliers, d’une mauvaise réputation faite d’un mélange de secret, qui cache de l’inavouable, des entraides sélectives, du favoritisme notamment lors d’embauches, et encore quelque peu d’anticléricalisme. Or nous savons tous ici, que ces présomptions sont erronées, ou tout du moins portent sur les agissements d’une très faible minorité. Il serait beaucoup plus logique, au regard des valeurs dont nous nous réclamons, que nous bénéficions d’une considération certaine, et allons jusqu’à nous abandonner à rêver, qu’un jour nous puissions entendre, lorsque une conversation porte sur un membre de notre maison : Et pour que cela soit, il faudra évidemment rendre plus efficiente la communication auprès du monde profane, communication suivie d’actions fortes bien sûr. Cette communication ne pourra pas faire l’économie de la dénonciation de la manipulation médiatique, elle deviendra par ailleurs une lutte féroce contre les aprioris nous concernant. En parallèle, les Frères de la Grande Loge de France devront être plus que jamais exemplaires, et tout dérapage devra être réprimandé très sévèrement en notre sein. En effet, il est trop souvent fait référence à « La Tolérance », notion souvent totalement galvaudée. La tolérance se doit d’être appliquée face à nos différences, et notamment à l’expression de nos idées et points de vues différents. Elle ne doit pas être un blanc-seing pour des comportements et actions de la vie inacceptables, voire contraires aux termes des lois de notre pays.

Il est souvent fait état dans les médias du fameux « pouvoir » qu’auraient les Francs-Maçons, et par habitude les Grands Maîtres successifs répondent que cela procède du fantasme, et que la Franc-Maçonnerie n’exerce aucun pouvoir sur nos sociétés. Ils ont raison, et cela est bien dommage. En effet, si la Franc-Maçonnerie n’a en aucun cas à influer sur telle ou telle puissance gouvernante, ni agir en puissance secrète, elle se doit comme nos devanciers l’avaient fait de manière efficace par le passé, d’être à l’écoute des problématiques actuelles, et d’agir pour contribuer d’y apporter des solutions après avoir mené les réflexions éclairées nécessaires. Ces réflexions seront éclairées par la spiritualité de notre Rite et les lumières de notre propre passé. En cela les Frères de la Grande Loge de France se doivent d’agir individuellement, sans pour autant que l’obédience demeure immobile. D’ailleurs avec la naissance du « Fond de Dotation », l’obédience va pouvoir réellement « rentrer » dans l’action.

La Franc-Maçonnerie, mais pour être plus précis l’Initiation qu’elle propose, nous installe devant trois questions : « D’où viens-je ? Qui suis-je ?, Où vais-je ? ». La troisième de ces questions nous montre déjà, que seule l’action peut apporter un commencement de réponse, et il faudra de façon connexe poser une quatrième question : Comment ?

Le mot étant posé et pour y répondre, il nous reste à définir les chantiers d’aujourd’hui et de demain, et de définir avec quels outils nous allons les entreprendre. Porteurs d’un Humanisme éclairé, éclairé par la Spiritualité Ecossaise, il nous appartient maintenant de nous inscrire dans cette voie, qui structure notre identité. Notre jeunesse est en demande de repères. Le « Donner Envie » apparait donc comme un défi et une urgence. La Grande Loge de France ne doit plus tarder, à ouvrir un chantier autour d’une grande réflexion en interne, avec l’organisation de colloques, où les conférenciers de notre Obédience et les experts profanes interviendront, afin que la Grande Loge de France ouvre des pistes sur lesquelles la jeune génération pourra construire des projets d’avenir. Mais de nombreuses autres pistes s’ouvrent encore, et je vais vous en indiquer quelques-unes appartenant à une liste qui ne saurait être exhaustive.

- Si nos sociétés occidentales ont effectué des avancées très importantes, face au « Handicap » sur le plan technique par la création de matériels, et l’aménagement des lieux publics, il demeure que la véritable intégration, celle des individus dans leur dignité d’homme, dans la considération dont ils devront jouir comme tout humain, est loin d’être achevée. Un débat s’impose, et notre Fonds de Dotation pourra être le premier moyen que nous mettrons au service des pistes qui auront vu la lumière, au fur et à mesure des horizons qu’ouvrira ce débat.

- On nous « rebat » les oreilles sur la dégradation de notre planète sur le plan écologique, et cependant trop peu d’hommes prennent la mesure du problème, et s’engage dans des comportements salvateurs face à cette urgence. Comme nous l’avons vu précédemment, La Franc-Maçonnerie, et notamment La Grande Loge de France « a pour but le perfectionnement de l’Humanité ». Cela nous impose donc d’avoir un rôle actif devant cette question, pour laquelle les hommes devront dire ce qu’ils veulent faire de l’astre sur lequel ils vivent. Il faut maintenant les faire participer au débat, pas uniquement leurs donner des recommandations.

- Nous pourrions aussi prendre en considération : l’approche de l’autre hors de nos Temples, le droit à l’éducation, l’accession au savoir, la liberté de penser et d’exprimer sa pensée, le travail de fond pour que les dogmes religieux, tout en étant respectés par tous, ne soient plus des obstacles entre les hommes, et peut-être en point d’orgue et pour couronner l’ensemble : la recherche du Sacré dans les repères du passé, pour aider l’ensemble des hommes à découvrir le Sacré tout au long de leur parcours d’aujourd’hui et de demain.

Pour réaliser tout ceci, les conférences, les colloques nationaux relayés ensuite en déclinaisons régionales, les supports papiers, électroniques et vocaux seront des outils indispensables, mais très insuffisants si l’ensemble des Frères de la Grande Loge de France, ne s’inscrit pas dans le cadre du « Devoir », que nous avons tous de distribuer au dehors les richesses que nous avons acquises dans l’espace sacré.

Si la transmission reste une valeur essentielle sur notre chemin maçonnique, chemin de vie, elle ne doit pas se faire qu’entre initiés, et à l’instar de KAFKA au terme de son Procès, acquittant ce monde hideux où « les taupes elles-mêmes se mêlent d’espérer », prêtons-nous à rêver, et imaginons une Grande Loge de France, qui au-delà de transmettre des idées, partagera des actions avec l’ensemble des hommes, nos Frères, pour le seul bien de l’Humanité.

Pierre commençait à voir plus clair au travers de ce cheminement, qui jusqu’à présent lui avait apporté de la sérénité et permis de poser un regard coloré sur le monde qui l’entourait, mais qui semblait stagner. Ressentant le geste comme l’éloquence qui fait suite à la pensée, il savait courte sa vie terrestre et voulait laisser une trace tangible, comme Rudyard Kipling s’était plu de l’illustrer dans son poème « Le Palais ». Comme beaucoup de ses Frères, une saine passion était née en lui et elle lui dictait un rôle qu’il aurait à jouer. Il se savait perfectible comme l’étaient ses Frères les hommes, donc par voie de conséquences il savait perfectible le fonctionnement du Monde. Il les voyait debout, ses Frères Noirs, Blancs ou Jaunes, debout plein de potentialités, tel l’homme tracé par Léonard de Vinci au sein d’une étoile à cinq branches dont la réalisation sous-tendait l’expression : « Perfectionnement de l’Humanité ».

Il savait que l’action qu’il allait entreprendre n’était pas sans risque, qu’il se tromperait peut-être, mais que la principale difficulté serait non d’agir, mais de se mettre en état d’agir. Il savait maintenant que de ne pas croire aux limites, nier l’impuissance, désavouer le néant, ce sera là croire en l’action. Il savait surtout que pour servir l’idéal de l’universalité, il devrait essayer de donner un sens à son action, et ne pas se borner à découvrir seulement le sens de ce qui l’entoure.

Face à ce projet colossal, l’outil dans la main, l’envie au corps de réaliser à tout prix, il se sentait heureux. A l’heure dernière Il se dissoudrait d’un coup après avoir eu ce qu’il voulait : la participation active à l’œuvre de l’Humanité.

P\ C\


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