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Les arts liberaux

Le thème qu’il m’est demandé de buriner pour ma seconde planche au second grade porte sur « Les Arts libéraux ». Au troisième voyage du rituel de mon acceptation au second grade, munie de l’équerre et du compas, j’ai découvert à l’orient le cartouche mentionnant les Sept Arts Libéraux.

J’ai lu sans vraiment en saisir le sens, la liste de ces arts : grammaire, rhétorique, logique, géométrie, arithmétique, musique, astronomie.

Toutefois, j’étais certaine que le symbolisme de ces mots me sera révélé pendant ma période de compagnonnage. Buriner cette planche est donc l’occasion de chercher à comprendre le sens, mais aussi le symbolisme et l’importance de ces arts à mon grade.

La planche sera présentée selon le plan ci-après :

Définition des thèmes sur les plans profane et maçonnique

Les Arts libéraux : quels symboles maçonniques ?

Mon vécu des Arts libéraux au grade de Comp\

1 - Définition des thèmes

Au plan profane

Art

Le mot Art vient du latin ars (habileté, savoir-faire). C’est un ensemble de connaissances et de règles d’actions dans un domaine particulier. Dans son sens le plus couramment utilisé, l'art est considéré comme une pratique en vue de la production d'œuvres susceptibles d'exprimer un idéal moral, métaphysique et esthétique.

Libéraux

Pluriel du mot libéral que le dictionnaire le Robert définit en faisant référence aux professions libérales comme étant de caractère intellectuel et que l’on exerce librement (architecte, avocat, médecin). En politique, un libéral est favorable aux libertés individuelles.

Au Plan Maç\

Les Arts libéraux sont ceux où l’esprit a plus de part que la main. Ils servirent longtemps à désigner toutes les matières que comportait l’enseignement classique. Au moyen âge, les arts libéraux formaient les deux cycles des études universitaires : le Trivium (science de la parole) comprend la grammaire, la rhétorique et la logique. Le quadrivium, science des choses, comprend l’arithmétique, la géométrie, la musique et l’astronomie. Ainsi les sept arts libéraux résultent de la conjonction du nombre 3 (exprimant le trivium) et du nombre 4, (exprimant le quadrivium).

Le qualificatif libéral attribué à ces arts renforce leur caractère ésotérique. L’art libéral permet d’entrevoir, de comprendre le monde tel que le créateur l’a voulu et conçu, et libère l’homme de sa condition, lui ouvre les yeux au fur et à mesure qu’il progresse.

Mais quels symboles maçonniques véhiculent ces sept Arts ?

- Symboles maçonniques des Arts libéraux

Le trivium est à mettre en lien avec le Verbe initialement créateur et ordonnateur du chaos décrit dans la Genèse (Genèse 1, verset 3 et 6, verset 7). Quand, au début de son Évangile (Jean 1 verset 1), saint Jean écrit : « Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Tout ce qui a été fait a été fait par Lui… », cela signifie qu’au commencement tous les principes divins sont entrés en action : à tous les étages de la création, et jusque dans le plan physique, ils ont reproduit à l’identique les structures qu’ils avaient d’abord créées en haut. Tout ce qui existe dans le plan physique peut être considéré comme des mots, des phrases, des poèmes formés à partir des différents éléments du Verbe. Ainsi, la grammaire, art du langage aide à mieux comprendre et communiquer de façon plus correcte, plus éloquente, plus méthodique, plus efficiente ; la rhétorique permet d’exprimer avec aisance et élégance ce que l’on communique à autrui ; la logique, art par excellence de la parole, mais aussi outil essentiel de la raison aide à ordonner nos pensées, à comparer, juger avec connaissance et justesse.

En F\ M\, l’acquisition progressive du langage et de sa symbolique est primordiale. Il faut savoir épeler, lire, écrire les mots de passe, mots sacrés.

Le quadrivium est le précurseur de nos sciences. La F\ M\ se rapporte plus particulièrement au quadrivium et en particulier à la géométrie et à l’arithmétique qui sous tendent très largement l’astronomie et la musique.

La géométrie, fortement philosophique et ésotérique est la science du Maçon : « que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » déclarait Platon. Source inépuisable de connaissance, elle est importante pour l’âge du compagnon puisqu’elle justifie la présence de la lettre G au centre de l’étoile flamboyante, initial du mot grec Gnosis, signifiant la connaissance.

L’art musical conduit à travers les sons et la beauté des rythmes à la véritable sagesse. La musique est nombre, fréquence de vibration, durée et force. Elle est proportion par le partage très codifié, depuis Pythagore jusqu’au moyen âge de la gamme en tons ; elle est liée à l’astronomie, car considérée comme participant à l’harmonie des astres.

L’astronomie enseigne « le mouvement et la disposition des astres, leurs grandeurs, distances et éclipses » ; elle cherche à définir les lois qui déterminent le mouvement des astres dans cette harmonie sublime que nous attribuons au GADLU.

L’arithmétique ou l’art des nombres aide à déchiffrer leurs valeurs symboliques, leurs caractères secrets, leurs qualités. « Tout est arrangé par le nombre » disait Pythagore. Le Nombre, dans cette acception la plus noble, dépasse la simple arithmétique. Il est une entité abstraite qui ordonne les formes du monde manifesté. Chaque nombre apparaît en quelque sorte comme un mode d’expression de la puissance principielle, un canal par lequel s’écoule le Verbe, une fonction de création réductible à nulle autre.

L’arithmétique et l’âge du Comp\

Lorsque la V\ M\ me demande mon âge, je réponds que j’ai 5 ans. Cinq, nombre du compagnon,apparaît en abondance dans la vie organique, depuis les premiers organismes marins jusque dans les doigts de nos mains, dans le monde végétal où nombreuses sont les familles de plantes avec des fleurs présentant leurs 5 pétales et leurs étamines rayonnant, en une figure régulière Le Cinq est intimement lié aux phénomènes de développement de la vie. Combinaison du Trois premier nombre impair appelé « mâle » et du Deux premier nombre pair appelé « matrice », le Cinq est le nombre « nuptial » des Pythagoriciens qui le considérait comme le nombre de l’amour fécondateur et de l’harmonie réalisée dans la matière.

Le pentagramme ou étoile à 5 branches est la figure symbolique qui représente le mieux le nombre Cinq. Il s’inscrit dans un pentagone, que l’on obtient en joignant ses 5 branches, mais à l’intersection des traits, qui définissent l’étoile nous obtenons un nouveau pentagone dans lequel nous pourrions à nouveau fabriquer une nouvelle étoile flamboyante et ainsi de suite. Par bourgeonnement on pourrait aller ainsi de l’infiniment petit à l’infiniment grand : la géométrie du Cinq nous invite ainsi à méditer sur la vie et son développement.

L’Etoile Flamboyante révèle la quintessence des alchimistes, l’union des Quatre éléments à travers un cinquième qui les rassemble pour en faire une unité, l’incarnation du divin dans la matière ; le cinq apparaît comme le principe caché que la forme manifeste.

Que nous enseignent donc les outils de ce troisième voyage ?

J’ai découvert les arts libéraux avec le compas et l’équerre.

L’équerre sert à tracer des angles droits et réuni l’horizontale et la verticale pour obtenir l’aplomb. Elle donne la rectitude dans l’action et symbolise la justice. Emblème de sagesse, l’équerre enseigne que la perfection consiste pour l’individu dans la justesse avec laquelle il tient sa place dans la société.

Le compas, emblème du discernement nous apprend la prudence et la circonspection. A l’absolu de l’équerre, le compas oppose le cercle du relatif dont le rayon est mesuré par l’écartement de ses branches. Ainsi, avec le compas et l’équerre, je dois acquérir sagesse et pureté. Le Comp\ doit s’engager à parfaire son éducation artistique. Se façonner à cette œuvre, faire en soi la transmutation des métaux, affiner mon caractère, utiliser dans le sens du bien les enseignements reçus, pour soi-même et pour le bien collectif.

Mais qu’expriment le niveau et la perpendiculaire ?

Le manuel d’instruction au grade de Comp\ nous enseigne que le niveau exprime l’égalité, principe essentiel de la F\ M\ spéculative, et par conséquent, le retour à un ordre initial, à une conclusion. La perpendiculaire unissant symboliquement le Zénith et le Nadir est associée à l’espérance qui est l’âme même de la F\ M\. Elle est ainsi l’emblème de la recherche en profondeur, de la vérité, de l’aplomb, de l’équilibre.

Quels enseignements tirer de la règle et du levier ?

La règle qui permet de tracer des lignes droites susceptibles d’être prolongées à l’Infinie est l’emblème de la Loi Morale dans ce qu’elle a de plus rigoureux. Le levier quant à lui se rapporte au pouvoir irrésistible d’une volonté inflexible intelligemment appliquée. La règle jointe au levier exprime que la volonté n’est invincible que si elle est mise au service du Droit absolu.

Quels enseignements tirer de ces Arts et des outils au grade de Comp\ ?

Le second grade est le pivot de l’initiation maçonnique. C’est celui auquel l’initié est appelé à approfondir ses connaissances, confronter nos rites et symboles à d’autres et en tirer des leçons, mais surtout travailler à son propre perfectionnement. Ce n’est donc pas par son assiduité, son attachement aux principes de l’ordre, sa générosité que la Comp\ peut prétendre accomplir l’intégrité de ses devoirs envers la F\ M\, et envers elle-même. Elle se doit de travailler à embellir son être, à pratiquer les vertus de l’ordre aussi bien envers ses F\ et S\ qu’envers les autres. Le Compagnon opératif (artisan issu du Compagnonnage traditionnel, comme les Compagnons du Devoir et du Tour de France) avait pour habitude d’élever un édifice stable et visible destiné à défier le temps. Alors que le Compagnon spéculatif (2ème grade des Loges de Saint-Jean en Franc Maçonnerie, après celui d’Apprenti et avant celui de Maître) aménage un édifice invisible qui ne serait révélé que par sa lumière rayonnant à l’extérieur. Pour ce faire, les sept disciplines des Arts libéraux peuvent être considérés comme les « sept piliers de la sagesse ».

Les arts libéraux nous aident à nous conformer aux « règles » édictées par notre conscience, aux lois de la morale, et à nous écarter de tout fanatisme et de toute foi aveugle. Ils sont le point d’appui de ce levier qui nous permettra de nous extirper du quotidien et de nos certitudes, de trouver la Foi (celle qui soulève les pierres et les montagnes) pour construire notre temple intérieur. Agir avec la règle et le levier c’est donc agir avec Loi et Foi. Les arts libéraux étant le terreau dans lequel l’une et l’autre se développent. Dans l’introduction de son traité sur le trivium, Alcuin renvoie explicitement aux Arts Libéraux et écrit : « la sagesse s’est fait une maison, elle s’est fabriquée sept piliers ». Pour la Compagnonne que je suis, le trivium est toute une quête initiatique condensée en trois parties qui n’en font qu’une. C’est une sorte de Trinité, à l’image de la notion de Ternaire qui se dégagent du pavé mosaïque, les trois colonnettes, le delta radieux... La Comp\ qui possède ces trois sciences est capable d’exprimer clairement ce qu’elle sait et de convaincre. Elle aurait appris à parler et à mettre ses pensées en ordre afin d’être cohérente et concise. Les arts du quadrivium exigent des études et de profondes méditations, mais leur maîtrise est essentielle pour permettre d’assouvir les besoins de la Comp\ d’apprendre, de comprendre, de communiquer avec art les enseignements reçus.

Pour ce faire, le GADLU a mis des outils à ma disposition afin que leur maniement me permette non seulement d’approfondir mes connaissances, surtout que j’apprenne à agir avec droiture, équité et discernement afin de bien remplir mes devoirs de Comp\ et de travailler à sa Gloire. La Comp\ à travers son apprentissage des arts libéraux, doit prendre conscience que ces arts et sciences lui servent d’abord à sa construction personnelle en vue de la construction de son temple intérieur ; elle participe ainsi à la construction de notre ordre.

Ainsi, appréhendant l'Universalité, maîtrisant le langage et ayant les fondements communs de la connaissance maçonnique, m'est il permit de chercher la lumière, aller au-delà des dogmes et des apparences. Je ne puis m’empêcher de partager avec vous cette citation d’un illustre compagnon dont le nom a traversé les âges, Villard de Honnecourt : Qui est le Maître ? Celui qui ne sait pas. Qui est le Compagnon ? Celui qui ne le dit pas. Qui est l’Apprenti ? Tout le monde.  « Est Compagnon celui qui a réalisé un Chef d’Œuvre » pourrait-il conclure dans son contexte historique, nous engageant par là même à la plus grande modestie.

- Mon vécu des Arts libéraux au grade de C\

Au fur et à mesure de mes recherches pour buriner cette planche, je me suis posées un certain nombre de questions. Depuis mon initiation au grade d’apprenti et mon augmentation au second grade comment je travaille à approfondir mes connaissances ? Qu’est ce que je fais au quotidien pour embellir mon âme ? Est-ce que je comprends bien le symbolisme des outils qui m’entourent dans cette loge ? Comment est ce que j’applique ces nobles principes qui me sont enseignés ? Comment je rempli mes devoirs de Comp\ ? Qu’est ce que je fais pour renforcer la fraternité dans notre triangle ?

Les 7 arts libéraux, avec le compas et l’équerre montrent que la connaissance doit servir à s'élever. Du Cabinet de réflexion à la voûte étoilée, le chemin est long. Cela veut donc dire que lors de mes voyages, je ne dois oublier ni d'où je viens, ni ou je vais. Mon quatrième pas de la marche du Comp\ pas de côté n'a qu'un seul dessein, celui de mon libre arbitre. La Comp\ m’a-t-on dit doit chercher sa vérité. Je dois être curieuse du monde mais je dois aussi revenir sur le droit chemin. L'étude du Trivium me permettra de maîtriser le langage et les mots. Le Quadrivium me servira quant à lui à appréhender l'universalité du monde.

J'ai 5 ans. Je connais maintenant la lettre G et l’étoile flamboyante. Je dois donc me perfectionner et travailler sur la matière psychique en moi-même. Je dirai que le travail de dégrossissage de la pierre brute que je suis, pour la transformer en pierre cubique est un Art. De la profane aveugle que j’étais lorsque j’ai pénétré dans le temple pour la première fois, je suis devenue une initiée à la quête de la lumière. Après avoir amorcé le travail de dégrossissage, j’ai compris qu’il n’est pas facile de changer soi même.

Je m’engage donc à renforcer ce Travail, en utilisant mes 5 sens, les arts libéraux et les outils mis à ma disposition par le GADLU.

A cet égard,Oswald WIRTH a écrit : « l’Art Suprême est celui de bien vivre. Se considérant comme les ouvriers du Grand Architecte de l’Univers, nous devons nous appliquer à remplir la tâche qui nous incombe dans l’œuvre de la création car le monde n’est pas achevé. Apprendre à travailler, tout est là ! L’initiation au Grand Art est un perpétuel apprentissage de la Vie. Ce qui nous importe le plus c’est de nous initier aux mystères de la vie. Vivre, agir et travailler ont toujours été synonymes pour les initiés. Le travail est donc la condition de la vie ».

Gloire au travail

J’ai dit.

Y\ O\ D\Y\

Février 2012

Bibliographie

1 - Rituel de réception au grade de Compagnon, Ordre Maçonnique Universel du Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm, Mars 2002 ;
2 - Instructions au grade de C\ ;
3 - Rituel de réception au grade de C\, Mars 2002 ;
4 - Oswald Wirth, La Franc-Maçonnerie rendue intelligible pour ses adeptes – le compagnon, Edition Dervy, 1999.
5 - Dictionnaire Le Robert ;
6 - Dictionnaire maçonnique, Roger Richard, Edition Dervy, 2002.
7 - Causerie initiatique pour le travail en chambre de C\, Edouard Plantagenet, Edition Dervy, 2001.


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