GLDF Loge : NC 27/03/2012


De la substance à la Pierre Angulaire

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Quoi de plus fondamentale qu’une pierre et la symbolique qui s’y attache.
Pour le profane qui va devenir apprenti, une pierre est une pierre, une matière brute sans plus, une substance qui peut ou non lui servir.

Sous un autre angle, c’est aussi, la question classique des profanes et parfois de quelques maçons « le fameux à quoi ça sert la franc-maçonnerie », comme si tout devait se réduire à un usage à une utilité. La matière comme la franc-maçonnerie ne peuvent se réduire à n’être que des utilités.

Or en loge symbolique, la première chose dont on parle et que l’on voit, c’est la pierre brute. C’est cette matière dont on sent qu’elle doit être grosse de quelque chose, mais de quoi ?

Cette pierre s’offre au travail des hommes, « la matière à une propriété réfléchissante, elle est un miroir terni par notre haleine. Il faut seulement nettoyer le miroir et lire les symboles qui sont écrits dans la matière de toute éternité (1) ». Le travail seul va faire émerger autre-chose. Le geste du semeur aide à faire renaitre la graine en terre, les coups du ciseau de l’ouvrier donne à la pierre sa finalité. Nous avons tous ressenti cette haleine, le plaisir de raboter une planche dans le fil du bois, de tailler une pierre dans son lit, dans le sens où la nature l’a placé dans la carrière, à voir les arcs-boutants transmettre les efforts, et de plus comme dit le poète « un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres ! »

Étymologiquement, la substance est conçue comme « ce qui se tient dessous (sub stare) », expression dans laquelle on distingue implicitement un certain mode d'être, d'un autre, peut-être une émergence qui pourrait se dévoiler par le travail.

Le premier mode, est celui des choses qui ne peuvent exister sans être en relation avec autre chose qu'elles-mêmes.

Le second mode, est celui des choses qui existent par elles-mêmes, et qui constituent ainsi le foyer ou le support des premières.

Tout pareil à la matière, sont les hommes, certains n’existent que par les autres, d’autres sont autonomes, ces derniers ont assimilés l’Art Royal -ils sont Roi d’eux-mêmes et libèrent les premiers eux sont en attente d’être dégrossis, en attente de liberté, en attente de passer.

Intuitivement le jeune initié devine qu’il y autre chose en dessous de cette pierre, il y distingue l’idée d’un principe de permanence, mais aussi que la pierre peut être autre chose que ce qu’elle est. Cette permanence est un point de départ. Une création à achever, à laquelle il est appelé à participer.

Si cette pierre n’est pas nommée ou regardée, elle restera au mieux un caillou, au pire une matière, pas même matière première, pas même une substance. Si elle n’est pas travaillée en Loge, elle ne participera jamais l’établissement Temple.

La Pierre est grosse d’un devenir, elle attend une forme et pourquoi pas un nom, par exemple, un songe comme celui de Jacob qui s’endormi la tête sur un caillou. Ce caillou qui lui servi d’oreiller est devenu la pierre de Béthel, Jacob, il est devenu Israël. Une substitution c’est opéré. Entre la main et l’esprit il y a interaction réciproque.

Le monde est comme une grammaire ; regrouper des lettres fait émerger des mots, chaîner des mots entre eux pousse à l’émergence du sens et de l’action, c’est toute la puissance du verbe créateur évoqué par Jean dans son prologue. C’est ce verbe mis en acte qu’attendent la pierre et l’apprenti. La pierre en hébreu se dit Eben, mot composé des lettres Alef, Beth, Noun. Or Alef est la lettre de l’unité, de valeur 1, elle est de ce fait ce qui était avant le commencement, la lettre Beth deuxième lettre symbolise la demeure, notre monde, la lettre Noun symbolise l’homme. Mis en perspective, Eben, la pierre, signifierait, la divinité trouve demeure dans la pierre pour se révéler à l’homme. Confère les tables de la Loi.

L’apprenti part de la pierre brute c’est-à-dire de lui-même.

Il est cette Pierre inaugurale, qui, par l’initiation devient la pose de la « Première pierre fondamentale de son Temple », la pose de sa pierre inaugurale. Temple qu’il se doit de construire suivant la tradition des bâtisseurs, c’est-à-dire avec ce qu’il y a sur chantier. Cette façon de faire traditionnelle, ouvre progressivement l’esprit à une spiritualité. Il n’a pas besoin de faire table rase de lui-même, il se reconstruit à partir de lui-même. Pas à pas, degré par degré, donc sans dogme, sans révélation, il est à la fois objet et sujet de son temple, matière et esprit tout à la fois, le processus est certes plus long. Il y faut de la volonté, on ne devient pas maçon par imprégnation.

Cette spiritualité sans dogme, détachée de toute religiosité, l’Art ou la poésie auraient pu la lui suggérer avant l’initiation.

Supposons que deux masses de pierre aient été placées l'une en face de l'autre. La première est restée brute. La seconde, l’artiste l’a converti en une statue d'homme ou de dieu.

La pierre convertie en statue paraîtra la plus belle, non parce qu'elle est de pierre, car alors l'autre masse ne pourrait lui être inférieure, mais parce qu'elle a une forme que l'art lui a donnée.

Cette forme cependant n'appartient pas à la matière ; car avant de se manifester sur la pierre, elle était dans la pensée de l'artiste, non parce qu'il a des pieds, des mains ou des sens, mais parce qu'il a le sentiment de l'art. Même dans l’imitation de la nature il y a une pensée, c’est cette vie de l’esprit qui nous préoccupe au REAA.

Mais il y avait dans cet art une beauté bien plus grande qui n'a pu se manifester dans la pierre ; la manifestation de cette beauté sur la matière, n'est qu'une forme inférieure au désir de l'artiste, lui qui n'a fait qu'obéir aux principes de l'art.

La forme qui passe dans la matière se détend et s’éloigne et devient plus faible que celle qui est restée enfermée dans la pensée. C'est ainsi que la force sort de la force, la chaleur de la chaleur, la beauté de la beauté, le désir de plaire du désir, l’imitation ou la copie de la création, le délit lorsque l’on ne taille pas la pierre dans son lit. La faculté productive est toujours plus excellente que l'objet produit. La faute n’en est pas imputable à la matière, mais à l’homme.

Les arts n'imitent pas simplement ce que voient nos yeux, mais qu'ils remontent aux lois de la raison et de l’intuition.

L’art ne peut se réduire à des effets sociologiques, à un statut social en échange de la maîtrise d’une pulsion, à des postures pour paraître ou survivre, à l’obtention d’une paix sociale.

Lors de notre première entrée en Loge, avons-nous eut conscience de tout cela ? Je ne le pense pas, mais nous étions obscurément à la recherche de quelque chose.

Lors de notre initiation avions-nous perçu que nous posions la première pierre d’un édifice ? Pas clairement je pense. Plus préoccupé à faire semblant de maîtriser les situations, emporté par un torrent, plus spectateur qu’acteur, plus imitateur que vrai. Nous n’avons pas même vu les fondations sur lesquelles nous allions nous bâtir. Les percevons-nous mieux aujourd’hui ?

Les Fondations

Lorsqu'on veut élever un temple, même intérieur, il ne faut jamais perdre de vue trois points principaux, sans lesquels il n'y a pas de bonne construction possible.

Le premier est le choix d'un emplacement convenable, le second la solidité des fondements, le troisième la perfection de l'exécution des détails et de l'ensemble.

Le premier dépend du but. Fonder une société, une nation, une entreprise, une fraternité, un homme, une spiritualité. Tout est dans l’orientation du bâtiment, de la destination du lieu, du bâtiment, de l’église, du temple. Construction extérieure ou construction intérieure.

Le second point tient aux fondations. Dont les angles réguliers des Pierres d’angle indiquent la régularité du bâtiment, et dont la position perpendiculaire doit faire pressentir quel sera l'aplomb des murailles et l'équilibre parfait de l'ensemble de l'édifice.

De bonnes fondations c’est bien choisir ses valeurs, et les maintenir dans le temps. Ce travail s'accomplit dans les profondeurs mystérieuses que nous creusons après de longues et profondes méditations. Quels sont nos buts, lucratifs, affectifs, sexuels, une volonté de puissance, sociétaux, politiques, religieux, initiatiques, etc. autant de questions, il faut se connaître avant de creuser des fondations.

Le troisième point c'est-à-dire, la perfection de l'exécution des détails et de l'ensemble. Ce qui demande le concours de tous les métiers, de tous les arts. C’est l’art de ce bien entouré pour ne pas être trahi par ceux qui travaillent avec nous à l’œuvre.

Le travail du maçon, est prédestiné d'avance à passer inaperçu. La terre cache les fondations, les fondements, les fondamentaux qu'il a construits avec tant de peines et tant d'intelligence ; il n'a pas même le droit de se plaindre. Les superstructures doivent refléter les valeurs qui sont dans les fondations, comme chacun de nos actes dans le monde devraient être à l’image de nos principes.

Le choix du lieu étant fait, et l’orientation définie, il nous faut penser à cette pierre qui va assurer la cohésion de l’ensemble, unité qui va faire que chacune des pierres va former un tout, la pierre d’angle, puis la pierre angulaire qui couronnera le tout.

Au préalable cette pierre brute que l’on doit polir, représente l’homme dans ses deux principales dimensions terrestre et céleste. Une face tournée vers la terre, l’autre regarde le ciel. Cette tâche consiste à mettre la forme en rapport avec sa destination, mettre l’homme en relation avec sa destination, c’est l’objet de l’Art Royal que de polir et transformer, à la fois l’objet et le sujet.

La Pierre d’angle ou quadrangulaire (aux quatre angles du temple).

Le travail manuel de la pierre se double d’un travail spirituel, d’un acte mental, en taillant des pierres pour une destination, le tailleur de pierre fait plus qu’un geste pratique, il avance vers une maîtrise intérieure, une prise de conscience, il inscrit, grave dans le silence de la pierre l’écho d’une conscience, d’une parole.

Écho que nous ressentons lors de la visite d’une cathédrale, d’un monument. L’architecture est bien le seul Art qui puisse être visité de l’intérieur.

Avec la pierre quadrangulaire, nous allons vers l’autel orienté qui présente ses quatre faces vers les quatre points cardinaux. Le compagnonnage a conservé ce symbolisme voir Esaïe 28-16 (2). « Celui qui la prendra pour appui n’aura point hâte de fuir ». Autrement dit celui qui sait où il est et qui il est, n’a pas besoin de fuir ou de se fuir.

L’objet final de cette planche est la pierre angulaire dite aussi pierre du sommet, celle qui est au sommet de l’édifice qui couronne le bâtiment. Le pyramidion qui couronne la pyramide, les égyptiens y gravaient le nom du défunt, des prières, c’était le passage vers ce qui nous dépasse. Cette pierre est seule de par sa forme unique. Cette pierre angulaire est aussi la marque de l’unité, elle matérialise le tout. La boucle ce referme.

Cette pierre ne ressemble à aucunes autres, elle est différente, à la fois dans sa forme comme dans sa fonction. Ici se rejoignent forme et destination, il n’y a pas plus proche, la forme est fonction de la destination.

La pierre cubique s’intègre, fait la chaîne avec les autres, c’est l’aspect égalitaire de la fraternité, « tu es mon frère parce que tu n’es pas différent de moi », est-ce une vraie fraternité que de n’aimer que son image, ou son identique ?

Cette pierre du sommet doit faciliter la répartition des charges issues de la couverture et du ciel, pour les équilibrer de chaque côté de la voûte ou du dôme. Elle répartie la Loi sur tous. C’est à cette pierre qu’est attachée le fil à plomb, les autres pierres font en quelque sorte la chaine d’union, afin de faire passer la Loi dans toutes les parties de l’édifice.

Au moyen Age la résistance des matériaux n’était pas encore connue, pour bâtir malgré tout, nos ancêtres avaient recours à des règles (les dogmes de l’époque) des proportions entre hauteurs, largeurs etc. il n’est donc pas étonnant de retrouver le nombre d’or dans la bataille, ici l’angle d’or, pour présider les tracés de cette pierre d’angle.

Ce tracé demandé une grande maîtrise, un accomplissement dans une vie de bâtisseur (la stéréotomie). Imaginez-vous avoir à tracer l’intersection de trois, quatre ou six voûtes concourantes en un point. Sous un autre angle, c’est l’art de combiner des plans différents, de passer des droites aux courbes, de combiner l’équerre et le compas, de changer de plan et d’y revenir.

Une solution pourrait être de boucher le trou central, avec du ciment et d’aplanir le tout à la truelle, ce serait alors nous couper de la spiritualité attachée à notre Rite.

La pierre brute ou la pierre cubique est beaucoup plus facile à appréhender, tant sa forme est banale et ne laisse pas facilement deviner sa destination. Pour en saisir la destination il faut se rapporter au plan de l’architecte. Sans plans, pas de destination, et réciproquement c’est le plan qui fait apparaître le GADLU. Sans programme, sans plan, pas de Loge.

La pierre cubique peut servir pratiquement à tout, faire une prison tout aussi bien qu’un temple, la différence vient de la destination. Mais souvenons-nous que l’indifférenciation, de la monotonie, ne naît pas la destination, de mais que c’est de la liberté, et de l’autonomie, toutes deux soumises à la Loi, que peut apparaître le dessein, le plan.

Tous ne partagent pas ce point de vue, tel Plantagenet dans son cours philosophique faisant remarquer : que chez les Aryens, c'était au contraire la pierre taillée qui était symbole de l'obscurité et de la servitude, et la pierre brute le symbole de la liberté. La pierre taillée, finie, commente Plantagenet, est faite de préjugés, de passions, des dogmatismes acceptés sans contrôle.

L'initiation rend à l’apprenti et à la pierre leur liberté potentielle et naturelle. Alors nous taillons notre pierre non pour être à l’identique « de » ou la résultante d’un groupe, mais pour être libre et participer en homme autonome à la stabilité de l’édifice, sans avoir besoin d’un ciment quelconque pour nous unir, car nous nous unissons en silence au principe créateur.

La Pierre du sommet, si elle est mal tracée, mal calculée par rapport aux épreuves à subir, est rejetée ou rejetable, soit elle ne s’ajuste pas, soit les contraintes extérieures la rejette. Elle est refusée par l’édifice ou par le maître d’œuvre.

Mais de toute manière, trop différente des autres, son destin, avant d’être en place, c’est d’être rejetée car incomprise sur le chantier avant la fin des travaux, parce que traçable uniquement par un Maître Architecte.

Cette incompréhension est symboliquement marquée par le rejet des responsables de la Loge, car elle ne parait pas s’inscrire dans le cadre qu’ils avaient prévu, de ce qu’ils pensaient être la réalisation finale de l’édifice. Trop de différence, pas régulière à leurs yeux, difficile même impossible à rendre cubique.

Elle finira par être reconnue, par celui qui connaît le plan de l’œuvre, par le Maître, celui qui cherche son idéal dans le principe et pas dans le consensus.

Par celui qui sait où est le « trou du foyer » par où passe la Loi, le point où le temple s’unit au cosmos. D’ailleurs c’était la seule pierre qui était signée par celui qui était jugé digne de succéder à ses pairs.

La signature, le nom gravé comme forme d’invocation d’autre chose.

Ce foyer, cette source, ce centre, cet œil par lequel passe symboliquement l’axe du monde, ce qui l’ordonne, lui donne sens.

Axe vertical tourné vers là ce qu’il y a de plus haut, seule véritable issue dans le labyrinthe du monde profane. Mais attention de ne pas monter trop vite, trop haut, au risque de se bruler les ailes comme Icare.

Le seul moyen pour sortir des situations complexes est par le haut, par un changement de logique, par un retour au centre, au Principe.

Mais la pierre cubique peut aussi être déployée, mise à plat, sous la forme d’une croix. Le cube contient donc en lui autre chose, une forme implicite, une croix. Forme et substance sont intimement liées, unies.

Quatre côtés, quatre angles, quatre pierres aux angles du Temple. Autant de sens et de manière de voir le Monde. De comprendre le principe créateur.

Ces quatre sens déjà formulés au Moyen Âge : la lettre enseigne les faits, l'allégorie ce que tu dois croire, la morale ce que tu dois faire, l'anagogie ce que tu dois viser. (Littera gesta docet, quid credas allegoria, moralis quid agas, quo tendas anagogia).

Même propos dans le Judaïsme sur les façons de comprendre un texte de manière littéral, allusive (littéralement : allusion), allégorique (littéralement : creuser, sonder, chercher), mystique (littéralement : secret).

Les quatre pierres d’angle, des coins, dans lesquelles on peut aussi voir la représentation des évangélistes (Marc, Luc, Matthieu, Jean). Ou encore l’homme Adam de Matthieu, le Taureau (l'homme naturel) de Luc, le Lion (l'homme psychique) de Marc et l'Aigle (l’homme esprit) de Jean. L’homme dans toutes ses dimensions.

Dans le manuscrit maçonnique de Graham, les quatre pierres sont, Saint Pierre (Képhas en grec), Moïse qui grava les commandements, Betsaléel le constructeur du tabernacle, et Hiram le sage, encore une autre vision des dimensions du monde.

Les pierres ne vont pas n’importe où, elles ont une destination définie par un plan.

Dans la tradition chrétienne :

La pierre fondamentale est placée dans le chœur de l’édifice, centre de la base : sur elle, est gravée une croix.

La pierre de dédicace, en général enchâssée dans le pilier Nord-Est du chœur. Sur la face intérieure sont gravées les dimensions de l’édifice, les dates, certaines particularités s’il y a lieu, et les noms des constructeurs.

La pierre angulaire, clé de voûte, taillée en fleur de lys, à la verticale de la pierre fondamentale.

Cette « pierre angulaire » du sommet est appelée aussi l'« œil » du dôme), elle se « reflète » en chacune des « pierres fondamentales » des quatre angles de la base. C’est la représentation du centre. Autrement dit, du Principe présent dans les faits, dans l'allégorie, à la base de la morale, et dans l'anagogie.

C’est cette pierre pas comme les autres, rejetée de part sa différence qui va devenir la pierre qui donne sens au reste.

C’est peut-être le profane qui frappe à la porte, « frappez, on vous ouvrira, cherchez, vous trouverez ». Ou bien l’apprenti trop différent pour être accepté compagnon. C’est peut-être le manuel que les intellectuels rejettent, l’intellectuel que les manuels repoussent, le poète que les rationalistes négligents, le sacré chassé par le profane, le visible chassant l’invisible, la liste est trop longue. C’est la diversité qui enrichi, qui fait que l’on peut s’approcher du Plan.

Ce n’est pas pour autant qu’il faut accepter n’importe qui, surtout s’il y a absence de fondations.

Je conclurai en citant G. de Nerval.

Homme ! Libre penseur-te crois-tu seul pensant.
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant : ….
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d'amour dans le métal repose :
« Tout est sensible ! » -Et tout sur ton être est puissant !

Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
À la matière même un verbe est attaché…
Ne la fais pas servir à quelque usage impie !

Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !

Gérard de Nerval

6032-7-2

J’ai dit

R\ C\

Note :
(1) Simone Weil 1905-1943.
(2) 16 C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Voici, j'ai mis pour fondement en Sion une pierre, Une pierre éprouvée, une pierre angulaire de prix, solidement posée ; Celui qui la prendra pour appui n'aura point hâte de fuir.
17 Je ferai de la droiture une règle, Et de la justice un niveau ; Et la grêle emportera le refuge de la fausseté, Et les eaux inonderont l'abri du mensonge.

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