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Jésus et le Christ

Les religions chrétiennes actuellement groupent environ 400 millions d'individus ; le culte de Jésus est répandu dans les cinq continents ; son enseignement est à la base de la morale de la plus grande partie du globe, et Victor Cousin à plus dire que «le christianisme que le fondement de la civilisation moderne » ; et, pourtant, la question est toujours pendante de déterminer métaphysiquement la nature exacte du Christ.

Etait-il un homme ? Mais comment admettre alors le dogme fondamental du sacrifice divin pour le rachat du péché originel ?

Etait-il un Dieu ? Mais comment concilier avec le principe fondamental du monothéisme cette solution, qui aboutirait au dualisme divin ; et comment expliquer la passion et la mort de Jésus ?

Etait-il à la fois homme et Dieu ? Et, quels sont les rapports de cette divinité et de son humanité.

L'étude de ces questions a certes sa place en maçonnerie, elle permettra d'évoquer une époque où l'intolérance religieuse a joué un rôle particulièrement néface dans le monde occidental, et a condamné à la ruine toute une partie du monde.

Je n'ai pas l'intention, n'en ayant pas le temps d'examiner dans le détail toutes les argumentations des tous les problèmes que soulève ces questions ; je me bornerai donc à une analyse rapide et objective des controverses auxquelles elles donnèrent lieu au début du christianisme en m'excusant par avance de l'aridité théologique de cet exposé.

La question de la nature du Christ ne paraît guère avoir inquiété les premiers chrétiens qui ne songeaient pas a procéder à l'analyse qualitative ou quantitative de la substance humaine ou divine de Jésus. La Christologie permet de voir s'élever peu à peu la figure du Christ. Au premier siècle, Jésus apparaît seulement comme le prophète par excellence, le messie. Dans ses discours, il ne se dit fils de l'homme, jamais fils de Dieu. Cette appellation ne lui est donnée que par ceux qui l'entourent, et il est manifeste que, dans leur pensée, elle a eu une signification mystique plutôt que générique.

Chez les Pères apostoliques, on ne provoque les indications précises sur la nature du fils. Ils le désignaient sous le nom de Kupios (seigneur ) rarement Theo (dieu ) et ordinairement Theou (de Dieu ). L'Evangile de Saint-Jean comporte un prologue, que nous connaissons bien, dans lequel l'élément divin contenu en Jésus est évoqué est évoqué sous le nom de "Verbe". L'apocalypse se reconnaît à Jésus, dans certains passages, les attributs essentiels de Dieu, notamment l'éternité. Saint-Paul, dans l'Epître aux Colossiens dit qu'il est " image du Dieu invisible, le premier de toutes les créatures ; c'est par lui qu'ont été toutes choses qui sont dans le ciel, et, sur la terre. Il était avant toute chose et toute chose subsiste par lui. C'est expressions paraissent ainsi désigné une divinité inférieure, un être intermédiaire entre Dieu et les hommes. À la fin du deuxième siècle, le fils, le verbe, n'est pas encore devenu l'a égal de Dieu, Tertullien écrivait : il fut un temps où n'existait ni le péché, ni le fils, de sorte qu'alors Dieu n'était ni Juge, ni Père.

Toutefois, cette question ne pouvait laisser les théologiens indifférents. Il est remarquable qu'elle mit aux prises des  prélats orientaux, qui avaient été formés dans deux écoles rivales, d'esprit tout à fait différent. L école d'Antioche préférerait aux spéculations théologiques l'étude du texte même de la bible interprétée suivant le sens naturel indiqué par la grammaire et l'histoire. L'école d'Alexandrie, au contraire, se plaisait aux spéculations métaphysiques et à la recherche des interprétations allégoriques.

L'ardeur des controverses fut encore accrue par la rivalité, d'esprit très profane, des deux sièges d'Alexandrie et de Byzance, qui prétendait chacun à la primauté en Orient.

De courant d’ opignon nettement opposé apparurent alors, d'abord chez les théologiens, au sujet de la nature du Christ.

Le premier  lui déniait toute nature divine et le considérait comme un simple homme, né placé dans des conditions spéciales et chez qui avait opéré une force divine particulière. Celle d'opinion qu'il fut celle de Paul de Samosate, au troisième siècle, détruisait le dogme de la Rédemption qui a pour principe le sacrifice  de Dieu lui-même et fut condamné par les conciles  d'Antioche de 264, 267, et 269.

L'autre tendance visait à supprimer la personnalité distincte du verbe pour n'en faire qu'un mode de l'Etre divin se révélant en Jésus Christ, elle affirmait que les trois dénominations de Père, de Fils et de Saint Esprit ne correspondait pas à trois personnalités différentes, mais seulement à trois extensions successives de la même unité. Cette doctrine fut également condamnée par les conciles de 264,267,269. Elle se retrouve encore toutefois au IVe siècle chez Apollinaire de Laodicée qui prétendait que Jésus était Dieu, n'ont pas homme, le verbe divin ayant pris dans le sein de Marie une chair créée par d'autres éléments que ceux de la nature humaine, dont il n'avait que l'apparence.

En condamnant ces deux opinions divergentes, les conciles ne leur avaient pas opposé une définition formulant une doctrine de l'église. Tous les docteurs affirmaient alors la personnalité distincte de l'élément divin contenu dans Jésus. Mais il existait entre eux des divergences profondes. D'ailleurs, l'église, qui avait à se défendre contre des ennemis extérieurs, laissait une grande liberté au développement et à la manifestation des différentes doctrines, pourvu qu'elles ne compromettent pas la foi contenue dans la formule : « je crois en Jésus-Christ, fils unique de notre seigneur, qui a été conçu de l'esprit et qui est né de la vierge Marie. »

Formule concrète ne contenant aucune affirmation transcendante et ne se référant qu'à des faits affirmés.

Elle fut toutefois obligée de prendre position lorsque Arius commença à prêcher une doctrine manifestement contraire à ces principes de base.

Pour lui, les mots Père, Fils, engendrer, s'imposaient avec leur sens naturel ; il était impossible qu'un acte ne supposât pas un moment où il s'accomplit, que la cause ne précédât pas l'effet, que celui qui engendre n'existât pas avant celui qui est engendré, et que, par conséquent le père ne fut pas antérieur au fils. Il est difficile de connaître exactement les idées d'Arius, car tous ses écrits  furent brûlés après sa condamnation. D'après ce qui est rapporté, il déclarait croire en un seul Dieu, non engendré, seul éternel, sans commencement ni naissance, principe de toutes choses, avant tous les temps, avant toutes les choses. Ce Dieu aurait donné naissance à un fils unique, créateur de toutes choses mais qui n'existait pas avant d'être engendré et qui, par conséquent, avait eu un commencement. Ce fils n'avait pas été tiré de la substance divine, puisqu'elle est simple et indivisible ;  il n'était pas non plus par développement de Dieu, ni une partie  consubstantielle de Dieu, ni une  forme distincte d'un Dieu unique, qui serait successivement père et fils. Cet être est doué par  Dieu de la plénitude de tous les attributs divins, à l'exception de l'éternité qui ne peut absolument pas appartenir à ce qui a eu un commencement. Aussi, Arius n'hésitait pas alors à le regarder comme un véritable Dieu, mais non consubstantiel au père et en quelque sorte inférieure à lui, puisqu'il ne lui manque que l'attribut de l'éternité. Aussi, Arius, fut-il accusé de paganisme comme reconnaissant des dieux inégaux de substances différentes.

Arius, évêque de Constantinople, y prêcha sa doctrine qui eut un grand retentissement et se répandit dans le peuple, provoquant des discussions passionnées et menaçant de créer un schisme. Sa condamnation par le concile d'Alexandrie de 318 provoqua de vives protestations. Les controverses s'échauffant, l'empereur Constantin, fraîchement converti au christianisme anti-arien, provoqua un concile à Nicée en 325, pour régler définitivement ces questions. Après de vives discussions, le concile condamna la doctrine d'Arius et adopta la formule suivante : « nous croyons en un seul seigneur, Jésus-Christ, fils de Dieu, fils unique de Dieu, Dieu né de Dieu, lumière issue de lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré et non fait, consubstantiel au père. Cette décision affirmait donc la nature divine du Christ, allant jusqu'à la consubstantialité. Dans l'exposition résumant ses travaux, le concile précisa sa doctrine de la façon suivant : « Jésus Christ, fils unique de Dieu, est descendu du ciel pour notre salut, il s'est incarné et le fait homme, il a souffert, a été enseveli et est ressuscité le troisième jour.

Arius fut exilé en Illirie, tous les écrits furent brûlés ; ses disciples furent exclus des privilèges attachés à la profession de foi chrétienne et soumis à des charges vexatoires. Par la suite, Constantin modifia son point de vue, et ordonna en 336 la réhabilitation d'Arius mais il mourut l'année suivante. L'attitude du gouvernement impérial varié a ensuite avec les empereurs : les conciles d'Antioche (343) et de Sardique (347) confirmèrent les décisions du concile de Nicée qui fut infirmé par le concile d'Arles (353) mais rétablies par celui de Milan (355.

L'arianisme parut un moment sur le point de triompher ; mais les dissensions entre ses partisans affaiblirent son influence et il fut définitivement condamné par le concile de Constantinople de 381.

Il repart  pourtant lors des invasions barbares, car les Wisigoths, Les Vandales, les Suèves, les Ostrogoths les Burgondes les Lombards avaient été convertis par des missionnaires ariens avant leur entrée dans l'empire. Mais ils ne purent y faire de nouveaux adeptes ; ils étaient trop peu nombreux et trop nouveaux chrétiens pour l'imposer. Ils revinrent peu à peu à l'orthodoxie et il n'existe aujourd'hui aucune église arienne.

L'ère des controverses de la nature du Christ n'avait pas été close par la décision du concilie de Nicée, car, s'il avait bien posé le principe de la divinité du fils, il n'avait pas résolu deux questions essentielles : la vierge Marie donna naissance à l'homme Dieu, engendra-t-elle l'homme  ou le Dieu ? Et, si elle engendra l'un et l'autre, dans quel rapport la nature divine et humaine coexiste -t -- elles dans la personne de Jésus, son fils ? Question capitale, auxquelles Nestorius d'abord, puis Euttychès essayèrent d'apporter des solutions au cours du Ve siècle.

On n'a que fort peu de détail sur la vie de Nestorius avant en accession au siège de Constantinople en 428. Il est très probable que sa doctrine fut fortement influencée par l'enseignement de Théodore de Nopsueste, qui admettait une nature essentiellement divine en Jésus-Christ, mais niait tout mélange des deux natures et toute communication à l'une d'elle  des attributs de l'autre. Ainsi, il a repoussé les expressions " : Dieu est né"," Dieu a souffert"," Dieu est mort", et ne tolérait le titre de "  Mère de Dieu " appliquée à Marie que comme formule imagée, dénuée de toute signification théologique.

Fidèles aux méthodes exégétiques de l'école d'Antioche, Nostorius s'attacha à tirer des faits consignés dans le nouveau testament les bases de sa doctrine sur la nature du Christ. Or, certains de ces faits : naissance d'une femme, croissance, faim, soif, tentation, connaissance limitée, subordination déclarée devant Dieu le père, souffrances et défaillances de la passion, mort, indiquant bien une nature complètement intégralement humaine, tandis que la sainteté Immaculée et des faits nombreux ne peuvent être expliqués que par une nature divine. D'où il concluait à l'existence en Jésus-Christ de deux natures essentiellement différentes, la nature humaine et la nature divine.

Son point de vue fut un jour indiqué par un prélat qui le partageait entièrement : « gardez-vous d'attribuer à la vierge Marie  le titre de mère de Dieu(théotocos ) ;  Marie était une créature humaine et le créateur n'a pas pu naître de la créature » et, Nestorius le soutint, en disant : « Anastase à raison, il ne faut pas l'appeler Marie mère de Dieu (theotocos ) mais elle est seulement mère de l'homme (antropotocos. Il précisa par la suite sa façon devoir. « Dire que le verbe divin, la seconde hypostase de la très Sainte Trinité, à une mère, n'est-ce pas justifier la folie des païens, qui donnaient des mères à leurs dieux ? La chair ne peut engendrer que la chair, et Dieu, pur esprit, ne peut avoir été enfanté par une femme ; la créature, d'ailleurs, n'a pu enfanter le créateur... Non, Marie n'a pas enfanté le Dieu part qui est venu la Rédemption des hommes, et le saint esprit n'a point créé le verbe divin, hypostase comme lui de la Trinité. Marie a enfanté l'homme dans lequel le verbe s'est incarné elle a engendré l'instrument Humain de notre salut. Le verbe à pris chair dans un homme mortel, mais lui-même n'est point mort et il a ressuscité celui dans lequel il s'est incarné. Jésus est cependant Dieu pour moi, car il renferme Dieu. J'adore le vase pour ce qu'il contient, j'adore le vêtement pour ce qu'il recouvre, j'adore enfin ce qui m'apparaît au dehors à cause du Dieu caché que je n'en sépare pas. Il admettait donc que le Christ avait  deux natures indépendantes, en une seule personne.

Cette doctrine fut violemment combattue par Eusèbe, un rhéteur de Constantinople et par le prêtre Proclus, qui répondait ainsi à l'argumentation de Nestorius : « tous les hommes, engagés au péché par la chute d'Adam,  tombaient nécessairement sous sa condamnation et dans la mort, s'ils n'avaient pas étés rachetés par une victime de la grandeur de leur dette. Aucun homme ne pouvait les racheter, puisqu'ils étaient tous coupables et avaient tous besoin d'un sauveur. Aucun ange ne le pouvait, parce qu'il n'eut point trouvé de victimes convenables. Il fallait donc que Dieu se soit fait homme afin de sauver les hommes, et qu'il devint tout ensemble et notre victime, en donnant son sang et son corps à la mort, et notre pontife, pour pouvoir se présenter au père en notre faveur et lui offrir une victime aussi grande que lui-même. Le fils de Marie a été ni seulement Dieu, ni seulement homme ; il a été Emmanuel, Dieu et homme, sans aucune confusion, Dieu fait homme sans changement ni altération de la nature humaine. » Ainsi, aux arguments puisés par Nestorius dans la constatation et l'interprétation des faits rapportés par l'Evangile, Proclus répondait en se basant sur l'interprétation de faits théologiques. Sa doctrine fut condamnée par le concile de Constantinople de 429, malgré le soutien que lui apporta Eusèbe, devenu entre-temps évêque de Dorylée.

Les Alexandrins s'empressent d'intervenir dans le débat. Cyrille, patriarche d'Alexandrie, censura âprement Nestorius dans sa lettre Pascale de 429. Des intrigues du palais impérial envenimèrent la question. Nestorius étant soutenu par l'empereur, Cyrille s'adressant à Lui et conclut avec évêque de ce siège une alliance au terme de laquelle il reconnaissait sa suprématie universelle, en échange de quoi le siège d'Alexandrie devenait le premier de l'Orient.

À la suite de cet accord, un concile tenu à Rome un 430 excommunia Nestorius, sous prétexte qu'il ne reconnaissait pas  la divinité de l'enfant auquel Marie avait donné naissance. Il proteste, faisant valoir qu'il ne repoussait pas (théotocos ) lorsqu'elle était bien comprise, c'est-à-dire en ce sens que l'humanité, unie avec le verbe, est née de Marie ; ainsi le verbe est devenu homme en elle et s'est produit comme homme à sa sortie d'elle. Mais la différence entre la divinité et l'humanité en Jésus-Christ ne disparaissait pas pour autant : l'humanité était le vêtement que le verbe avait pris, le temple dans lequel il habitait. Sans doute, il y avait entre les deux natures une indissoluble conjonction et l'humanité devait être adorée avec la divinité. Mais, quoique conjointes, ces deux natures conservaient leur caractère originel, de sorte que toutes les affections humaines, souffrances etc. devaient être attribuées à la nature humaine, tandis que les propriétés divines appartenaient exclusivement à la nature divine.

Cyrille, lui, prétendait que Marie avait enfanté charnellement le verbe qui est devenu chair. D'après lui, le Christ était unique et on ne pouvait, après l'union, séparer les deux substances, ni rapporter certains passages de l'écriture sainte uniquement à l'humanité et d'autres à la divinité. Il accusait Nestorius de diviniser le Christ en deux parties ou même deux personnes : le verbe et l'homme, car il n'admettait pas une union complète, mais seulement une union relative de l'humanité et de la divinité, malgré que Nestorius précisa bien que, pour lui, les deux natures étaient réunies en une seule et même personne. Il ajoutait que, en faisant naître charnellement le Christ, Cyrille admettait une transformation de la chair en divinité.

En présence des agitations que soulevaient ces discussions, aussi bien dans les milieux religieux que dans les milieux profanes, l'empereur Théodose provoqua un concile a Ephèse, pour la Pentecôte 431.Cyrille arriva le premier, accompagné d'un millier d'hommes de main soldés au frais du trésor d'Alexandrie, qui firent régner une véritable terreur anti-nestorienne a Ephèse. Sans attendre l'arrivée des délégués syriens il ouvrit le concile sous sa propre présidence, malgré l'interdiction du commissaire impérial. Le concile ne durera d'ailleurs qu'une seule journée ; il condamna Nestorius en tenant contre lui non pas les opinions qu'il avait professées, mais celles que Cyrille lui avait faussement attribuées : et c'est ainsi que l'accusation d'avoir divisé le Christ en deux personnes à pesé sur la mémoire de ce patriarche.

En arrivant quatre jours après, les délégués syriens, mis au courant, se réunirent alors de leur côté et excommunièrent à leur tour Cyrille. Puis, arrivèrent les délégués de Rome qui offrirent leur arbitrage, et suivant l'accord passé avec Alexandrie, confirmèrent l'excommunication de Nestorius.

Pendant ce temps, a Constantinople, les moines soudoyés par l'argent de Cyrille soulevaient le peuple et les poussaient à la révolte contre les prélats nestoriens. En septembre 431 Nestorius fut relégué au couvent de Saint Eprepius fuit exilé à Pétra et enfin dans l'extrême sud de l'Egypte ou, après avoir subi de nombreux sévices, il mourut quelques années après.

L'exil et la mort de Nestorius, pas plus que sa condamnation obtenue dans des conditions aussi singulières ne fit disparaître  la doctrine qu'il avait prêchée, et qui restent à en faveur dans une partie de l'orient, où, malgré les persécutions, elle fut répandue par l'école d'Edesse et celle de Nisibis, qui resta florissante jusqu'au milieu du Moyen âge. Beaucoup de leurs disciples, persécutés, furent contraints de chercher refuge en perse. En 498, fut créée  les églises chrétiennes assyro-chaldéennes, qui a admirent le nestorianisme, et qui existent  encore. Elle refuse à Vierge la Marie le titre de mère de Dieu, ainsi que la croyance de la substantivation. Répandue en perse, à Ceylan et en Chine, elle groupe de la majorité de ses fidèles en Syrie. Nous aurons à revenir à plus loin sur les conséquences de cette survie du Nestorianisme.

La controverse sur la nature du Christ ne se trouvera pas close par la condamnation de Nestorius. Sans doute, Cyrille avait réussi, au concile d'Ephese de 431, à faire sanctionner par la ruse et la violence la formule Alexandrine d'après laquelle Jésus-Christ, Dieu parfait et homme parfait, est consubstantiel au père relativement à sa divinité et consubstantiel à nous relativement à son humanité et que, depuis son incarnation, il possède deux natures en une seule personne ou hypostase. Cette condamnation acquise, il voulut se rallier les orientaux de l'école d'Antioche, et, dès 435, il signa, avec Jean d'Antioche, une formule qui enseignait clairement qu'il y a deux natures en Jésus-Christ. C'était la proprement un retour au Nestorianisme

Apaisée un moment par un compromis si mal exécuté, la querelle se ranima plus violente que jamais au sujet de la doctrine d'Eutychès, à laquelle ses adversaires devaient donner le nom de monophysisme, par ce qu'elle n'admet réellement dans le Christ qu'une seule nature, où l'élément divin absorbe l'élément humain. Les  voies à lui avaient été ouvertes par Apollinaire de Laodicée, qui pour combattre l'arianisme, avait élaboré une doctrine réduisant la part de la nature humaine dans la personne du Christ.

On  ne connaît exactement ni le lieu, ni la date de la descend naissance d'Eutychès, ni celui de sa mort. Il avait vécu toute sa vie monastique dans un couvent de la banlieue de Constantinople, d'où il n'était sorti qu'une seule foire pour combattre Nestorius. Il le jouissait d'un grand renom d'austérité. En 448, beaucoup d'un concile convoqué par  Flavien, patriarche de Constantinople, pour régler diverses questions, Eusèbe de Dorylée, dont nous avions vu l'action contre Nestorius, jouant à nouveau le rôle d'accusateur, prit subitement la parole pour porter plein contre Eutychès, l'accusant de l'avoir diffamé, en même temps que les saintes écritures. Le concile accepta de statuer sur cette plainte. Eutychès ainsi amené à exposer sa pensée. Il affirma confesser deux natures, mais avant l'incarnation seulement, déclarant : « je ne puis admettre la consubstantialité, c'est-à-dire de l'identité des deux substances du corps du Christ avec le nôtre, car se serait méconnaître qu'il est le fils de Dieu. Il est incontestable que la substance d'un corps formé par un homme et une femme diffère de la substance d'un corps formé par un Dieu ou formé d'une vierge par l'opération du saint esprit. Je reconnais bien que notre seigneur, avant l'union de la divinité et de l'humanité, avait deux natures ; mais, après l'union, je n'en confesse qu'une. » Malgré l'avertissement qui lui fut donné, Eutychès maintint son point de vue et le concile le déclara convaincu d'être affectés de l'hérésie d'Apollinaire -- ce qui était manifestement inexact --, exclus de ses fonctions de prêtre ainsi que de ses dignités dans son monastère, et il l'a excommunia.

Il était noté que l'unité  des deux natures avait été affirmée auparavant par Cyrille d'Alexandrie, principal adversaire de Nestorius, Eutychès de dépasser ce dernier que par la négation de la consubstantialité -- et il faut bien reconnaître que celle-ci est incompatible avec le fait que la substances de Jésus résulte de la combinaison de la nature humaine et de la nature divine ; il fallait donc bien admettre qu'elle constituait une nature sui generis.

Eutrychès ne se laissa pas décourager par la condamnation qui l'avait frappé. Il était soutenu par un grand nombre de hauts dignitaires impériaux et par Dioscore, qui avait succédé à Cyrille comme patriarche d 'Alexandrie et avait adopté ses opinions. Flavien et Eutychès s'adressèrent à chacun de son côté à l'empereur et à l'évêque de Rome Léon premier. Celui-ci adressa à Flavien une lettre approuvant la condamnation d'Eutychès. Pour mettre fin à ces désordres, Theodose  réunit à Ephèse un concile.

Il eut lieu en 449, sous la présidence de Dioscore. Le pape Léon l'a appelé le brigandage d'Ephese -- parce qu'il ne voulut pas entendre ces trois légats -- qui n'avaient d'ailleurs pas qualité pour participer aux débats -- et parce qu'il fut commis contre les orthodoxes des sévices dont ceux-ci se réservaient le privilège contre leurs adversaires. Il apparaît bien des relations que nous possédons que ce concile ne fut pas plus exempt de violence et de mesures d'intimidation que ne l'avait été celui tenu dans la même de ville en 431. Finalement, il anathématisa ceux qui reconnaissaient en Jésus-Christ deux natures après l'incarnation, il déclara  Eutychès innocent et sa profession de foi parfaitement orthodoxe ; il le rétablit dans la communauté de l'église et dans ses fonctions de prêtre. En revanche, Flavien et Eusèbe de Dorylée furent déposés.
Théodose étant mort en 450, sa sœur Pulchérie lui succéda. Adversaire déclaré d'Eutychès, elle demanda au Pape l'autorisation de convoquer un nouveau concile pour revenir sur la décision prise à Ephèse. IL se réunit à Chalcédoine en 451. Dès sa première réunion, il défit ce qui avait été fait à Ephèse deux ans auparavant, déposa Dioscore et cinq évêques en représailles de la condamnation prononcée contre Flavien; puis il confirma la sentence prononcée contre Eutychès à Constantinople et, repoussant la doctrine de l'absorption de la nature humaine par la nature divine, il définit ainsi le dogme qui devait devenir celui de la majorité des églises chrétiennes":

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