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Jésus ? Ami ou Ennemi ?

Quel est le lien qui nous unit ?
Vénérables maîtres, sœurs et frères, compagnons, apprentis, vous qui composez cette respectable loge, je vous invite, une fois encore, à l’étude de ce livre que nous ouvrons souvent sur les premiers versets de l’évangile selon saint Jean.
Existe-t-il une force ou un principe supérieur qui nous gouverne et à qui nous devons tout ?
L’étymologie du mot religion est obscure ; accéderez-vous au sacré de la religio ou vous contenterez-vous d’une chaîne humaine.

Rappelons quelques origines, relego a donné reléguer, exiler, il signifie encore rassembler de nouveau, repasser par un lieu ; une forme religatio signifie action de lier ; la religio rappelle la conscience, le respect, la crainte, la croyance, le culte, l’engagement, la consécration.
Dieu, le grand architecte, l’Inconnu donne-t-il un sens à ma vie ?
Dieu, si vous acceptez son existence, reconnaît-il les hommes ?
Quel serait le lien qui nous unit ?

Comment retrouver les morceaux éparpillés, reconstituer la colonne, retrouver ce qui n'est plus. L'initiation impose une marche droite, puis affirmée pour que l'initié puisse passer le miroir qui renvoie la peur, l'ignorance, la prétention.
Un fondateur de religion répondrait-il à vos besoins ?
J C

Chaque siècle a composé un Jésus selon ses besoins.
Saint Martin affirme dans l’homme de désir, chant 56 ou 57, que la religion a même transformé le Christ en tyran.
La shoah introduit une réflexion renouvelée sur le judaïsme.
Hitler a voulu exterminer les hommes d’une nation.
Depuis, nous avons laissé la technique s’améliorer.
En exigeant, légalement, que le critère de la vie soit le gain, qui exterminons-nous ? Qui laissons-nous exterminer ?

L’enseignement et l’action de Jésus ont provoqué un conflit suffisamment grave pour que son élimination physique soit décidée.
Jésus mène avec les prêtres de Jérusalem un jeu qui conduit à la croix.
Les combats de Jésus sont, parfois, rudimentaires ; il refuse à des hommes le plaisir qu’apporte le titre de maître, le statut d’érudit.
Pourtant, les rabbis tolèrent la pratique du désaccord autour des questions relatives à la Tora. Plusieurs judaïsmes coexistent. Le débat sur l’interprétation de la Tora est permanent. La différence d’opinion est une norme au temps de Jésus.

L’enseignement de Jésus diffère du judaïsme dans l’amour et l’autorité.
Pour J C l’Amour est placé au-dessus de tout, l’amour d’autrui est plus nécessaire que tout le rituel du temple de Jérusalem.
Il parle d’autorité, il affirme détenir l’autorité directement de son Père.
« mais moi, je vous dis… » Matthieu 5,21.

 

Il combat le temple, Marc 11,15 ; il réaffirme la perversion des rites cultuels comme le faisait Jérémie 7,11 ; il affirme la disparition du temple nécessaire puisque le temple n’est pas l’intermédiaire entre Dieu et l’homme.
Ennemi de ceux qui veulent bâtir des temples pour Dieu, sans place pour l'homme !
Ami de ceux qui affirment une parfaite égalité entre tous les représentants de la vie dans l’ensemble des règnes.

Ennemi des « carriéristes de la spiritualité », de ceux-là qui ayant eu un jour la chance d’aborder aux rivages de la connaissance initiatique se croient trop volontiers investis d’une supériorité alors qu’ils n’ont d’autre mission que celle de se rendre plus utiles et de devenir de meilleurs serviteurs de la Vie et de la Vérité.

La médiation est réalisée dans le cadre de la communauté des chrétiens Marc 14, 58, Jean 6,14. Il rejette ainsi tout l’héritage de l’exil à Babylone.
Ennemi de Zorobabel et des conséquences géocentriques d'une politique fondé sur le temple à Jérusalem.

Qu’il soit ou non le messie, qu’il soit nommé messie, cela ne devait pas déranger le peuple ou les représentants de l’autorité juive ou romaine.
Il était un messie de plus dans l’histoire des messies en Israël.

Comme prophète, Jésus annonce que chacun est fils ou fille de Dieu (Luc 10,22) ; il annonce le royaume de Dieu. Il affirme l’urgence d’une conversion ; de la réponse donnée au désir de dieu, sur moi, dépend, immédiatement, ma vie comme ma mort.
Qui est mon Jésus, le Jésus que je crois comprendre ?
La naissance de Jésus est incertaine de lieu, de date.
La mort est plus précise dans ses données, le lieu est précis le Golgotha à Jérusalem, l’année peu fixée. Il est crucifié sous Ponce Pilate.
L’indication temporelle est là ; nous dirions de la même façon, c’était sous la quatrième république, sous Louis quatorze.

Que certains affirment qu’il est mort à l’équivalent du 7 avril de l’an 30 ; qu’il soit né en 5 ou 6 avant notre ère à Bethléem ou Nazareth ; qu’il ne fut pas crucifié, selon les musulmans et certains gnostiques ; qu’il fut homme et Dieu, tout homme ou tout Dieu, en proportion homme et Dieu ; voilà de bien passionnantes questions qui apportent la division, la séparation.
J’oubliais, certains le font voyager en Inde, en Egypte, au Tibet ; il est de mode de voyager pour apprendre.

Fils du charpentier Joseph, qu’y a-t-il dans ses propos, dans son langage, dans son comportement qui fixe la charpente en lui ; comme la maçonnerie fixe le langage du maçon ?
Jean Baptiste et Jésus sont proches ; ils sont cousins, selon l’évangile ; relation de disciples, l’un étant d’abord le maître puis Jésus récupérant toute autorité.
Le baptême de Jean par l’eau est pratiqué sur Jésus.

La clé de l’enseignement de Jésus se trouve chez Marc 1,15 « le temps est accompli, le règne de dieu vient, convertissez-vous et croyez en la bonne nouvelle ».
Jésus tient difficilement dans une catégorie ; il est difficilement classable. La parabole qu’il utilise pour enseigner apporte une liberté d’action à l’auditeur, un choix reste possible, la contrainte est liée à la capacité de comprendre la parole.

Jésus apporte son attention aux humains, il s’occupe des défavorisés, des exclus ; qui sont-ils, ici, maintenant, aujourd’hui, ces lépreux, ces malades, ces possédés, ces pauvres, ces étrangers, ces collecteurs de l’impôt romain, qui sont-elles ces veuves, ces femmes ou ces pécheurs dont le péché est connu de tous.
Jésus exorcise, Jésus guérit. Jésus rejette le mensonge, Jésus rejette l’hypocrisie ; Jésus accepte le mépris et les méprisés.
Jésus a besoin d’une identité ; « et vous, qui dites-vous que je suis ? »
Dieu a besoin des hommes.

Jésus est crucifié, c’est le supplice prévu pour les esclaves et les gens du peuple. Ceux qui se révoltent contre Rome sont crucifiés, avec les hommes de la famille, pendant que les femmes sont utilisées par les garnisons.
Est-il crucifié pour avoir chassé les marchands du temple et empêcher le culte sacrificiel de se dérouler normalement ?
Est-il condamné pour avoir mis en péril l’ordre romain ?
Est-il ressuscité comme l’affirme les disciples et la foi catholique ?
Ces questions sont passionnantes.
Elles n’apportent pas de solution au problème concret de la vie quotidienne.

Avec Jésus, la médiation se fait au sein de la communauté humaine, Marc 14,58 ; Jean 2,19/21 Jésus, maître de spiritualité, nous fait découvrir par l’amour, que nous sommes fils et filles de Dieu. Luc 10,22 Jésus, prophète, annonce le royaume de dieu.
Sa proximité se fait attendre ; ici, maintenant, les hommes préfèrent le monde et son prince.

Jésus, maître de sagesse, affirme « mets-toi d’accord avec ton adversaire, ton ennemi, tant que tu es en chemin avec lui » Matthieu 5.25.
Jésus exige les réconciliations de l’homme avec l’homme, de l’homme avec les hommes, de l’homme avec dieu.
Jésus en appelle à l’urgence de satisfaire les besoins des hommes et des femmes ; il demande que l’ouvrier de la onzième heure qui a contribué à l’œuvre soit payé comme l’ouvrier de la première heure, chacun d'eux affronte les nécessités de la vie.

Jésus annonce qu’il est devenu illusoire de se reposer sur le fait que les descendants d’Abraham seront sauvés Luc 3.8 : il remet les péchés par le baptême, cela signifie que les sacrifices d’expiation, les boucs émissaires, n’opèrent plus l’alliance.
Jésus rejette le dieu de colère, il annonce un dieu de grâce, Luc 3.7/14 et MT 5.43/48.
Il n’élit pas les hommes, il intègre toute souffrance toute misère, toute humanité.
Jésus bouleverse les lois de pureté, il mange avec les païens, les publicains, les prostituées ; ces successeurs quittent la circoncision, ils abandonnent les sacrifices rituels et les remplacent par la cène, épître aux romains 3.25.

Les catholiques témoignent de la mort et de la résurrection de Jésus.
Le F M témoigne de la résurrection d'Hiram dans chaque maître, et chaque maître maçon porte le nom du successeur d'Hiram.
Les esséniens annoncent-ils le christianisme ?
Ils sont issus d’un schisme mené par le « maître de justice », vraisemblablement un grand prêtre ou un candidat à cette prêtrise qui voulut enseigner au grand prêtre en exercice ses devoirs. La scission est construite autour de questions rituelles et juridiques.
Flavius Josèphe les compare aux pythagoriciens (Antiquités 15.371).

Il est clair que celui qui enseigne l’amour, qui place l’amour comme clé de l’accès au royaume de dieu, ne peut avoir pour référence un milieu ou la lettre et le nombre l’emportent sur l’homme et la misère des hommes.
L’essénien retrouve la pureté perdue d’Israël.

Jésus définit la communauté des élus par intégration. Il suffit d’être intégré pour devenir un élu, un homme de dieu ou plutôt un serviteur de dieu, il suffit de venir travailler à l’œuvre du Père, Jésus est le serviteur de l’homme (i s h u).
La communauté est, au départ, choisie chez des galiléens sans vraie culture, des hommes du peuple, des hommes qui aiment les hommes, qui connaissent la misère des hommes.

Jésus ne partage pas son père entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ; les hommes choisissent Jésus, l’amour de dieu choisit l’homme. Jésus rassemble, là où d’autres séparent ; il réconcilie là où d’autres coupent.
Le dieu de Jésus est un dieu des hommes parce que ce dieu là est proche d’eux, il est un dieu d’accueil ; Jésus conteste la pureté construite sur l’exclusion.

Jésus revendique le rôle d’époux qui revient traditionnellement à dieu ; son autorité rend possible la relation directe avec dieu et notre présence dans le royaume devient possible.
La distance entre l’homme et dieu est abolie en Jésus, l’homme peut avoir confiance, il peut se fier à dieu par Jésus.

L’enseignement de Jésus se fait par paraboles. Il raconte une histoire que chacun comprend comme il le désire, comme il peut, selon son histoire personnelle.
Jésus enseigne par analogie, les semailles ressemblent à des difficultés humaines ; il enseigne, par des paroles, les paroles sont paroles de sagesse.
Il fait appel à l’observation, à l’expérience, à la raison, MT 10.24.
Les paroles sont paroles de prophète, MT 23, appels à la conversion, annonces du salut.
Les paroles sont paroles d’autorité, je vous le dis en vérité, Marc 10.45.

Que nombre des propos de Jésus furent altérés ou transformés est une certitude scientifique.
Que faisons-nous de ces propos pourtant simples ?
Aimez-vous les uns les autres.
Aime ton prochain comme toi-même.
Comment les avons-nous déformés ?
Nous, auxquels, certains voudraient imposer l’amour de leur organisation, de leurs institutions, de leur entreprise, avant l’amour de l’homme ?
Petits cailloux.
Ne croyez pas vous débarrasser du sacré, il est comme la poussière balayée.
Quand les églises ou les temples seraient désertés, il n’en reste pas moins qu’une demande religieuse d’accès au sacré existe.
Souvent, c’est une demande de supermarché, la personne entre en contact avec la religion, prend ce qui l’intéresse ou part dans un autre supermarché.

L’homme religieux a besoin de sacré, il prend ce qu’il peut là où il peut.
Le fidèle est attaché à la foi, parfois au dogme ; le péché, la peur, le paradis, ces trois mots et leurs variantes constituent des clés de son action.
Les normes imposées de l’extérieur lui permettent de vivre dans les normes de son groupe social. Il se protège de lui-même et de la bête qui vit en lui.

L’homme a besoin de symboles, de références, de normes, il exige que la vie ait un sens.
Le croyant met dans son caddie ses choix, le syncrétisme règne.
Des données ne font plus recette, le péché, le salut, le dieu personnel ; d’autres semblent attirer le client, l’astrologie élémentaire, on lit son horoscope, comme on lit la météo ; la transmission de pensée ; la voyance fait toujours recette ; les extraterrestres prennent des relais.

Les communautés, yoga, bouddhistes, chrétiennes naissent et meurent.
Les religions sont créatrices d’altruisme, sans elles la générosité est un fait rare.
Les grands systèmes idéalistes Jouent aussi la carte de l’altruisme dans leurs domaines.
Les humains ont besoin de repères, la famille, le travail, la liberté, la morale, la philosophie, la satisfaction des besoins de base, faim, soif, protection physique et psychologique…
Des systèmes s’interrogent sur le sens de la vie, d’autres imposent des formes de péché, la peur, le paradis. Des hommes font jouer le système culpabilité espérance.

L’Asie fait croire à la nécessité d’une harmonie dans l’existence ; la vie est un jeu avec une règle et nous voudrions, comme les petits enfants, pouvoir gagner à tous les coups.
La religion fonctionne sur deux niveaux. Le premier est intérieur, le religieux vit des sentiments, des pensées, des obligations. Le second est extérieur, le religieux se manifeste par une gestuelle, un rite, des attitudes, des paroles.

La religion de l’amour, ce sentiment qui pousse un être vers un autre, que nous ressentons comme un complément indispensable à la vie, sera opposée à la religion de la crainte.
Certains systèmes mêlent l’amour et la crainte, ce qui crée le traumatisme et nécessite un clergé qui seul libère du problème qu’il a créé.
Qu’il soit grand architecte, Dieu, être suprême, principe supérieur, les questions vont se précipiter, avec des réponses de catéchisme.
Où est-il ? Quel est son comportement ? D’où vient-il ? Qu’est-ce qui le mène ?
Parfois les réponses atteignent le niveau d’une mythologie ; lorsqu’elles sont plus élaborées, elles s’organisent suivant une théologie.

Les réponses de ceux qui contactent le sacré finissent par donner des certitudes, des personnes s’attachent à des explications, se mettent au service de telles explications.
Nous sommes enclins à l’action pour ceux auxquels nous donnons une valeur, pour les valeurs que nous croyons avoir choisies.
Ce qui nous lie aux valeurs, qui nous lie au sacré, constitue des images, des représentations qui nous offre un système de conduite, des activités.
Un culte s’harmonise au sentiment religieux et aux représentations religieuses.
Une doctrine se fonde sur l’importance d’un représentant du sacré censé transmettre un système infaillible.

L’intolérance suit, très vite, une telle croyance ; le système devient prétexte à tyranniser les hommes, et certains aiment être tyrannisés ou tyranniser. Ils éduquent pour continuer leur mode de pensée, pour que les enfants de leurs enfants soient des tyrans ou des victimes.
Une habitude des religions est d’engendrer la violence.
Les hommes de la religion génèrent des violences, violence interne et violence externe. Rappelons, les guerres de religion, l’inquisition, les procès en sorcellerie, les massacres musulmans hindous, l’Irlande, la Bosnie…
Partout où il y a religion, il y a violences possibles.
Partout où il y a idéologie, il y a violences possibles.
Partout où il y a problèmes économiques, il y a violences assurées.

L’homme n’est pas naturellement bon ; à l’état de nature, il doit assurer sa survie ; la violence est naturelle au survivant.
L’homme avance masqué, il masque son orgueil, il masque sa volonté de domination sous des appellations idéalisées.
Les masques portent des noms connus, christianisme, communisme, libre-échange, fascisme, bouddhisme.
Le rite initiatique prépare à une forme de vie par une mort symbolique, la mort élémentaire est constituée par la privation d’un sens.
Le repas qui suit le rite, selon une forme rituelle, construit un rappel du sacrifice.
La lecture attentive de la bible permet de découvrir que tout n’est pas parole d’évangile.

Notre livre, la bible, témoigne de la difficulté que rencontre l’homme lorsqu’il désire rencontrer Dieu ; lorsqu’il désire accéder ou construire Dieu.
Un Dieu est source de multiplicités, de traditions contradictoires, de messagers.
La reconnaissance du Dieu Un passe par un langage de promesse et de serment, par une projection dans le temps, une insertion dans l’histoire des hommes.
Le chemin du Dieu Un sillonne les voies sans issues de la misère humaine, le fratricide, l’inceste, la guerre, la maladie, l’exil.
La première rencontre avec l’un se fait dans l’univers ; comme si l’un pour aller vers lui-même était contraint à la division, à la création de l’humanité.

Comment, cet architecte de notre univers peut-il apporter un sens à notre vie ? Est-ce qu’il produit de la cohérence, permet la communication avec autrui, lui-même et le monde ? Autorise-t-il l’insertion de l’individu dans la famille, dans le clan, dans la société, dans la solitude ?
Comment du Dieu d’Abraham, qui a intérêt à tenir ses promesses de prospérité, de territoire, de libération de l’esclavage, à donner du sens à ses dix commandements, en arrivons-nous à un Dieu un et personnel.

La fidélité au dieu d’Israël est un échange. La foi des hommes est liée aux apports du dieu.
Le dieu de Moïse permet la fuite hors d’Egypte, la survie dans le désert pendant 40 ans.
Ce dieu exige la paix entre ses fidèles, le partage des biens, l’absence de propriété…
Moïse lie son dieu par une alliance, que l’exode raconte en détails.
Les hommes ont besoin de réponses qui les satisfassent. Les divinités expliquent le monde et son absurdité apparente.

La religion répond aux questions humaines. Lorsque les réponses sont délirantes, les réponses satisfont encore des hommes ; ils possèdent une réponse.
Dans le désert, les nomades, en route vers la terre promise, ne font pas d’autels. Yhwh les a interdits ; en fait, ils ne sont pas pratiques puisque les errants ne sont pas censés repasser par un même lieu. Ils cheminent vers la terre promise.
Lorsque les nomades se sédentarisent, ils construisent des temples.

Le nom du dieu d’Israël se fixe, il devient Yhwh ; ce tétragramme supposé imprononçable est remplacé par Adonaï, dont la signification est maître, seigneur, en grec cela donne Kyrios. Chez certains, cela donne ah ! Seigneur ! Mon dieu !
Aux quatre lettres furent ajoutées les voyelles du mot Adonaï pour rappeler qu’il ne faut pas prononcer le tétragramme Yhwh, mais simplement dire ou lire Adonaï.
Yhwh est apparu dans Deutéronome 33.2 ; juges 5.4-5 ; Habaquq 3.3 ; il se révèle à Moïse, en Exode 3.1, qui fait paître le troupeau de Jétro son beau-père.
Pour ne pas nous simplifier la vie, Moïse ne dit pas aux hébreux qu’il n’y a qu’un dieu, mais bien que seul Yhwh est leur dieu !
Cela rend l’existence d’autres dieux implicites.
Nous rencontrons El Elyon en Genèse 14,18-22 ; El Roï en Genèse 16,13-14 ;
El Shaddaï en Genèse 17,1 ; 28,3 ; 35,11 ; El Olâm, El Béthel, Pahad, Baal, Berît, El Berît.

Chaque peuple a son dieu, Yhwh est le seul dieu d’Israël ; Israël est le seul peuple de Yhwh. Cette exclusivité fait de Yhwh un dieu jaloux, un dieu qui interdit de servir les autres dieux.
Une bonne image de patron, d’architecte, nous est fournie par le soleil. C’est de lui qu’émane toutes les créatures et la création. C’est lui qui offre la chaleur de ses rayons, sa lumière, le temps et les cycles de croissance végétale donc animale et humaine.
De l’action du soleil naît la réalité totale. Les hymnes d’Isis, le corpus hermeticum composés par Isidore parlent de l’Un qui s’est fait en millions, l’Un universel.
Yhwh est transformé en dieu solaire Ps 46,6 ; 84,12 ; Ez 16,50.

Celui qui va faire progresser Yhwh dans le statut de dieu d'Israël, c’est David. Tout part de 1 Samuel 22,20-23 où David élit Yhwh et son serviteur Abyatar du sanctuaire de Silo.
Cette élection de Yhwh est fondamentale. Il existe dans le royaume de Moab un dieu aux fonctions parallèles à celles de Yhwh. Kamosh est cité en 1 Rois 11,33 en Nombres 21,29 et Jr 48,46.
David s’appuie sur un clergé, il choisit Yhwh, il sera oint.

Le sanctuaire israélite était composé de trois éléments, un autel, une stèle, souvent une pierre comme à Béthel, et un arbre. Gn 12,6 ; Josué 24,26.
L’arbre a parfois valeur sacrée, parfois il rivalise avec Yhwh, d’où le Dt 16,21 qui interdit l’arbre auprès de l’autel. La stèle qui devenait objet de culte sera, elle aussi, rejetée Dt 16,21.
Le premier monothéiste de la bible me paraît être Isaïe en 43,10-11 ; il continue en 44,6-8. « C’est moi le premier, c’est moi le dernier ; en dehors de moi, pas de dieu ». Le message est clair, définitif. Ce monothéisme est le résultat d’un long travail de patience.
La préparation des hommes à un tel message fut longue, elle est encore une nécessité.
En s’engageant dans l’histoire, en travaillant dans le monde au profit de son peuple, Yhwh apparaît comme agissant sur l’univers.
Isaïe 45,21 : de dieu juste et sauveur, il n’en est pas, excepté moi. Dt 32,39-40 : c’est moi qui fais mourir et qui fais vivre ; quand j’ai brisé, c’est moi qui guéris… je lève la main vers le ciel et je déclare : je suis vivant pour toujours.

Le nom Israël lui-même provient de yasar-El qui peut signifier El a corrigé, dans le cas précis Dieu a corrigé Jacob.

Rappelons la Genèse
Gn 32.27 Il lui [M] dit ['âmar] : « Laisse [shâlaÿ (pi)]-moi [M] car [kî 2] l'aurore [shaÿar] s [M]'est [M] levée ["âlâh] ». « Je ne [M] te [M] laisserai [shâlaÿ (pi)] pas [lô'], répondit ['âmar]-il, que [kî 'im] tu ne m [M]'aies [M] béni [bârak (pi)] ».
Gn 32.28 Il lui [M] dit ['âmar] : « Quel [mâh] est [E] ton nom [shém 1] » ?
« Jacob [ya "aqôv] », répondit ['âmar]-il.
Gn 32.29 Il reprit ['âmar] : « On ne t [M]'appellera ['âmar] plus [lô’"ôd] Jacob [ya"aqôv], mais [kî 'im] Israël [yiÜerâ'él], car [kî 2] tu as [M] lutté [Üârâh 1] avec ["im] Dieu ['èlôhîm] et avec ["im] les hommes ['îsh] et tu l'as [M] emporté [yâkôl] ».
Gn 32.30 Jacob [ya"aqôv] lui [M] demanda [shâ'al] : « De [M] grâce [nâ’2], indique [nâgad (hi)]-moi [M] ton nom [shém 1] ». « Et pourquoi [lâmmâh], dit ['âmar]-il, me [M] demandes [shâ'al]-tu mon nom [shém 1] » ? Là [shâm]-même, il le [M] bénit [bârak (pi)].
Gn 32.31 Jacob [ya"aqôv] appela [qârâ’1] ce lieu [mâqôm] Peniel [penî'él] c'est-à-dire [E] Face [E]-de-Dieu [E] car [kî 2] « j'ai [M] vu [râ'âh 1] Dieu ['èlôhîm] face [pânîm 'èl pânîm*] à ['èl] face et ma vie [nèfèsh] a [M] été [M] sauve [nâçal] ».
Gn 32.32 Le soleil [shèmèsh] se [M] levait [zâraÿ] quand [ka'ashèr*] il passa ["âvar 1] Penouël [penoû'él]. Il [hoû'] boitait [çâla"] de la hanche [yârék].

EL ou, l’élu serait celui qui, comme Jacob, a combattu Dieu, qui aurait vu sa face qui comme Jacob a combattu les hommes.
Jg 8.17
Il renversa [nâtaç] aussi [w] la tour [migedâl] de Penouël [penoû'él] et massacra [hârag] les hommes ['îsh] de la ville ["îr 1].
Josué dresse une grande pierre pour marquer l’alliance entre les fils d’Israël et les fils de Jacob, Jg 9,6. Certains n’ont pas fait le périple du désert, ils ne connaissent pas Yhwh. Les fils d’Israël rendent un culte au dieu El.

L’adoption de Yhwh est le résultat d’un choix, Josué 24,8 ; entre les dieux El, Ashéra, Baal et Yhwh. Les enfants d’Israël renoncent au polythéisme contenu dans les autres cultes.
La deuxième vraie rencontre avec le monothéisme est le fait des exilés. Yhwh est le dieu, l’unique, leur dieu, sinon ils seront absorbés par Babylone. Quand le peuple du roi Yoyakin est exilé à Babylone, une grande partie du peuple reste sur place, notamment les paysans. Les exilés donnent aux événements de 597/587 une réponse monothéiste ; reconnaître Yhwh comme seul dieu, c’est rejeter les autres dieux et donc leurs peuples, c’est refuser de s’intégrer à ces peuples, c’est perdurer en fonction d’une identité.

Autour de Zorobabel, vers 520, les hommes confessent Yhwh pour seul dieu.
Cela permet de remettre en place les descendants du roi Yoyakin. Tout s’organise autour du temple de Jérusalem, le temple devient le lieu de ralliement, le signe du loyalisme.
Tous les autres sanctuaires sont exclus. Toute forme de sanctuaire est exclue, certains regretteront que Josué n’ait pas détruit tous les sanctuaires.
Yhwh défie les autres dieux, il exige qu’il fasse preuve de leur divinité. Dans les cas litigieux, il les absorbe Gn 17, il récupère les noms comme autant d’épithète.
Dieu des cieux est une de ses appellations qui s’appliquent à Yhwh comme à Ahoura Mazda.
Rappelons que la bible rejette tout dualisme. Yhwh est responsable du bonheur et du malheur, de la lumière et des ténèbres. Es 45,6-7.

Yhwh dieu du ciel et de la terre, dieu d’un seul peuple, d’un peuple créé, d’un peuple élu, pose maints problèmes.
Une découverte simple et surnaturelle, la foi en Yhwh n’a besoin ni d’un espace, ni d’une institution, la foi permet au croyant de vivre n’importe où, sous n’importe quel régime. La loi, la Tora sert de temple, de patrie, d’institution…

Le Dieu de Jésus est-il le dieu de la bible ?
Pour Jésus, il est clair que Dieu est une personne, on lui parle, elle parle, elle agit, elle existe dans l’histoire des hommes, elle garde sa transcendance.
Il est possible de s’adresser à elle, il est de notre devoir de lui adresser des demandes ; parce que Marc 10,27 tout est possible à Dieu.
Le Dieu de Jésus est un dieu de sollicitude, de miséricorde, il vient au secours des hommes. Luc 18,1-8.
Il mérite la confiance, donc il exige la confiance, la foi.

Si vous demandez à Jésus votre chemin, le chemin menant à la vie, il indique les commandements de l’ancien testament, Marc 10,17-22 ; 12,28-34. Il renforce ces commandements Matthieu 5,21-26.27-28 Le dieu de Jésus est comme le soleil qui éclaire le bon comme le méchant Matthieu 5,44-45.

Le dieu de Jésus est un père comme dans l’ancien testament, Isaïe 63,16 ; 64,7 ; Jérémie 3,4.9… Il l’appelle abba, d’ab père, abba, le père, mon père, notre père. Ces syllabes nous rappellent les sons que prononcent les bébés et qui vont donner en français papa. Cela fait penser aussi au nom Allah.
Abba indique une intimité avec Dieu, une proximité, une relation à l’adulte idéal. Abba est proche, abordable, indulgent.

Jésus se bat contre ceux qui mettent des obstacles entre dieu et l’homme ; il rétablit le droit de dieu sur le cœur de l’homme, il demande une obéissance sans compromission.
Les développements de dieu en trois personnes, le père, le fils, le Saint-Esprit, le concernent-ils ? La dogmatique de la trinité est-elle de son fait ?

Le Dieu de Jésus est amour. Quelle est la représentation de l’amour ? Les musulmans refusent la forme trinitaire, il n’est de dieu que Dieu et Mahomet est son prophète. Allah n’a pas d’alliance directe avec le domaine historique.

Le dieu d’Israël est Yhwh, le sauveur, inséparable de l’alliance contractée avec son peuple. Le judaïsme utilise la menora, chandelier à 7 branches pour se rappeler l’intérieur du temple ; le toulab, un bouquet qui contient un rameau de palme, et l’éthrog, une sorte de citron, pour manifester la fête des tentes. La diaspora a favorisé le lieu de prière par rapport au temple.
Israël vit par son temple, la diaspora vit par la synagogue, dont le culte renonce aux sacrifices, se restreint à la parole, à l’étude, à l’enseignement. Le culte de la synagogue est public, le saint des saints du temple est réservé à l’élu des élus.

Pour l’islam, Jésus est la Parole émanant de dieu, il n’est pas le fils de dieu. Le musulman refuse la trinité, l’incarnation, il défend la naissance virginale.
La dogmatique gêne de nombreuses personnes.

Au premier siècle, le royaume de dieu doit venir sur terre, les promesses divines sont des réalités, Jésus est Christ c’est-à-dire Roi, il est ressuscité, l’homme doit vivre en accord avec le décalogue, l’enseignement d’un évangile. Les dogmes sont élaborés pour combattre les différentes hérésies, les sectes etc. dont les enseignements ne sont pas partagés par la masse des fidèles, créent des troubles dans la société chrétienne. Le dogme fixe la pensée du plus grand nombre de fidèles, il révèle l’accord du fidèle avec Dieu.

Dans le monde sémitique, la relation à Dieu est importante, la foi engage l’homme et Dieu. Dans le monde grec, l’intellectualisation passe au premier plan, il importe d’être en accord avec des vérités enseignées. Le chrétien est celui qui accepte le symbole de Nicée par exemple, le chrétien adhère au credo.

Jésus est-il fils de Dieu ?
Fils de Dieu est un titre qui s’adapte à différentes personnes, le roi, le juste. Jb 1.6 Le jour advint où les Fils de Dieu se rendaient à l'audience du SEIGNEUR.
Jb 38.7 tandis que les étoiles du matin chantaient en chœur et tous les Fils de Dieu crièrent hourra ! Mt 4.3 Le tentateur s'approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains ».
Mt 4.6 et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit: Il donnera pour toi des ordres à ses anges et ils te porteront sur leurs mains pour t'éviter de heurter du pied quelque pierre ».

Mt 8.29 Et les voilà qui se mirent à crier : « De quoi te mêles-tu, Fils de Dieu? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps » ?

Mt 14.33 Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui et lui dirent : « Vraiment, tu es Fils de Dieu » !

Mt 16.16 Prenant la parole, Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

Mt 26.63 Mais Jésus gardait le silence. Le Grand Prêtre lui dit : « Je t'adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es, toi, le Messie, le Fils de Dieu ».

Mt 26.64 Jésus lui répondit : « Tu le dis. Seulement, je vous le déclare, désormais vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel ».

Mt 27.40 et disant : « Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en 3 jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix » !

Jn 1.48 « D'où me connais-tu »? Lui dit Nathanaël, et Jésus de répondre : « Avant même que Philippe ne t'appelât, alors que tu étais sous le figuier, je t'ai vu ».
Jn 1.49 Nathanaël reprit : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël ».
Jésus est qualifié de fils de l’homme, de fils de David.

Les apôtres reçoivent l’esprit du Christ, la part de Jésus qui a vaincu la mort, ils continuent la mission de Jésus, permettre au royaume de Dieu de s’établir sur cette terre.
La foi se dit en grec pistis d’où l’ouvrage gnostique « pistis sophia » ; pistis désigne l’adhésion à une personne, non l’adhésion à un ensemble de vérités ou de dogmes.
Paul affirme que le Christ est venu nous arracher à l’esclavage de tout ce qui nous éloignait de Dieu, pour que puissions devenir les sujets, le peuple, les esclaves de Dieu.
Ami ou Ennemi !
Trouvez vos réponses.

Ceux qui refusent l’accès au sacré, je les renvoie au miroir, ils se rencontreront, ils rencontreront l’ami qui tenait le miroir ; ils se relieront à la chaîne des hommes.
Ceux qui s’ouvrent au sacré, je les invite à vivre au quotidien une foi en l’homme, bête et méchant qui doit être broyé pour donner la pierre polie ou, pulvérisé pour amender le sol ingrat d’une terre qu’il rendra fertile ; pour quelques-uns uns, je les invite à redécouvrir une gnose qui n’est pas réservée aux seuls degrés administratifs.
J'ai dit

M\ C\


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