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Les Outils du quatrième voyage
 rapportés au cartouche correspondant


Afin de dissiper de suite un malentendu sur la thématique imposée de cette planche passionante, je tiens à spécifier que j’ai d’abord buté sur le groupe nomminal “LES outils du quatrième voyage”. Réminiscence d’un proche passé où je me revoyais tenant avec courage de la main gauche une équerre esseulée dont il me fallait comprendre la portée symbolique, je cherchais quelques jours durant à répondre à la question suivante: “Quid de l’autre ou des autres outils?”. Sachant que les 3 premiers voyages nous obligeaient à les porter par couple passifs et actifs, l’invisible ustensile complémentaire de celui-ci (le quatrième voyage donc) me fit perdre mon orientation cardinale! Tournant et retournant sur moi-même pour “retrouver le septentrion”, une révélation me fut projettée par l’ombre portée de mon corps éperdu sur le sol de mon jardin. “Gnôme” que je suis, pensais-je en singeant Paracelse, j’étais debout face au soleil et n’avais donc rien vu? Le voilà cet outil qui permet aux luminaires de tracer sur la terre un chemin longiligne! L’Homme debout que je suis serait donc l’instrument recherché qui, les deux pieds sur la Terre et la tête au Zenith décrirait par son ombre un angle droit mouvant?

Et voilà donc comment par la résolution digressive d’un pluriel incompris, je devenais l’objet même de ma recherche, voire de mon travail maçonnique. D’un côté utilisateur de l’outil et de l’autre outil lui même (ce qui certes n’est pas une découverte pour l’apprenti confirmé affinant sa pierre comme lui-même) et, puisque je suis Homme comme tous les hommes à venir, présents ou passés, j’en conclus que nous sommes tous à même de prendre conscience de notre rôle d’instrument actif à l’instar, peut- être, des Grands Initiés... Ce qui me ramènerait au cartouche dudit quatrième voyage.

Alors comment rapporter (car c’est la problématique employée en titre de cette planche), corréler, associer, affilier, reporter l’équerre (car c’est l’outil concerné) au cartouche correspondant du quatrième, à savoir, Moïse, Pythagore, Socrate, Jésus, Confucius ?
Evidemment, je ne peux être le “rapporteur” de mes reflexions sans rappeler succintement, en amont, les définitions et traits des protagonistes et éléments de ma recherche. L’équerre tout d’abord, schématiquement “Rectitude dans l’action”, synthèse de la perpendiculaire et du niveau, mettra à l’épreuve la justesse rigoureuse de notre raisonnement et de notre comportement pour ainsi servir les principes de la Loi Morale et de la Fraternité Humaine. Ce qui nous donne un lien primaire avec tous les Grands Initiés dont l’action et le rôle en ce monde terrestre fut de guider socialement et moralement, dans leur contexte propre, l’humanité fraternelle dont ils faisaient partie intégrante.

Cette équerre donc, dans notre enseignement maçonnique et bien sûr pour le bâtisseur que je tends à être, œuvre pour la rectitude de notre construction (temple intérieur et temple de l’humanité), elle symbolise, comme bijou du Vénérable, la Règle, l’Ordre par le Bien. C’est l’organisation du Chaos comme instrument indispensable pour transformer la pierre brute en un cube, hexaèdre parfait. Ethymologiquement, Equerre, Equarrir, veut dire “Rendre Carré”, ce qui dans la symbolique, aussi ancestrale soit-elle, nous ramène à la Terre, à l’Humus, bref, l’Homme. C’est donc bien de la perfection de l’Homme dont il s’agit.

Je ne peux pas ne pas évoquer ici le fait que l’équerre ne peut se départir du compas qui symbolise l’Esprit. La conjonction des deux, par le tracé du carré (Matière/Humus) et celui du cercle (Ether/Cosmos) nous offre l’harmonie terrestre et céleste. Au deuxième degré de notre rite, l’équerre s’entrelace au compas ouvert à 90°; ainsi exprime-t-on par ce positionnement l’épreuve même du compagnon (“Je veux être éprouvé par l’équerre”, affirme-t-il). Sorti de la Pierre brute apprivoisée, dégrossie par le maillet et le ciseau, il tend à équilibrer l’actif et le passif par la transformation de la matière vers l’esprit. Et c’est le lot de tout homme qui, dans cet entrelacement Matière/Esprit, recherche depuis la symbolique chute adamantine son originel état édenique. D’où le questionnement du Compagnon et le mien donc: “D’où viens-je, Pourquoi et qui suis-je, Où vais-je?” L’équerre, qui dans l’alphabet grec, nous ramène au Gamma, soit le “G” (Géométrie, Génération, Gravitation, Génie, Gnose...), au centre de l’étoile flamboyante aux 5 pointes (que l’on peut tracer d’ailleurs aisément avec ce même outil allié au compas selon Ptolémée), l’équerre qui forme le carré symbolique de la terre ou la croix formée de quatre équerres des points cardinaux est représentative du monde matérialisé, soit tout ce qui va et doit disparaître. Elle participe de l’éphémère de notre vie, ma vie. Et je constate par cela que, sans le compas, l’homme que je suis ne sera rien qu’un instant T dans un vide sidéral et sidérant! Alors que, entrelacé au compas, représentatif de l’immatériel et du divin (dei, jour, lumière), l’équerre nous rappelle à la non perfection dans son état naturel, pas originel, non, naturel, simplement humain. Par le compas, je prends conscience de ma perfectibilité... et, par l’équerre, je m’astreint au travail sur ma pierre cubique afin de la rendre parfaitement lisse, brillante, “lumineuse” et, ainsi, cette pierre “personnelle” se fondra et se confondra dans la construction du Temple Idéal perdant ainsi son caractère indicatif au sein de l’universelle fraternité et... l’Absolu.

La question serait, suis-je en mesure de réaliser ce grand dessein à l’instar des Grands Initiés? CQFD. Voilà donc posé les jalons de mon propre cheminement dans ma vie spirituelle, sociale, citoyenne. Les outils qui me sont confiés pour cela participent aussi de l’exemple donné par nos Maîtres à penser, les guides, les axes étalons de la construction humaine et fraternelle, soit les Grands Initiés nommés sur le 4ème Cartouche et bien d’autres tels Bouddhas ou Mahomet. Quels liens unis ces hommes entre eux, quels liens les unis à l’humanité, quel rapport les fixent à l’équerre symbolique?

Un raccourci cynique pour d’aucuns, trouverait en Jésus sur la Croix en Tau un symbole évident de l’équarrissage au sens premier du terme... mais a bien y regarder, cette fin cruelle, ce supplice fréquent de la justice romaine (mais aussi des Egyptiens et autres civilisations), est une résultante obligée de la vie même du christ, de son enseignement et le fondement de toute une religion humaniste si l’on s’en réfère à la Bonne Nouvelle que sont les Evangiles. Sans digression, on pourrait aborder ici la symbolique du Svastika dont la forme circulaire en mouvement rotatif englobe le carré, lui-même inscrivant une croix nous rappelant les équerres de la matière et des points cardinaux dont le centre serait pôle. Et ce pôle pouvant être... mon Moi révélé, mon origine comme celle de l’homme avec un grand H. Symbole qui accompagne souvent la représentation des sauveurs de l’humanité depuis des millénaires, le Svastika, se construit pareillement avec le compas et l’équerre.

Cette omniprésence du cercle et du carré (et donc de la quadrature du cercle chère aux Maçons) dans la symbolique des civilisations confondues fut utilisée par les grands initiés comme Socrate ou Pythagore pour offrir à l’humanité des éléments de réflexion ou de réponse aux grandes questions de vie et de l’existence. Ainsi se rappelle-ton de Socrate demandant à l’esclave, toujours par dialectique-réthorique, de doubler la surface d’un carré tracé, de 2 sur 2 par le jeu de la déduction. Et l’esclave logiquement doublera les deux côtés pour un résultat de 16, puis, recommençant et rajoutant 1/2 côté, il multipliera 3 par 3 avec un résultat de 9 alors que la surface doublée devrait être de 8. Socrate traça alors sur le sol et, par la diagonale, donna la solution physique que l’intellect ne savait démontrer. Si Socrate éduqua, en quelque sorte, l’esclave par ce tracé de la diagonale, c’est qu’il lui montrait clairement la Voie du Milieu, la voie de la Sagesse.


Mais, pour ma part, j’y vois là aussi, ce par extrapolation sur l’augmentation des surfaces, une des premières théorie intuitive de l’univers en expansion.
Et l’on retrouve avec Pythagore le même principe exponentiel du carré par l’équerre que ses disciples appellent gnomons. (1+3=carré de 2x2,1+3+5=carré de 3x3,1+3+5+7=carré de 4x4...) puis, par son fameux théorème (32 + 42 = 52), il nous offrira une révolution de pensée comme il n’y à jusqu’à ce jour aucun équivalent. Car l’équerre en tant que représentation physique des nombres (soit un langage universel) ne peut que symboliser le lien unique de toute humanité. Et voilà bien le message de tous les Grands Initiés: l’accord Humain. Ce que Moïse (Le Guide) révèle au peuple juif par le décalogue (qui est aussi la Loi, donc la Règle autrement nommée équerre, c’est accord d’amour et de respect entre les hommes. De même, ce que Confucius énonce par “Le principe de l’équerre”, Tchong et Chou (ce que l’on doit faire et ce que l’on doit éviter, est un règlement social où il faut user de soi-même comme d’un étalon pour régler sa conduite à l’égard des autres. Ce qu’il nommait la compassion.

On le comprendra aisément, l’enseignement exotérique des Grands Initiés, par la dialectique, la métaphore, les mathématiques, les prémices philosophiques, la législation, l’étude citoyenne... participait d’un primordial message ésotérique que seuls des adeptes seraient à même de rechercher et, à leur tour de dispenser confirmant à n’en pas douter cette préconisation: “Ce que tu fais à l’intérieur, fais-le à l’extérieur”. Alors, je me pose la question, suis-je apte moi-même à l’entendre, à le mettre en pratique et l’enseigner ? Ou bien, en toute humilité, est-ce que par l’équerre je peux me réaliser comme grand initié ?
Et je le clame, la réponse est, par force et volonté: “Oui, je le peux”!... et le démontre.

Ce que je suis et tend à devenir par mon engagement maçonnique, je l’envisage par la symbolique du gnomon dont les Pythagoriciens établirent une base de leur philosophie. À l’instar donc de Moïse, Socrate Confucius et consorts, nombre de Guides de l’humanité (car ils sont nombreux), par la philosophie, la politique, la religion mais aussi par les arts libéraux furent avant tout reconnus et suivis par l’exemple même de leur vie, dans leurs actes, leurs paroles, leurs écrits et passèrent ainsi à une postérité au travers de leurs disciples qui s’inspirèrent de leurs vies pour apporter à leur tour fraternité et enseignement citoyen pour la construction du Temple idéal. Ne peut on dire alors que ces mêmes disciples furent, à leur tour, Grands initiés? Alors, une conclusion s’impose: tout homme aurait en lui cette essence de l’homme originel, qui ne demande qu’à re-éclore sous la rigueur de son travail vers la connaissance dans une application altruiste et en suivant les préceptes des anciens.

Le gnomon donc, c’est ce stylet antique, planté, ancré verticalement dans la terre et qui permet aux astronomes, par l’ombre portée des luminaires célestes, de mesurer la hauteur des astres, sa propre position sur terre par latitude et longitude. Ce même gnomon qui n’est autre que l’axe du cadran solaire et qui nous permet de nous positionner dans l’espace et le temps. L’Homme, et moi-même par la force des choses, est, et demeure, ce gnomon (même s’il n’en n’a pas conscience de prime réflexion), cet axe planté, enraciné dans la terre de son origine qui s’élève vers le zénith telle une verticale reliant, unissant la matière à l’esprit. Les Grands Initiés furent, chacun à leur époque, avec leur vie et leurs actes posés dans un contexte socio-culturel et géographique particuliers, chacun avec leur enseignement, les Gnomons de notre humanité dont nous devons assimiler la geste afin de construire notre fraternité.

Lorsque cet axe est encastré au plan, il forme avec son ombre l’équerre première dont, par évidence, la branche virtuellement tracée au sol est variable en longueur et en rotation suivant la course astrale. De plus, sur les 24 divisions du jour, l’ombre portée, quelle que soit la hauteur de l’axe, diminue puis réaugmente entre l’orient et l’occident en passant par le point du midi. L’ombre est longue au matin, invisible au zénith, de nouveau longue au soir. Une façon de nous rappeler que de notre naissance certainement proche de l’homme originel, nous cheminons jusqu’à la mort dans la recherche de cette même origine en passant par un paroxysme où nous sommes en mesure (ce qui ne veut pas dire que nous l’acceptons) de recevoir en communion la pleine lumière, voire la connaissance.

Mais cette variabilité ne représente-t-elle pas la non constance humaine et, cette inconstance s’applique-t-elle aussi aux Grands Initiés qui, par leur nature même, étaient d’abord profanes avant d’être évolutionnaires (car ils le furent incontestablement) de leur époque puis grands guides de l’humanité? Ou bien, est-ce que le symbolisme de cette ombre portée n’est autre que la projection de la connaissance et de l’amour sur l’“Humus” que nous sommes, né de la terre et prêt à y retourner? En Homme debout et donc actif, l’initié reçoit la lumière et, par son ombre qui forme l’équerre il l’apporte à la plane humanité. La projection de son “savoir” sur ses frères dépendra donc de sa situation chronologique (historique et dans les 24 heures d’un jour) , géographique, culturelle, citoyenne, spirituelle et morale.

Ainsi en va-t-il pareillement de nous tous qui apprenons, compagnons ou non, à nous ancrer, nous positionner avant de commencer à “rayonner” et la question, pour ce faire, que nous nous posons, est: “Quelle est mon utilité dans ce monde?”, soit, “Quel véritable outil suis-je?”. Les deux termes majeurs que j’emploie ici pour l’axe gnomon, à savoir “Planter” (soit fixé au Plan) et “Rayonner” (par la lumière dont la racine étymologique dei est divine, je le répète) sont, tels x et y, complémentaires et indissociables. Le premier offre la fixité, la stabilité et la verticalité; le deuxième l’horizon et le mouvement. L’un du Nadir au Zenith, l’autre du Midi à l’Azimut. De fait, l’axe est stable et son ombre à 90° toujours mobile. Ce qui nous ramène évidemment à la conjonction de l’équerre et du compas et je ne peux qu’insister sur le fait que l’équerre (3/4/5) en tant que matérialisation des “Nombres”, est la base mathématicielle reconnue par toute l’humanité. Elle est alors symbole et vecteur évident de “l’accord humain”.

Si, à l’instar des anciens, je suis équerre moi-même et tend à en prendre conscience, suis-je capable d’accepter de grandir en m’enracinant dans la terre jusqu’à retrouver mon originélité, notre éden, et ainsi faire s’étendre par la lumière que j’ai reçu l’ombre projetée sur mes frères humains? Voilà mon chemin d’homme debout, voilà ma Quête, voilà mon Engagement, voilà ma Raison d’être.

J’ai dit V\M\

H\ M\

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