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Le Cinq

Le travail qui m'a été confié par notre F. 1er S. est: le 5 dans le rituel de compagnon. En quoi « 5 » m'aide t-il dans la connaissance de moi-même et donc des autres, tous engendrés à la ressemblance de Dieu.

En quoi me permet-il : « de concevoir d'abord une idée vraie de la perfection de mon modèle,…pour atteindre à la ressemblance que je désire ». Car tel est bien V.M. le travail général que vous me proposiez lors de ma réception et que je vous livre aujourd'hui.

J'ai relevé dans le rituel de compagnon une dizaine de citations du 5, dont : les voyages ; les marches ; les pointes de l'étoile ; la cinquième des sciences: la géométrie ; l'age qui signifie que l'on connaît les cinq ordres d'architecture ; les coudées des chapiteaux - 52,367 cm ; les coudées (5X7) de hauteur totale.

Selon toute vraisemblance elles ont toutes leur importance, mais il a fallu choisir et me laisser guider, tout d'abord par l'étoile flamboyante décorée du G, puis par le commentaire du V\ M\ qui fait suite à sa découverte, p 26 : «…vous avez été arrêté au nombre 5 ».

L'étoile, qui n’est pas le sceau de Salomon, déjà présente sur le tapis de loge, mais sans la représentation du flamboiement que l’on devine cependant, est annoncé comme une nouvelle étape vers l'initiation, elle est aussi là pour nous montrer la direction à suivre, en nous indiquant aussi, à mon sens, d'où nous venons.

Il me semble important de souligner que le sceau de Salomon comporte 5 branches, ce sceau ne peut pas être confondu avec le bouclier ou étoile de David, lequel comporte six branches. Ils sont différents de part leur histoire et d’autant plus lorsque l’on entre dans l’ésotérisme arithmologique. Le premier est porteur du nombre magique 15 – le nom de Yavé, le second du nombre sacré 21 – Dieu et son temple. Ce ne sont pas là les seules différences essentielles.

A ce titre dans The Speculative Mason vol XXVII d’avril 1935, page 77 René Guenon commente : «…sceau de Salomon,  Bouclier de David et de même bouclier de Mikaël ou Malaki « mon ange » également  désigné en arabe par « Khâten Seyidnâ Suleymân ». Aucune de ces désignations ne peut être appliquée de façon correcte à l’étoile à cinq branche, le pentalpha, ou pentagramme des pythagoriciens, lequel est l’étoile flamboyante ».

Alors que l'architecture est l'art royal et nous en connaissons tous l'importance symbolique en ces lieux, la géométrie est science divine. L’interprétation de G comme étant géométrie est donc bien satisfaisante pour celui qui s’en tient au rituel et ignore l’hébreux, nous sommes donc doublement guidés. But et origine lisons nous dans le rituel, source et terme nous dit la prière d’ouverture !

Est-ce à dire, si nous reprenons les visions cosmogoniques pythagoriciennes que construire est du domaine de l'action et donc de l'humain, quand bien même il s'agiterait de constructions intellectuelles et que concevoir l'espace est du domaine du spirituel et donc du divin ? Construire c'est multiplier, Concevoir c'est créer, additionner.

Est-ce à dire que Dieu s'approche de sa créature lorsqu'il est architecte et que l'homme s'approche de son créateur lorsqu'il est géomètre ? Peut-être si nous nous en tenons aux mots !

L'étoile est symbole de ce guide qui : « nous est donné ». Je soulignerai que ce guide est clairement dans le rituel du 1er grade d’une part le frère parrain pour le temporel et d’autre part Dieu. En effet, il est dit : « Mes Frères lorsque pour perfectionner votre travail,  vous chercherez la lumière qui vous est nécessaire » - dans ces mots, j'entends guide, connaissance, vérité - j'entends nécessaire: catégorie inconditionnelle, apodictique, définissant ce qui ne peut pas ne pas être – « souvenez-vous qu'elle se tient à l'orient et que c'est là seulement » - il s'agit bien à la fois de topologie et de spiritualité – « que vous pouvez la trouver ».

Or dans la loge de compagnon il n'y a rien de plus oriental que l'étoile à cinq branches au centre de laquelle est la lettre G et derrière laquelle apparaît cette source qui la fait flamboyer et la dépasse. Ce flamboiement n'est-il pas exactement identique à celui du sacré cœur, dans sa représentation usuelle ?

Loin du 5 ! Non ! Nous y sommes et nous continuons. Cinq, le chiffre, car il n'est dans la numérotation arabe de nombre qu'à deux chiffres est - dans son écriture association d'une forme ronde et d'une forme carrée, union du terrestre et du céleste nous dit-on, cinq branches: cinq éléments démonstration pour certains que l'étoile est le microcosme, donc l'humain et dont l'énergie est le flamboiement, le divin.

A propos d'écriture il est essentiel de noter que le chiffre ou le nombre qu'elle qu'en soit le mode de représentation est dans sa réalité l'un des communs dénominateurs de la pensée humaine il est l'élément universel de l'union alors que le langage sépare, Babel nous en donne un exemple. C'est aussi par le nombre, seul patrimoine spirituel commun et absolu que les hommes communiquent avec les dieux, dont ils partagent la connaissance.

Saint Augustin de conclure : « c'est  l'inintelligence des nombres qui nous empêche d'entendre beaucoup de passages figurés et mystiques de écritures, beaucoup de correspondances secrètes » de Vera religion ne II 16. Ce que les leçons de Lyon n’ont  de cesse d’affirmer.

Cinq figuré par son symbole, propre à chaque ethnie, est toujours et partout l'expression de cinq unités ajoutées l'une à autre une par une ou en paquets. Cette évidence ne l'est pas, il suffit pour s'en convaincre de se demander pourquoi aucune époque, ni aucune école n'a proposé un ou plusieurs chiffres, j'ai bien dit chiffre, supplémentaires. Car le chiffre est indépendant de sa réalité, d'une quelconque réalité physique, sans objet pour dénombrer, il est bien dans l'essence de deux et de trois qu'ajoutés l'un à l'autre ils forment cinq. Les chiffres comme les nombres ont une essence, une indépendance.

Ce sont bien là les fondements de l'école d'arithmologie pythagoricienne : considérer les nombres comme de purs concepts en relation avec le cosmos sans limitation de nature. Et comme par ailleurs, du fait du principe de correspondance, tout le monde visible peut être ramené aux nombres, qui l'ordonnent, les pythagoriciens de s'exclamer : « qu'y a-t-il de plus sage ? - : le nombre ; qu'y a-t-il de plus beau ? - : l'harmonie ». Et d'ajouter que l'addition est une création divine et la multiplication une action humaine - au sens de reproduction de l'espèce.

Et nous, héritiers de ces concaténations de pensées successives, pérennes et pertinentes, nous concevons  le nombre -en-soi- comme porteur de la figuration de l'harmonie et donc du divin, mais aussi comme support de sa représentation.

C'est, à mon sens, dans cette lignée de pensée que s'inscrit l'affirmation du V.M. au nouveau compagnon : « on vous a arrêté au nombre 5 ». Je comprends que pour l'instant la recherche spirituelle, qui fait notre quête, doit s'attacher à ce concept simple et complet, non pas pour nous dire notre incompétence, mais parce qu'il s'agit d'une étape nouvelle, concevoir le nombre dans son essence, dans l'abstraction et non plus dans sa matérialité. Si nous sommes « 5 » c'est que nous nommes « 3 » matérialité et aussi « 5 » début de spiritualité sans encore être plus. Cinq nous nomme, cinq est symbole, cinq est nombre, à la fois matière, pensée et manifestation divine.

Revenons au rituel ! L'étoile flamboyante est à la fois présente sur le tapis de loge dès notre réception et l'on nous demande de la regarder en face lors de la réception au second grade car : « elle était encore cachée à notre regard ». Par analogie je dirai que par essence l'étoile est là dès avant - et - que le rituel nous instruit sur l'état dans lequel il nous faut être pour la regarder enfin. Nous étions jusqu'alors « confondu…dans la foule des mortels » et nous voici désormais dans « une classe distincte », nous sommes face au miroir et initié, au sens ou nous ne sommes plus dans le profane.

Pythagore vient à la rescousse : « 1 crée et ordonne le monde, ensuite après que le 5, centre du monde des nombres ait séparé l'humain du divin, l'humaine multiplication décide du pair (male) et de l'impair (femelle). Les nombres premiers sont divins. 5 est premier, il constitue le pivot entre les nombres divins et les nombres naturels venant à sa suite ».

Les chiffres – sont en soi, mais ne tiennent leur place que parce qu’ils s’inscrivent à l’intérieur de la suite des nombres tout comme les maçons dans la loge et dans l’Ordre. J'ajouterai que « » est le nombre parfait « 6 » auquel manque le Verbe « 1 ». Dois-je en conclure qu'il ne manque au compagnon que la présence du divin et que l'étoile est enfin visible pour lui en redonner conscience ? Saint Jean nous éclaire dans son apocalypse chap. 22 ver 16 : « Moi Jésus j’ai envoyé mon Ange publier chez vous ces révélations concernant les Eglises. Je suis le rejeton de la race de David, l’Etoile radieuse du matin ». Et c’est bien à l’orient que se découvre le matin.

Le compas - droiture du cœur, et l'équerre-justesse de notre esprit, permettent de former le pentagramme qu'est l'étoile dans l'espace, le rituel y ajoute comme instruments symboliques pour nous aider dans notre recherche : le niveau-pureté de nos actions et la perpendiculaire-respect qui est dû au GADLU.

Profane, nous étions « pro-fanum » devant le temple, et non à l'intérieur. Depuis la réception au premier grade, nous sommes dans le sacré, mais toujours pas dans le temple, le temple dont nous savons qu'il est à la fois une construction idéale et une réalité dans le cœur de chaque initié. Chaque étape vers l’initiation est marquée par des nombres, de ceux qui permettent la communication avec le divin et qui unissent les hommes et ce travail se fait dans le Temple, celui ou nous sommes, celui que nous figurons et celui que nous avons entrepris de construire. Mais devenu Compagnon nous savons désormais que le Christ homme et fils de Dieu est notre guide.

Bibliographie :
Rituel du grade d’Apprenti Rituel du grade de Compagnon.
La Bible de Jérusalem Codex  J.C. Levy.
Travaux de Villard de Honnecourt.
Robert Amadou ; Les leçons de Lyon ; Dervy – 1999.
Paul Tillich ; Théologie de la culture ; Médiation Denoël – 1972.
Jean Ursin ; Instruction à l’usage des Compagnons ; Dervy – 1998.
Platon ; Le République ; Les Belles Lettres – 1948.
Georges Jouven ; Les nombres cachés ; architectures et symbolisme- Dervy  - 1978.
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