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L’énergie des cinq éléments

Examinons un peu ceci, en nous souvenant que nous sommes maintenant dans le monde mental et spirituel, et que les cinq éléments symbolisent maintenant différents stades de transformation de l’énergie psychospirituelle. Nous sommes maintenant dans le monde intérieur, et non dans le monde extérieur.

La terre, dans ce monde, représente l’énergie statique, l’énergie qui est potentielle plutôt que réelle, voire l’énergie qui est entravée, qui est bloquée. Cet état est malheureusement familier à beaucoup de gens. Vous sentez que vous avez de l’énergie quelque part en vous, mais elle est bloquée. L’énergie est coincée comme un feu dans un volcan fermé ; il n’y a pas, pour elle, de porte de sortie ; il n’y a pas de canal au travers duquel et par lequel elle puisse s’exprimer. L’énergie n’est peut-être pas seulement bloquée, mais aussi réprimée. Si les énergies sont repoussées et si on ne leur permet pas de sortir, en fin de compte elles ne peuvent pas sortir.

Tout ce processus global de blocage, d’obstruction, de répression et de suppression dure parfois des années. Puis toute cette énergie commence à se solidifier. Trop souvent, elle se fige en un bloc solide, dur et froid. La personne chez qui l’énergie se fige ainsi se durcit elle-même en un bloc solide, dur et froid. Une telle personne devient de plus en plus pétrifiée, elle répond de moins en moins, communique de moins en moins, s’exprime de moins en moins, elle devient de moins en moins vivante, de plus en plus morte. De temps en temps, pour relâcher l’ennui, il peut y avoir une explosion. Des petits morceaux de rocher — des petits morceaux de substance assez dure — partent en éclats dans toutes les directions. Mais généralement cela ne fait guère de bien. Ensuite, c’est pratiquement comme cela a toujours été.

Même s’ils ne sont pas réellement bloqués, même s’il n’y a pas de réelle répression ni de suppression, la majorité des gens, malheureusement, ne peuvent utiliser qu’une petite fraction de leur énergie potentielle. C’est une chose que la plupart des gens ne réalisent pas. Nous restons dans l’état de terre : notre énergie est une énergie statique, potentielle plutôt que réelle.

L’état d’eau est un état d’énergie légèrement libérée. Contrairement à la terre ou au rocher, l’eau bouge ; elle coule d’un côté à l’autre sur le même plan, ou à peu près. Elle peut couler vers le bas mais, de sa propre énergie, ne peut couler vers le haut. D’une façon assez similaire, dans cet état d’eau, il y a une petite quantité d’énergie qui est libre et qui va ici et là. Elle ne va jamais très loin, mais fait une certaine distance et revient à son point de départ. En d’autres termes, cette énergie, cet état d’eau, se déplace entre des paires d’opposés : elle coule entre l’amour et la haine, entre l’attraction et la répulsion, entre l’espoir et la peur, entre le plaisir et la douleur. A ce niveau, l’énergie est très réactive, dans un espace très limité. Elle est un peu libre, mais seulement à l’intérieur de limites très claires. Elle est comme une chèvre attachée à un pieu. La chèvre peut manger l’herbe jusqu’à un certain point, mais pas au-delà. Quand l’herbe est finie d’un côté, la chèvre doit aller manger de l’autre.

Le feu est l’énergie qui se déplace vers le haut. Dans cet état, l’énergie est libérée en quantités de plus en plus grandes, et du fait de cette libération régulière d’énergie, le niveau de tout l’être et de toute la conscience s’élève de façon constante. On peut faire l’expérience de joie d’extase, de félicité irrésistibles, etc. Quand le feu brûle ardemment, quand l’énergie s’élance vers le haut, les conflits mentaux se résolvent, les problèmes sont transcendés — ils deviennent comme des volutes de fumée s’étendant dans toutes les directions, ou comme des petites étincelles. C’est aussi un état de créativité continue : à tout instant quelque chose de plus élevé est produit. L’état de feu est un état d’expérience spirituelle toujours plus élevée. C’est l’état du véritable artiste ou du mystique, non pas dans leur vie ordinaire, mais lors de certains pics, lorsqu’ils créent, lorsqu’ils s’étendent vers ce qui est au-delà, lorsque la flamme perce dans le ciel.

Alors que le feu représente l’énergie libérée vers le haut, l’air représente l’énergie libérée dans toutes les directions. L’air est l’énergie qui irradie d’un point central dans toutes les directions en même temps. L’air est l’énergie qui se déverse d’une intarissable fontaine centrale, tout comme dans notre univers la lumière et la chaleur se déversent du soleil. Il n’y a absolument aucune limite. L’énergie se déverse dans toutes les directions, en même temps, pour toujours.

Puis il y a l’espace. Ici, l’énergie est dans un état presque au-delà des mots et de la pensée. On pourrait dire qu’elle est allée dans une autre dimension — une quatrième, une cinquième, une sixième dimension. On pourrait dire que l’espace est l’état dans lequel l’énergie, s’étant elle-même propagée à l’infini dans toutes les directions de l’espace, y reste éternellement se propageant.

Voici les cinq éléments dans ce sens psychospirituel. Ce sont, symbolisés par le stûpa tantrique, les stades successifs de la transformation de l’énergie psychospirituelle.

Je vais vous donner une comparaison de ce qu’est un individu dans chacun de ces états successifs — dans l’état de terre, dans l’état d’eau, dans l’état de feu, et ainsi de suite.

Dans l’état de terre, il est comme un prisonnier pieds et poings solidement liés. Je suis sûr que la plupart des gens ont ressenti cela, à un moment ou à un autre. Le prisonnier ne peut pas bouger, il ne peut pas remuer. Peut-être aussi a-t-il les yeux bandés, et ne peut-il pas même cligner de l’œil. Il n’y a rien qu’il puisse faire, il ne peut faire absolument aucun mouvement. Son énergie est complètement bloquée. C’est à cela que ressemble une personne dans l’état de terre.

Puis, quelqu’un arrive qui coupe ses liens et enlève le bandeau de ses yeux. Le prisonnier se retrouve dans une petite cellule de deux mètres de côté. Il voit qu’il peut bouger : il peut lever le bras, il peut bouger la jambe. Il peut marcher, marcher toute la journée s’il en a envie, mais seulement dans sa petite cellule — deux mètres dans un sens, deux mètres dans l’autre. En d’autres termes, il y a un tout petit peu d’énergie se déplaçant dans un espace très circonscrit : l’énergie peut aller jusqu’au mur dans cette direction-ci, et jusqu’au mur dans cette direction-là, mais c’est tout. C’est l’état de l’eau, de l’énergie oscillant faiblement entre des paires d’opposés — cet état est même parfois appelé « liberté ».

Dans l’état de feu le prisonnier réussit à faire un trou dans le toit et, tel un yogi tibétain, il flotte jusqu’au ciel, à travers le trou, toujours plus haut, jusque dans les nuages.

Dans l’état d’air il découvre qu’il peut aller non seulement vers le haut, mais aussi dans d’autres directions : il peut aller sur les côtés, il peut descendre et remonter, il peut aller dans toutes les directions de la boussole. Ici, cependant, notre analogie atteint ses limites, car dans l’état d’air il peut voyager simultanément dans toutes les directions. On peut peut-être l’imaginer comme un magicien, ou un yogi avec des pouvoirs occultes plus grands encore, se multipliant lui-même : il y a des millions de lui, et ils voyagent tous dans des directions différentes, à partir de ce point central, dans tout l’univers, à l’infini, pour toujours.

Au-delà de ceci, il y a l’espace. Je ne vais même pas essayer d’étendre l’analogie à l’espace. Ici, simplement, les mots ne suffisent pas et il ne nous reste que notre imagination.

Voici donc les stades successifs de la transformation de l’énergie psychospirituelle : de la terre à l’eau, de l’eau au feu, du feu à l’air, de l’air à l’espace. Ce sont les stades du chemin tantrique de l’Éveil, stades symbolisés par les cinq éléments tels qu’incorporés dans le symbolisme tantrique du stûpa. 


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