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…Shibbolet


-         Accostant au port de MATHEOTHECNIE, les archers du palais de la Quinte Essence interroge Pantagruel ; celui-ci répond qu’il vient visiter le fameux pays d’ENTELECHIE. Il pourra ainsi passer son chemin sans être rossé car il avait bien prononcé le nom du pays.
-         En 1975, afin de dépister les Palestiniens du secteur est, les milices chrétiennes obligeaient celui qui voulait passer à jouer au jeu du « Qu’est-ce que c’est ?» : elles présentaient une tomate ; en arabe tomate se dit « BANADOURA » mais le mot prononcé par une bouche palestinienne se dit « BAN’DOURA ».

Le terme Shibbolet est passé dans l’anglais où il est devenu synonyme de mot de passe. Les SHIBBOLET sont ces signes de reconnaissance qui prétendent tout dire de vous…
 Le mot sert toujours de mot de passe au grade de compagnon. Quand il visite une loge, qu’il voyage et qu’il n’est pas connu, le Maçon devra prononcer le mot de passe à savoir SHIBBOLET. Comme toujours, c’est le caractère symbolique du rite qui l’emporte sur le procédé de filtrage : effectivement, on reconnaît plus sûrement les hommes aux détails révélateurs de leurs attitudes et de leurs discours qu’aux témoignages formels ou aux déclarations d’allégeance. Un maçon est souvent deviné par une attitude à la fois réservée et généreuse ainsi que par une prudence dans ses jugements.

Malgré tout, si le rite maçonnique a choisi ce terme comme mot de passe il doit certainement avoir une symbolique beaucoup plus riche qu’un simple signe de reconnaissance… peut-être dit-il tout de nous ?

Nous nous attacherons d’abord, par l’analyse historique et éthymologique, à découvrir le sens caché de « Shibbolet » ; nous verrons qu’il est intéressant de s’attarder sur sa signification dont l’usage n’apparaît qu’une seule fois dans le texte biblique qui reste, on le sait, la référence en matière de symbolisme maçonnique.

Nous verrons ensuite quelle est la portée maçonnique de Shibbolet.

I-                   (SHIBBOLET : LES DEUX PARTIES D’UN TOUT)

a-     Quel est l’origine du mot ?
Voici une partie de l’histoire de la BIBLE, racontée dans Juges, chapitre 12, (je cite) «Jephté rassembla tous les hommes de Galaad, et livra bataille à la tribu d’Ephraïm ; et les hommes de Galaad défirent ceux d’Ephraïm, car ils disaient : « vous êtes des fuyards, des Ephraïmites ».Galaad occupa les gués du Jourdain pour couper la retraite à Ephraïm ; et lorsqu’un fuyard d’Ephraïm disait : « Laissez-moi passer », les gens de Galaad lui demandaient : « Es-tu d’Ephraïm ? », s’il disait « Non », on lui disait : « prononce donc Shibbolet ! », il prononçait « sibbolet », ne pouvant articuler correctement ; sur quoi on le saisissait et on l’égorgait  près des gués du Jourdain. Il périt ce jour là 42 000 hommes d’Ephraïm.»

b-     Alors quelle signification donner à Shibbolet ?

La traduction la plus courante est EPI DE BLE.
Dans toute les civilisations qui connaissent cette céréale, le blé représente le symbole du cycle mystique de la mort et de la résurrection… sans doute par analogie première avec le grain que l’on met en terre, qui semblent dormir tout l’hiver et qui se réveille triomphant, le printemps revenu.
Principe de vie, le blé symbolise le passage de l’ignorance à la révélation. Il est l’un des emblèmes du Dieu OSIRIS. Comme OSIRIS ressuscité après avoir été tué et jeté dans le Nil, le blé est enfoui dans la terre avant de revivre dans les terres libérées par la décrue du fleuve.

Shibbolet est un mot qu’on trouve dans de nombreuses langues sémitiques ; l’hébreu, le phénicien, le judéo-araméen. Certains travaux rabbiniques montrent que dans « shi » de Shibboleth, il y a l’anagramme  « ish », traduit par            « homme » en hébreu.

Dans sa forme hébraïque le « shi » (de shibbolet) est représenté par trois traits verticaux qui selon une tradition, représentent les trois patriarches (Abraham, Isaac, Jacob). A ce titre, le terme « shi » représenterait alors un lien entre les hommes et le divin, le chemin vertical entre la terre et le ciel… Une sorte de représentation de l’homme «debout».

II-                 (QUELLE EST LA PORTEE MACONNIQUE DE SHIBBOLETH ?)

a-     Afin d’approcher la portée maçonnique du mot, revenons au récit biblique et essayons de comprendre la destruction des Ephraïmites 

Eh bien… Ephraïm était le second et préféré fils de JOSEPH, lui-même l’un des 12 fils de JACOB. Lors de la conquête de la Terre Promise, Ephraïm recevra une double part d’héritage, une terre des plus fertile, en souvenir de JOSEPH qui sauva ses 11 frères de la famine, ceux là même qui l’avaient vendu comme esclave en Egypte.
D’ailleurs « Ephraïm » a pour origine un mot qui signifie fertilité, productivité. C’est dans cette région que s’établissent également les Lévites, ces 2 tribus étant donc les gardiennes de l’Arche de l’Alliance qui contient les Tables de la Loi données à Moïse par YAHVE. Au fil du temps, cette Tribu tombe dans la décadence, oublie les origines de sa prépondérance sur les autres tribus. Le meilleur exemple nous est donné par l’Histoire du Lévite d’Ephraïm qui livre sa concubine aux hommes venus lui chercher querelle ; ces hommes abusent toute la nuit de cette femme et la tue au petit matin.

 Dès lors que ces Ephraïmites prononcent « si » au lieu de « shi », ils font disparaître l’anagramme « ish », c’est-à-dire l’homme. Pire encore, ils évacuent la lettre qui rappelle la mémoire des fondateurs du monothéisme (Abraham, Isaac et Jacob), c’est-à-dire qu’ils en extirpent aussi le divin.

Comment donc une tribu portant en son nom l’idée de fécondité peut-elle à ce point avoir oublié l’origine même de sa prospérité? Un peuple qui gomme la signification de son propre nom, un peuple qui raye son histoire de sa mémoire, qui oublie de donner une place à l’homme et au divin dans le mot qui doit lui assurer la vie sauve, n’est-il pas déjà symboliquement mort ?

III-              (L’ésotérisme du mot)

En choisissant le terme SHIBBOLET, la maçonnerie nous livre un premier secret : nous sommes des hommes debout, nous prenons conscience du lien constant qui doit nous unir avec le Divin à ceux-ci près… à ceux-ci près… que rien n’est jamais acquis ! En effet, rappelez-vous les 42 000 Ephraïmites égorgés… ce chiffre est hautement symbolique ! Dans Mathieu chapitre 1, l’apôtre nous livre la généalogie du CHRIST et conclue qu’entre Abraham et le CHRIST il y a 42 générations : ainsi au travers de ce nombre, la maçonnerie nous livre un deuxième secret : il implique une notion de rupture avec la tradition séculaire symbolisé par l’Arche de l’Alliance et la tribu d’EphraÏm ; il établit une relation nouvelle entre l’Homme et son Créateur. Les 42 générations qui se sont succédés deviennent caduques. En égorgeant 42 000 Ephraïmites au gué du Jourdain , le message est clair : Pour entrer en Terre Promise, le seul fait d’être l’héritier d’une ancienne Alliance est voué à l’échec. Il faut être un épi de blé, c'est-à-dire avoir été mis en terre, mourir et renaître à la vie. SHIBBOLET est l’expression même de la renaissance à la vie et du lien qui doit exister entre l’homme et son créateur. Les Ephraïmites croyaient détenir, égoïstement, au travers de l’Arche de l’Alliance le témoignage bienveillant d’un Dieu depuis 42 générations…, se faisant, ils ont déformé leur propre histoire, ils se sont éloignés des sociétés voisines, vivant en vase clos et se refermant sur eux-mêmes.

Cet isolement m’amènent, bien-sûr, à vous parler de ce qui sera le troisième et dernier secret du mot shibbolet…à savoir la vocation universelle de la Franc-Maçonnerie !

Comment comprendre, pour nous Maçons, le décalage évident entre la vocation universelle de la Franc-maçonnerie et ce mot dont l’unique usage est de distinguer l’Etranger d’Ephraïm afin de le mettre à mort… Une relecture attentive de la généalogie de Jephté peut nous fournir un élément de réponse.

Saviez-vous que Jephté, le héros de Galaad était le demi-frère des Ephraïmites, son père étant d’Ephraïm et sa mère une prostituée. Il est donc la synthèse de deux origines, Ephraïm et Galaad… on peut dire tradition et révélation.

De plus, les conclusions d’Orateur lors de mon passage au grade de Compagnon m’ont éclairé sur un autre aspect de l’obligation de VOYAGER :
(je cite) « Voyager n’est pas nécessairement découvrir de nouveaux paysages mais tout simplement APPRENDRE A OUVRIR LES YEUX !!! »

Nous-mêmes maçons sommes l’ensemble, le TOUT de deux parties : EPHRAÏMITE et GALAADITE… Et l’Ephraïm et à chercher en nous même ! Nos origines, notre religion souvent culturelle et sectaire, nos convictions tout simplement ne doivent pas nous cadenasser au détriment de la nécessaire ouverture d’esprit et de l’acceptation de points de vue différents. Comme le goëland Jonathan Livingstone, « nous avons brisé nos chaînes, nous avons fait sauter les barrières de nos contraintes, nous avons exigé la liberté comme un droit » … en ce sens la Franc-Maçonnerie est universelle.

Alors mes Frères… Qu’en pensez-vous ? Ce mot de passe, Shibbolet,  ne dit-il pas tout de nous ?

En tout état de cause, quand il est prononcé correctement, ce mot :

-         Témoigne de l’omniprésence du Grand Architecte,
-         Authentifie l’initiation, véritable renaissance,
-         Et garantie l’esprit d’ouverture du compagnon…gage du caractère universel de la FM !
 
J’ai dit V\M\

S
\ Z\

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