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Rencontre de la Règle, du Compas et du Levier

Alors pourquoi ne pas transposer ces outils de compagnon dans une fable de Jean de La Fontaine, et se laissait bercer par des jeux de mots dont nous serons les instruments. Ecoutez donc cette histoire :

Le Laboureur et ses enfants
Travaillez, prenez de la peine :

C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ.

La règle - C\ J\

Le 1er fils, leva la tête au ciel et chercha l’ombre sur le sol, il était midi au soleil et le travail devait commencer !

Il avait 24 heures pour qu’un nouveau jour se lève. Il organisa avec grande équité la première journée et les suivantes, ils étaient trois enfants et, à chacun tour à tour 8 h de travail leur était donné, 8 h pour se divertir et 8 h pour se reposer, le temps était précieux.

Il observa le champ pour en évaluer la distance, mais il se dit que « L’œil le plus juste ne valait pas une règle » (proverbe chinois).

Ainsi fait, sans perdre une seconde, dans un souci d’établir le plan de cette immense surface, Il prit alors sa règle pour en faire bon usage. La discipline, la rigueur et la constance l’animaient.

Il lui fallut beaucoup d’effort et d’énergie pour mesurer le champ, en vérifier les alignements, car il était si grand !

Il lui fallut en vérifier la justesse des proportions pour remuer la terre avec précision !

Il lui fallut aussi limiter les distances pour éviter tout égarement et ne pas dépenser plus d’énergie qu’il n’en faut.

Méthodiquement, il traça une ligne droite pour définir dans cet espace, l’emplacement où creuser, gratter et fouiller, il avait le sens de la précision dans l’exécution. Mais il lui était impossible avec sa règle seulement de soulever les pierres qui encombraient le sol, pour cela il comptait sur son deuxième frère, qui maniait le levier avec force et puissance, alors il lui marqua au mieux sur sa ligne droite un point d’appui pour être efficace, de même qu’avec sa règle  il ne pouvait en déterminer le centre, il comptait donc aussi sur son 3ème frère, qui maniait le compas avec grande dextérité pour définir l’axe de symétrie de ce vaste chantier. Ses frères comptaient sur lui pour leur tracer la voie et Il comptait sur eux pour vaincre les obstacles.

Chacun avec ses outils mais pourtant indissociable, ils avaient en commun un seul objectif, unir leur savoir, leur persévérance et leur force pour trouver ce trésor à partager ensemble. Sa journée fut longue et laborieuse, venait pour lui le temps de se divertir et de se reposer, devant l’étendue du travail, il avait donné la direction de la conduite à suivre et laissa donc à ses frères le soin de continuer l’ouvrage…

Le levier - C\ B\

Le 2ème fils prit alors le levier, fort et courageux, du principe d’Archimède il avait fait devise « Donnez moi un point d’appui et je soulèverai le monde ».

La lumière déclinait, empreint de réflexion il observa le champ,
Sa volonté inflexible mesurait l’ampleur de la tâche,
Le sol était hostile, recouvert ça et là de rocs et de caillasses,
La connaissance de son outil, lui permettait de mesurer la valeur de ce qu’il avait à soulever
A l’aide de celui-ci, Il devrait vaincre l’obstacle et ses mains vigoureuses se serviraient de lui,
Il ne ferait plus qu’un pour soulever les masses.

Mais il s’interrogea sagement, saurait-il évaluer le pouvoir de son outil et la force nécessaire à son maniement.

Prenant un point d’appui sur cette ligne droite tracée avec rigueur par son 1er frère, il comprit vite alors qu’il devrait maîtriser sa force, le tracé de la règle exerça ce contrôle.

Alors, Il entreprit laborieusement et tout en sueur de soulever ce roc qu’il appela « le Monde »
Mais son outil se heurta à tant de résistance, qu’il en appela à son bras pour trouver la puissance.

Il démultiplia ses forces pour poursuivre l’effort, mais son cœur y croyait. Sa volonté fut mise à rude épreuve mais grâce au point d’appui, au point d’impact et à la pression exercées  sur son outil, enfin le rocher se mit à bouger.

Pendant des heures durant, il déblaya le sol, faisant rouler ces pierres qui encombraient le champ, ainsi plus rien ne les gênerait, ils pourraient à présent ensemble creuser et trouver ce trésor si bien caché !

Fatigué après ces rudes efforts, son travail accompli, il appela son 3ème frère pour parfaire la tâche, puis s’en alla heureux se divertir un peu !

Le compas - C\H\
Le 3ème fils, après avoir apprécié le travail de ses frères, sans attendre se mit à l’ouvrage.
D’une nature scientifique et passionné de géométrie, il avait pour lui l’esprit et la rigueur des mathématiques.

A l’aide du compas, outil de précision, il pu tracer un grand carré long. Délimitant ainsi le champ, qui 16 heures durant, avec ardeur, avait été retourné dans tous les sens par ses aînés.
Il traça de longues tranchées ouvertes, mais point d’or, ni d’argent amassés ou cachés !

D’un esprit créatif et son envie de construire l’incita à ouvrir encore son compas. Il traça alors deux sillons et bien d’autres encore et grâce à son outil. Il pu exactement entre chacun d’eux reporter les distances, s’assurant ainsi de leurs parfaites symétries.

Il avait emporté dans ses poches des semis, et bien lui en pris. De semer cette terre qui, si bien avait été préparée par ses frères. Il avait par ce travail acharné donné à ces sillons l’homogénéité pour ses futurs semis. Il était à lui seul la raison qu’il avait été nécessaire de mettre en action. Il pu enfin semer le blé et su alors, face au soleil couchant sur l’horizon lointain. Que main dans la main, leurs esprits ouverts empreints de compréhension les uns envers les autres.

Qu’ayant mis en commun leur connaissance, ils pourront à eux trois, d’ici quelques mois, entreprendre la moisson. De ce Trésor promis par leur père, ils s’étaient enrichis. Le blé se mettrait à germer…et pour la récolte prochaine, l’épi se courberait pour être moissonné.

Il se souvint d’un livre qu’il avait tant aimé, où Jules Verne y disait, parlant aux « Naufragés ». « C’est à force de répandre le bon grain qu’une semence finit par tomber dans un sillon fertile ». (Extrait : « Les Naufragés du Jonathan »)

Mais avant que l’Out ne vienne, il partit à son tour se divertir gaiement et sans aucun doute aussi se reposer un peu.

C\ B dit : Ainsi la fable se poursuit :

C\ H\

Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an. Il en rapporta davantage. D’argent, point de caché. Mais le père fut sage. De leur montrer avant sa mort. Que le travail est un trésor.

C\ J\

Après que l’Out fut venu, point de trésor caché, mais dans le champ à la place, le blé avait poussé, heureux et satisfaits, ils voulurent le nommer…mais ça c’est un secret, qu’ils sauront bien garder !

La morale de cette histoire est certes de très grande valeur. Nos trois Compagnons ont bien compris que la fortune attend souvent, ceux dont la pensée va au-delà des apparences. Ils ont appris tout au long de cette fable que l’union fait la force, que le savoir, la rigueur, l’ouverture d’esprit, la réflexion, la sagesse et la droiture dans l’unité leurs permettront de construire sur des bases solides l’architecture de leur Temple intérieur, mais comme dirait un autre fabuliste.

N\ B\ :

(FF\ SS\ Compagnons à trois voix)

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez
Ajoutez quelque fois, et souvent effacez !

Et nous lui répondrons que la leçon a porté, qu’ici tout est symbole, mais nous n’avons que 5 ans !

Nous avons dit, Vénérable Maître.

T\ J\


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