GLNF Loge : Saint Jean d'Ecosse et la Vertu persécutée - Orient d'Avignon Date : NC


Confucius :
Son enseignement est souvent très proche
 de l’instruction maçonnique
6006-8-1

Lao-Tseu, après avoir occupé de hautes fonctions administratives, quitte la ville sur son boeuf, dit la légende, et se retire dans la nature qui à ses yeux prend une dimension cosmique, cette nature qui pour le Taoïste, devient tout entière un Temple. Baudelaire (Les Fleurs du Mal, IV) dira en poète : « La Nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles » . De même le F\ M\ se retire du monde le temps de la tenue pour venir construire un Temple, dans l’espace sacré aux dimensions cosmiques. Puisque la vertu est le thème de ce travail, et qu’au 1er degré, le mot vertu est cité 7 fois, attardons-nous sur ce mot.

Chez nous le mot vertu a deux sens ; la vertu au sens moral, dans un contexte chrétien ; et la vertu, qualité d’une chose en relation avec sa fonction, la qualité pratique de la chose. Ce sens nous vient peut- être de l’alchimie ou de l’ancienne médecine. Par exemple, la vertu de la verveine est de calmer, vertu calmante. L’ancienne médecine reposait sur les vertus des plantes. Le mot vertu a alors le sens de qualité propre. La vertu c’est alors la nature de la chose, sa nature originelle. Le Taoïste s’efface pour ne faire qu’un avec sa Nature propre qui n’est autre que la Nature cosmique, la Loi cosmique, qui met l’univers en mouvement et donne la vie aux êtres, aux 10000 êtres disent les orientaux.
« Que la Volonté de Dieu soit faite», formule chrétienne, deviendra en Orient «que la volonté de la Nature, que la Loi, la Vertu propre à toute la création s’accomplisse par moi »; et tout le travail du sage est d’en retrouver le principe et de s’y accorder, de l’incarner. La Nature, ou plutôt sa Loi, a ici le même rôle primordial que Dieu dans les religions du Livre ; elle est la source suprême comme Dieu l’est pour les Chrétiens ; elle est le Maître suprême, avec cette différence que Dieu existe hors de ce monde, alors que la Nature est ce monde et nous-mêmes. Spinoza tentera la jonction entre les 2 points de vue; pour lui, Dieu est la Nature à la manière peut-être des Taoïstes. La vertu consiste alors à mettre son désir en harmonie avec la Nature, c’est- à-dire avec l’ordre cosmique qui n’est autre que Dieu ; et la joie de vivre, la béatitude qui est le produit de la pratique de cette vertu s’ensuivra.

Tao, Dao, en chinois, Dô en Japonais signifie sentier ou encore accomplir, faire, réaliser. On traduit par la Voie.
S’engager dans la Voie c’est adhérer à la Loi « Dharma en sanscrit ». Le titre de l’ouvrage le plus célèbre du Taoïsme, le « Tao Te King » se traduit par « Le livre de la Voie et de la Vertu » mais aussi par « Le Livre de l’efficacité » . Car l’esprit des Chinois ne s’éloigne jamais de la pratique, de l’action à réaliser, qui sera efficace si elle est juste, c’est-à-dire adaptée à son but. Il ne s’agit pas d’actions d’éclat, mais des gestes de la vie quotidienne, ou des gestes de l’artisan. On retrouve cela en Inde avec un Yoga particulier, appelé le Yoga des oeuvres.
La vertu taoïste enseigne le non-agir afin de combattre l’agitation de l’Ego entreprenant. Pascal qui était aussi un mystique, déclarait que tout le malheur du monde vient de ce que l’homme ne sait pas demeurer dans sa chambre. L’Ego doit disparaître afin de réaliser en soi-même l’unité, l’Un avec le Tao, avec la Loi cosmique qui tourne la roue du changement, appelée dans les Tarots « Roue de la Fortune ».

Il s’agit de mettre fin à la dualité corps/esprit ; mental/vie ; et même agir/non-agir. Le Taoïste est le 3ème terme qui permet de retrouver l’unité par l’union des contraires. C’est ramener la dualité à l’unité par la conscience des contraires, des opposés. Le taoïste pratique le paradoxe : il agit sans agir ; il est agi par la voie, le Tao, la loi unique et multiple qui gouverne l’univers. Il veut être Un avec le Tao ; il est le Tao. La vertu qu’il recherche dans ses actes, c’est l’adéquation parfaite, en symbiose, avec la Loi, le Tao, l’énergie cosmique organisée qui anime les êtres et les choses et qui l’anime lui-même. Il doit agir sans y penser car c’est le Tao qui agit en lui; sans que sa personnalité, sans que son Ego intervienne ; il veut ainsi être en accord avec la vie qui est perpétuelle transformation. « Non agir », c’est agir juste, de manière adéquate, appropriée à l’événement C’est pratiquer la voie du juste milieu, évitant tout écart du droit-fil de la Loi, du Tao.

La voie du juste milieu, hors de l’ego

Au Japon cette vertu d’accord spontané, instantané et juste avec la Loi, cette énergie organisée et en acte produira les Arts Martiaux. Pour être efficace, le pratiquant épouse le mouvement, l’accomplit, s’accorde à lui sans jamais le contrer. Dans cette voie on recherche constamment le centre de l’action, le juste milieu où triomphe l’efficacité de la Loi qui anime les êtres. Elle est notre guide, c’est notre plus grand maître. Elle est l’idée centrale, le centre de l’idée, qui ne peut être défini, mais peut être pratiqué. La respecter c’est aussi respecter la vie, c’est aussi respecter la nature de l’homme. Agir en accord avec la nature, et non contre elle, c’est s’assurer une vie heureuse, tournée vers l’harmonie et le respect des vies animales et minérales.
L’autre grand Livre chinois, le Yi-king dont tout le monde connaît le symbole, ce cercle où se rencontrent dans un tourbillon le Yin et le Yang, les 2 pôles de l’énergie toujours en mouvement pour transformer les choses, s’appelle précisément « le Livre des Transformations ». Car pour un Oriental, tout change constamment ; rien ne demeure excepté l’impermanence des choses, le changement. Il y a en conséquence une Alchimie chinoise d’inspiration Taoïste. S’ils voient le monde en perpétuel changement, les Taoïstes seront tentés de croire « dur comme fer », à la transmutation des métaux en or. Nous savons que le rappel de cette tradition dans le cabinet de réflexion, avec la présence du soufre, du sel et du mercure, figure de manière symbolique une possible transformation de l’homme.

Car aveuglé par l’ignorance, l’homme vit dans l’obscurité. Lorsqu’il perçoit le Tao, il se dirige vers lui, peu à peu sa vie se transforme. Il pense et agit juste. Il fuit la renommée et l’abondance, recherche le silence et les rythmes naturels. II devient libre de ses passions et de ses désirs en sachant les maîtriser sans les repousser. Il s’éveille à la vraie vie et contemple sa lumière intérieure. Il a vaincu la mort car il sait désormais qu’elle n’existe pas et n’est qu’une illusion tout comme la vie. C’est en cela que l’on peut dire qu’il est devenu immortel. Il retourne à l’océan du Tao comme le bouddhiste retourne au Nirvâna, en conformité avec la Nature originelle ou pour le dire autrement, avec le Principe.

Petite bibliographie :

-Tao Te King de Lao Tseu. Albin Michel éditeur ; collection de poche « spiritualités vivantes ;
-Leçons sur Tchouang-Tseu de Jean François Billeter ; éditions Allia ;
-Clés pour le Zen de Thich Nhat Hanh ; édition Pocket chez J -C Lattés - Indouisme et Bouddhisme de Ananda K Coomaraswamy ; folio essais ; Gallimard ;
-L'esprit du Tao de Jean Grenier « Champs-Flammarion » (poche) ;
-Le zen dans l'art chevaleresque du tir à l’arc de E.Herigel chez Dervy-Livres notamment ;
-de nombreux ouvrages sur le zen de Taisen Deshimaru chez Robert Lafont notamment.

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