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Confucius
 Sa vie, sa Doctrine, son Héritage


Je vais vous parler ce soir d'un des cinq grands initiés reconnus par la franc maçonnerie.

I - SA VIE

Né vers 551 avant J. C. dans la province de Chang Toung, située dans le nord est de la Chine, celui que les Jésuites nommèrent bien plus tard " CONFUCIUS " est mort vers 479 avant J.C; il est par là contemporain de Bouddha en Inde et de Pythagore (autre grand initié) en Grèce.
Son nom véritable est KONG FOU TSEU (Tseu signifiant Maître), donc Maître KONG.

Présumé lointain descendant d'une dynastie royale, le petit KONG naquit au sein d'une famille modeste. Son père, officier de rang subalterne, épousa à plus de soixante dix ans une jeune fille d'une quinzaine d'années.
Son enfance flat " pauvre et obscure ", car ayant perdu son père à l'âge de trois ans, sa mère l'éleva avec les maigres revenus qu'un lopin de terre, octroyé aux veuves de fonctionnaires sans fortune, lui rapportait.
Il est certain que ce quasi dénuement influença et marqua profondément l'enfant, car il n'eut de cesse d'étudier et de travailler pour améliorer sa condition. Son ambition était grande.

Au delà du récit hagiographique de sa vie, la vérité nous oblige à constater qu'elle fut plate: sans apothéose, ni martyre. Elle apparaît plutôt comme l'histoire d'un échec, l'échec d'un homme qui, naît dans des conditions modestes, y restera toute sa vie.

Confucius nourrissait de grandes ambitions politiques mais ne parvint jamais à les réaliser. La plupart de ses disciples réussirent très vite à s'imposer, alors qu'il resta un théoricien et un enseignant. Il fut un moralisateur prodiguant ses conseils aux souverains qui voulaient bien l'écouter. Par ce fait, il tentait de poser quelques principes dans le monde de chaos qui était la Chine d'alors.

A l'instar des autres grands initiés que furent Pythagore, Moïse, Socrate et Jésus, il écrivait très peu et son enseignement nous a été délivré par ses disciples.
Il s'appliqua avec rigueur et constance aux études, se maria très jeune, puis vers l'âge de vingt deux ans ouvrit une école où il enseignait les disciplines officielles de l'époque : les rites, la poésie, l'histoire et la littérature.

Il n'eut de cesse de tendre vers l'Idéal qu'il s'était fixé et dont nous parlerons dans sa doctrine, mais laissons lui la parole un instant :
    à quinze ans    J'e m'appliquais à l'étude
    à trente ans    j'étais fermement établi
    à quarante ans    je ne doutais plus
    à cinquante ans    je connaissais le " Décret du Ciel "
    à soixante ans    je comprenais ce que j'entendais
    à soixante dix ans    je ne transgressais plus la " Règle "

Ainsi décrit il son itinéraire spirituel.

La légende veut que le père de KONG, ou plutôt celui qui allait le devenir, étant âgé, sa mère craignant de ne pouvoir avoir un enfant mâle, alla donc prier en secret dans un temple situé sur une colline; la nuit suivante elle vit en rêve " Le Seigneur Noir " (le Dieu des Eaux) qui lui dit " vous donnerez le jour à un fils, un sage; cet enfant né de l'essence de l'eau succédera à la dynastie des TCHOU comme un roi sans couronne".
Le jour de son accouchement, l'air résonna d'une musique céleste, et pendant que son enfant naissait, elle entendit ces paroles

" le ciel ému de vos prières vous a donné un fils Saint".

Je pense que vous avez tous noté l'analogie troublante avec " l'Annonciation faite à Marie " dans le christianisme.
Confucius lui même guetta toute sa vie les signes qui auraient fait de lui le Messie, mais il ne les reçut point.
Il mourut à l'âge de soixante douze ans. 

II - CHINE ET RELIGIONS
Il n'y a jamais eu à proprement parler de religion en Chine, si l'on entend par ce terme un ensemble de croyances relatives à un ou plusieurs Dieux, en accord avec une conception de la Condition Humaine, et s'exprimant dans le cadre d'une Eglise par un Rituel.
La Chine n'est pas un pays de religions mais le pays des Doctrines.

Le Confucianisme avec son contemporain le Taoïsme (fondé par LAO   TSEU), puis le Bouddhisme (fondé par BOUDDHA qui veut dire l'Eveillé) plus tard, forment les "trois Doctrines" ayant forgé au cours des siècles une "Religion Populaire" qui empruntait :
     au Confucianisme :    le comportement quotidien
     au Taoïsme :     les purifications exorcismes
     au Bouddhisme :     les rituels funéraires.
Comme il ne s'est jamais trouvé en Chine un organisme centralisateur pour unifier et codifier ce bouillonnant mélange, la " Religion Populaire Chinoise n'a jamais été qu'une immense mosaïque religieuse et mythologique.

III - LA DOCTRINE
Confucius était un transmetteur, non un créateur. Il appuyait son enseignement sur cinq textes sacrés anciens, écrits bien avant la naissance de Confucius. 

LE LIVRE DES DOCUMENTS HISTORIQUES :
Recueil des discours et actes des anciens Princes.

LE LIVRE DES ODES
Contenant 305 chansons anciennes laïques ou religieuses.

LE LIVRE DES CHANGEMENTS
Technique de l'art divinatoire

LE LIVRE DES RITES ET CEREMONIES
Culte des Anciens

LE LIVRE DES ANNALES DES PRINTEMPS ET AUTOMNES
Chronique des événements survenus entre le VII ème et le V ème siècle avant J.C. dans la province de Confucius.

Il convient d'ajouter à ces livres sacrés, les " ENTRETIENS DE CONFUCIUS " écrits par ses disciples, et qui contiennent vingt chapitres allant de 1Etude au Mandat Céleste, en passant par l'Ambition, l'Art de gouverner, l'Homme de bien et d'autres sujets.

LA PENSEE CONFUCEENNE
C'est un humaniste, un modèle idéal de l'homme et de l'homme seulement, un art de vivre.
Sa vocation est de démythologiser les croyances chinoises en transformant " les Etres surnaturels en Vertus ", " le ciel cesse d'être un Dieu mais reste un principe qui garantit l'Ordre".
Cette phrase est à rapprocher du contexte Maçonnique qui définit le Grand Architecte de l'Univers comme le principe créateur symbolisé par l'Oeil du Triangle qui voit tout et veille à l'équilibre des choses.

La critique Confucéenne de la Religion traditionnelle chinoise, ressemble à celle du Bouddhisme, mais differe de celle ci, car elle ne concerne pas le " Salut de l'Aine ", il n'y a aucune pensée métaphysique chez Confucius.

Voici ce que répondait le Maître à un de ses disciples qui lui demandait :
" comment servir les Dieux ? "
"Tant que l'on ne sait servir les hommes, comment peut on servir les Dieux ? ". " Tant que l'on ne sait pas ce qu'est la vie, comment savoir ce qu'est la mort ? ". Cette réponse signifie qu'il faut abandonner la quête d'une réalité invisible. En une formule lapidaire, la pensée maîtresse de Confucius pourrait être

" LE PARADIS ? ICI ET MAINTENANT ET NON AILLEURS ET APRES "

DEVELOPPEMENT

Le maître mot de la Doctrine Confucéenne et le R E N : ~ en écriture chinoise est un idéogramme composé de deux caractères dont :
     le premier      signifie HOMME
     le second      signifie DEUX
donc, l'idéogramme symbolise deux hommes unis et par développement
" AIMER LES HOMMES "

Le R E N est donc la quête permanente de l'amour de son prochain ( réf. Religion Chrétienne) et toute la Doctrine a pour fondation cette idée force.

Comment aimer les hommes ? à cette question Confucius répondait: " en cultivant en soi la capacité de conforter son prochain sur un plan individuel, et de trouver la force de donner au peuple paix et réconfort sur le plan collectif. "
C'est sur ce dernier point, une démarche politique au sens noble du terme : " servir et non se servir ".
Les composantes du REN sont toutes de nature relationnelles et nous allons les détailler.

Le JUN   ZI ( littéralement homme de bien ) est le nom donné à celui dont le but est de tendre vers le REN et de l'appliquer dans les domaines suivants

a) Piété filiale
Etre un bon fils, c'est prendre part au gouvernement : "
Le fils doit être à son père ce que le ministre est à son souverain ". C'est une attitude politique.

b) Loyauté et respect de la parole donnée
Ce qui nous rapproche beaucoup d'une valeur essentielle de notre ordre.

c) Respect des rites.

d) Discernement et courage
Le JUN ZI ( homme de bien ) doit posséder à la fois ces deux qualités, car le courage est une arme à double tranchants et doit donc être tempéré par le discernement.
 
A ce propos, je voudrais citer une réponse de Socrate en forme d'anecdote sur le courage.

Socrate demanda à un valeureux guerrier :
  "qu'est ce que le courage ?"
Le guerrier répondit  
"c'est ne jamais céder devant l'ennemi, défendre sa cité jusqu'à la mort, ne pas reculer".
Alors Socrate dit   "et si l'intérêt de la cité, la stratégie te dictent de te replier ?".
  "alors je recule bien sur".
et Socrate de conclure
  "donc, ne jamais céder ou bien reculer parfois sont tous deux des actes courageux; nous ne savons donc pas ce qu'est le courage !".

Pour Confucius toutes ces qualités amènent le JUN ZI a avoir des responsabilités politiques.

L'anecdote de Socrate est à rapprocher de celle de Confucius, à qui un disciple demandait   "Si vous aviez une grande armée à commander, qui choisiriez vous pour vous aider?"

Le Maître répondit
  "Un homme prêt à affronter le tigre à mains nues, traverser un torrent bouillonnant à la nage, un casse cou qui mourrait sans regret, je n'en voudrais à aucun prix. Il me faut quelqu'un qui aborde les problèmes avec circonspection et préfère réussir par la stratégie plutôt que par témérité."

Voici donc brièvement# résumé, la pensée Confucéenne qui, à la différence des morales traditionnelles n'est pas une théorie de la conduite humaine, mais une application quotidienne ayant pour but de réaliser totalement dans sa pensée et dans ses actes la Vertu, la Morale.

IV - EXTRAITS DES ENTRETIENS

Je ne peux résister au plaisir de vous livrer quelques citations de Maître KONG, qui mieux que des longs discours, vous pénétrerons de sa pensée.

Sur le REN
le disciple: "Qu'est ce que le REN" le Maître : "C'est aimer les hommes" le disciple : "Et la sagesse" le Maître : "C'est connaître les hommes, c'est savoir choisir les hommes de droits et les placer au dessus des hommes pernicieux, afin que ces derniers soient redressés".

Sur l'art de gouverner
"Si vous gouvernez à force de lois, si vous maintenez l'ordre à coups de châtiments, le peuple se contentera d'obéir, sans éprouver la moindre honte. Gouvernez par la vertu, alors le peuple connaîtra la honte, et de lui-même, tendra vers le bien."

Sur les hommes politiques
a)  "L'homme de bien (JUN ZI) converse dans l'harmonie sans s'abaisser au compromis, l'homme de peu commerce dans le compromis, sans trouver l'harmonie."
b)    le disciple: "Qui n'est pas digne de gouverner ?"
        le maître : "Celui qui donne sa parole sans la tenir, celui qui entreprend sans achever."
        le disciple: "Que pensez vous des ministres d'aujourd'hui ?"
        le maître : "Oh ! ceux là, ils ne pèsent pas lourds, impossible de les prendre au sérieux !"
        (Contrairement aux apparences, ce texte n'a pas été écrit de nos jours, mais il y a 2500 ans)
c)  "Le meilleur des Princes est celui dont le peuple ignore le nom !"

Sur l'ambition
    "Au tir à l'arc, quelle vanité de vouloir transpercer la cible, il y en aura toujours  de plus fort que toi ! Ce qui importe c'est la rectitude du geste."

Sur la Fraternité
     le disciple : "Tout le monde a des frères et je suis le seul à être fils unique !"
     le maître :    "L'homme de bien fait son devoir sans faillir, possède le sens du rituel, pour lui, tous les hommes sont Frères !"
5 siècles avant J. C., Maître KONG nous donnait une définition de ce que doit être un F\M\

Pour en finir avec les citations, je voudrais insister sur le fait que Confucius est un homme qui n'a pu accomplir son idéal, son rêve
le Maître dit :     "Le Phénix ne vient toujours pas,
                           le fleuve ne fait apparaître aucune charte,
                           Toutes les chances sont perdues pour moi !"
En effet, ces deux signes étaient annonciateurs de l'avènement du Sage Sauveur que Confucius rêvait d'être.
"Le Phénix devait le survoler et le Dragon sortir du fleuve jaune." (Livre de l'art divinatoire)

V - L`HERITAGE

L'enseignement de Confucius tardât à s'imposer, il ne fut consacré officiellement par 1'Empereur WU de la dynastie des Wan que vers 135 avant J. C. ,
Le livre des Entretiens devint manuel de base de l'éducation au 12ème siècle, puis à partir du 16ème siècle, les missionnaires Jésuites l'introduisirent en Occident où il exerça sur l'Europe des Lumières une influence considérable bien que peu connu.

Leibniz, Wolff en Allemagne, Burton, Goldsmith en Angleterre et surtout Voltaire, Montesquieu, Turgot en France y trouvèrent l'idée d'un gouvernement, fondé sur l'éducation et le mérite, sans distinction de rang ou de naissance et tendant au bien être du peuple. Idée maîtresse qui présida à la "REVOLUTION FRANCAISE" avec bien sûr d'autres apports.

VI - CONCLUSION

En étudiant Confucius, ''Y ai pris un plaisir immense et en ai tiré un grand profit.
J'y ai trouvé des passerelles avec le Christianisme, les philosophes Grecs et surtout la Franc Maçonnerie.

Socrate disait: "CONNAIS TOI TOI MÊME"
Confucius termine les "Livres des Entretiens par ce mot: CONNAIS LES HOMMES

Bien sûr, tout n'est pas bon à prendre dans la pensée Confucéenne, dont le principal grief qui pourrait lui être fait, est de concevoir une société figée dont est bannie toute forme de fantaisie, mais quelle source riche d'enseignements à laquelle nous pouvons nous abreuver !

Le Confucianisme est donc un humanisme concret et de la pratique avec le sentiment profond d'une constante de la nature humaine.

"Deviens ce que tu est." disait GOETHE "Deviens ce que l'homme est." pourrait être la maxime de Confucius

"Mais qu'est ce que l'homme ?" demandait le Sphinx toujours assis au bord du désert !

J\ T\

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