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Gloire au Travail


Contrairement à l’oisiveté qui n’occupe que 3 petites lignes dans le dictionnaire en donnant une définition claire et nette comme suit : « état d’une personne oisive, qui ne fait rien, qui ne sert pas, improductif », le mot travail, lui par contre, occupe presqu’une colonne entière.

L’oisiveté apparaît donc comme une tare.

Apparaître oisif est dévalorisant. Le mot lui-même ne semble même pas mériter que l’on s’y attarde… qui ne fait rien, qui ne sert pas, improductif !

Quand au contraire, travailler valorise l’Homme aux yeux de ses semblables. De son coté l’Homme qui travaille se sent utile aux siens et à la société.

De tous temps, l’Homme a eu besoin de travailler pour nourrir sa famille. Aujourd’hui, rien n’a changé. L’Homme a toujours les mêmes besoins vitaux à satisfaire, de nouveaux s’y sont greffés et d’autres viendront renforcer l’idée que sans travail on ne peut suivre l’évolution de la société.

Sans travail, donc sans argent ou très peu, en tous cas pas assez pour « suivre », « être dans le coup », on se retrouve exclu de la société. C’est ainsi que se créent les castes. C’est la société du paraître qui l’emporte sur l’être.

Mais ce sont ici considérations bien terre à terre et purement profanes et le travail qui m’a été demandé s’intitule « Gloire au travail ». C’est donc une vision différente du travail et de son exécution que je vais tenter d’adopter et développer pour vous.

Je n’ai reçu aucune éducation philosophique, encore moins religieuse. Néanmoins, il m’est arrivé d’entendre l’expression « Gloire à Dieu ». Cette expression qui s’adresse aux croyants et plus surement aux pratiquants signifie quelque-chose comme « prier pour la grandeur de Dieu », pour qu’Il vive éternellement.

Une des définitions du mot Gloire est : auréole lumineuse qui entoure le corps des personnes divines.

J’aimerais donc traiter mon sujet en m’inspirant de cette définition. Gloire au travail c’est auréoler le travail. Le mettre au cœur des préoccupations de chaque franc maçon. Rayonner, c'est-à-dire penser et agir de façon à ce que le plus grand nombre bénéficie de nos réflexions et actions. Penser en permanence à la règle à 24 divisions qui nous rappelle que chaque heure de la journée d’un Frère doit être utilement utilisée. A partir du grade de Compagnon, cette règle prend tout son sens. Il nous est désormais possible de parler, alors, que ce soit pour échanger sur sa journée de travail fraternel ou celle à venir, envers l’humanité.

Néanmoins, même dans le cadre d’un travail profane, donc de sa profession, il est possible d’avoir une démarche, un comportement maçonnique. Si l’on garde  l’esprit compagnonnique de l’ouvrage bien fait, effectué avec amour.

Alors, peut-on être Franc-maçon et oisif ? Bien évidemment non. C’est antinomique.

Le Franc-maçon, afin d’apparaître à juste titre estimable et respectable, se doit de s’appliquer à lui-même quelques règles élémentaires de droiture et de rectitude. Discret comme il se doit, il apparaîtra néanmoins différent, attirera l’attention de par son comportement et ses propos et sans nul doute déclenchera des interrogations. On voudra le copier, il sera un exemple mais saura rester modeste et humble.

Dès le grade de compagnon, il nous est permis de voyager seul. Petite aparté, autant en tant qu’apprenti on voulait tout voir et tout savoir, autant quand on est compagnon on hésite à s’aventurer seul, les Maîtres sont plus que jamais indispensables à tout compagnon raisonnable.

Dès le grade de compagnon donc, il nous est permis de voyager seul. Il nous faudra apparaître digne de notre condition, sous peine de faire rejaillir sur l’ensemble de notre atelier et des Frères qui le composent notre suffisance et notre médiocrité.

Je ne suis pas certain que l’Homme puisse s’accomplir dans n’importe quel métier. Un ouvrier à la chaine, par exemple, s’il s’attache à faire correctement son travail, c’est surtout dans le but de le garder, ensuite vient peut-être l’appréhension d’un vague sentiment d’utilité. Mais ce sera de toute façon au service d’une entreprise, donc par définition, au service d’une entité dénuée de tous sentiments humains.

Par contre, le même ouvrier, une fois son labeur accompli, peut s’atteler à une autre tâche, un autre travail. Un qu’il aura à cœur de glorifier : faire œuvre d’utilité publique, se mettre au service de la collectivité, travailler en compagnon. Ainsi, il sera libre de travailler et d’y trouver les plus grandes joies possibles, sans fatigue ni lassitude, car mu par ce profond désir de servir son prochain.

Un Franc maçon commence toujours la présentation d’une planche par la phrase rituelle : «A la gloire du grand architecte de l’univers ». Je crois qu’elle est là la solution, travailler A la gloire du grand architecte de l’univers et non pas seulement pour soi. Le compagnon devra travailler plus sur lui-même que pour lui-même. En effet, le compagnon apprend et répercute ce qu’il apprend dans son existence. C’est un eternel cycle de transmission : nous nous nourrissons de l’expérience de nos FF aînés et nous tentons de transmettre, à nos semblables, initiés ou non.

Le but de la franc-maçonnerie est de faire en sorte d’améliorer l’être humain pour le bien de l’humanité.

A mon sens et à cette fin, un franc maçon doit mener de front trois vies.

-1) sa vie profane, afin de pourvoir à ses besoins et ceux de sa famille et de tous ceux dont il se sent responsable. C’est la vie professionnelle, mais prenons garde à ce qu’elle ne devienne pas une aliénation.

-2) sa vie maçonnique, qui lui permettra de travailler sur lui-même afin de pouvoir vivre sa troisième vie.

- et c’est cette troisième vie qui sera sans doute la plus exaltante car elle lui permettra d’appliquer, sur le terrain, si je puis m’exprimer ainsi, ce qu’il aura appris de lui-même. C’est cette troisième vie qui sera son travail perpétuel et qui lui permettra de glorifier son travail maçonnique. Comme l’artiste, qui durant des mois et des mois prépare un nouveau spectacle et qui une fois arrivé devant son public, donne tout ce qu’il a. Il se met à nu, se dévoile sans complexe, exprime ce qu’il y a de meilleur en lui…il rayonne. Mais que de travail pour quelques minutes de gloire. Le public du franc maçon c’est le Grand Architecte de l’Univers et l’Humanité, avec leurs milliards d’années d’évolution et d’expansion.

Glorifier le travail, c’est faire vivre le beau et maintenir la lumière vive pour que dans le cœur des hommes, l’amour, le respect et toutes les bonnes choses contenues en chacun d’eux rayonnent par delà l’horizon de la vision limitée.

Pour travailler, il faut des outils. Nous les avons reçus lors de notre initiation puis lors de notre élévation : maillet, ciseaux, perpendiculaire, niveau, autant d’outils nécessaires à une bonne taille de notre pierre.

L’apprenti franc-maçon, par définition, apprend à tailler. Il a reçu le maillet et le ciseau. Maillet symbole d’énergie, ciseaux symbole de savoir. Mais il ne sait pas encore frapper juste. Pour ne savoir pas encore maîtriser la frappe sur le ciseau, il produira plus de déchets, d’éclats de pierre que de pierres correctement taillées aptes à s’inscrire dans l’édification du temple. Les coups de maillet sur les doigts lui rappelleront son manque de réflexion, sa vanité récurrente et sa grande inexpérience.

Le compagnon, lui, devrait produire moins de déchets, produire plus de bonnes pierres aptes à participer à l’élévation de son temple. Il a appris à réfléchir avant d’agir, à frapper juste, sur le ciseau. Il agit plus qu’il ne réagit. Le compas et l’équerre désormais s’entrecroisent, symbolisant ainsi l’équilibre de la matière et de l’esprit.

« Le travail sur soi enseigné par l’Art Royal a pour but de créer un homme libre, c'est-à-dire un homme qui agit au lieu de réagir. Un tel homme n’est pas manipulable et nul ne peut disposer de son destin. » (Rites et Symboles de la Franc-maçonnerie – Daniel Béresniak.)

Vénérable Maître, j’ai dit.

S\ B\ 

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