Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Travail et Symbolisme

Sommaire:
Introduction3
1. Le symbolisme et le travail pour l’homme et la société4
2. La motivation7
3. Travail maçonnique et travail profane9
4. Travail collectif et travail individuel 11
5. L’avenir du travail 12
Conclusion 14

Introduction
.
A l’apogée de l’ère industrielle, le travail est un questionnement majeur pour notre société. Mal-être, recherche de sens, il occasionne de nombreux problèmes.
A travers cette planche, je souhaite aborder différents thèmes liés au travail et au symbolisme. J’aborderai le travail maçonnique, mais aussi le travail dans la vie profane.
Enfin, je proposerai plusieurs idées personnelles sur le travail.
 
Même s’il peut paraitre insignifiant de rappeler une définition, du mot travail, je me permets d’en livrer une :
Le travail (du latin "tripalium", un instrument de torture à l'époque romaine) désigne l'effort, l'application nécessaire pour faire quelque chose.
Par extension, il désigne également le résultat de cet effort. En italien, le terme lavoro (labeur) se rattache au latin labor, qui a la signification de fatigue, peine, et qui a donné l'adjectif laborieux. Le terme anglo-saxon work vient d'une racine indo-européenne, avec l'idée de faire, d'accomplir quelque chose. Le travail est ce qui lie un effort où l'on peut s'épuiser (voire une souffrance) à un résultat positif.
En maçonnerie, le travail en loge m’a été présenté comme une école de libération de la personne humaine soumise dans la vie courante à des influences extérieures. Un homme nouveau est né et j’ai débuté mon apprentissage.

Le travail a concerné toutes les sociétés au cours de l'Histoire : de l’âge de pierre, au moyen âge, jusqu’au néo-libéralisme, il fait partie de la vie, de la société, construit et détruit. Dans un contexte de chômage de masse, le travail est devenu un enjeu politique économique et social. En effet on assiste, depuis une trentaine d’années à la mise en place de politiques favorisant la relance de celui-ci.
Je suis né à l’époque du premier choc pétrolier et je n’ai connu que des crises. A 33 ans, après avoir fait des études supérieures, dans ma position de manager aujourd’hui, je m’interroge sur le travail, son sens, notre société d’hier, d’aujourd’hui, et de demain.

A travers, cette modeste approche, je vais essayer de vous exprimer des idées, des symboles sur le travail.


1.   Le symbolisme et le travail pour l’homme et la société
La Franc-Maçonnerie se différencie fondamentalement des autres organisations de la société civile par son caractère initiatique et l’utilisation du  symbolisme.
Puisque l’initiation et le symbolisme font la spécificité de la Maçonnerie, l’essentiel du travail est concentré sur le symbolisme initiatique, son langage et son efficacité.
Comprendre la place et l’importance des symboles et des rituels initiatiques permet de mieux discerner les objectifs principaux du travail maçonnique et la finalité de l’initiation.
L’initiation, la participation aux rituels et l’étude des symboles ont pour but d’agir sur le Maçon, de façon à transformer son être. Cette action se situe sur deux plans. D’une part, les symboles le font réfléchir, d’autre part ils agissent de manière intuitive ou inconsciente.
L’objectif premier du travail maçonnique est donc le développement personnel, l’épanouissement moral de l’être. Son objectif collectif vient en second, car l’élévation des individus est la condition sine qua non du progrès de l’humanité.
La Franc-Maçonnerie étant initiatique, elle est par essence morale et spirituelle, dans ses fondements et dans ses buts. L’initiation, vécue comme un processus intérieur, est un cheminement vers la réalisation de soi, vers l’unité de l’être.
Le symbolisme n’est pas seulement un instrument maçonnique et initiatique. Il joue un rôle important dans l’existence intime de chacun, dans les relations avec autrui et dans la vie collective de l’humanité.
La plupart des problèmes de société ont leur source dans les attitudes psychiques des individus. Les comportements sociaux et politiques sont fortement influencés par les symboles. La connaissance du symbolisme permet donc de mieux comprendre le monde.
Dans la vie de tous les jours, les paroles, attitudes et comportements ont, à côté de leur expression immédiate une portée souvent fortement symbolique. Etre sensible au langage des symboles peut aider à gérer sentiments et réactions émotionnelles dans les relations humaines.
Sur le plan personnel, notre voix intérieure s’exprime souvent de manière symbolique, dans nos rêves, intuitions et réactions spontanées. L’ouverture au monde des symboles facilite l’écoute de soi-même et la compréhension des événements de notre vie.
Dans le monde profane, le terme « réalisation de soi » est couramment associé au  travail. Dans l’expression «réalisation de soi», le « soi » va au-delà de la référence de ce que l’on fait, et de ce qu’on accomplit. Le « soi » émane du soi psychologique. Il fait référence à l’être, à ce que l’on est et non, strictement, à ce que l’on fait.

On mesure bien à quel point le travail ne peut être réduit à de simples considérations économiques. Il y a une vie humaine au travail, il y a un être humain qui travaille. En maçonnerie comme dans le monde profane, l’homme à un rapport au travail plus large que le simple salaire. 

Au-delà de l’Homme, le travail donne du sens à la société:

A travers l’histoire, les civilisations les plus avancées ont progressé grâce à leurs travaux. Pas d’œuvres, ni progrès sans travail.

Philosophes, paysans, ouvriers, toutes et tous ont contribué directement ou indirectement à créer et à développer ce qui nous sert encore aujourd’hui : la roue, l’aspirine, l’art de la construction. Sans leur travail, nous serions restés dans nos cavernes…
Aussi difficiles qu’ils ont été, nous ne devons jamais oublier que leurs travaux ont participé à notre confort actuel.

La maçonnerie a beaucoup contribué à faire progresser la société  sur des sujets comme la laïcité,  les mutuelles, les droits des femmes.  Ces résultats sont des héritages des travaux de nos F :.

L’utilité sociale du travail est aujourd’hui encore fondamentale : elle apporte fierté à celle ou celui qui se consacre à des tâches souvent pénibles.

La profession d’infirmière avec ses horaires décalés, ses responsabilités écrasantes, les risques importants ; relève d’une  vocation : être utile et aider à la vie.


Dans des temps plus anciens, le travail était réservé aux esclaves, sans qui la noblesse et autres bourgeois n’auraient pu survivre. Le travail de ces esclaves a permis aux élites de prospérer.

Ce n’est qu’avec les révolutions industrielles que le travail favorise l’intégration sociale. Un nouvel ordre se dessine : les collectivités ouvrières émergent et les sociétés productivistes se développent.

L’autorité de Vichy a utilisé le mot travail pour sa devise « Travail, famille, patrie ».

Nul besoin de préciser que cette autorité ne prenait pas la défense des travailleurs : Déclarant refuser à la fois le capitalisme et le socialisme, le régime pétainiste prétendait rechercher une troisième voie.

Le régime obtient le ralliement de certains syndicalistes pour la rédaction d’une Charte du Travail.
 

La Charte du Travail, promulguée le 26 octobre 1941 par l’autorité de Vichy sous l'occupation allemande, a instauré des corporations par branches d'activité, dans le but de favoriser l'entente entre patrons et ouvriers et éviter la lutte des classes. Elle fait suite au discours du 1er mars 1941 à Saint-Étienne.

Elle permet aussi à l'État de contrôler les corporations (ce qui lui permet de fixer les prix et les salaires), et d'encourager la mise en place de grandes entreprises contrôlées également par l'État.

Pour lutter contre tout désordre, la Charte du Travail dissout les syndicats et interdit la grève tout comme le lock-out par les patrons.

Ce petit rappel historique me rend vigilant et critique sur les intentions affichées de projets politiques: une charte peut apparaître comme un élément positif. Ainsi, on peut douter des formules plus récentes comme « travailler plus pour gagner plus » ou la modernisation sociale…

J’ai effectué une recherche sur internet pour essayer de trouver les pays qui mentionnent le mot travail dans leur devise nationale :
Sans en donner l’exhaustivité, voici un échantillon : Burundi, Cameroun, Centrafrique,  Congo, Rwanda, Tchad, Costa Rica.

On pourrait croire ma recherche superficielle et pourtant il s’agit majoritairement de pays africains et de dictatures.

Certains régimes politiques ou idéologies subliment le travail. Elles sont en fait de véritables conditionnements à l’esclavage et à la soumission.

Une vision républicaine et démocratique du travail passe par le respect de principes fondamentaux:

- Respect de l’être humain par l’estime de la personne et de ses besoins
- Une rémunération digne pour lui permettre de dépasser le stade de la survie.
- Accepter le syndicalisme comme force de progrès et de dialogue
- Reconnaître le travail en remerciant l’homme ou la femme qui s’y consacre.

C’est à ces conditions que le travail a du sens et qu’il symbolise le progrès pour l’Homme et pour la société.

Dans le contexte que nous connaissons depuis que je suis né (c'est-à-dire une trentaine d’années) et plus encore de nos jours, il serait bon (à mon sens) de revisiter ces principes fondamentaux.

2.  La motivation
Après avoir abordé le symbolisme et son rapport au travail, tant pour l’homme que pour la société, il est nécessaire de poursuivre en s’interrogeant sur les motivations à travailler.

Les Apprentis perçoivent leur salaire près de la colonne J, mais le second surveillant doit les renvoyer contents et satisfaits. Cette expression issue de notre rite démontre l’importance qu’attache l’apprenti, à bien travailler.
Le travailleur dans la cité partage ce même souhait. L’homme doit être motivé et content.

Il est nullement question de bonheur, car ce serait un sentiment inapproprié pour le travail. La juste contrepartie se trouve dans l’échange de travail contre un salaire et une satisfaction.

 
Travailler doit apporter plus que le salaire pour motiver, il doit y trouver une source d’épanouissement.

En maçonnerie, c’est aussi la quête d’un idéal : améliorer l’homme et la société, mais pour y parvenir, il faut commencer par soi-même.

L’apprenti dispose de ses outils : le ciseau et le maillet.

Le Ciseau permet la sculpture pour dégrossir les pierres en ôtant leur rugosité. Symboliquement, cela consiste à affiner le caractère, à s’instruire, à se perfectionner et à augmenter ses connaissances, quitte à se frotter aux autres, en commençant par se parfaire, puis comme compagnon pour poursuivre dans le monde extérieur.
Le Maillet n’est pas l’outil de commandement, mais une invitation au travail. L’apprenti va recevoir un ciseau pour être peu à peu efficace et posséder le discernement qui lui permettra de procéder à des investigations.  Son geste devient plus sûr.

L’apprenti dégrossit la pierre brute par lui-même, trouve sa satisfaction dans ce dégrossissement. La pierre tend à devenir  conforme à ce qu’il veut être : un être de chair et de sang mais aussi un être d’esprit et meilleur.
Cette promesse à lui-même est une motivation importante.

L’apprenti trouve une satisfaction à travers les idéaux de la maçonnerie : paix, justice, tolérance, préparation de la concorde universelle. Comment ne pas s’enthousiasmer pour des  idéaux si nobles ?

Le maçon est motivé car le travail en loge , au contraire du travail profane, ne se  construit pas, ne s'invente pas, mais se découvre. Je dirai qu’il y a le plaisir de la découverte.

L'étude du symbolisme a ceci de particulièrement intéressant qu'elle n'est jamais achevée. C'est ce caractère exceptionnel qui en fait un sujet aussi porteur de motivation. Il est toujours possible de trouver une nouvelle question, mettre en lumière un aspect nouveau.

Contrairement à la science qui cherche des réponses, le Symbolisme, base du travail maçonnique, cherche des questions.

En effet, le travail sur le Symbolisme n'a rien à voir avec la méthode scientifique. Celle-ci procède par étapes, par hypothèses, par questions, par expériences, avec l'espoir d'obtenir des réponses, plus ou moins certaines, dont il est admis qu'elles peuvent être mises en doute ; chaque réponse entraînant de nouvelles questions, plus précises, plus pointues, qui peuvent éventuellement remettre totalement en cause telle ou telle hypothèse. Mais c'est la réponse seule qui compte : le seul but étant de trouver une réponse, aussi fiable, aussi certaine que possible. C'est ainsi, que la science progresse.


D’un point de vue plus personnel, je trouve que l’approche du travail est satisfaisante en maçonnerie car elle est progressive et humaine. On débute par un apprentissage et on se perfectionne. On ne travaille pas pour satisfaire des logiques comptables, on travaille sur et pour l’homme.

Cette approche est à mon sens aux antipodes de la conception des économistes : le travail est un art et il est humain.

3.   Travail maçonnique et travail profane
Après avoir évoqué la motivation, je propose de procéder à une comparaison entre le travail maçonnique et travail profane.

Travailler pour un maçon devrait être une lapalissade tant cette notion fait partie de ses devoirs premiers.

Pour permettre cette comparaison, je propose de passer en revue certains symboles:

Dans la vie profane, un tablier et des gants ont pour rôle de protéger contre les maladresses, les blessures, les saletés.

Le rôle symbolique en maçonnerie est similaire. Le tablier et les gants font partie intégrante de la tenue du franc maçon.
Ils symbolisent l’égalité entre les Maçons. Les Gants placent tous les Maçons sur un même pied d’égalité.

Le secret professionnel oblige certains corps de métier à ne divulguer aucun renseignement confidentiel concernant leur activité ou leurs clients. Il protège l’entreprise, mais aussi les individus. Le secret médical illustre bien le silence qui est observé pour protéger l’individu.
La presse vulgaire aime dire que les francs-maçons ont un secret, ce qui a généré de nombreuses spéculations depuis la création de la Franc-maçonnerie.

Aujourd’hui, la maçonnerie  revendique plutôt une appartenance à une association discrète.
S’engager en maçonnerie est, à mon sens, une démarche d’ordre privé, voire intime. Seul un maçon est libre d’annoncer ou non son appartenance à la franc-maçonnerie, sans fierté particulière ni honte également.
Nous retrouvons cette notion de protection de l’individu, tant en maçonnerie que dans le monde profane.

 
La laïcité désigne dans la cité, la séparation du civil et du religieux. Le principe de séparation des pouvoirs politique et administratif de l’État du pouvoir religieux en est une application.

Le port de signes distinctifs religieux (croix, foulards...) est interdit aux fonctionnaires, y compris aux professeurs, en tant que représentants d'un Etat religieusement neutre.

En revanche, dans les entreprises privées, rien ne s'oppose a priori au port de signes distinctifs religieux : cela relève du code vestimentaire en général, comme le port du jeans ou du bermuda. La justice apprécie les litiges, liés à des signes religieux, au cas par cas.

Il en est de même en maçonnerie où selon les obédiences, la laïcité est une valeur défendue ou non.

Un constat s’impose : la laïcité, dans un contexte de travail,  n’est pas pratiquée uniformément, tant en maçonnerie que dans la cité.

La solidarité est selon le Larousse " un sentiment d'un devoir moral entre les membres d'un groupe ou d'une communauté fondé sur l'identité de situation d'intérêt.".
La Fraternité est selon le Larousse un "lien de solidarité qui devrait unir tous les membres de la famille humaine"

La fraternité est donc par définition le comportement normal d'un groupe d'individus voulant assurer la cohésion et l'identité d'une communauté.

Dans le contexte actuel de compétitions entre individus, la solidarité et la fraternité au travail me paraissent plutôt en voie de disparition dans la vie profane.
En tant qu’A :., j’y vois une valeur à défendre.


Je me suis demandé si l’on pouvait comparer une loge et une organisation telle une entreprise ? après tout, il s’agit bien d’une communauté humaine.

La loge maçonnique est une société très particulière, organisée au plan des responsabilités par des Officiers. La particularité de son système est que personne n'y possède un pouvoir définitif. Ainsi cette société ne tient sa souveraineté et sa puissance que d'elle-même et de ses membres.

La vocation d’une organisation ou d’une entreprise n’est pas philosophique, mais on y retrouve une hiérarchie, des rites.
Elle tient sa souveraineté de ses actionnaires ou plus largement de son financeur. Elle a son second surveillant, le DRH, Son orateur, son trésorier, ses conseillers techniques.
C’est une communauté humaine, mais elle manque, à mon sens, de plus en plus de cohésion, de solidarité. Je dirais qu’elle se déshumanise. 
 

Concernant les métaux, je dirai que la loge et la cité n’ont pas les mêmes pratiques. Le travail en maçonnerie implique de laisser ses métaux à la porte du temple, (au sens propre et figuré. Le symbole est fort de sens et une planche entière pourrait y être consacrée.

Dans l’entreprise, les métaux devraient rester à la porte de celle-ci, mais je pense que ce n’est plus le cas. L’image compte davantage que la pertinence. L’apparat est roi. Quant aux préjugés, ils dominent bien au-delà de ce qui devrait être admis.


En somme, le travail en maçonnerie et le travail dans la cité ont des similitudes et des divergences. Certaines pratiques sont peut être liées aux malaises qu’expriment les salariés dans la cité.


Faut-il conclure que le monde profane travaille mal ?

je ne le pense pas, et je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas de mettre en compétition deux mondes, mais les valeurs maçonniques, comme la solidarité, l’écoute, la laïcité, seraient peut-être des valeurs à revisiter pour le monde du travail profane ?

4.  Travail collectif et travail individuel
Rapidement après mon initiation, une contradiction m’est apparue :

Ma démarche était individuelle et j’ai bien compris que je devais travailler sur moi.
J’ai bien lu l’acronyme alchimique et maçonnique VITRIOL : « Descends dans les entrailles de la terre, en distillant tu trouveras la pierre de l'œuvre. »


Pourtant, lorsque j’ai reçu la lumière, j’ai découvert mes F :.et S :. , une fraternité forte et une solidarité puissante.

Cette contradiction s’est facilement effacée et j’ai compris que le travail dépendait d’abord de soi-même. Mes F :. sont présents, peuvent m’aider, m’épauler, mais je ne dois pas me cacher dans ce collectif, car c’est bien moi qui doit travailler.

Je ne cherche pas à nier ce collectif fraternel, au contraire j’y vois un appui fort dans lequel je trouve du sens, de l’encouragement.

A travers ce constat, j’estime que le collectif est un complément nécessaire à l’individu. Opposer collectif et individualisme ne me parait pas pertinent.

Construire un temple suppose l’existence d’un collectif, des officiers pour encadrer les travaux, un vénérable pour diriger la construction. Rien ne serait possible sans ce collectif ordonné.

Dans le monde profane, certains veulent éradiquer le collectif et la solidarité pour qu’il n’y ait pas de réactions collectives.

De tous temps, les employeurs ont eu peur du collectif. Ils veulent tirer partie de l’intelligence collective à leur profit mais dès que le collectif prend la parole, il se pose la question du pouvoir.

Les maux des travailleurs sont peut-être liés à cet effritement voulu du collectif et de la solidarité ? Sans ce complément,  seuls les meilleurs règnent avec un égoïsme destructeur. 
L’individualisme produit une société atomisée, qui n’est  plus que l’addition d’individus sans repères, démunis, isolés...

On tient son poste de travail et on a toutes les bonnes raisons de se persuader que l’action collective est impuissante contribuant par là-même à déliter le collectif de travail. Les stratégies collectives de défense face à la souffrance au travail s’effondrent. De multiples stratégies individuelles prennent le relais: turn over, arrêts maladies, conduites déloyales entre collègues, suicides.

Au-delà du travail, l’individualisme exacerbé entraine plusieurs conséquences graves pour la société :

C’est un danger pour la cohésion sociale : ce fut la crainte de Durkheim, témoin à  la fin du XIX° siècle du déclin de la société traditionnelle rurale et paysanne et de certaines institutions comme l'Eglise.

Peut-être faut-il y voir la fin du changement social ? dans une société caractérisée par la montée de l'individualisme, comment des conflits collectifs peuvent-ils exister pour faire progresser le changement social ? 
J’y vois aussi la fatigue de l’individu qui consent à l’individualisme pensant gagner en liberté. En fait,  il perd en solidité et en certitudes. Il se désengage de la société.

5.  L’avenir du travail
On peut être pessimiste comme Jéremy rifkin, qui dans « la fin du travail », pose la question de la fin inéluctable de l’emploi, à l’échelle planétaire, et comme source de la barbarie montante.

Ou moins pessimiste, comme Jacques Attali, dans l’avenir du travail qui estime qu’il y a aura de plus en plus de travailleurs à l’avenir, se partageant de moins en moins de travail.

Pour être franc, je n’ai quasiment rien trouvé d’optimiste et j’ai le sentiment que l’homme ne veut plus espérer.

Pourtant, la maçonnerie nous enseigne les vertus du travail, la nécessité de nous armer de courage car la pierre brute n’est qu’à peine dégrossie.

Peut-être est-ce le fait que l’A :. travaille sur lui et que cette démarche encourage au travail ? L’avenir de l’apprenti est le travail, car il apprend toujours et ne peut ériger la paresse comme vision d’avenir.

Je pense que le travail dans la cité est sans doute trop associé à l’économie et à la finance. Crise du libéralisme rime avec crise du travail. Protéger le travail de la mondialisation, envisager le travail avec l’homme et non plus comme un facteur de production,  seraient des pistes de nature à rétablir le travail.

Emmanuel Mounier avance que « tout travail, travaille à faire un homme et une chose », en ce sens, le travail du maçon sur la pierre brute vise à spiritualiser cette pierre, à humaniser ce maçon qui entreprend ce travail.
Ainsi, même si la pierre brute au départ est une pierre comme les autres, une matière inerte, elle finit par se distinguer des autres pierres, car elle finit par posséder une âme, l’empreinte du maçon qui l’aura travaillée.


Jules Boucher résume bien la situation lorsqu’il écrit :
« L’Art de bâtir le Temple idéal, tel est le but que se propose la maçonnerie. Ce Temple, c’est l’Homme d’abord et la Société ensuite. »


La maçonnerie m’apprend à mieux travailler. Elle commence par l’homme. Avant d’entreprendre la pierre brute, il faut préparer l’homme.

Moins mais mieux, serait également une piste d’avenir. Les sages de la cité, les maîtres en loges nous l’enseigne.

La persévérance, l’efficience, mais aussi les valeurs humaines comme la tolérance, la solidarité, sont les clés du « bon travail».
Et si l’avenir était fait des enseignements du passé ?

Victime de la loi du temps et de l’immédiateté, le monde du travail profane veut, à mon sens, dégrossir la pierre trop vite. Donner du temps pour travailler a beaucoup de vertus et ceci surtout pour le travail : découvrir, apprendre, essayer, se tromper, se perfectionner, puis maîtriser et enfin transmettre.
Cette chronologie tend à disparaître et je trouve dommage de sacrifier ces méthodes de travail sur l’autel d’un dogmatisme économique.
Cette chronologie se pratique en maçonnerie et on voit bien la logique de progression : c’est une logique naturelle, celle de la vie : enfance, adolescence, adulte. Pourtant, cette logique n’a plus cour dans le monde profane du travail.


Les dégâts collatéraux du monde du travail seraient peut-être considérablement réduits si cette chronologie, si naturelle, était respectée.

En outre, comment imaginer dans le monde actuel, où la technologie règne, où les tâches sont automatisées qu’il n’est pas possible de réduire le temps de travail ? Sinon, à quoi servent ces progrès ?
Dans ce paradis technologique, ne serait-il pas possible d’imaginer un revenu minimum d’existence sans condition pour celles et ceux qui ne veulent pas travailler ?

Je n’encourage pas l’oisiveté, mais il serait plus simple de permettre à certaines populations de ne plus travailler et à d’autres de travailler. Encourager les uns au travail et permettre des descentes de charges: Partager le travail entre le maître et l’apprenti, permettre de développer les engagements dans la cité : culture, loisirs.

Conclusion:
Pour conclure, je dirais que le travail reste une valeur centrale (surtout pour ceux qui n'en ont pas), mais l'individualisation des conditions de travail favorise l'apparition de nouvelles souffrances.

Il y a une vie humaine au travail. Le travail symbolise de nombreuses choses pour l’apprenti et l’Homme. Il donne du sens à la vie, il devrait même lui permettre de se réaliser. Au-delà de l’homme, le travail donne du sens à la société.


Puisque nous avons mis en évidence la nécessaire motivation pour travailler, il revêt une importance cruciale pour celui qui s’y consacre.


J’ai tenté de comparer le travail maçonnique et le travail profane, à travers quelques symboles. Similarités et divergences concourent à dire qu’il s’agit bien d’un travail humain.

La comparaison entre individualisme et collectif au travail m’a permis d’y voir une nécessaire complémentarité.

Quant à l’avenir du travail, plusieurs pistes ont été avancées, mais toutes convergent vers l’Homme.

V\M\ j’ai dit

F\ P\


6005-5 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \