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Le violon

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Un jour, nous réalisons que le temps qui passe, devient le temps qui reste… C’est là, que nous comprenons que la vie n’est qu’un prêt. Nous ne faisons que passer dans cette vie bien trop courte.

N’oublions jamais ! Nous ne possédons pas les choses, nous ne faisons que les tenir un temps, sans jamais perdre de vue mes frères, que celles-ci peuvent très facilement nous posséder !

Depuis 1927, ce violon fut joué, caressé, aimé par d’autres que moi. Je partirai ainsi, à l’Orient Eternel sans lui, juste rempli de ces vibrations, laissant cet instrument que d’autres aimeront et feront vibrer à nouveau.

C’est pour cela, que mes doigts ne se raidissent jamais sur les cordes, dans une crispation inquiète de la possession en me disant : « Ceci est mon violon » …Nous nous devons de laisser les métaux à la porte du temple.

Nous avons le plaisir de vous présenter, une des plus belles œuvres de Dieu,

- De par la Sagesse qu’elle suscite aux luthiers,
- De par la Force du son qui se dégage de ce tout petit instrument, fruit de la proportion divine,
- De par sa Beauté inégalée,

« Le violon et la spiritualité, signature de Dieu »

Dans le Premier livre de Samuel, au chapitre 16, nous pouvons lire : « Et lorsque l’esprit de Dieu était sur Saül, David prenait la harpe et jouait de sa main; Saül respirait alors plus à l'aise et se trouvait soulagé, et le mauvais esprit se retirait de lui ».

(Fin de parenthèse)

La musique a le pouvoir de nous changer. Elle fait partie de ces choses qui, comme le vrai Amour, peut nous apporter la paix dans notre cœur faisant l’union entre les sens et l’esprit; similaire à la colonne d’harmonie.
(Désignant de la main, la colonne d'harmonie).

La musique : Un de ses médiateurs principaux en est le violon. Une noble mission qui lui a valu d’être nommé glorieusement, le roi des instruments. Le violon, qui se tient entre l’épaule et le menton, est un instrument de musique à quatre cordes accordées en quinte, que l’on frotte avec un archet constitué de 200 crins de cheval tendus sur une baguette en Pernambouc.

(Intervention du Maître avec l’archet).

Le violon a atteint en l’espace de quelques décennies une perfection inégalée et a acquit une grande importance dans le domaine musical. Ce petit instrument, composé de 71 pièces de bois façonnées et collées, d'un poids inférieur à 500 g, développe une sonorité puissante par rapport à sa taille; avec un timbre qui a conservé les riches résonnances de ses prédécesseurs, en leur apportant une plus grande précision.

Ce prodige appartient, entre autres, aux héritages successifs de l’histoire humaine. Née en Italie du nord, sa facture dérive autant du rebec, de la lira da Braccio que des vièles de la fin du Moyen Age, époque de son ascendance. Sa première dénomination est relevée en 1523 à la cour de Savoie où il aurait intégré les différents répertoires polyphoniques. Sa présence attestée dans les cours aristocratiques de l’arc alpin, tout comme dans les confréries vénitiennes, explique naturellement qu'il ait été employé pour des répertoires tant profanes que spirituels.

Ce modèle d’équilibre finira par s'imposer, grâce aux créations des grands luthiers, associées aux brillantes partitions écrites, jouées par des compositeurs et violonistes talentueux.

(Marquer un silence)

Ainsi, tels les différents voyages de l’apprenti, le violon a parcouru différentes étapes qui lui ont assuré sa forme actuelle et l’ont révélé à la lumière de tous. Aussi, il s'exprime de différentes manières afin de transmettre de multiples émotions.

Un pizzicato : (Le Maître au violon)

Comme les 3 premiers coups donnés par l’apprenti sur la pierre brute.

Un vibrato : (Le Maître au violon)

Pour donner la sensation, l’émotion, la vibration des frères lors d’une initiation.

Mais, tel le luthier qui façonne les différents bois : sapin, érable, épicéa, palissandre, ou tel l’apprenti qui travaille sa pierre brute, le chemin est long avant d’obtenir de belles tonalités ou avant de tracer des lignes vraies et droites.

Dans le monde maçonnique, l’apprenti grandit parmi ses frères. Il évolue dans le silence de la colonne du Nord.

Il travaille aussi par l’observation des différents échanges lors de la tenue dirigée par le Vénérable Maître qui tel un chef d’orchestre donne le « La », accompagné du Premier et Second Surveillant, en quelque sorte son premier et second violon.

Ces officiers sont soutenus de tous, dans un ensemble qui forme une polyphonie liant les uns aux autres par les lois de l’harmonie.

L’apprenti apprendra que cette concorde et cet égrégore, sont le fruit de la minutieuse alliance du travail et de la persévérance, une des conditions nécessaires pour que l’œuvre soit juste et parfaite.

Il y a dans l’existence d’un homme, des instants qui sont des rendez-vous avec la vie !

Ce fut le cas lors de notre initiation maçonnique et le jour où, pour la première fois, j’ai posé l’archet sur un violon au même titre que les trois premiers coups de maillet sur la pierre brute. Il y eut la même résonnance…

Comme une pierre brute, je me suis attelé, non seulement à essayer de travailler sans relâche, la position juste de ma main gauche sur les cordes, comme un ciseau donnant la justesse des résolutions prises et la position parfaite de ma main droite, à tenir mon archet à l’équerre sur les cordes, comme le ferait un maçon avec son maillet, symbole de la volonté qui les mets à exécution.

Appliquant ainsi, les principes fondamentaux de la Franc-maçonnerie, je me suis mis à son écoute, à l’observer, à taire mon impatience, pour devenir l’expression d’un symbole philosophique.

Des luthiers affirment que construire un violon est une rencontre avec soi-même et avec Dieu. Pour en percer le secret, si nous cherchons à le démonter, nous y découvrirons du vide ! Seule une pièce amovible, non collée, est placée entre le fond et la table d’harmonie.

Nous l’appelons l’âme du violon. (L’Apprenti montre une Ame de violon). Ce petit supplément d’âme donne toute la résonnance de l’instrument, lorsque l’homme fusionne avec l’archet, les cordes et le corps du violon.

C’est notre quatrième colonne. Elle est placée sur un point unique que seul le luthier peut trouver. Mais à force de jouer, celle-ci peut se déplacer et le son du violon perd de son éclat et sa résonnance.

C’est pourquoi, nous devons de nouveau, faire appel au luthier.

Alors, mes biens chers frères, si dans notre vie, notre âme bouge un peu, n’oublions pas de demander à notre Luthier Universel de repositionner notre âme, pour que celle-ci puisse à nouveau vibrer et être en résonnance avec notre corps.

Pourquoi l’appelle-t-on l’âme ?

Parce que cette petite chose mystérieuse, blottie au cœur du violon, a un rôle fondamental dans la transmission des vibrations. Comme pour nous, l’âme est le lieu où vibrent et se transmettent les émotions.

Quand l’âme bascule et quitte sa place centrale, la pression énorme des cordes blessantes de la vie finit tôt ou tard par briser l’instrument. On appelle cela : la fracture d’âme. Pour un violon, les tensions des cordes exercent une pression de 35 kg de traction longitudinale et plus de 10 kg de pression verticale au niveau du chevalet et des ouïes.

L’âme protège au cœur du violon, la table par une poussée intérieure, comme la foi que nous portons à notre Grand Architecte de l’Univers.

Notre temple comporte 3 colonnes, l’âme est la colonne invisible qui soutient notre voûte étoilée comme cette table d’harmonie. Il n’y a que l’âme pour habiter ce vide intérieur, cet espace sacré qui est comme ce temple.

Le vide ! Aussi muet que le silence de l’apprenti… (Marquer un temps de pause)

Tout ce travail rigoureux, pour créer une boîte d’épicéa, où l’on ne trouve en réalité que du vide !

De quoi rester humble !...

Mais, c’est ce vide qui permet le plus bel écrin au son, pour devenir une liberté absolue. Ce vide sans laquelle la note ne peut résonner.

L’homme doit créer un espace de vide et de silence, pour que l’Eternel puisse s’engouffrer et faire ainsi chanter, le souffle sacré qui vient d’en haut.
Avant d’être parole, le violon résonne par l’ouïe. En effet, le violon chante par ses deux oreilles ! Comme lui, prenons garde d’être toujours à l’écoute de l’autre et non pas, avoir de l’écoute, pour que le partage soit davantage dans l’écoute qui accueille, que dans la parole qui s’impose…

L’ouïe, l’âme, le corps, les chevilles, la tête…le luthier humanise le violon et le porte comme un enfant qu’il a vu naître, tel l’apprenti en loge. Regardez sa forme, vue de dos ! (L’Apprenti montre le violon de do,s avec un tablier d’apprenti)

Concevoir un violon reste une réalisation divine. D’ailleurs, les anciens luthiers y plantaient trois clous, pour à la fois, tenir le manche et aussi pour rendre hommage au Christ crucifié sur la croix.

Stradivari, le plus connu des luthiers, avait d’ailleurs appelé l’un de ses violons : le Messie. Ce violon était son préféré et ne fut jamais vendu. Il créa sa forme grâce à la divine proportion, utilisée dans la construction de nos cathédrales, résonnant de vibrations internes.
Sa forme géométrique n’a plus jamais progressé depuis la conception des stradivarius. Ainsi l’œuvre de Dieu n’a jamais pu être égalée dans son esthétisme et sa sonorité.

L’un des secrets résidait principalement dans l’utilisation de l’équerre et du compas, pour donner à la table d’harmonie sa forme.

A cela, le luthier colle sous la table d’harmonie une longue pièce de bois appelée « barre d’harmonie » qui ne se voit pas à l’œil nu. Elle est la part d’ombre du violon et l’âme, la part de lumière que l’on devine à travers les ouïes. C’est lorsque l’ombre et la lumière jouent ensemble, qu’apparait alors le relief du son du violon, au même titre que les carrés blancs et noirs de notre pavé mosaïque, symbole de notre dualité.

L’autre secret de la sonorité des beaux violons réside dans le choix de la qualité des bois. Séchés pendant des années, ils naissent à nouveau, sous les mains du luthier. Il redonne ainsi la vie, en partant de la mort, tout comme notre cabinet de réflexion.

Le violoniste fusionne ainsi avec l’instrument qui relève du sacré. Lorsque l’écho du son résonne dans son corps, il est le violon et le violon est en lui. Ce qui veut dire que Dieu est en nous et que nous sommes en Dieu.

Si dans la vie, nous rencontrons des épreuves, des crises, qui altèrent la résonnance de notre bois, ces crises peuvent devenir des chances, comme les bois d’un violon.

N’oublions donc pas !, de quel bois nous sommes faits : Amour, paix, harmonie, humilité et tant d’autres vertus…que nous nous devons de cultiver.

Et c’est ainsi que, le profane que j’étais est devenu apprenti musicien. A force de travail, je deviendrai le compagnon de ce violon. Je caresse l’espoir de toucher Dieu encore un peu plus dans sa perfection, pour devenir un maître en violon, en tenant mon archet d’équerre aux cordes, mon bras s’ouvrant comme un compas et en lisant une partition de notre frère Mozart « Volume de la Loi Sacré » du musicien, donnant ainsi le rythme, comme notre rituel.

L’harmonie des notes, cette loi que tout homme doit méditer.

J’ai dit.

« Quand nous taillons notre pierre, écoutons-là attentivement. Si elle pleure sous la frappe de notre maillet, nous sommes alors maladroits. Il nous faut être attentif à chaque geste donné, afin de rechercher les raisons de cette mésentente ». (Le Maître joue faux au violon)

Si la résonnance du geste ne nous fait pas vibrer, remettons nous à l’ouvrage… « En revanche, si elle chante sous la délicatesse de notre ciseau, nous réalisons patiemment l’œuvre en complicité avec elle. Ainsi le moment venu, nous entendrons alors la pierre nous parler avec son amour et elle nous livrera tout simplement son âme ».

J’ai dit.

B\ L\

Note :
Un certain nombre de propos de cette planche ont été pris dans le dernier livre de Thierry LENOIR édité chez CABEDITA : "L'ÂME DU VIOLON". Sont également repris certains propos d'un autre roman de ce même auteur et édité précédement : "UN VIOLON SOUS LES ÉTOILES ".

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