Obédience : NC Loge : GLFF Date : NC


Musique, source d’éveil

Au commencement était le chaos dans la nuit noire. Tout était confondu dans le silence primordial. De ce silence, émergea la première vibration, source de lumière, racine de toute existence.

L'homme vient au monde dans un cri ; il le quitte dans un dernier souffle. Toute sa vie durant, il sera imprégné au cœur de son être de sons, de rythmes et de silence, en un mot de musique. Avec le rythme de son coeur, des gestes, des phrases, des saisons, du mouvement de l'univers, sa vie sera une incessante phrase musicale.

Ni musicienne, encore moins musicologue, je ne suis qu'une mélomane, qu'une oreille.
Je ne sais ni lire, ni écrire  la  musique, mais il me semble la connaître au sens étymologique : je suis née avec elle. Je l'entends partout, je l’écoute souvent, et ce faisant, je m'éveille. Je lui dois les moments les plus intenses de mon existence, heureux  ou malheureux. Alors, je participe à la vie, je ne la subis plus, je me fonds en elle, et pour un instant, la fatale dualité n'a plus de prise sur moi.

A la fois, ART, ENERGIE, LANGAGE, RELIGION, la musique accompagne notre chemin, du profane au sacre, du sacre au spirituel. Puissant levier qui permet de faire l'union avec les autres et l'unité avec soi même, la musique est notre respiration, notre mémoire, le battement de notre âme.
Ce soir, je passerai sous silence les aspects négatifs de la musique : ceux qui annihilent la pensée, et qui peuvent conduire au déséquilibre, à l’endoctrinement, à l'endormissement de l'être.

Dans un premier temps, j'aborderai la musique, source d'éveil, dans le monde profane et dans un deuxième temps, dans le monde maçonnique

DANS LE MONDE PROFANE
 
Dans toutes les civilisations, les actes les plus banals et les plus intenses de la vie sociale et personnelle, sont scandes de manifestations dans lesquelles la musique joue un rôle essentiel.

Miracle d'invention, compose de 7 petites notes et de quelques signes au nom évocateur (pause, soupir, silence.) cet art est un outil de détente, d'évasion, de communication, de communion et d'éveil.

Peu de gens sont réfractaires à la musique (sauf, peut être, ceux qui sont atteints de surdité profonde). Variée à l'infini, la musique trouve écho dans chacun de nous, selon les sensibilités, consciemment ou inconsciemment.
Pour la plupart, la musique dite « populaire » est synonyme de fête, de mouvement et de vie. En cela même, elle ne doit pas faire l'objet d'un dénigrement systématique, car elle répond à une nécessité du corps, à une libération de l'esprit.

La musique dite « sérieuse » ou classique, s'inscrit dans un contexte un peu différent, et nécessité un certain silence, intérieur et extérieur.
Mais, ce genre de musique est loin d'être réservé à une élite. Pour l'apprivoiser, il suffit de lâcher prise, de privilégier la résonance et non le raisonnement. Oublions le snobisme : MOZART est certes un génie, mais toutes ses oeuvres ne me font pas vibrer. Le nom d'un compositeur connu n'est pas pour moi, le gage d'un chef d'ouvre et ce comportement peut frôler l'intolérance et le fanatisme. Arrêtons de comparer musique classique et musique de variétés. Les deux, lorsqu'elles sont réussies, forcent le respect et ont une valeur certaine.
Il y a un temps pour tout : un temps pour se divertir, pour se cultiver, pour se recueillir, pour partager, pour s'apaiser et pour éveiller son corps et son esprit.

Des le réveil, un de nos premiers gestes est d'allumer la radio pour égrener quelques notes de bonne humeur, propices a une mise en route agréable. Pour faire une pause, ou à la fin de la journée, quoi de mieux qu'une musique librement choisie, pour ôter les tensions accumulées, pour se ressourcer, pour se recentrer.

Depuis la naissance du 7ème art, nul ne contestera la puissance évocatrice de la musique au cinéma. Déjà, dans les films muets, un piano scandait le déroulement du film, palliant l'absence de dialogues.
Dans les films d'aujourd'hui, plus que jamais, la musique reflète les émotions du scénario.
Dès le générique, nos sens sont en éveil, le ton est donne : dramatique ou enjoue. De nombreux réalisateurs adaptent des musiques classiques. De ce fait, les spectateurs approchent en douceur, et souvent apprécient un genre musical, qu'ils croyaient à tort réservé aux seuls initiés.

Même la publicité démocratise la musique classique : MOZART, PROKOFIEV et RACHMANINOV seraient fort étonnés d'entendre leur musique vanter les mérites d'un riz, d'un parfum ou d'une compagnie d'assurance. C'est une école comme une autre pour s'ouvrir a cette discipline.

En écoutant les musiques traditionnelles, folkloriques, on s'éveille à la différence, on découvre des mélodies ancestrales, d'une grande valeurs humaines. Faisons taire nos habitudes, nos croyances, nos préjugés en visitant les cultures qui nous sont étrangères ; nous partagerons leur souffrance et leur joie et nous deviendrons citoyens du monde. Confucius disait : si tu veux apprendre les mœurs d'un peuple, écoute sa musique
 
Pour évoquer avec nostalgie et tendresse une période révolue, pour raviver leur mémoire, jeunes et moins jeunes se plaisent à écouter des airs d'autrefois.

Les hymnes nationaux sont la mémoire des peuples et symbolisent en quelques notes les nations qu'ils représentent, nous rattachent à nos racines ou que nous nous trouvions. Pour rendre hommage, pour la commémoration d'un évènement quel qu'il soit, la musique sera au rendez vous.

Dans les lieux de culte, églises ou autres lieux sacres, la musique devient prière, non pas une prière requête qui sollicite une faveur, mais une prière action de grâces, qui témoigne d'une paix retrouvée, d'une harmonie parfaite, d'une élévation de l'âme (chants grégoriens, chants sacrés..).

En dernier lieu, la musique peut devenir remède, moyen de guérison.
Certaines recherches médicales de pointe s'orientent de plus en plus vers l'utilisation des sons, éléments vibratoires, capables d'opérer des fluctuations, voire des transformations dans le psychisme : c'est ce qu'on nomme la musicothérapie Ne dit-on pas que les plantes poussent mieux en musique ?

DANS LE MONDE MACONNIQUE

Venons en au rôle de la musique dans le monde maçonnique. Il me plait de comparer, sans profanation aucune, le temple a une salle de concert de musique symphonique, lieu sacre, digne de respect.

La VM en est le chef d'orchestre, le rituel est la partition, les membres de l'atelier sont a la fois les musiciens et l'assistance. De la disponibilité intérieure et extérieure des sœurs, de la rigueur chaleureuse de leurs gestes, de leur qualité d'écoute, de la sagesse de leur cœur, dépendra la force de la tenue, l'égrégore (entité, être collectif issu d'une assemblée).

Il est indéniable que le rituel en lui même est une musique : il est empreint de sons organises et de rythmes.
Rythme sonore du verbe, avec l'alternance des questions réponses, des maillets qui se font écho, de la batterie.
Rythme gestuel des pas, de la déambulation, des signes d'ordre.
Rythme de la lumière : illumination et extinction progressives du temples et des chandeliers.
Rythme de la chaîne d'union dans laquelle bat le rythme cardiaque respiratoire de chacun, tout en s'insérant dans un rythme collectif.

Pourquoi existe-t-il une colonne d'harmonie en loge ?
Qu'apporte-t-elle de plus ? Il me semble qu'elle permet une meilleure compréhension du rituel, plus immédiate, plus directe et plus intuitive. Ce n'est sûrement pas une simple fioriture. Elle met en condition, en lumière le cours de chacune. Au premier coup d'oreille, le ton est donne : nous allons passer sur un autre plan, accéder peut être à une dimension supérieure, à un autre état de conscience.
Apres un débat, elle apaisera les esprits, remettra en condition et si besoin est, elle préparera à l'étape suivante avec sérénité.

Le choix de la musique n'est pas chose facile : maçonnique ou non, classique ou de variété, instrumentale ou vocale. A priori, toute musique porteuse pourrait se concevoir. Pour ma part, la musique symphonique instrumentale me parait convenir le mieux : sa puissance évocatoire s'étend à l'infini. Elle peut suggérer touts les mouvements et tous les sentiments : marche, immobilité, joie, peine, chaleur, distance, crainte, quiétude. Les mots sont alors superflus.

C'est avant tout le sens que l'on donne au rituel, qui va déterminer le choix. D'ou l'intérêt  d'avoir des sœurs de sensibilités différentes à ce plateau. Chacune avec son vécu et son ressenti imprimera sa compréhension et nous interrogera peut-être sur le sens de notre démarche.

En loge la musique est donc bien un outil symbolique à part entière. Elle est à la fois perpendiculaire, équerre, compas, pave mosaïque, chaîne d'union.
Comme la pierre brute, après l'avoir apprivoisée, on en devine le cours, on l'écoute respirer, elle se travaille sans relâche.
Comme le pavé mosaïque, l'important est d'harmoniser les carrés noirs et blancs pour trouver l'équilibre, comme il est nécessaire d'harmoniser les notes noires et blanches pour obtenir l'accord juste et parfait.
Comme l'équerre, elle nous permet de bien diriger notre pensée.
Comme le compas, selon le degré d'ouverture de notre esprit et de notre coeur, en respectant ses limites, la résonance à soi, à l'autre et au monde qui nous entoure, sera différente
Comme la perpendiculaire, elle imprime un double mouvement de descente en soi et d'élévation vers ce qui nous dépasse.
Comme la chaîne d'union, elle nous lie dans le temps et l'espace, elle nous vient du passe et tend vers l'avenir.

Que ce soit dans le monde profane ou dans le monde maçonnique, la musiquer est Universelle.
Elle est la somme des 3 piliers qui érigent notre vie : (BEAUTE FORCE ET SAGESSE).
Par l'harmonie qu'elle dégage, par la vie qu'elle développe et par l'éveil qu'elle permet. Sa diversité fait sa richesse.

En faisant silence, en se dépouillant de nos métaux, en restant humbles et sincères, toutes les portes s'ouvriront. Alors les sons organises ou non, et les rythmes qui forment la MUSIQUE, en se mouvant dans l'intemporel, inviteront l'homme à devenir ce qu'il EST.

J'ai dit

M\ C\


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