GLSA Loge : Fidélité et Prudence - Orient de Genéve - Suisse 10/05/2007
 
La Musique des Nombres

Planche de Compagnon pour une augmentation de salaire 

L’antiquité connaît l’harmonie des sphères qui est une théorie d’origine Pythagoricienne, fondée sur l’idée que l’univers est régis par des rapports numériques harmonieux, et que les distances entre les planètes dans la représentation géocentrique de l’univers- Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter, Saturne- sont réparties selon des proportions musicales. Les distances entre planètes correspondant à des intervalles musicaux. L'harmonie des sphères est fondée sur la série numérique 1,2,3,4,9,8,27 qui correspond à la fusion de la série des premières puissances de 2 (2,4,8) et de la série des premières puissances de 3 (3,9,27). De ces séries on peut tirer les rapports numériques sur lesquels sont fondés les intervalles musicaux. Par exemple 1 :2 correspondent à l’octave, le rapport 2 :3 à la quinte le rapport 3 :4  à la quarte, le rapport 4 :5  la tierce majeur et le rapport de 9 :8 le ton.

Cette représentation de l’univers comme une harmonie a eu tellement de succès que pour les savants du haut Moyen- Age la gamme parfaite était sans doute la gamme dite Dorienne qui commence au Ré. Le cas particulier de cette gamme est sa construction qui est comme le MIROIR (voici une mot clef pour nous tous mes très chères Fr :.) C'est-à-dire que la note fondamentale Ré devient la « porte » vers le Ciel mais aussi vers la Terre puisque dans les deux directions  on aboutit exactement  aux mêmes intervalles, voir au même résultat.

La musique, faisant partie des quadrium antique est connu dans la F\M\ aussi sous le nom d’Harmonie, terme susceptible de plusieurs significatifs.

1) Ce terme est utilisé pour désigner la paix et la bonne entente qui doit régner entre les membres d’un même atelier.

2) La colonne d’harmonie à l’origine s’entendait au sens militaire du terme : groupement à vent et aujourd’hui c’est tout espèce d’ensemble musical, participant  à des cérémonies maçonniques.

3) Les orchestres des loges- on connaît le cas particulier de la loge de St Jean de Palestine - composé presque exclusivement des membres de l’orchestre de l’Opéra Comique de Paris, avec l’effectif d’un véritable orchestre.

On les voir jouer spécialement pour des occasions comme l’initiation de grands personnages (Voltaire en 1778), une cérémonie funèbre, une visite ou un banquet d’ordre en l’honneur de l’empereur par exemple.

Je préfère aujourd’hui désigner la musique - harmonie. En la nommant ainsi, je la valorise, cela signifie que je ne mets pas en considération la musique qui ne « harmonise » pas. Il n’y a là aucun rapport avec les consonances et dissonances, mais seulement avec la bonne et la mauvaise musique. La mauvaise ne mérite pas d’être qualifiée harmonie.

Zéro

Est-ce le vide (arabe : Zeroh- vide) ou l’œuf du monde ? Tous les composants électroniques fonctionnent grâce au codage binaire.
D’après O. Wirth l’Apprenti doit méditer sur les nombres 1- l’unité, 2 - le binaire, 3 - le ternaire, 4 - quaternaire.
Le Compagnon reprendra cette méditation mais de 4 - la tétrade Sacrée de 1 à 4,
5 - la Quintessence, 6 - l’hexagramme, 7 - le septénaire.

L’unité

« Oh Père des Dieux, Ton Verbe est le Fondement du Ciel et de la Terre » Sumer Vème millénaire avant J-C.

Pythagore et ses disciples (Philolaos) prétendaient que les nombres  régissent le monde. Chez Baudelaire on trouve la phrase « Tout est nombre. Le nombre est dans tout ».

Nombre divin par excellence, l’unité primordiale, relié au ciel chez les Babyloniens - représenté par un point au milieu d’un cercle. D’ici est né le concept du Dieu unique, le monothéisme. L’unité du monde répond à celle de Dieu. L’âme universelle est une. Le Vrai, le Juste et le Beau sont du même principe d’Unité, l’Idéal qui est le But. Dans la mythologie égyptienne, le père universel, Osiris, est uni à la mère universelle, Isis, qui représente la nature. C’est le symbole de la Création et de l’Amour.

Dans la musique, on connaît le termine de Cantus Firmus qui est le thème (mélodie) principal, d’où le concept d’une unité caractéristique, porteuse d’impulsions musicales facilement déchiffrables et reconnaissables. Le Dux de la fugue, le thème d’une sonate et finalement la mélodie d’une chanson sont porteurs de cette impulsion. L’unisson comme intervalle mais aussi le premier degré d’une gamme ou la fonction tonique d’un accord  représentent l’unité. Et ce n’est pas par hasard que la fonction tonique, dans la musique, est notée par le chiffre latin I. Le UN reflète la tonalité définitive non contradictoire.

Le binaire

C’est la Terre couverte et fécondée par le Ciel. C’est aussi la dualité - haut et bas, fécondité et stérilité, Ying et Yang, plus et moins. La dualité peut devenir complémentarité, c’est la base du couple, gérant de la génération. Pour O. Wirth c’est le nombre de la science, il représente la différenciation indispensable à la connaissance. Les deux colonnes J\ et B\ correspondants aux thèses et antithèses :

Sujet- Objet                             Soleil- Lune
Actif- Passif                             Lumière- Ténèbres
Positif- Négatif                         Mère- Père

On reconnaît les deux solstices de l’année mais aussi les deux St Jean : St Jean Batiste et le St Jean Evangéliste. Les deux pôles, les deux natures des choses : divines et humaines et par l’union des deux sexes M et F qui nous ramène à l’unité d’une nouvelle qualité.

Le premiers pas vers la musique polyphonique, c’est la deuxième voix, l’alternative, l’antithèse qui reflète et éclaircit la première. Dans les grandes oeuvres musicales elle s’émancipe et devient souvent tellement autonome, voir fort d’expression qu’on se demande où est la « vraie » mélodie. Et voilà l’arrivée d’une nouvelle qualité esthétique. Ni A ni B mais A et B ensemble et leur union  qui nous ramène à l’unité d’une nouvelle qualité.

Le deuxième thème dans la sonate est l’alternative, il est obligatoirement porteur d’une nouvelle idée toujours dans une nouvelle tonalité. Idem pour le deuxième mouvement dans le cycle musicale. L’accord du deuxième degré (II) est une sous dominante très colorée.

Le ternaire
Trois est la marque du surnaturel, du céleste.
Il représente la synthèse, la solution expliquée par la trinité.
            Actif -  Passif -  Neutre
            Père -  Mère -  Enfant

Les bijoux distinctifs des trois premiers officiers sont une illustration de la loi du Ternaire.
            Niveau                  Perpendiculaire                Equerre
            1er surveillant        2ème surveillant               V\  M\

Les trois voyages d’apprentis 
Trois grades : apprentis, compagnon, maître
Trois âges : Enfance - Maturité - Vieillesse
Trois âmes : Végétative – Animale - Intellective
Trois dimensions : Longueur, largeur, Hauteur (profondeur)
Trois niveaux du monde : Ciel, Terre, Enfer.
Les pouvoirs : Législatif, Exécutif, Judiciaire.
Minéral, Végétal, Animal.
Père, Fils et St Esprit
Sagesse, Force, Beauté.
Liberté, Egalité, Fraternité.

Trois est symbolisé par la pyramide : Fils, St Esprit, Dieu
La mort du Christ à 33 ans et sa résurrection le 3ème jour.

Dans la sonate classique le troisième mouvement est la synthèse des deux premiers. Très souvent  un Rondo, un dérivé de la danse populaire Rondeau.

On trouve chez les grands Maîtres compositeurs des fugues a tré soggetti (thèmes). Souvent le troisième thème est court et laconique, « seulement quelques notes ».

Pourquoi ? Parce qu’ il doit s’accommoder aux thèmes précédents, déjà existants. Le troisième thème est une sorte d’apothéose et de synthèse de la thèse (premier thème) et antithèse (deuxième thème)  précédent.

L’intervalle de tierce : Tout le musique du temps dit classique jusqu’à aujourd’hui est construit sur des tierces.

Fonctionnalité : L’accord est très multicolore et multifonctionnel à la fois dominante (V et VII) mais aussi tonique (III et V) surtout le III qui est le degré caractéristique pour la tonalité.

Le quaternaire

C’est la stabilité et la permanence, c’est aussi la quadruple purification subie par l’initié.

Chez les Pythagoriciens c’est la tétrade, le mystère de la création puisque quatre engendre dix (1+2+ 3+4). Le temple classique est aussi présenté avec une façade quarré (la terre) et fronton triangulaire (le ciel).

Les quatre éléments : la terre, l’air, l’eau et le feu mais aussi les quatre points cardinaux.
Matériel : C’est plutôt les quatre états fondamentaux de la matière : solide, liquide, gazeux, subtil.
Antithèse : Chaud, sec, froid, humide. Les quatre évangélistes. Quatre groupes sanguins, quatre directions, quatre saisons.

Le quaternaire c’est le plein chœur (SATB) musicale humain pour glorifier Dieu et à la fois pleurer les défunts.
C’est aussi un des sommets de  l’art musical humain qui est représenté dans le quatuor à cordes. C’est la musique la plus intime qu’un compositeur peu créer.

Les quatre mouvements de l’opus summum pour les musiciens dit classiques - la symphonie.
La quadruple fugue aussi inachevée qu’elle soit (Bach : La dernière fugue)
La fugue a quatre voix, vocales ou instrumentales.

L’intervalle quarte est l’inverse de la quinte. Un intervalle classique de la tonalité et de l’harmonie. Fonctionnalité : IV est la sous-dominante par excellence  et comme la terre mère c’est elle qui va donner naissance à la tonique (I) puisque elle se trouve une quinte plus bas.

Quintessence

O.Wirth « L’Homme est appelé à développer en lui un principe plus fort que les éléments. L’Homme surmonte l’animal, cinq s’impose à quatre. La quintessence a prévalue sur le quaternaire des éléments. » Le cinq c’est le nombre d’Homme : « Cinq livres de Moise » ; pour Pythagore trois, quatre et cinq est égal à Dieu, Monde et Homme. Trois au carré plus quatre au carré égal cinq au carré.  Les cinq doigts de la main. Cinq sens humains : Vue, odorat, toucher, goût, ouie. Le temple de Salomon avait trois cinq et sept marches. L'étoile flamboyante - la rose mystique. En fait le cinq est un nouveau départ qualitatif.

Pentatonique. La première tonalité que l’on peut retrouver dans tous les coins du monde mais surtout typique pour la musique dite chinoise ou d’extrême orient. Avec la pentatonique on a pour la première fois une nouvelle qualité car elle peut exprimer tous les sentiments humains.

La quinte comme intervalle est à la base de notre écoute musicale. Tout est explicable et dit par le cycle des quintes.

Fonctionnalité : V la vraie dominante et l’instabilité par excellence. Toujours centripète vers la tonique.

Six

2x3 est l’inachevé - Adam est crée le sixième jour - Jésus agonise sur la croix le sixième jour à la sixième heure.

Le nombre le plus ambigu. Proche de la perfection puisque la somme de ses diviseurs est égale a lui. On connaît la création du monde en six jours. Le chiffre de l’impossibilité. Le mariage fécond du feu et de l’eau est représenté graphiquement par la figure connue sous le nom de sceau de Salomon.

Le masculin actif et le féminin passif.

L’étoile du Macrocosme, le monde en grand, l’arrêt d’une expansion, c’est le chiffre imparfait puisque humain.

Dans la musique, c’est une nouvelle tonalité car l’octave est partagé en six intervalles égaux : des secondes majeurs. Le manque des secondes mineures mène la tonalité à une « conformité » voir une « unification ».

L’intervalle de sixte c’est l’inverse de trois (pas son doublement). L’accord, le sextaccord est le renversement de quintaccord et se pose sur la tierce de l’accord. Elle sonne une certaine instabilité (puisque posé sur trois et pas sur un) et son côté positif est sa coloration spécifique. Fonction : l’accord sur la sixième est ambigu car soit sous-dominante de couleur spécifique et enrichissante soit, et ce qui est particulièrement intéressant, la « remplaçante » de la tonique. Son apparence enrichit  les sonorités harmonieuses.

Sept

Mythique par excellence. Un quart de mois lunaire. La semaine. Les sept astres visibles à l’œil nu. Parmi les nombres premiers le sept est le premier qui ne peut pas s’inscrire dans le cercle Euclidien car l’heptagone ne peut être construit dans un cercle de 360°. La somme de 1 à 7 est égale à 28. C’est le cycle lunaire. Le sept symbolise l’union entre le ciel et la terre 3+4. On a bâtit le temple de Salomon en sept ans mais aussi l’année sabbatique qui est l’année après le cycle de six ans. On a besoin de sept maîtres  pour que la loge soit juste et parfaite. Dans l’Antiquité, on a connu les sept arts libéraux. Trivium, (Grammaire, dialectique, rhétorique) et le Quadrivium (musique, géométrie, astronomie et arithmétique).

C’est logique que le sept soit le nombre de la tonalité. La somme de quatre et trois, la terre et le ciel, l’achèvement et la perfection. Dès l’Antiquité la tonalité, au sens Européen, est composée par sept degrés. Les modes anciens, grégoriens, majeurs et mineurs. Toutes les grandes œuvres de la musique ont été crées sur cette base.

Fonction : L’accord sur la septième est dans la plupart des cas diminués. Dans sa fonction dominante elle est très utilisée dès la naissance de la polyphonie. Aujourd’hui elle reste toujours un accord basique pour les compositeurs.

Intervalle : La septime est très dissonante. Elle encadre le D7, l’accord qui va accentuer la dominante vers la tonalité Un et vers la Tonique.

En réfléchissant et méditant sur les nombres, je me suis aperçu que rien n’est isolé dans le monde, tout obéit à des règles générales. En les étudiants on peut établir des liens entre matières opposées. La pluridisciplinarité de quadrivium, plusieurs fois millénaire, me font penser que les différentes disciplines sont en vérité que les différents aspects d’une seule est même matière nommée l’Univers ou Cosmos. Enfin, toute la construction musicale de l'Antiquité à nos jours est inspirée du concept des nombres Pythagoriciens parce qu’ils sont eux-mêmes le miroir de l’Univers.

Les similitudes sont hilarantes.

Dans les travaux astronomiques des Johannes Kepler et dans les considérations scientifiques et philosophiques de Leibniz l’unité de leurs disciplines dans le grand corpus mystique des sciences pythagoriciennes ne souffre  pas de contestation. Il ne faut donc pas comprendre l’emploi des figures numériques chez Bach  comme un simple divertissement, mais comme une application des grandes lois divines.

Réfléchissons et méditons ensemble :

L’œuvre musicale commence et finit dans la même tonalité voir sur la même note (1)
Dès que l’on a deux voix on parle de polyphonie. La dualité est représentée par l'opposition des gammes majeures et mineures.
L’accord à trois sons est  la base de l’harmonie musicale.
Le chœur à quatre voix différentes (SATB) est le chœur complet des maîtres compositeurs appliqués dans les grandes œuvres musicales.
Le système pentatonique est une échelle musicale constituée de cinq hauteurs de sons différents. On connaît cinq altérations pour les sept sons de base.
L’échelle à six tons.
La gamme de 7 tons représente ainsi  la fusion du ciel et de la terre

Et au delà de sept ?
Le huit intercalé entre 7 et 9, tous les deux divins, symbolise la résurrection. Est-ce par hasard que le 8ème ton de la gamme est la répétition de la note de base ?
Est-ce par hasard que les mesures en 2 et 4 sont appelées « tempus imperfectum », à l'opposé du  3x3  (doublement divin) la mesure à neuf temps appelé « tempus perfectum ».
Douze est le produit de 3 x 4 donc matérialisation du divin dans le terrestre et la marque de l’œuvre de Dieu. La somme de tous semi-tons est égale à 12. On utilise 12 gammes majeures et 12 gammes mineures  = 24.

Le Dux (thème) de la dernière fugue restée inachevée (J.S.Bach : Die Kunst der Fuge - l'entier œuvre  composé en Ré !) est constituée de sept sons qui sont écrits d’une telle manière qu’en le lisant dans les deux sens on aboutit au même résultat…

J’ai dit V\ M\ 

Vartan M\ - Frère de la loge Fidélité et Prudence à l'Orient de Genève


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