Obédience : NC Loge : NC 10/01/2014

 

Le Voyage Initiatique

Quelles sont les origines du symbole mythique du voyage : Les voyages initiatiques, en prenant quelques exemples non exhaustifs tirés de la mythologie, de l'Histoire ou de la religion revêtent, tous, une importante signification symbolique :

Au départ fuyant l'Egypte, Moïse emmène son peuple dans une longue marche vers la Terre Promise, très proche de nous, une autre longue marche, périple dramatique dans l'ascension politique de Mao Zedong, figure aussi parmi les grands exploits politique et militaire de notre époque.

Récemment aussi, Nelson MANDELA (comme Martin Luther KING) a effectué une longue marche symbolique vers la Liberté, résultant de la réflexion d’un long séjour de 27 ans de méditation « intérieure » à la prison de Robin Island. Même Gandhi entrainait par son enseignement les foules dans le sillage d’une conquête non violente et profondément méditée.

Les exemples sont légions, mais une chose est certaine : il n'y a que les héros actifs et non sédentaires qui laissent une trace de leur action.

Ainsi toutes ces épopées, « marches » et conquêtes au sens de l’appropriation d’une part de l’inconnu de notre Monde, sont toujours l’expression d’une importante préparation de nature spirituelle, idéologique ou divine donnant les bases de convictions profondes et l’« élan vital » de leur action.

Pour la préhistoire et les civilisations naissantes de l’antiquité, le monde et la vie s’inscrivent dans un cycle d’alternance, très tôt les hommes de la préhistoire ont enterré leurs personnages illustres en compagnie d’un ours où à défaut d’une marmotte qui devaient leur servir de guide pour les ramener à la vie au printemps au sortir de l’hibernation. Et vers le 7ème siècle avant JC à l’ouest de l’Indus, les peuples ont cru à la résurrection comme en Egypte et ceux à l’Est ont eu foi en la réincarnation des êtres dans le monde animal comme en Inde encore de nos jours.

Dans le monde occidental antique, la vie terrestre est assimilée à un voyage jonché d'épreuves dont le but est de rejoindre le monde céleste à travers les Dieux et le Pharaon.

Les épopées d'Homère, récits mythiques des voyages d'Ulysse, ont gardé l'esprit grec en vie pendant plus de 3000 ans. Le livre préféré d'Alexandre Le Grand était l'lliade, et depuis lors, la plupart des grecs ont grandi avec ces histoires.

Le « dernier voyage ›› était assuré par Charon qui ne se laissait pas fléchir par les prières de ceux qui n'avaient pas de quoi le payer. Seuls ceux ayant mérité un enterrement adéquat étaient choisis et uniquement s'ils pouvaient payer le voyage, entre une obole et trois oboles, d'où la coutume de
placer une obole sous la langue du mort avant son enterrement. Ceux qui ne pouvaient payer devaient errer sur les bords de la rivière pendant cent ans. Ce mythe d’une obole dans la bouche a été retrouvé également dans des sépultures des Andes.

Le mythe de la descente aux enfers est la métaphore d'un voyage intérieur spirituel : car la croyance en un lieu où se prolonge l'existence de tous les humains après leur mort est très ancienne et répandue. Dans la mythologie grecque le royaume d'Hadès accueille tous les hommes après leur mort, mais ceux qui ont outrage les Dieux sont soumis à des châtiments éternels.

Le voyage aux enfers représente donc une descente aux origines, comme dans le 6ème chant de l'Enéide de Virgile ou bien une descente dans l'inconscient, selon les interprétations modernes.

Le voyage nécessite une motivation. On parle d'un voyage physique pour le héros de L'Odyssée car il va devant les enfers. C'est l'épreuve ultime par excellence qu'Ulysse accède aux enfers, car ce voyage est une mise en abyme. C'est un voyage dans le voyage. En se rendant devant la porte des enfers, il voyage grace aux personnages rencontrés. Ce voyage est une nécessité, une obligation, comme le passage de l'impétrant face à lui-même dans le cabinet de réflexion.

Le voyage Maçonnique est avant tout initiatique comme dans toutes les cultures, c'est une expérience dans laquelle le candidat subit des épreuves et atteint ses limites mesurant son courage. Pour qu'il puisse vivre ses aventures, il a besoin d'une part d'inconnu : c'est une épreuve pour lui : l'appréhension voire la peur, est une composante essentielle de l'initiation par l'épreuve. Le voyage est le chemin pour accéder à la connaissance, connaissance jamais totale, ce qui fait que le vrai voyage est celui qui ne finit jamais.

C'est une initiation au fond de son être qu'il doit entreprendre, vers la transcendance : apprendre à se dépasser. Ce regard correspond à une réelle découverte car il participe du « Connais-toi toi-même » prôné par Socrate. En ce sens il est le premier pas vers la connaissance, celle de soi, puis celle des autres.

Ainsi le jeune Zoulou doit affronter le lion pour devenir un homme, la griffure qui marque son visage en est le témoignage indélébile. Avoir fait face au danger dans son voyage initiatique et en détenir la preuve physique ou la reconnaissance de ses efforts, marque l'entrée dans le monde des adultes, et l'intégration dans la société avec la plénitude de ses droits de Citoyen. Telle est la vertu et la récompense du Service Militaire depuis les Romains (25 ans) à la IIIème république (7ans/3ans).

L'Apprenti vient des abymes, il y a dans le cabinet de réflexion assimilable à un caveau mortuaire le premier contact avec un élément : la Terre. Pour les stoïciens, le monde est un grand être unique, un organisme, une sorte de grand vivant constitué par les quatre éléments (terre, eau, air, feu) qui passent l'un dans l'autre. Pour le stoïcien, la vertu consiste à connaître la nature et à vivre en harmonie avec elle.

Les Apprentis recevant l'initiation maçonnique voyagent en suivant ces références stoïciennes aux 4 éléments après les trois voyages. La nature, c'est l'univers, le monde, la réalité. Ils y voient la loi de l'éternel retour c'est à dire l'idée d'un temps cyclique qui rythme les déplacements en Loge pour comprendre que ce qui a été redevient un peu plus rapidement que selon les Stoïciens pour le cycle était au bout d'un bon millénaire.

Les Grecs croient au fatum c'est à dire au destin, car le grand organisme qu'est le monde, ce vivant éternel, n'est rien d'autre que Dieu lui-même. Dieu n'est donc pas hors du monde. La volonté et l'intelligence humaine sont impuissantes à diriger le cours des événements qui régissent le Voyage de l'Homme sur Terre. La destinée est fixée d'avance et reste fixée par Dieu, ordonnateur du monde. Par conséquent, il n'est pas de liberté d'action de l'homme, le voyage de sa vie est donc une fatalité. Le monde est un organisme où tout se tient et la seule liberté consiste à agir selon l'ordre du monde. Par contre la seule liberté est la liberté intérieure : la liberté de pensée, déjà...

Les armes essentielles du Maçon pour voyager selon sa propre volonté et qui lui permettra de triompher de tout, sont celles que reçoit le Compagnon. A chaque étape de ses cinq voyages, il recevra les outils permettant perfectionner son art pour aboutir au devoir de tout Maçon : la glorification du Travail : travail sur lui-même, travail avec les autres, travail pour les autres.

L'exaltation vers la maîtrise est un état d'errance à la recherche du corps d'Hiram, un pèlerinage rituel permettant de rejoindre le centre immuable, celui où tout commence et où tout finit.

Le voyage interieur :

Le voyage intérieur est une autre recherche de l’absolu, la méditation intérieure très connue comme pratique du Bouddhisme est avec l’érudition, la moralité et la sensibilité aux autres, essentielle à l’accomplissement de soi pour atteindre un état d’éveil et saisir la vérité de toute chose.

Les pratiques du yoga en Inde, du tantrisme et des ermites le recours aux valeurs fondamentales humaines et à l’abstinence par la maîtrise de son esprit dominant le corps.

Distinguons Le voyage illusion, le voyage éphémère :

Le voyage illusion est celui du drogué qui fait l'expérience de deux modalités de l'infini, dont l'une est le mal absolu et l'autre le bien absolu. Les titres des ouvrages d'Henri Michaux décrivent les effets de la drogue : Misérable Miracle, L'Infini turbulent, Connaissance par les gouffres, rendent compte du caractère essentiel du voyage hallucinatoire, la dépendance jusqu'à la déchéance à se procurer de manière insatiable les substances donnant accès au nirvana artificiel. « Bad trip »

Mais mieux que les prises de drogues agissant sur notre système endocrinien avec les dangers maintenant connus, les voyages intérieurs et la communion des hommes dans l'Esprit comme dans la Chair peuvent sublimer l'homme dans sa quête de l'infini. Tel est l'égrégore que nous recherchons, et qui peut être aussi bien celle des groupes de pensée comme des groupes de prières. L'amour de son côté transcende l'être humain et le transporte au-delà de sa condition terrestre, le temps d'une rose. Car l’amour platonique comme physique déclenche une avalanche d’hormones de plaisir, de bien-être et d’évasion du monde réel, et même une hormone dite « de rapprochement » l’ocytocine.

Celle-ci détermine notre capacité à nous attacher et à aimer, à nous calmer et nous relaxer, à établir et maintenir des liens entre les individus, « Good trip ! », les interactions sociales amoureuses ou impliquant la coopération, l'altruisme, l'empathie, l'attachement voire le sens du sacrifice pour autrui, même pour un tiers ne faisant pas partie du groupe auquel on appartient. Elle aurait eu précocement (au cours de l'évolution) un rôle dans la reproduction et intervient à ce titre avec un rôle moteur dans la fidélité des couples notamment dans le monde animal.

Aussi mes F\ F\ je vous engage a la mefiance, l’Amour est une maladie sexuellement transmissible !

Le voyage dans le temps, est un important symbole masque :

Les voyages de la F\ M\ portent et recouvrent des références symboliques au temps et à sa mesure : Le temps (la durée) passé sur les colonnes, la durée de nos Tenues, le cycle du déplacement en Loge.

Dès l'Antiquité, les hommes ont cherché à évaluer l'écoulement du temps rythmé par les années, les saisons, les jours et les nuits. La vie des hommes du néolithique jusqu'aux Celtes étaient rythmée par la lune, et celle des peuples sédentaires comme les Egyptiens par le cycle du soleil pour la journée et des crues du Nil pour l'année. Les premiers instruments de mesure connus sont les cadrans solaires.

Fondés sur le déplacement relatif du Soleil par rapport à la Terre, ils ne pouvaient fonctionner que le jour, comme nos travaux de midi à minuit et par temps ensoleillé qui nous rayonne sa Lumière, car le soleil nous donne aussi le sens de nos déplacements qui suivent la trajectoire de son rayonnement symbolique autour du pavé mosaïque.

La perception de la réalité sur terre nous incite à croire que le temps et l'espace sont les mêmes pour tous, sur cette idée repose les lois de la gravitation et de le dynamique exposées par Newton au 17ème siècle. Ces lois semblaient tout expliquer : de la trajectoire d'une balle à l'orbite des planètes. Einstein remet en question cette loi fondée sur le sens commun en cherchant à résoudre le problème de l'existence d'une onde dont la vitesse est telle que l'on ne peut l'atteindre : celle de la Lumière. C'est cette Lumière que nous apportons dans nos travaux pour l'enrichir ensemble puis de la diffuser en énergie dans notre vie sociétale, et un jour plus lointain à la vitesse de la lumière dans l'univers.

Conclusion :

Voyager est un appel puissant et attractif vers la connaissance de soi même à travers la découverte du monde dans son ensemble.

Le voyage est l'epreuve de l'Homme, aventure, recherche, quête d'un trésor ou de la connaissance, concrète ou spirituelle, c'est un moyen d'émancipation, une occasion de faire ses preuves, de se mesurer, de se dépasser et de découvrir d'autres aspects du monde et de soi-même.

Si l'enracinement, c'est la vie dans la Loge, alors l'aventure élémentaire du Maçon, c'est la visite des autres loges et des autres obédiences et surtout de répandre dans la société les valeurs que nous avons acquises. A l'image du Tour de France pour le compagnonnage, la visite d'autres loges permet de réussir à concilier de manière naturelle enracinement et aventure et au compagnon de poursuivre son apprentissage.

Mais ce qui apparait comme essentiel au cours des visites que fait le Maçon, c'est de découvrir la Fraternité exprimée par des F\ F\ d'autres ateliers et de comprendre par l'expérience qu'au-delà des différences rituelles la F\ M\ est universelle.

Pour nous Maçons, le cheminement est plus aisé grâce à nos initiations, notre voyage est le symbole de la marche de l'Humanité vers le progrès, vers la connaissance et vers cette sagesse des éternels voyageurs nomades que nous sommes. Nous avons la possibilité d'allier l'abstrait au concret, la faculté de voyager sur des lieux d'imagination et d'espérance. Est-ce un si mauvais voyage que de souhaiter une humanité meilleure et plus éclairée, de rendre à la société l'audace et la perspective qui lui manquent ?

Quel magnifique voyage alors que le nôtre ! Il a un objectif fondamental unifiant : un humanisme diversifié et progressif parce que l'humanisme n'est pas figé. Depuis l'antiquité, il accompagne la libération des esprits et le progrès, en oubliant jamais ses caractères fondamentaux qui lui donnent toute sa valeur : l'appétit de culture, la volonté de répandre les connaissances, le souci de mettre l'homme au premier rang de toutes les préoccupations et en perspective de son avenir.

Hors du Temple, gardien de notre liberté, chaque individu, chaque frère est responsable, que toute action humaine si minime soit-elle, engage l'humanité entière.

« Chaque homme porte en lui la forme entière de l’humaine condition » disait Albert Camus...

J'ai dit.

L\ P\


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