GOB Loge :  La Pyramide - Orient de Waterloo 11/ 2010


Idées de voyages dans l’Idée

Bien plus qu’à l’initiation d’Apprenti où je subissais, en aveugle inconditionné, un mystérieux processus déambulatoire, le passage au grade de Compagnon m’a fait, comme je le présume pour l’ensemble de cette respectable assemblée, participer activement aux travaux et m’a émotionné particulièrement par sa sensibilité et par la fertilité du symbolisme.

Par l’aberration qu’offre un esprit débridé et attisé par une curiosité capiteuse j’ai, par la suite, désiré adjoindre aux prémices du deuxième degré quelque élément sauvage s’amalgamant avec l’acquisition de cette liberté nouvelle.

Le goût d’aiguillonner ce parcours d’un axiome temporaire ne me faisait toutefois pas oublier que tout apport surnuméraire devait obligatoirement s’imbriquer parfaitement dans l’orthodoxie du fil conducteur du grade.

Il faut bien s’imprégner que rien n’est gratuit en Loge, et que ce n’est pas pour faire « joli » que tel geste, tel élément, tel outil, telle parole ou telle couleur sont mis en place à chaque stade.

Si, par rapport aux 18e / 19e et début du 20e siècle, nous avons nettoyé sensiblement le décorum des Ateliers, rien dans le symbolisme primordial ne peut être gommé. Au contraire ces symboles doivent être projetés et sublimés avec l’évolution sociétaire.

La Maçonnerie se perpétue et ne peut perdurer que dans une constante progression, tout en préservant ses valeurs traditionnelles, ce qui en fait le processus unique de réflexion particulière.

Nos prédécesseurs ont posés des jalons et des repères suffisamment puissants pour être adaptés et générés dans l’espace-temps. Si nous nous plaçons sur le tracé avec précision, tout dans le Temple, permet au rêve d’engendrer l’extension illimitée du mythe. Ceci dit, le mythe étant créatif et le rêve expliquant sa réalité, l’Etoile Flamboyante avait déjà imprégné le canevas de mon futur travail d’obtention de Maîtrise, tout en recherchant une métonymie entre le pentagramme et mon élément perturbateur. Peut-être par déformation professionnelle, je me suis cristallisé sur la couleur du Compagnon - le rouge - et, par extension de celle-ci, est né au cours de mes erratiques pérégrinations estivales le coup de cœur pour le coquelicot.

C’est pourquoi, dans la suite de cet exposé, vous constaterez que je passe allègrement de l’un à l’autre sans préjugé. Pour moi il y a depuis, ambivalence, osmose et complicité tacite entre la couleur et la fleur. Si le rouge est l’apanage compagnonnique, encore faut-il en déceler toute la subtilité et découvrir les fibres sous-jacentes qui le relient à la quintessence du flamboyant qu’est l’écarlate. En outre rien, au départ, dans cette plante frêle et gracile ne la rapprochait du Compagnonnage, mise à part sa couleur !

Cependant cogitation aidant, son indépendance, sa pseudo indiscipline et sa volonté de liberté, procédaient d’une même valeur emblématique. Comme le Compagnon elle se permettait de faire le pas de côté, en s’installant sur le talus ou dans le fossé, tout en retournant ensemencer la champ dont elle était issue. Plus qu’un chant de coq, plus que les souvenirs d’aurores enfantines champêtres, où s’épanouissaient le rouge et le bleu entre les ondoyantes nuances dorées de fins d’étés ardennaises que berçait le son cristallin des Matines en quelque abbaye oubliée, la résonance du mot - COQUELICOT – m’a révélé de nouveaux horizons. Il devint omniprésent dans mes voyages visionnaires dont j’essayerai de faire le panégyrique. Mais, procédons par étapes comme il sied à l’initié pour parfaire son œuvre.

Le papaver rhoeas, ou coquelicot, est une papavéracée messicole commune, un pavot des moissons, dont les teintes varient du rose foncé à la pourpre cardinale. Depuis le Moyen-âge il s’est appelé successivement ; coquerico, coquelicoq puis avec l’évolution du langage - coquelicot. Sa présence campagnarde a donné de nombreuses dénominations locales telles que ; ponceau, pavot des champs, gaverolle, pavot-coq, mahon, chaudière du diable ou chaudière d’enfer et même – feu.

Introduit dans nos régions par les migrations grecques et romaines, engendrant la sédentarisation des cultures céréalières, le coquelicot a proliféré partout en Europe. Partout…, sauf en Grande-Bretagne où, voici un siècle, il était pratiquement inconnu. En effet, le coquelicot fut découvert par les troupes britanniques, suite aux combats engagés dans les Flandres entre 1914 et 1918, qui l’associèrent automatiquement à leurs soldats tombés au Champ d’Honneur.

Dès 1921, dans les grandes villes d’Albion, se vendaient des plants de coquelicots au profit d’amicales d’anciens combattants et de ses morts héroïques. En 1936, sur le catafalque du défunt roi George V, figurait une couronne de coquelicots dont le bandeau s’illustrait par cette sentence dorée « Le chemin du devoir a été le chemin de la Gloire », maxime qui s’appliquerait harmonieusement à la concrétisation du travail compagnonnique. Et, de nos jours toujours, les Britanniques arborent un coquelicot de papier pour commémorer les jours glorieux de l’empire.

C’est en français seulement que s’harmonise l’association du coq et de la plante. En allemand, le coquelicot se traduit par klashmohn ou knallrot, l’italien en fait papavero ou rosalaccio, le neerlandais nous donne klaproos ou helrood et, last but not least, l’anglais le traduit par cornpoppy, wildpoppy, Flanderspoppy, red Poppy ou cornrose. Tous ces axiomes portent sur la couleur, la rose sauvage, le champ, le pays et l’enfer. Une seule approche anglo-saxonne récente fait allusion au gallinacé c’est l’appellation cockcrowing, le cri du coq.

A ma connaissance, aucun conte, aucune légende et aucun texte ne semblent exalter le coquelicot.

En littérature, poésie et musique, la plante laisse peu ou prou de traces précises. Si ce n’est dans la célèbre chanson « Comme un petit coquelicot », du milieu du siècle passé, interprétée par Mouloudji, ou par quelques allusions timorées dans les « Musardises » d’Edmond Rostand et « Les foins » d’André Thieuret ou in fine, avec le titre du premier tome de « La lumière des Justes » d’Henri Troyat, intitulé « Les compagnons du coquelicot ».

La couleur, quant à elle, s’imprègne cependant mieux dans ces diverses disciplines et je cite à la volée les œuvres de Perrault, Rimbaud, Prokofiev et Moussorgski, telles que « Le petit chaperon rouge », « Le dormeur du val » « L’apprenti sorcier » ou les « Tableaux pour une exposition ».

C’est surtout en peinture que la plante devient prolixe, en effet d’Arcimboldo à Manet et passant par Hokusai et Van Gogh, des artistes d’époques et d’origines différentes ont représenté, voire magnifié, le coquelicot dans leur œuvre.

Bien entendu la sculpture architecturale, tant romane que gothique a rapidement imprégné ma réflexion. C’est ainsi que j’ai été confronté à interpréter les feuilles d’acanthes des volutes de certains chapiteaux religieux, en prosaïques feuillages de coquelicots. Fait étrange, cette profanation outrancière relevait d’une concordance imagée de stylisation et, il me fallait le reconnaître, entre ces deux espèces, il y a une similitude troublante dans la forme ou la disposition des feuilles.

L’imagination populaire a peut-être facilement attribué le qualificatif d’acanthe, qui jouit d’un dénominateur plus chevaleresque, plutôt qu’à la connotation d’un simple parasitaire aux prémices païennes et infernales.

En plus, certains festons quadrifoliés posés, çà et là, dans ces édifices religieux, font allègrement penser à des fleurs de coquelicots épanouies, bien plus qu’aux roses mystiques dont la symbolique s’exprime par cinq pétales étoilés.

De là, à imaginer que les artisans moyenâgeux aient subrepticement représenté des coquelicots comme miroir du Feu caché, afin de vivifier les réactions sensitives des initiés sur la résonance de certains points d’énergie tellurique, il n’y avait qu’un pas de côté à faire.

La représentation picturale ou sculptée axe de façon précise et par sa présentation visuelle et colorée, frappe directement l’imagination. Le son ou la lecture privilégient plutôt une mémorisation subconsciente d’un sujet type quand s’exprime l’ambiance de son milieu naturel.

A preuve, dans l’« Eté » de Vivaldi, la mélodie fait automatiquement penser à la campagne avec sa faune et sa flore basculant dans l’orage pour, finalement accéder sur l’embellie.

Un autre exemple ; dans le livre « La soupe aux choux », René Fallet présente, avec une description prolixe, des mots tellement hyperboles qu’ils nous font humer et déglutir cette potée gargantuesque. Qui, dès lors de l’extraterrestre, personnage-clé de l’œuvre, ou du lecteur aura moralement le plus bâfré.

En résumé, tous nos sens perçoivent d’une façon spécifique et originale, pour analyser, approfondir et exalter la prébende des éléments mise à leur disposition.

Revenons quelques instants en amont pour mettre en place, dans une pseudo hiérarchie campagnarde, l’inséparable complice du coquelicot qu’est le bleuet. Celui-ci a des vertus curatives contre les affections oculaires, d’où son surnom de « casse-lunettes ».

Le bleuet est, de ce fait, correctement adapté aux qualités demandées à l’Apprenti. C’est, je le rappelle, l’acuité visuelle de l’Apprenti qui lui permettra de dégrossir harmonieusement la pierre brute. Souvenons-nous du bandeau enlevé pour recevoir la Lumière.

Si la couleur qui représente l’apprentissage n’est jamais énoncée, je lui attribue personnellement le bleu, couleur de ciel d’horizon et donc, de limite optique. Qui peut me dire exactement pourquoi nos Ateliers Symboliques se définissent en tant que Loges Bleues ? Certains Maçons travaillant au Rite Français, vous diront que c’est parce que les tabliers et les baudriers des Maîtres sont bleus, c’est certainement valorisant, mais tout à fait inexact. Il suffit simplement de lever un regard introspectif afin d’imaginer notre voûte étoilée, c.q.f.d..

Mais, retournons à notre papavéracée.

Pour le botaniste, le plant de coquelicot est constitué de fleurs à quatre pétales, passant du rouge au noir basal, dont le cœur capsulaire jaune d’or est parsemé d’étamines noires qu’entourent des feuilles découpées et triangulaires. Ses fleurs étant toujours isolées au bout d’un long pédoncule contenant une sève de latex épais. Comme le Compagnon cette plante reste proche de sa génération, mais s’épanouit, seule et unique, appuyée sur sa canne pédonculaire.

Originaire de Méditerranée Orientale, nous trouvons déjà le coquelicot en Egypte pharaonique où les princesses de sang royal, passée au royaume de Mout portaient, posées sur les bandelettes de momification des guirlandes de ces petits pavots sauvages, comme rite d’éternité entre les êtres vivants et le domaine d’Osiris.

Dans la mythologie grecque, la représentation de Déméter / Cérès, déesse de la terre et des moissons, tenait dans les bras une brassée d’épis mêlés de coquelicots. Quant à Morphée, il avait le front ceint d’une couronne faite des mêmes fleurs. Dans les deux cas ci-dessus, l’allusion estivale ou fonctionnelle de la plante est suffisamment limpide pour n’être plus explicitée.

Selon une vieille habitude, j’ai axé ma recherche sur la présence du coquelicot dans la Bible. Je n’y ai rien trouvé sous son nom originel sauf, peut-être, par quelques évocations étiolées ou étaient mentionnées des fleurs rouges, des semences et des graines sauvages.

La couleur par contre, y est bien présente dès le début du « Bereshit », la Genèse hébraïque, avec les mots : ADAM, ADAMAH et ADAM, que sont respectivement, l’homme originel, la terre et le sang et dont la racine commune est adam (אדם ), la couleur rouge.

L’hébreu biblique est une langue vernaculaire très riche en enseignements occultés. Par exemple, pavot se prononce PHEREG. Ce mot composé des consonnes PHE, RESH et GIMMEL, se traduit phonétiquement par les noms de : bouche, tête et par le verbe mûrir. Ces trois lettres, respectivement, 17e, 20e et 3e dans l’ordre alphabétique hébraïque, donnent la somme de 40, nombre symbolisé par la lettre MEM.

En Kabbale le MEM incarne la fertilité et le mouvement vital, il représente le signe zodiacal de MOZNAÏM - la Balance – dont le symbole alchimique s’applique à la sublimation – porter au rouge.

Le signe de la Balance c’est aussi la fin de l’été et le début de l’automne, l’époque des moissons, précédant l’hibernation qui engendrera la palingénésie de la nature printanière et de l’homme nouveau.

Dans son acception de – partenaire – le mot compagnon se dit HEBER en hébreu. Il peut se traduire par; association, être lié, être ensemble ou se joindre à quelqu’un. Mais, compagnon a aussi une connotation glorieuse et se prononce alors BAYL-MALEKEH ; dont l’étymologie devient ainsi – propriétaire du travail ou possesseur de la royauté.

La racine de MALEKH est KALAH, elle exprime l’achèvement ou l’extermination. Le Compagnon Maçon est, par ce fait, potentiellement possesseur de la perfection ou de l’anéantissement de l’œuvre. Cette bipolarité que l’on retrouve dans le rouge comme couleur de confiance, ou de danger, nous y reviendrons.

Les peaux de béliers qui protégeaient l’Arche d’Alliance étaient rouges comme l’Ephod, la vêture pectorale sacerdotale du grand prêtre du Temple de Salomon.

La première des douze pierres précieuses qui ornaient ce pectoral était le rubis, emblème de la tribu de Ruben, fils aîné de Jacob. Ce rubis trouve sa place dans l’arbre séphirotique, avec DAÂT – la Connaissance, valeur occultée qui se place sur la colonne du cœur et de l’esprit, juste en dessous de KETHER, la Couronne.

Rouge est la colonne YAKIN, dont la traduction est « Il établira », symbole de droiture et d’exactitude.

Au Rite Ecossais YAKIN est la Colonne qui indique la place compagnonnique, tandis qu’au Rite Français elle se place face au regard des Compagnons en rappel de leur évolution symbolique.

L’hébreu, excelle dans l’analyse métaphysique des mots, par exemple, prenons le terme SHIBBOLETH, sa définition littérale est : épis, que nous extrapolons par « Nombreux comme les épis », cependant ce mot se traduit aussi par: courant d’eau, tourbillon ou spirale. Analytiquement, ces diverses traductions sont parfaitement symbiotiques car broyés, mouillés et malaxés, les épis sublimés, portés au rouge, se métamorphosent en pain nourricier.

Le pain, quant à lui se prononce LEHEM, mot qui signifie aussi, se battre, conquérir, lutter en faveur de quelqu’un, de quelque chose ou persévérer dans l’effort. Toutes ces valeurs concordant harmonieusement avec les qualités essentielles requises pour être un bon Compagnon.

En Maçonnerie, du1er au 33e degré, nous nous retrouvons ainsi confrontés, parfois avec une certaine fantaisie, il faut le reconnaître, à des nombres, des mots et des phrases d’hébreu, langue quasi disparue à l’époque où ont été rédigés les rituels. Cela est, bien sur inhérent au fait que la structure, l’ossature, de ces rituels a été nivelée, au départ, sur la construction du Temple de Salomon. Cependant, dépassant le stade biblique primaire du phénomène, il y avait certainement aussi la volonté des concepteurs et des créateurs à inciter les adeptes à une réflexion sur les qualités qu’offraient les lettres/nombres hébraïques. En effet ces graphèmes par le jeu des lettres, des mots ou des phrases ont une implication valorisante suffisamment importante pour ne jamais être négligés en Maçonnerie.

Par le libre-arbitre de l’homme en réalisation, le rouge est la couleur du Compagnon, c’est la couleur du sang partant de son cœur afin d’irriguer sa raison et c’est la couleur de la terre qu’il fertilise.

Rouge est la couleur des deux Saints Jean. C’est par le sang de la décollation du Baptiste que s’est conclu l’apport de l’ancienne alliance des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, au profit du nouvel enseignement promulgué par le fils de l’Homme et diffusé avec le sang de l’Evangéliste.

La synthèse de cette pérennité récupérée, dans la gnose chrétienne, sous la forme du Janus bifront, dont la représentation sous forme de personnages bicéphales, orne un des piliers de la cathédrale de Chartres et un bas-relief de celle de Ferrare tenant dans leur main droite, le pain de vie au centre duquel est appliqué une croix à quatre pattes égales.

Rouge est le vin, breuvage du viatique compagnonnique, prêtant à la convivialité et indissociable du pain.

Ce paillard de Rabelais identifiait la dive bouteille au St Graal et prétendait « in vino veritas » qu’apprécier le vin prouvait une grande sagesse.

Plus qu’un viatique, il est certain que le pain et le vin sont des métaphores mises sciemment dans le bissac compagnonnique. Au-delà de leurs principes nourriciers, se placent des leviers permettant à chacun d’exprimer des réflexions qui soulèveront les obstacles placés sur le plan car, si le pain est l’expression de notre matérialité corporelle, symboliquement le vin transmuté en sang devient le feu spirituel qui active cette matérialité.

Le rouge est la couleur de Tubalcain, d’Héphaïstos, ou de Vulcain, dieux forgerons maîtres fusionnant les métaux grâce au feu terrestre interne.

L’antique sagesse chinoise associe le rouge à la fertilité des fins d’étés. Dans certaines peuplades asiatiques et les Moï Jaraï (1) en particulier, lors des mariages, on place des bandes de tissus ou de papier écarlates dans les paniers de riz offerts aux nouveaux époux, en gage de bénédiction pour une descendance nombreuse et prospère.

Pendant la cérémonie de la Cène, c’est la sagesse du Maître qui métamorphose le vin en sang et scelle la nouvelle étape initiatique des apôtres compagnons. Yehoshua – Jésus -, dérisoire roi des Juifs, fut couvert d’une cape écarlate sur le chemin du Golgotha.

La couronne d’épines d’acacia qui lui enserrait le front était-elle seulement un objet de souffrance ou, surtout une ceinture protégeant la Connaissance, car toute avancée intellectuelle ne s’acquiert-elle pas sans épreuves matérielles ?

C’est en vertu d’une continuité de lignage de droit divin que les rois de France, fils aînés de l’Eglise, étaient sacralisés recouverts de pourpre, toutefois leur couronne d’or ornée de pierres précieuses, n’était plus un symbole de la Connaissance, mais du pouvoir absolu.

En héraldique, le rouge est dit « de gueules ». Il exprime l’amour du prochain, le courage, la sublimation et la régénération. Il correspond au caractère bénéfique du rubis qui aurait le pouvoir de détourner la peste et les actes vils. C’est la couleur de la chevalerie templière dont la croix, à quatre pattes égales, rappelle certains festons des cathédrales. C’est une couleur chaude et mâle qui exprime l’effort et la force.

Le signe du Compagnon, main droite légèrement refermée sur le cœur (2) à certainement la fonction primaire d’avoir cet organe arraché en cas de parjure. Toutefois, avec plus de discernement cela apparaît comme le massage cardiaque qui activerait le débit sanguin pour mieux irriguer et régulariser la pensée créative.

La couleur complémentaire du rouge est le vert bleuté, froid, féminin, passif et posé, qui est la teinte vestimentaire des énigmatiques Vierges Noires dans le giron desquelles exalte l’enfant, l’être nouveau, habillé d’écarlate. Cette association symbiotique de la mère primordiale avec l’enfant régénérateur, est l’expression qui existe entre l’évolution progressive logique et la conscience spirituelle.

Dans le Grand’Oeuvre, le rouge et le vert bleuté marient le soufre et le mercure, le rubis et l’émeraude que concrétise le sceau de Salomon en Agni, le feu céleste descendant mêlé aux eaux matricielles ascendantes, c’est l’accouplement de l’hydrogène et de l’hélium fécondant les poussières stellaires de la bouillie créatrice de vie.

Rouge était l’étendard élevé par les idées libertaires de la Commune, hélas plongé par la suite dans la fange totalitaire soviétique. Antinomie glorifiant puis dégénérant la valeur colorée d’une idée socialement égalitaire.

Cette même dualité que l’on retrouve dans la décoction de pétales de coquelicots. Ce somnifère puissant, maîtrisé, est émollient et apaise lentement en régulant le débit cardiaque, mais administré à fortes doses, il devient toxique voire mortel, se posant alors en parallèles à l’ignorance, l’orgueil et l’ambition, de l’impatient, ce mauvais Compagnon qui manie ses outils sans discernement.

Enfin, l’humble fleur champêtre devient reine en s’unissant à l’épi roi, encadré du dauphin casse-lunettes. Ensemble ils forment l’harmonie des teintes chromatique de la lumière. Triangle équilatéral primaire - rouge – jaune – bleu. Engendrant ainsi l’orangé, le vert, le violet, et l’indigo, pour s’épanouir en arc-en-ciel, que sublime le blanc et le noir. Symbolisme, des nombres Trois, Sept Neuf, se résumant en Cinq, par la cohésion
des teintes engendrées et des deux extrêmes.

En résumé, en tant que nouveau Compagnon, soutenu par l’acquisition des outils appropriés et, inspiré par cette projection florale colorée que m’offrait le coquelicot, j’ai œuvré vers la maîtrise transporté par un rêve scintillant.

Peu à peu, tout s’est correctement nivelé sur la surface que j’avais à prospecter et, arrivé au terme de mes voyages compagnonniques, c’est sous un soleil au Zénith qu’a jailli l’idée, de traverser le miroir aux alouettes afin de m’ouvrir sur l’infini.

Vous l’aurez remarqué, lentement cette papavéracée commune a filigrané mon Pentagone et mon Etoile Flamboyante. En se juxtaposant parfaitement sous la lettre G, le calice d’or de cette fleur me permet toujours une part de rêve qui est loin d’être exprimée et je risque de m’emballer longtemps encore par l’utopique engouement que me procure le rouge pavot messicole.

Comme certains coquelicots, je me trouve ce midi égaré sur le bord du talus. Puissent les graines que j’ai éparpillées aux quatre vents, ensemencer quelque peu les terres emblavées de vos futures récoltes magistrales.

En se remettant constamment en mémoire qu’ici TOUT est symbole et que rien n’est à négliger, fut-ce le merveilleux que procure l’extrapolation colorée d’une fleur fugace.

Et si d’aventure, en quelque lieu campagnard, vous rencontriez un coquelicot, souvenez-vous qu’il ne se laissera pas captiver.

A peine cueilli il s’étiolera et mourra rapidement sauf si, spontanément, par le feu, vous lui reteniez le sang et cautérisant sa plaie pédonculaire.

Comme tout Compagnon, j’ai fait un pas de côté et il me faut, maintenant, avoir la sagesse de retourner sur la surface initiale.

J’ai dit.

D\ D\

Notes :
1) Moï-Jaraï: le terme de Moï n’est quasi plus employé car c’est il est péjoratif et signifie « sauvage ». Le peuple Jaraï est une ethnie, de +/- 350.000 personnes, qui vit sur les Hauts Plateaux du Darlac, entre le Vietnam et le Cambodge.
2) Au R\ E\ A\ A\, en plus de la main droite sur le cœur, la bras gauche est élevé et collé au flanc, main à hauteur De l’épaule, doigts étendus est serrés, sauf le pouce qui fait équerre.
Références :
Secrets et vertus des plantes médicinales – Publication Sélection du Reader’s Digest.
Nos grand-mères savaient – Jean Paliseul - Editions Robert Laffont.
Guide des plantes à fleurs de l’Europe occidentale – D.Mc Clintock, H.R.S.R. Fitter / S. et Cl. Favarger - Editions Delachaux & Niestlé.
Les fleurs du monde – robert S. Lemmon et Charles L. Sherman – Editions hachette.
Dictionnaire d’hébreu et d’araméen bibliques – Editions Le Cerf / Société Biblique française.
Nouveau dictionnaire français -hébreu / hébreu – français – Editions S.Zack et Cie, Jérusalem.
Coquelicot, Papaver rhoeas - http // www.plantencyclo.Com

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