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J'ai Rencontre une Étoile

Lorsque, au terme de mon premier apprentissage, je me déclarais aspirée vers le delta lumineux au-dessus de l'Orient, j'ignorais qu'il serait mon tremplin vers l'étoile flamboyante. Au terme du 5e et dernier voyage de son initiation, tout d'intériorité et de relation cosmique, le futur compagnon se retrouve au pied de l'orient, face à lui-même, et se voit révéler cette étoile, d'où rayonne la lumière de la connaissance. J'ai envie de dire la lumière de l'Etre. Une connaissance intérieure, toute d'intuition, d'empathie, d'osmose, d'intégration de tant de contraires dans la subtilité d'un tout cosmique, d'une entité dont on ne sait les limites. Mais la connaissance est avant tout naître avec (cum nascere), en même temps que, ...et passe donc par un retour symbolique, inconscient, surnaturel vers l'origine de toute chose, vers sa quintessence, comme pour faire avec elle l'expérience de son propre développement. Cette origine, quelle est-elle? Comment la définir ? Où la trouver ? Existe-t-elle (la manière tangible et incontestable ?

Lorsqu'on trace une ligne, elle a toujours une origine et une fin ; ce sont d'ailleurs ces deux points qui définissent le segment de droite. La droite, quant à elle, peut aussi être définie par Ces mêmes deux points, mais aussi par une infinité d’autre allant par paires (comme les gamètes contraires portant la promesse d'une vie). Mais ces points sont des lieux de passage, car cette droite a cheminé déjà bien longtemps avant d'en rencontrer le premier, et elle continuera bien longtemps après le second.

Les infinis de ses deux bouts ne se toucheraient-ils pas quelque part ? Et voilà le cercle, cet Ouroboros où le commencement avale la fin pour ne plus former qu'un tout renaissant éternellement de sa propre fin. L'homme est segment sur cette droite infinie de la vie, de l'existence de l'humanité, du Grand Tout.

L'Etoile est symbole de l'humanité multiple, et les hommes, tels les côtés de l'étoile, s'y succèdent et s'y correspondent pour chanter au rythme harmonique de la vie. Ce chœur sera d'autant plus vibratoire que tous ces hommes et toutes ces femmes, fonction les uns des autres, vivent cette interdépendance dans le désir d'un mieux commun. Cette étoile, j'ai voulu m'en emparer, me mesurer à elle ! Quelle vanité III Mais que d'enseignements à la clé ! Ce petit point qui brille, qui me renvoie la lumière d'un soleil dispensateur d'énergie...au moment où je la regarde il se peut qu'elle n'existe plus, et c'est un voyage qui remonte le temps qu'il me faudrait entreprendre, pour la rencontrer dans toute sa splendeur flamboyante, avant qu'elle ne disparaisse !

Et voici que je casse le temps l'appropriation d'un élément du cosmos est une victoire sur le temps qui passe ; l'observation d'une étoile, témoin de la naissance de l'Univers est une intrusion dans l'infiniment passé, en coupure d'avec l'inexorabilité du temps profane. Crée-t-on ainsi un autre temps ? Un espace-temps outre-sacré, car rebobine à l'origine, quand le sacré et le profane n'avaient pas encore été dissociés par un Hermès impertinent ? Comme il me souvient qu'on aurait affirmé jadis que « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et inversement, pour accomplir le miracle de l'unité », j'ai remplacé ce voyage dans le temps et le cosmos par un voyage intérieur. J'ai rétréci l'espace cosmique multiple en un espace simple limité à une feuille de papier ; je me suis ensuite munie d'outils compagnonniques pour voyager vers le symbole des symboles.

Avec une pincée de curiosité, une bolée de la volonté de rencontrer l'Autre, on dispose des ingrédients majeurs pour tracer un pentagramme. La curiosité guide les recherches du compas; la règle stigmatise les voies de la rencontre. 111 suffira de ces deux outils seulement, employés avec art et mesure, pour recréer le Tout. Ces outils permettent d'agir sur l'univers. Car sans la règle, où le levier irait-il s'appuyer pour exprimer la force qu'il peut apporter ? Sans les infinies modulations de son ouverture, comment le compas pourrait-il prendre l'amplitude des distances, et les reporter ? Comment aussi pourrait-il tracer les limites les mieux ajustées des univers qu'il s'agit parfois de définir ? (allumer le projecteur).

La curiosité, c'est d'abord la recherche d'une clé, d'un `mot de passe pour démarrer ce dessin. La curiosité m'a conduite vers la divine proportion et sa construction. On peut tracer l'étoile selon plusieurs méthodes, les unes plus rigoureuses et complexes que les autres. On peut suivre les chemins proposés par la Divine Proportion ; ou s'appuyer sur une approximation de ce rapport et mettre en relation le 3, nombre de l'apprenti avec le 5, celui du compagnon. Les moments de chacune de ces construction sont autant de paliers qui invitent à méditer sur le monde, à réfléchir sur l'univers, à reconsidérer l'homme, te Grand Architecte de l'univers, ta Vie.

(Transparent O : la ligne d'horizon).

La base est posée en traçant la ligne d'horizon, lieu de rencontre de l'en bas avec l'en haut. Ce premier partage génère deux zones qui s'opposent ou se juxtaposent la spiritualité d'en haut et la matérialité d'en bas. L'en haut, lieu de ta virtualité de toutes choses, de l'envol de l'homme contingent vers les sphères nouvelles qui dépassent le monde des apparences. Lieu de la maîtrise de nos énergies et de leur transformation en un corps subtil, éthéré, éternel. L'en bas, lieu des apparences profanes, des tâtonnements, mais aussi de l'immanence du Logos.

Horizon, ligne de l'ici et maintenant, du présent qui n'est qu'une virtualité, celle où le futur devient passé, où le noir rencontre le blanc, le tout s'oppose au rien, le principe masculin se confronte au principe féminin  lieu de la marche de l'apprenti sur le pavé mosaïque. Sur cet horizon nous plantons arbitrairement deux points A et B, qui seront les départs de la construction ils délimitent le premier homme. A partir de lui, tout sera globalement élévation, cheminement vers le bout du cosmos, avec quelques paliers, quelques ressources dans les racines du temps. Il y aura des règles à respecter, des étapes à ne point brûler, la première étant ta parfaite observation silencieuse des schémas proposés par nos maîtres. Et la recherche du Nombre sans l'aide de nombres, nous fera découvrir les voies de la parfaite harmonie, du pentacle par excellence qui signe la vie.

(Transparent 1 : la divine proportion).

Le Nombre d'or a ceci d'intéressant qu'il n'est pas un nombre, il n'est pas une valeur en tant que telle. Il est le fruit d'un rapport géométrique harmonique entre deux entités incommensurables, pouvant se contenir (l'une se fondant dans une partie de l'autre), ou se prolonger (par un lieu qui lac sera le moyen terme de la construction). Il est l'humanité car l'homme « un » n'est qu'une apparence, son existence est intimement liée à son rapport à autrui. Pour rendre possible le rapport harmonieux entre les hommes, il nous a fallu transcender l'homme primitif en être subtil, et faire la synthèse de ces deux os   moments de l'humanité. AB l'homme couché, si peu différencié d'avec l'animal que son centre est pratiquement enterre. Sa manifestation symbolique est Ml, lieu de son enracinement dans l'infiniment petit, chargé de toute son énergie vitale, qui se régénère dans la matérialité des instincts élémentaires. AB : Moi couché, moi lunaire d'avant la vie. BM2 est l'homme relevé, poussé par son intelligence à se différencier du restant du règne animai, cette intelligence qui lui permet d'agir sur lui-même et son environnement. Sa manifestation symbolique est M2, lieu énergétique de son esprit, qui se ressource dans la subtilité de l'immatériel. BM2 Moi debout, moi solaire de la vie naissante, prête à s'épanouir.

Nous venons de planter les bases de notre construction stellaire, image de la société des Hommes Et on respectera les préceptes avérés : on s'élèvera, on reportera des repères, on croisera des segments avec des arcs, on reliera des opposés, on mêlera les différences...on brassera les cultures et les hommes.

(Transparent 2 : étoile avec repères dorés).

Voici mon étoile, avec les stigmates de sa construction, et les repères de l'élaboration de la divine proportion, le rapport doré entre chacun de nous.

(Transparent 3 : étoile et le quaternaire).

L'intelligence agissante de l'homme qui se lève ne se contente pas de la matérialité du quaternaire il lui faut l'espace sidéral de la spiritualité. Il faut donc encore élever nos échafaudages dans l'éther subtil qui entoure le noyau matériel du monde des apparences. Nous allons donc définir une nouvelle base en traversant l'esprit de l'homme relevé, et y élever A en E, et C en D. Mais il faut encore transcender le contingent, tel le temple transcende le profane, où nous oeuvrons à une autre relation entre les hommes. Revenant provisoirement sur le sol, dans le monde des apparences, on construit G, tel que AG = CB (ou CG AB), gémellité dans l'action, unité du résultat. Et en élevant Ces hommes nouveaux sur l'horizon de notre devenir, nous posons les pierres angulaires de notre idéal.

(Transparent 4: étoile et deux cercles).

Rebondissons à la surface de la réalité, là où le moi se construit en intégrant les forces occulte du « ça » et les aspirations idéales du « sur-moi », à la lumière du pilier de la Sagesse dont l'allumage qui inspire nos travaux harmonise les forces antagonistes. Les limites du « petit homme » (la mineure BC de notre première construction) seront la référence dans la poursuite de nos travaux. Elles définissent le rayon des deux cercles de centres H et M2 cercle lunaire, cercle solaire, lieux binaires de la pensée éternelle. Ils sont les auras des hommes qui se lèvent, le rayonnement des apprentis maçons.

Leur intersection, P1, rencontre des intelligences, est l'origine du pentagramme, la tête de l'étoile à 5 branches, la source de la lumière du compagnon. De ces trois points essentiels, Pi, H etM2, et de l'acceptation de nos origines, nous dessinerons la Vie, cette Etoile qui flamboie dans l'obscurité de notre ignorance. Ainsi naît l'Astre, dans la transmutation de l'éphémère temporel quaternaire en une éternité cosmique duelle dans le jour et dans la nuit.

(Transparent 5: étoile tante seule).

La voici qui s'inscrit par-delà les cercles de l'intemporel et le carré de l'ici et maintenant, qui signe la parfaite complémentarité de l'esprit et de la matière. Le binaire de notre première remise en question, amplifié par le ternaire de la démarche dialectique d'ouverture, de questionnement. Après l'avoir tracée, regardée, évaluée, réfléchie, l'homme s'y est projeté.

(Transparent 6 : l'homme-microcosme).

Cet homme-microcosme d'Agrippa de Nettesheim est un livre ouvert sur la vie. Car de lui, inscrit dans l'Etoile, et donc à partir d'elle, on rebondira vers les signes des autres connaissances...mais ceci fera l'objet d'un autre travail.

La seule horizontale de l'étoile trace notre diaphragme, ce muscle plafond de la vie instinctive, pulsionnelle, planché de nos fonctions éthérées. La vie est aussi le mouvement entre nos deux centres antipodiques : le centre de gravité pelvien, qui ancre nos racines dans la Terre nourricière, et produit les semences de l'homme futur. Le troisième oeil, centre de notre spiritualité, qui se trouve près de l'hypothalamus. Centre subtil qui régente nos circuits énergétiques, et dont la maîtrise nous aide à atteindre à des niveaux supérieurs de conscience et d'humanité.

(Transparent 7: étoile avec astres).

Il est au milieu de l'espace soleil-lune, intégrant les piliers du temps éternel. Il est l'accroche de notre métronome intérieur qui, tel le Pendule de Foucault, rythmera les pulsions de nos vies en une balance incessante de nos principes masculins vers nos principes féminins. Il fonctionnera d'autant mieux que nous avons conscience de nos racines et de nos potentialités. Il est le lieu de notre quête maçonnique d'un enracinement profond dans les origines, au long de la tradition immuable des hommes, et dune élévation suprême au-delà des contingences de la vie profane, plantée dans l'infini cosmique. De la force de cette double polarité dépendra la résistance de notre fil à plomb intérieur, pendule métaphysique permettant de ne pas trahir l'unité de la Vie. L'ouverture au monde, dans le passage du 3 au 5, délimite le champ oscillatoire de notre pendule. Elle nous propose également d'autres bases de méditation selon que l'on va en-dedans vers le centre, ou en-dehors vers l'infini.

(Transparent 8 : étoile + pentagones).

En-dedans, indéfectiblement lié à notre pentagramme un pentagone tête en bas, dans lequel on peut retracer un nouveau pentagramme, qui contiendra aussi un petit homme, la tête en bas, reflet inversé et harmonique de l'Adam Kadmon, enfermé dans l'utérus pentagonal au centre de la terre. Ce pentagone, dont nous n'avons pas immédiatement conscience qu'il figure un cercueil, est notre cabinet de réflexion où nous « avons mourru » une première fois, à notre vie profane. Il est prêt à naître, ce petit homme, avec l'ouverture au 5. Il est celui que nous étions ; il figure aussi l’infiniment petit qui serait l'univers à l'origine des temps, juste avant le big bang.

En-dehors, nouveau pentagone, destiné dans un premier temps à contenir les débordements de compagnons enthousiastes et remuants. Nouveau cercueil symbolique souvenir de notre terme matériel, rappel du peu de choses que nous sommes. Destiné aussi à nous rappeler que le Verbe s'est fait chair pour se transcender dans la pensée universelle (le Logos intemporel dont nos vies sont des outils de la manifestation). Tel un Ouroboros de ce deuxième millénaire, ces Pentagones sont à la fois utérus et cercueils, les deux pôles de la vie qui tournoient sur la valse infinie de l'espace et du temps, proue et poupe du vaisseau inter-galactique d'Ulysse-Kubrik dont l'Odyssée des temps modernes prend aujourd'hui une autre dimension; ils sont matrices et sarcophages qui se superposent indéfiniment, se confondant à l'athanor de notre mutation au-delà de nos apparences immanentes. Cercueil matriciel de notre mort récurrente vers une renaissance perpétuelle, par l'enrichissement de toutes les expériences.

(TransParent 9 : étoile flamboyante). (Musique : la valse du Danube Bleu, decrescendo puis à rien).

Etoile, médiatrice de la vie, de son infiniment petit, originel, concentré, touffu, matériel, dégrossi, vers l'immensité de la splendeur de l'homme épanoui, pierre cubique du maçon. En éclairant le chemin vers l'incarnation du divin, elle nous confronte à nos interrogations de pierres brutes en devenir cubique. Elle participe activement à faire de nous les piliers dune nouvelle humanité plus fraternelle et tolérante.

V\ M\, je pourrais maintenant ouvrir la voie vers une comparaison kabbaliste avec l'Arbre de vie, ou relier la symbolique de la Quête du Graal à celle de notre Etoile ; je pourrais aussi replacer les chakras tantriques le long de notre métronome, à moins que les voies d'Alice au-delà du miroir ne nous tentent davantage pour suivre les méditations du chat lunaire du Cheshire le long du labyrinthe de notre pentagramme. Mais les 10 secondes qui me restent avant le gong fatidique des 20 minutes sont insuffisantes, et je ne pense pas, V\ M\, que tu prolongerais mon temps. Eteindre.
 
La voie est donc toute tracée pour la suite de mon travail, et c'est avec optimisme devant ces chantiers que je t'annonce que...

J'ai dit, V\ M\

E\ L\


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