GODF Loge : Cristal du Levant - Orient de Aneho - Togo Date : NC

L’Etoile Flamboyante


INTRODUCTION

V\M\, Dignitaires qui décorez l’Orient et vous tous mes FF\ en vos grades et qualités.
J’ai l’insigne faveur de présenter à votre réflexion ce midi, ce morceau d’architecture intitulé « L’Etoile Flamboyante ».

L'étoile à cinq branches se retrouve dans toutes les traditions, dans toutes les religions, dans  toutes les philosophies, dans tout l’univers, à toutes les époques. Figurant déjà parmi les graffitis néolithiques (en Ariège, à Olargues dans l'Hérault), elle apparaît dans la mythologie égyptienne, comme représentant Isis et Horus, la Terre Mère et le Soleil.

Dans la mythologie grecque, sous le nom d'Ugéia, à cause de Hygie, déesse de la santé, elle avait une valeur thérapeutique en tant que pentalpha de la vie et de la santé.

Dans la Bible, les Rois Mages surent percevoir et suivre l'étoile scintillante qui devait les conduire à l'enfant qui allait naître.

Sa présence sur plus de quarante drapeaux nationaux témoigne de son importance comme concept spirituel dans le monde.

En se rapprochant de notre ordre, au cours de l’initiation du profane juste après avoir prêté le serment, l’étoile flamboyante fulgure un bref instant à l'Orient derrière le plateau du Vénérable Maître.

Au cours de la cérémonie d’augmentation de salaire de l’apprenti, il déambule sur les quatre pointes du pentagramme qui est tracé au sol lors de son cinquième voyage pour se retrouver sur la pointe Est.

N'oublions pas d'évoquer les bâtisseurs de cathédrales du Moyen-Âge, maçons opératifs, qui ont exprimé leur génie constructeur par l'étoile que l'on retrouve dans de nombreuses églises, reflets de l'harmonie parfaite du cosmos, où tout est soigneusement ordonné. Ils connaissaient donc le pentagramme ou l’étoile à cinq branches. Ce dernier constituait effectivement l'un de leurs symboles majeurs, en même temps que l'outil géométrique privilégié pour bâtir les temples, c'est-à-dire transformer la pierre brute et inerte en édifices construits à la gloire du Grand Architecte de l'Univers.

La Franc Maçonnerie tient donc une très grande valeur spirituelle à l’Etoile Flamboyante, elle est son étoile polaire, l’astre de la libre pensée. C’est le symbole essentiel du grade de Compagnon.

Pour poursuivre la réflexion sur l’étoile flamboyante, les vérités qu’elle cache doivent être effleurées afin que l’initié surtout le compagnon puisse entrevoir les voies de recherches qu’elle lui ouvre.

A- L’étoile flamboyante ses propriétés, ses vérités

Plus que tout autre polygone régulier, l'étoile à cinq branches, l’étoile flamboyante est représentative des lois de l'harmonie et symbolise l'interaction du microcosme et du macrocosme. Le microcosme qui est l’initié, le Compagnon doit devenir lui-même ce foyer ardent, cette source de chaleur et de lumière, de compréhension et de propagande. Cet initié éclairé par son intelligence et son cœur doit rechercher le vrai en pratiquant l’altruisme, faire preuve de bonté et se dévouer sans réserve. Il doit introduire le développement de l’ordre juste pour réaliser la parfaite harmonie de l’homme avec lui-même, en même temps que l’harmonie des choses extérieures, avec les idées nécessaires qui les organisent le mieux.

1- Les propriétés numériques de l'étoile flamboyante

Deux nombres interpellent l’attention : le nombre 5, le microcosme, qui est symboliquement associé au pouvoir de l'esprit et à la magie, le nombre 9 attribué au macrocosme.

a- Le nombre cinq

Le cinq est le nombre de l'homme, comme il est celui du compagnon : a cinq ans, il a effectué cinq voyages, il frappe cinq fois dans ses mains pour exécuter la batterie, sa marche est de cinq pas.

Le chiffre cinq, la base de l'étoile à cinq branches, sur l’arbre de vie, représente la séphirah Gébourah où se situe la planète Mars, représentation de la Volonté que doit nourrir le compagnon pour poursuivre son chemin d’initiation, de recherches.

Le chiffre cinq est l’union du nombre pair 2 représentant le principe féminin et du nombre impair 3 représentant le principe masculin : l’union, l'addition des deux nombres figure la vie manifeste, le souffle divin qui vient animé et dirigé le corps.

L’étoile à cinq branches constitue une application stricte de la relation privilégiée par excellence, la relation dorée ou divine proportion, qui s'exprime par le nombre d'or.
Par une constatation universelle, tout ce qui procure à nos yeux ou à nos oreilles une sensation agréable de beauté et d'harmonie a été construit sur la base du nombre d'or, le rythme cinq, d'où ses multiples applications dans tous les arts : peinture, sculpture, architecture et musique.

b- Le nombre neuf

Le neuf,  est le nombre de la création, de la vie et de la réalisation.
De sa correspondance au macrocosme, 3 x 3, il représente les trois mondes qui font l’Adam Kadmon, l’homme primitif qui évoluera en un homme évolué, un initié.
Nous avons donc :
Ø      Neshamah monde de l'esprit,
Ø      Ruach monde de l'âme,
Ø      Nephesh le monde de la question.
Doté d’une patience à toutes épreuves, l’initié doit méditer afin d’être en harmonie avec lui-même et avec l’extérieur.
C’est en transcendant la matière qu’il aura l'inspiration et la perfection des idées, la plénitude de talents.
C’est le nombre éternel de l'immortalité de l'homme.

2- La lettre G

L’étoile à cinq branches a un sixième point, invisible, induit et équidistant des cinq sommets, représentant le centre, notre centre.
Ce centre, celui du cercle, dès fois invisible, dans lequel repose l’étoile flamboyante, exprime la présence du principe divin, la prévalence de l'esprit sur la matière, la nécessité d'un rapport harmonieux entre l'individu et le monde extérieur, d'une coordination heureuse entre son corps et son esprit : les alchimistes disent « l’œuvre cachée et mystérieuse est en toi; partout où tu iras, elle sera avec toi, à condition de ne pas la rechercher au dehors ». En lui tout est un car il fonctionne au centre, au cœur de toutes choses : c’est seulement au Centre que l’on devient Tout.

La lettre G, ce sixième point au centre de l’Etoile à cinq branches, flamboie la richesse de l’esprit et de la conscience du Compagnon : c’est le principe divin résumé en 5 significations.

a- Gravitation
La gravitation, qui régit le monde physique, devient dans la sphère morale l’image d’une force de cohésion, sans laquelle les pierres vivantes que nous sommes ne manqueraient pas de se disjoindre. C’est le symbole de l’unité fraternelle. L’outil de la gravitation : le fil à plomb nous confère le sens de la profondeur, l’humilité qui nous permettent de descendre en nos abysses afin de pouvoir nous élever et ainsi de dépasser l’ego.

b- Géométrie 
La géométrie est un des arts du quadrivium qui est considéré comme la science d’étude du monde sensible : arithmétique, géométrie, astronomie, musique. Le quadrivium est intimement lié au trivium, richesse des richesses, des arts de la parole : grammaire, rhétorique, dialectique. La géométrie est l’art sacré de la construction universelle. Elle a pour objet pour citer Platon « La Connaissance de ce qui est toujours et non de ce qui naît et périt ». Les bâtisseurs voyaient dans la géométrie la possibilité d’atteindre le beau d’une part et d’autre part le moyen de répondre à des problèmes techniques. Pour celui qui construit, posséder la géométrie permet de se distinguer de la foule.
Mais le franc maçon plus précisément le compagnon, doit être pouvoir développer la géométrie intérieure, le travail de l’esprit, la maîtrise des passions, la juste valorisation des actes, des pensées. Platon disait « Que nul n’entre sous mon toit, s’il n’est géomètre » et Pascal « Nous voyons par expérience qu’entre esprits égaux et toutes choses pareilles, celui qui a de la géométrie l’emporte et acquiert une vigueur toute nouvelle ».

c- Génération
A l’instar du temple élevé à partir des pierres vivantes, le maçon doit se construire un organisme susceptible de déchiffrer l’énigme de la vie, les mystères des générations. Symbole de la transmission initiatique vers de nouveaux compagnons.

d- Génie
L’homme de génie est celui qui maîtrise l’art de construire, celui qui relie au moyen d’un pont les deux rives d’un fleuve entre microcosme et macrocosme,  entre lui-même et l’univers, entre ses impulsions immédiates et son projet de vie.

e- Gnose
Connaissance sacrée à laquelle s’ajoute la sagesse. Cette connaissance s’acquiert par le travail que le Compagnon doit glorifier et la recherche personnelle du sens caché des symboles.
Le Compagnon doit se dépouiller pour se découvrir soi-même, retrouver sa réalité première, son centre invisible, celui de l’Etoile Flamboyante qui ordonne et structure ces cinq pointes.
Cette connaissance permet le passage du carré au cercle, c'est-à-dire de l'équerre au compas, de la prévalence progressive de l'esprit sur la matière. Ainsi par un jeu indéfini de résonances, de rythmes qui se reflètent et se répondent, la construction s'élève, l’Initié s’élève, se contemple par rapport aux autres d’où le devoir de communiquer avec Beauté, Force et Sagesse pour l'harmonie universelle.

B- Les deux derniers pas du compagnon

Le Compagnon doit être guidé sur le chemin de son idéal par l'étoile flamboyante. Le chemin qui est la méthode que la franc-maçonnerie met à la disposition du Compagnon dans sa démarche vers l'idéal initiatique lui est montré grâce aux cinq voyages, surtout le cinquième. L’étoile flamboyante sera toute sa vie durant son idéal initiatique. Quelle évolution pour l’initié ?
 
1- La cabale : « La clé des grands mystères »

Le Compagnon dans ses recherches doit trouver une voie complémentaire de son cheminement initiatique. Le rituel du second grade au rite Memphis Misraïm étant très imprégné de la Cabale, le compagnonnage se caractérise par l'étude de la Cabale : Il est dit que : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ». L'Homme étant à l'image de la nature ou la nature étant à l'image de l'Homme, l’initié doit acquérir les connaissances essentielles pour une meilleure compréhension de la nature afin d’assurer son évolution morale spirituelle et matérielle.
La  cabale ou la magie blanche se caractérise en deux expressions :
Ø      La magie cérémoniale,
Ø      La magie structurelle ou magie sans rituel.

a- La magie cérémoniale

La magie cérémoniale met en œuvre des forces au moyen de gestes et par la prononciation de Noms Sacrés au cours d’un rituel. L’initié peut, grâce à cela, appeler ces énergies et les orienter.
Ce rituel est mis en place autour du pentagramme qui représente un excellent support de méditation et est un signe d'une extrême puissance dans la Cabale : c’est pourquoi il est un symbole qui manifeste l’esprit qui est au dessus de la matière et qui la transcende.
Cette maîtrise de la matière est bien symbolisée par les quatre éléments aux différentes pointes du pentagramme (la Terre, l’Air, l’Eau, le Feu, L’Ether ou l’Esprit, la Reine des Cieux, est attribué à la pointe supérieure, avec l'implication que l'Esprit domine les éléments physiques) et par la représentation du corps humain avec ses quatre membres avec une pointe unique qui représente la tête y figure. L’initié ainsi représenté est l'homme harmonieux, lumineux.
D’autres attributions lui sont données à savoir les cinq sens (la vision, le touché, l’odorat, le sensitif et le gustatif), et les cinq étapes de la vie (naissance, adolescence, amour, sagesse, mort).

b- La magie structurelle

Après la purification de sa nature éthérique, psychique et mentale grâce à la magie cérémoniale, l’initié n’a plus recours au rituel pour appeler les Forces Divines. Il devient donc un canal permanent de ces Forces : il pense, il murmure certains mots et ce qu’il souhaite s’accomplit.
Cette magie résulte de la magie cérémoniale mais elle est inhérente à la structure élémentale de l’initié car elle est un don divin.

La cabale ainsi caractérisée se décompose en trois types :
Ø      La cabale juive,
Ø      La cabale chrétienne,
Ø      La cabale d’aujourd’hui.

Si cette précision est donnée, c’est pour que l’initié selon son appartenance ethnique ou religieuse puisse se retrouver dans sa recherche spirituelle.

2- Le  tracé du pentagramme dans un rituel

Le geste fondamental de la cabale est le tracé du pentagramme dans un rituel afin de mette en œuvre les forces du nombre cinq.

Les propriétés actives du pentagramme ne sont possibles que par des rituels qui agissent sur la matière et l’esprit comme une onde de forme énergétique. Etant actif et si l’initié respecte les lois de la nature, le pentagramme permet un dosage relatif des quatre éléments (le Feu, l’Air, l’Eau et la Terre) dans la mixture corporelle (son corps qui est la base, la fondation, la terre / sa volonté, son énergie, sa vitalité, le feu / son intuition, sa pensée, son émotion, l’eau / son imagination, sa créativité, son intellect, l’air) afin que l’âme domine le corps, c'est-à-dire  que les sources qui se trouvent dans le monde des idées, la puissance du Souffle et de l’Ether, la Sainte Gnose illuminatrice de notre âme, la lumière intelligible répandent sur lui avec Ordre et Mesure la substance du réel car rien n’existe qui ne soit descendu d’en haut et qui n’y remonte pour y redescendre. Sur cette route de la perfection qui sera le chantier du compagnon, maîtriser la Matière permettra à l’Harmonie de régner ainsi il sera une étoile flamboyante notre quintessence, c’est-à-dire ce qu’il a de meilleur en nous pour l’humanité : le but profond de la Franc Maçonnerie.

La graine ne pousse que dans de la bonne terre : l’initié doit préparer son être par le tracé et par la prononciation de Noms Sacrés au cours d’un rituel pour que les forces du nombre cinq, celles qui relèvent de l’aspect Divin c’est-à-dire « l’intelligence parfaite maîtrisant le monde», victorieuse de la densité le fassent évoluer sur sa voie d’initiation d’où l’activité bénéfique du pentagramme sur l’homme. Une fois l’Etoile allumée, le Germe Solaire est né et s’en suit alors sa germination.

CONCLUSION

Au plan de la Philosophia Perennis, de la Philosophie Eter­nelle, la réponse de tous les initiés, de tous les âges, de toutes les religions, de toutes les écoles de pensée spiritua­liste, est uniformément la suivante : il faut s'acheminer vers le fond de son être et, en se retrouvant pleinement soi-même, renaî­tre à une nouvelle vie de recherche et d’application du Savoir acquit : ce qui éveillera progressivement l’homme primitif en l’homme de la connaissance.

Toutes les expériences mystiques nous montrent que cet homme finit pas n'avoir plus ni dedans ni dehors. Cet homme qui, jadis, se référait à des barèmes sociaux, moraux, religieux, pour accepter ou pour condamner, pour peser ses pensées et ses actes, pour juger ses voisins... découvre, main­tenant, qu'il est arrivé dans « un univers privé d'obstacles, parce que sans dualité » (M.M. Davy). Simultanément l'équilibre de l'univers lui devient per­ceptible. Par un paradoxe simplement apparent, cet « homme inté­riorisé est parfaitement incarné et ouvert à tous » (M.M. Davy).

Avec la Foi, la Bonne Volonté, chacun peut, dans un contexte de res­pect mutuel, choisir sa voie morale, son moyen, son grand ou son « petit véhicule » (comme disent les bouddhistes)... pour aller vers l'Equilibre car la Vérité est Une.

J’ai dit V\ M\.

J\ S\deT\
Les Liens vers plus de 30 Travaux sur ce sujet, sont au sommaire du Recueil R104 : L'Etoile Flamboyante et la Lettre G
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