GLDF Loge : Le Voîle d'Isis - Orient d'Evry Corbeil 22/05/2009

L’Etoile Flamboyante

HISTORIQUE

Les premiers hommes craintifs, en recherche de force morale, puisaient leur espérance dans la contemplation de l’Univers qui leur suggérait les lois immuables et sereines de l’harmonie universelle.

Très tôt, ils utilisèrent les astres pour exprimer leur vision du monde, avant que leur pensée ne soit rationalisée. Les étoiles ont donc été et demeurent les premiers symboles véhiculant, jusqu’à nos jours, toute la culture accumulée depuis l’aube des temps.

Les étoiles ont toujours parlé à l’imaginaire de l’homme. Elles sont dans une position très élevée, donc proche de l’esprit et de la lumière qui en émane, laquelle ne peut être qu’une lumière spirituelle. Ce sont des luminaires comme le soleil et la lune. Elles interviennent dans la lutte de la lumière contre les ténèbres. Elles peuvent symboliser le combat de la vérité contre l’obscurantisme, et sur un plan initiatique notre propre lutte contre notre obscurité intérieure.

Parmi ces étoiles, certaines sont singulières, comme l’Etoile Polaire, point fixe autour duquel semble tourner l’univers. Dans cette qualité, nous pouvons la symboliser comme étant le Centre de la Loge entre les trois grands piliers. Ce serait un axe symbolique, autour duquel les Francs Maçons tournent inlassablement en s’élevant inconsciemment. Pour certains l’Etoile Flamboyante n’a de sens que si on la rapporte à l’Etoile Polaire qu’elle symbolise, et c’est en cela qu’elle flamboie, car immobile au centre et Principe de tout, c’est l’ensemble des constellations qui pivote à partir de son axe qui la fait vibrer, d’où son aspect flamboyant.

Autrefois placée au centre de la Loge, l’Etoile Flamboyante en assurait l’orientation avec le fil à plomb.

Dans la tradition chrétienne, l’étoile représente les âmes qui viendront s’incarner, mais aussi celles retournées au ciel. L’éternel annonce à Abraham que sa descendance sera aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel.

Dans la tradition juive, à chaque étoile est associé un ange gardien, alors que dans le Livre de Daniel (Ancien Testament), l’étoile représente la vie éternelle des âmes justes.

De nombreuses civilisations les vénèrent. Pour les Aztèques, les étoiles sont les âmes des héros morts au combat et celles des victimes des sacrifices. En Chine, où chaque être possède son étoile qui l’attend après la mort, les étoiles filantes sont annonciatrices de décès ou de naissances. Dans certaines ethnies africaines, elles sont le double céleste de toutes les espèces créées.

Le  pentagramme. L’Etoile Flamboyante.

Des étoiles plus mouvantes, de formes plus variées, ont exprimé des significations plus subtiles. Tel est le cas de l’Etoile Flamboyante, le pentagramme, qui nous fait quitter l’approche céleste de l’étoile, pour lui donner une qualité ésotérique, c’est-à-dire incompréhensible aux non initiés.

Cette étoile à cinq branches est commune à toutes les traditions. Figurant déjà parmi les graffiti néolithiques, elle apparaît dans la mythologie égyptienne, comme représentant Isis, déesse du mariage et de la famille, sœur et femme d’Osiris, et mère d’Horus. Le ciel étoilé, peint à l’intérieur des tombes égyptiennes, est également pourvu de ces étoiles à cinq branches.

Dans la mythologie grecque, l’Etoile Flamboyante possédait une valeur thérapeutique en tant que pantalpha de la vie et de la santé.

Dans la Bible, les Rois Mages sauront percevoir et suivre l’étoile scintillante qui devait les conduire à l’enfant Jésus qui allait naître.

Plus que tout autre polygone régulier, l’étoile à cinq branches est représentative des lois de l’harmonie et symbolise le macrocosme et microcosme. Elle constitue, en effet, une application stricte de la relation privilégiée par excellence : la relation dorée qui s’exprime par le nombre d’or.

Tout ce qui procure à nos yeux où à nos oreilles une sensation agréable de beauté et d’harmonie a été construit sur la base du nombre d’or et sur le rythme, d’où ses multiples applications dans tous les arts : peinture, sculpture, architecture et musique comme l’évoquait le moine franciscain Fra Luca Pacioli au XVème siècle dans son œuvre la Divine Proportion.

Le Pentagramme, l’Etoile Flamboyante et la Grèce Antique.

Important mathématicien grec, Euclide dans son œuvre maîtresse : les Eléments, donne au pentagramme étoilé, forme géométrique de l’Etoile Flamboyante, une valeur symbolique : le pentacle, en y associant le nombre d’or.

De même, les pythagoriciens choisissent l’étoile à cinq branches pour emblème et en font le centre de leur méditation. Ce sont des scientifiques, et les premiers à traduire en lois les secrets de l’Univers.

Persuadés de l’unité du monde et souhaitant s’incorporer au rythme de l’Univers, qu’ils s’appliquaient à déchiffrer, ils en percevaient et en traduisaient la mystérieuses harmonie qui leur permettait de comprendre la création. La base de leur méditation était le pentagramme ou le triple triangle croisé aux cinq angles et côtés harmonieux.

Pour les pythagoriciens, l’harmonie de l’Univers est une harmonie de nombres. La première révélation, qui devenait pour eux un secret, était la relation arithmétique :

1+2+3+4 = 10.

Dix prenait le nom de décade, il symbolisait l’Univers, et sa moitié cinq prenait le nom de pentacle.

Cinq est le premier nombre qui résulte de l’addition du deux et du trois, c’est-à-dire des premiers nombres pairs et impairs.

Le nombre pair représente le principe féminin, et le nombre impair le principe masculin. Ainsi l’addition des deux figure la vie et plus précisément le produit ultime de la génération humaine : l’homme harmonieux crée, selon la Genèse, à l’image de Dieu.

La symétrie pentagonale est présente dans la plupart des organismes vivants, en biologie animale et végétale. On remarque chez l’homme : cinq sens, cinq doigts.

C’est donc à juste titre que les pythagoriciens ont pu faire du pentagramme étoilé la représentation parfaite du corps humain en harmonie et solidaire de l’ensemble du monde vivant. Léonard de Vinci en fera l’illustration en inscrivant un homme dans le pentagramme, tête levée dans l’angle supérieur, pieds écartés solidement posés dans les deux branches d’en  bas, tendant les bras dans les deux branches supérieures, comme pour embrasser l’Univers.

Les pythagoriciens traçaient le pentagramme étoilé d’un seul trait continu. Mais il est classique de le tracer à l’aide d’un compas et d’une règle.

L’homme, contenu dans l’Etoile Flamboyante, dit l’homme de Vitruve est donc devenu Etoile lui-même, en atteignant l’harmonie de son être : corps, âme, esprit.

Le pentacle, base de l’Etoile Flamboyante, avec une pointe vers le haut est considéré comme actif ou bénéfique, on y inscrit un homme à l’intérieur. Le pentacle inversé, pointe vers le bas est dit passif ou maléfique, on y inscrit un bouc à l’intérieur.

L’Etoile Flamboyante et les Maçons.

Au moyen âge, l’Etoile Flamboyante constituait le symbole des guildes des maçons. Les maçons opératifs de cette époque ont exprimé leur génie de constructeurs de cathédrales, d’églises à travers elle, reflet de l’harmonie du Cosmos où tout est soigneusement ordonné.

Pour le maçon, l’Etoile Flamboyante était un guide. Elle apparaît dans toutes les églises qui jalonnent le chemin qui mène le pèlerin à Saint Jacques de Compostelle. Comme beaucoup de symboles, elle représente toujours à  la fois le but et le moyen pour l’atteindre.

Ce pentagramme représentait l’outil privilégié pour bâtir, c’est-à-dire pour transformer la pierre brute et inerte en édifices construits à la gloire du Grand Architecte de l’Univers.

En Franc Maçonnerie, l’Etoile Flamboyante est une figure centrale de la symbolique. Dans le temple, elle brille à l’Orient, entre le soleil et la lune, lorsque les travaux sont ouverts au second degré. Et c’est à l’issue du cinquième voyage que le futur compagnon la découvre.

Dans le rituel au grade de Compagnon, le Vénérable Maître pose la question :
         -   Etes-vous Compagnon ?
         et le Compagnon, qui a approfondi les éléments de la Connaissance répond :
         « J’ai vu l’Etoile Flamboyante ».

Cette Etoile Flamboyante correspond à sa vision intérieure pour l’œil du cœur. Voir par l’œil intérieur signifie connaître. C’est une identification du Compagnon avec l’objet de la connaissance. L’Etoile Flamboyante s’assimile symboliquement au Compagnon, s’il devient ce qu’il voit.

Les cinq points de l’Etoile Flamboyante, représentant les cinq sens de l’homme, informent le Compagnon sur le monde extérieur et lui permettent de communiquer avec lui. Ils assument sa relation avec son environnement et lui procurent le plaisir où la souffrance, selon que cette relation est harmonieuse ou agressive.

L’Etoile Flamboyante apparaît comme l’alpha et l’oméga de la pierre cubique, elle est l’expression du désir, celle de l’œuvre achevée. Ainsi sa vision correspond au désir qui se construit à tout moment du chemin et aux prises de conscience, dues au franchissement de nouvelles étapes sur ce chemin.

Dans le « Guide des Maçons Ecossais », l’Etoile Flamboyante apparaît au récipiendaire à la fin du cinquième voyage où il lui est dit : « Mon frère, considérez cette étoile mystérieuse, ne la perdez jamais de vue : elle est l’emblème du génie qui élève aux grandes choses et avec plus de raison encore, elle est le symbole de ce feu sacré, de cette portion de lumière divine, dont le Grand Architecte de l’Univers a formé nos âmes aux rayons de laquelle lumière nous pouvons distinguer, connaître et pratiquer la vérité et la justice ».

C’est la deuxième fois que le jeune Franc Maçon est en présence d’un objet flamboyant. Le premier était l’Epée Flamboyante tenue par le Vénérable. L’association de l’Epée Flamboyante, épée de feu sacré qui a créé le jeune Franc Maçon et de l’Etoile Flamboyante dégage la chaleur de l’amour. Et lorsque cet amour est suffisamment intense, il devient source    de lumière et de connaissance.

Cette Etoile Flamboyante représente à la fois la divinité ou le Principe créateur. Nous devons devenir l’Etoile Flamboyante. Cela étant accompli, nous avons réalisé notre unité propre, nous avons retrouvé cette étincelle de divin en nous, qui nous permettra de flamboyer, d’accéder à l’état d’Etre régénéré, médiateur entre ciel et terre.

L’Opéra de Mozart Cosi Fan Tutte développe, de manière sublime, une invocation à la qualité de l’environnement, nécessaire à l’accomplissement du désir du Compagnon : « Que le vent soit doux, que l’onde soit paisible et que tous les éléments apaisés répondent à nos désirs ».

Dans ce lyrisme musical, Mozart veut exprimer l’état de quiétude du Franc Maçon, lequel ayant la vision du flamboiement va pouvoir utiliser une conscience pleine de la rectitude nécessaire, au parcours et à la perception de l’étoile, en tant que finalité du voyage.

Cette conscience est surtout celle de la solidarité, de sa double solidarité :

Horizontale avec l’ensemble des êtres vivants et Verticale avec l’aspiration d’une vie évoluant vers plus d’intelligence, d’amour, de fraternité.

Au grade de compagnon, l’équerre et le compas se croisent de manière équilibrée. Une branche de compas prévaut sur une branche de l’équerre et réciproquement. Ces deux outils du maçon lui permettent de construire l’étoile à cinq branches.

Centre de l’Etoile Flamboyante : le point G.

A ce grade, celui de l’homme harmonieux, lumineux, l’esprit et la matière s’équilibrent parfaitement. Pour l’aider et l’accompagner dans cette recherche d’équilibre d’harmonie, le compagnon dispose de plusieurs leviers.

Il trouve la richesse de son esprit et de sa conscience au centre de l’Etoile Flamboyante, ce sixième point où flamboie la lettre G. Cette lettre G symbolise le meilleur du grade, du savoir initiatique. C’est le principe divin.

G a été précédé, il y a fort longtemps par la lettre grecque gamma, mais fut remplacé par le G actuel, 5ème consomme de notre alphabet.

Parmi les nombreuses significations de la lettre G, on peut en retenir 5, dont il convient de retrouver « l’esprit caché sous la lettre ».

- Gravitation.

La gravitation, qui régit le monde physique, devient dans la sphère morale l’image d’une force de cohésion, sans laquelle les pierres vivantes que nous sommes ne manqueraient pas de se disjoindre. C’est le symbole de l’unité fraternelle.

L’outil de la gravitation : le fil à plomb. Celui-ci nous confère le sens de la profondeur qui nous permet de nous élever et ainsi de dépasser l’ego.

- Génération.

A l’instar du temple élevé à partir des pierres vivantes, le maçon doit se construire un organisme susceptible de déchiffrer l’énigme de la vie, les mystères des générations. Symbole de la transmission initiatique vers de nouveaux compagnons.

- Génie.

L’homme de génie est celui qui maîtrise l’art de construire, celui qui relie au moyen d’un pont les deux rives d’un fleuve entre microcosme et macrocosme,  entre lui-même et l’univers, entre ses impulsions immédiates et son projet de vie.

- Gnose.

Connaissance sacrée à laquelle s’ajoute la sagesse. Cette connaissance s’acquiert par le travail que le Compagnon doit glorifier et la recherche personnelle du sens caché des symboles. Le Compagnon doit se dépouiller pour se découvrir soi-même, retrouver sa réalité première, son centre, celui de l’étoile, invisible, ordonnant et structurant les cinq branches de l’étoile.

- Géométrie.

La géométrie est un des arts du quadrivium qui est considéré comme la science d’étude du monde sensible : arithmétique, géométrie, astronomie, musique.

Le quadrivium est intimement lié au trivium, richesse des richesses, des arts de la parole : grammaire, rhétorique, dialectique.

La géométrie est l’art sacré de la construction universelle. Elle a pour objet pour citer Platon « La Connaissance de ce qui est toujours et non de ce qui naît et périt ». Les bâtisseurs voyaient dans la géométrie la possibilité d’atteindre le beau d’une part et d’autre part le moyen de répondre à des problèmes techniques.

Pour celui qui construit, posséder la géométrie permet de se distinguer de la foule. Il protège sa connaissance et transmet son privilège dans la loge ou la Chambre du trait.

La géométrie intérieure, c’est le travail de l’esprit, la maîtrise des passions, la juste valorisation des actes, des pensées. Platon disait « Que nul n’entre sous mon toit, s’il n’est géomètre » et Pascal « Nous voyons par expérience qu’entre esprits égaux et toutes choses pareilles, celui qui a de la géométrie l’emporte et acquiert une vigueur toute nouvelle ».

CONCLUSION

L’Etoile Flamboyante est notre quintessence, c’est-à-dire ce qu’il a de meilleur en nous, notre géométrie interne. Nous sommes tous des poussières d’étoiles, véritables creusets alchimiques qui nourrissent l’univers.

Entre le ciel et la terre, entre le compas et l’équerre, l’étoile figure l’homme harmonieux, assemblage d’un peu de boue, sur laquelle, selon la Genèse, a été insufflée une parcelle de souffle divin.

Ainsi par un jeu indéfini de résonances, de rythmes qui se reflètent et se répondent, la construction de  l’homme s’élève, se verticalise, devient aérienne. L’homme qui contemple l’Etoile Flamboyante, pentagramme régulier, harmonieux dans sa géométrie, riche de ses cinq sommets, de ses cinq branches, riche de son sixième point central G, l’ensemble auréolé du mystère du nombre d’or, va communiquer avec la beauté, la force, la sagesse qui ne sont que les diverses applications de l’harmonie universelle.

L’étoile est l’origine et le terme du chemin. Son tracé géométrique qui doit être effectué d’un seul trait, montre que son parcours ne comporte ni commencement, ni fin.

L’étoile invite le compagnon à se mettre en chemin, en suivant les traces de ceux qui l’ont précédé. Elle lui donne la lumière, dont il a besoin pour ne pas s’égarer, et elle le guide vers le Principe.

Savoir regarder et comprendre, passer de la compréhension à l’acte et pour que l’acte soit juste et parfait, se rectifier soi-même, se mettre préalablement à l’équerre, à la perpendiculaire et au niveau.

J’ai dit Vénérable Maître.

J\  M\

Les Liens vers plus de 30 Travaux sur ce sujet, sont au sommaire du Recueil R104 : L'Etoile Flamboyante et la Lettre G
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