GLMU Loge : NC 23/05/2016

       
Le Mémorial Américain de Saint-Nazaire
 
Lorsque l’on se promène sur le front de mer de Saint-Nazaire, on est surpris de découvrir, posé sur un piton rocheux, un aigle majestueux, les ailes déployées, portant sur le dos un soldat casqué, brandissant une épée, qui surprend toujours, en effet, selon la marée, il semble sortir de l’eau, ou être posé sur un rocher…
L’histoire de ce Mémorial s’inscrit dans les 2 grandes guerres, celle de 1914-1918 et ensuite celle de 1939-1945.
 
1ère guerre mondiale
En 1917, le Président des Etats Unis, M WILSON, décide de la participation de son pays dans la 1ère guerre mondiale pour prêter main forte à la France et aux nombreux soldats ‘’embourbés’’ dans les tranchées. C’est la ville de St. Nazaire qui est choisie comme ‘’tête de pont’’ pour le débarquement des contingents américains, faisant de cette ville ‘’la base N°1’’ de leur dispositif de débarquement. Il faut rappeler qu’à partir de 1862, les lignes transatlantiques pour l’Amérique Centrale partaient de St. Nazaire et les premiers chantiers s’implantaient sur le site de Penhoët. L’infrastructure de ce port permet donc d’approvisionner rapidement le matériel sur le front de l’Est.
 
Des dispositions sont prises pour l’accueil des troupes américaines par l’implantation d’un camp. Les prisonniers allemands sont utilisés pour la construction du camp dont 200 baraques en front de mer, des routes une alimentation provisoire en eau et électricité etc… pour l’accueil d’environ 15000 soldats. L’arrivée des soldats américains dès le 26 Juin 1917 se manifesta par des manifestations de joie des nazairiens, les ‘’sammys’’ furent acclamés !
 
Du 26 Juin et jusqu’en 1919, près de 198.000 hommes, plus de 10.000 chevaux, 3.300.000 tonnes de matériel et de marchandises débarquent sur le port. Pour subvenir à leurs besoins, les soldats américains réalisent des travaux considérables sur le port et dans la ville, travaux qui ont ensuite contribué à sa modernisation : construction de l’entrepôt frigorifique, creusement de l’étang du Bois Joalland, stabilisation d’une digue sur les marais du futur parc paysager etc…
 
En 1924, pour commémorer la participation des Etats Unis à la 1ère guerre mondiale, une société New-Yorkaise (Saint-Nazaire Association of base N°1) décida d’élever un monument commémoratif. Il est réalisé par une sculptrice américaine, Mme Gertrude Vanderbilt Whitney, qui fut, dans les années 1900 une élève d’Auguste Rodin à Paris. L’emplacement choisi pour son érection est la plage du Grand Trait, au niveau des rochers du Soulevain, face au Boulevard Wilson, ainsi nommé pour rappeler la présence dans notre ville des troupes américaines.
 
La statue, d’une hauteur totale de 21 mètres est posée sur un piton armé de 16 mètres de hauteur qui se cramponne par ses 2 énormes serres d’acier au rocher sur lequel il vient se poser ‘’après sa traversée de l’Atlantique…’’ !
Debout sur l’aigle, symbole américain et symbole de la puissance militaire américaine, se tient le soldat casqué, en tenue de combat, qui contemple la ville. Il a les bras tendus, tenant de la main droite une épée, pointe baissée, qu’il semble offrir à la France. La partie en bronze de l’œuvre pèse 12 tonnes. Cet ensemble, plein de vie et de force, est l’un des plus remarquables monuments aux morts qu’aura produit le souvenir de la grande guerre.
 
De grandes fêtes franco-américaines, auxquelles furent conviés entre-autre, le général Pershing et le Général Gouraud, ainsi que la sculptrice Mme Withney, ont marquées l’inauguration de ce Mémorial le 26 Juin 1926.
 
2ème guerre mondiale
La seconde guerre mondiale met brutalement un terme à la croissance de St. Nazaire. La gare maritime disparait sous l’immense masse de béton de la base sous-marine bâtie par l’armée allemande et leurs prisonniers, qui vaudra à la ville une destruction quasi totale sous les bombes.
 
En représailles de l’entrée en guerre des USA contre l’empire hitlérien et le Japon, mais aussi pour récupérer le bronze, les allemands dynamitent le Mémorial le 13 Décembre 1941. Ils durent s’y prendre à 3 reprises, quelques nazairiens et des soldats en arme sur le boulevard ont vus, au 3ème essai, l’aigle en bronze faire un bond fantastique, atteignant les nuages bas dans la brume de l’hiver. Il prit l’aspect impressionnant d’un aigle de légende portant sur son dos une ‘’sorte de divinité céleste brandissant une croix’’. L’aigle et le ‘’Sammy’’ sont disloqués, leurs morceaux gisant sur le sable. Ordre est donné aux prisonniers espagnols de récupérer le bronze pour fondre : canons, boulets…mais les prisonniers sabotent l’alliage et le rendent inutilisable…
 
Le socle de granit du remblais descellé tomba sur la plage et resta enfoui dans le sable. La ville est détruite à plus de 85% par les bombardements alliés et ennemis entre 1942 et 1945. Après la période de déminage, les nazairiens retrouvent une ville fantôme en déambulant dans des ruines à la recherche de leur maison, de leurs biens, de ce qu’il en reste…
 
En visite officielle à St. Nazaire le 23 Juillet 1945, le Général de Gaulle écrit sur le livre d’or de la ville : ‘’A Saint-Nazaire qui est un exemple et qui est un espoir’’ et remet une haute distinction à la ville : la Légion d’Honneur.
 
Reconstruction
Pendant 41 ans, il ne subsista qu’un moignon de colonne, moignon qui servait de ‘’plongeoir’’ aux jeunes nazairiens…
Le 28 Février 1956, la fille de la sculptrice offre à la ville de Saint-Nazaire une maquette de l’œuvre réalisée par sa mère Mme Withney, décédée en 1942.
 
Un ‘’comité français pour la reconstruction du mémorial Américain de St.Nazaire’’ est constitué, avec pour objectif de ‘’rappeler aux générations futures le sacrifice des 117 000 jeunes soldats américains venus au côté des soldats français et de ses alliés défendre le droit à la liberté’’…
 
Le président du comité, M Michel Lugez, nazairien, âgé aujourd’hui de 90 ans, lance en 1987 une souscription en France et aux Etats-Unis. Après bien des difficultés et de nombreuses recherches, les plans originaux sont retrouvés et les fonds sont réunis pour la reconstruction du mémorial. A signaler que ‘’Le Souvenir Français’’ figure parmi les donateurs !
 
C’est un sculpteur de Pornichet, Pierre Fouesnant, qui, à l’aide des plans retrouvés, à reconstruit, pratiquement à l’identique, le Mémorial.
 
Inauguré le 24 Juin 1989 en ‘’grande pompe’’, il fut dévoilé par un soldat français et un soldat américain revêtus des uniformes de la 1ère guerre mondiale en présence de M Chevènement alors ministre de la Défense Nationale et de l’ambassadeur des Etats Unis en France.
 
Le message qui se dégage de ce Mémorial est : ‘’Ils sont venus sur les ailes des aigles pour nous apporter la Liberté !’’
 
M\ L\

3285-1 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \