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Sic Transit Gloria Mundi

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La formule « Sic transit gloria mundi » employée lors du retrait définitif du bandeau au candidat, est tirée d'un livre de la mystique chrétienne : « L'imitation de Jésus-Christ » qui contient un ensemble de conseils pour la vie spirituelle et religieuse.

Cette expression prononcée dans le rituel est indissociable de l’éblouissante lumière qui apparaît en même temps.

Sic transit Gloria Mundi ainsi associé à la flamme est aussi la symbolique même de l’initiation. En effet, qu’est-ce que l’initiation, sinon un feu qui unit le ciel et la terre, une énergie spirituelle qui ne dissocie pas le haut et le bas. Le feu qui jaillit dans l’obscurité du temple est intemporel. Quand nous y plongeons nous somme libéré de nos limites c’est un feu qui nous mène à une nouvelle vie. Afin de conforter cette image je voudrais citer Jean Baptiste WILLERMOZ concernant la finalité de l’initiation propre au rite écossais rectifié et qui m’a été communiquée par un frère : « ne perdez pas de vue que l’erreur de l’homme primitif le précipita du sanctuaire au porche et que le seul but de l’initiation est de le faire remonter du porche au sanctuaire ».

La lecture de l'Ecriture, où certains passages ne sont pas tendres pour la gloire des hommes, nous fournit de nombreux parallèles, par exemple :

Proverbes 25,27 disent : « Il n'est pas bon de manger beaucoup de miel, mais rechercher la gloire de l'autre est un honneur » et Ps. 49,13 : L'homme qui est en honneur n'a point de durée. Jean, en 5,44 nous dit : Comment pouvez-vous croire, vous qui tirez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul.

On peut la traduire de plusieurs manières, ainsi transite la gloire du monde, passe la gloire du monde, ainsi est la gloire du monde. Quelque soit la traduction elle marque la non permanence, l’éphémère.

Dans le rituel cette dernière est prononcée en même temps que l’impétrant aperçoit pour la première fois la plus grande lumière. A la différence de la lumière présentée quelque temps plutôt. Elle préfigure la gloire de Dieu qui passe dans le monde tel un éclair. Cette lumière ne fait que s’entrevoir, mais ainsi on la sait présente. Elle montre aussi que la lumière du monde matériel est éphémère.

L’apprenti est plongé dans les ténèbres pendant que les frères illuminent le temple. La lumière se fait alors que l’impétrant reste dans les ténèbres. Les frères autour font régner la lumière mais il n’est pas encore capable de la percevoir. Il reste dans la nuit.

C’est par un travail collectif que nous pouvons arriver à la lumière. En effet, les frères continuent l’illumination de la loge en n’essayant pas d’être silencieux dit le rituel. Le chercheur dans les ténèbres s’appuie sur le travail des frères plus avancés pour retrouver la voie perdue, seul le chercheur ne peut rien, pire il risque d’être distrait pas le brouhaha ambiant, les sirènes et chimères du monde profane, Le bruit de son mental, de son orgueil, de ses métaux.

La loge illuminée, le bandeau est enlevé, et le frère second surveillant lorsque apparaît la lumière prononce : « Sic transit gloria mundi ».

Lors du couronnement d'un nouveau pape, un chambellan brûle, avant que la sedia se mette en mouvement, une pièce de lin aux pieds du nouvel élu en lui disant : « Sancte Pater sic transit gloria Data », (Saint Père, ainsi va la gloire du monde), c’est la même phrase prononcée dans les mêmes conditions. On lui montre ainsi la vanité des honneurs de ce monde. Ainsi en est-il pour le pape, la flamme jaillit avant qu’il ne se mette en route, pour rappeler au souverain pontife la fragilité de la toute puissance humaine.

Il est intéressant de voir que cette même phrase utilisée dans plusieurs rituels, et toujours en relation avec la flamme. La flamme c’est l’amour de Dieu, qui brûle sans consumer, qui régénère l’âme de l’homme. C’est l’illumination de l’homme par la Lumière de Dieu.

Quand le second surveillant m’a proposé ce travail je lui ai dit : « tu m’éclaires mon frère ». L’intuition était juste, nous avons tous en nous cette lumière et chacun de nous montre un aspect de celle-ci. C’est donc par l’exemple que nous pouvons montrer le chemin aux autres. Nous ne pouvons forcer une personne à accueillir la lumière, d’une part chaque méthode pour la retrouver est différente, d’autre part faut-il encore que ce dernier la désire.

En préparant ce travail, une expérience est venue enrichir ma réflexion, s’il on peut montrer la lumière il faut attendre que l’autre frappe à la porte, la demande, cherche, montre qu’il est capable de souffrir pour la trouver. En trois mots, qu’il soit tour à tour cherchant persévérant et souffrant.

Le feu de Dieu ne détruit pas il régénère, à l’inverse du feu matériel qui consume la corruption, brûle et détruit l’apparence de ce qu’il touche. Mais l’Essence, seul Dieu à pouvoir sur elle, car elle est issue de sa pensée, et fait partie intégrante de Lui.

La plus belle image de la flamme divine figure dans la symbolique du buisson ardent. Dieu enflamme le buisson sans le consumer, le détruire. C’est l’inverse des flammes de l’enfer qui sont là pour faire souffrir l’homme dans des tourments sans fins. Mais aussi des flammes du monde qui brûle et consume leur combustible. Regarder les bougies elles diminuent instants après instants.

Dans la quête du graal seul l’être au cœur pur peut se saisir de l’objet de la quête. Le guerrier, le preux lancelot, parfait au combat parangon de la justice du Haut Roi et de Dieu n’arrive pas jusqu’au moment de le saisir. Il en est de même pour la lumière divine. Elle est là, intense forte, il nous faut nous préparer pour la recevoir. Pour cela point n’est besoin des honneurs du monde. Le travail doit être intérieur.

C’est le travail de l’apprenti, commencer à s’épurer de ses métaux, travailler sur la pierre brute qu’est son être pour arriver à retrouver le sein de Dieu. Ce n’est pas par hasard que cette phrase soit prononcée par le second surveillant. C’est bien lui qui est chargé de guider le futur apprenti, de le corriger, de vérifier que son travail est bien fait, et de lui régler son salaire. Quel plus beau salaire que la lumière de Dieu.

Ainsi passe la gloire du monde, cette phrase nous indique aussi que dans ce monde, la gloire est éphémère. Elle passe tel un éclair. Après son passage il ne reste que le souvenir. Si l’on s’arrête au plan matériel, toute chose, tout être a une fin.

La lumière de Dieu quand à elle, si elle se laisse entrevoir, est éphémère sur ce plan d’existence. Elle est pur esprit. C’est l’Esprit Saint qui se manifeste au travers de l’ensemble de la création.

Brutalement elle illumine les ténèbres, ne laissant apparaître  rien d’autre que l’aveuglante lumière. Nous l’avons aperçue mais elle nous échappe sans cesse.

Il est une vérité, rien n’existe en dehors de la lumière de Dieu. La lune n’émet pas de lumière elle ne fait que la refléter, le soleil lui est la source de la lumière dans ce système solaire. Et pourtant nous ne pouvons pas fixer Sa Gloire trop longtemps sans risquer d’être plongé dans les ténèbres pour avoir trop contemplé celle-ci. Il nous faut pour regarder Sa lumière prendre des précautions, la regarder avec des filtres qui affadissent et déforment  le message, ou ne le contempler que peu de temps, un peu plus chaque jour pour s’habituer et se laisser habiter par la lumière et la présence de Dieu.

Ainsi passe la Gloire Du Monde : de quel monde s’agit-t-il ? Du monde matériel ou de la Lumière de Dieu. J’ai envie à l’instant de retraduire la phrase de la façon suivante : ainsi passe dans le Monde la Gloire de Dieu. Elle est présente et permanente, forte et éblouissante. Nous avons des yeux mais nous refusons de voir.

Il est étonnant de voir que le but nous est montré des le début du chemin. Cela nous permet d’avancer en sachant ce que nous avons perdu et que nous devons retrouver.

la Gloire est céleste, la grandeur humaine n'en est même pas le reflet ! La fumée d'un holocauste monte vers les nuées mais demeure terrestre et éphémère! La Gloire Divine, elle, est éternelle !


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