Discours
de Ramsay
Initié
à la "Horn Lodge" de Londres en mars 1730, le Chevalier de
Ramsay fut
l'orateur attitré de la Loge "Le Louis d'Argent",
à l'Or. de Paris.
Le
texte qui suit, connu sous le nom de "Discours de Ramsay" est un
discours de bienvenue destiné à accueillir de
nouveaux initiés. Il eut une
influence considérable sur la Franc-Maçonnerie
française du XVIIIème Siècle. Il
fut publié à plusieurs reprises et fut soumis par
son auteur au cardinal de
Fleury, ministre de Louis XV, le 20 mars 1737.
Sa
valeur historique réside dans le fait qu'il est
très caractéristique de la
Franc-Maçonnerie du siècle des
Lumières, et qu'il préfigure, par sa
volonté de
rattacher l'histoire de la Franc-Maçonnerie à
celle des croisades, le mouvement
qui verra l'apparition des "Hauts Grades".
Les
recherches historiques les plus récentes montrent toutefois
que cette
"origine" chevaleresque doit être
considérée de la même
manière que
l'origine biblique. Il s'agit d'une origine "mythique" et non pas
d'un fait historique.
PREMIÈRE
PARTIE
DES QUALITÉS REQUISES POUR DEVENIR FRANC-MAÇON ET
DES BUTS QUE SE PROPOSE
L'ORDRE.
La
noble ardeur que vous montrez, Messieurs, pour entrer dans le
très ancien et
très illustre ordre des Francsmaçons, est une
preuve certaine que vous possédez
déjà toutes les qualités requises pour
en devenir les membres. Ces qualités
sont la Philanthropie sage, la morale pure, le secret inviolable et le
goût des
beaux arts.
LA
PHILANTHROPIE, OU AMOUR DE L'HUMANITÉ EN
GÉNÉRAL
Lycurge,
Solon, Numa, et tous les autres Législateurs politiques
n'ont pû rendre leurs
établissements durables; quelques sages qu'aient
été leurs lois, elles n'ont pû
s'étendre dans tous les pays ni convenir au goût,
au génie, aux intérêts de
toutes les Nations. La Philanthropie n'étoit pas leur base.
L'amour de la
patrie mal entendu et poussé à
l'excès, détruisoit souvent dans ces
Républiques
guerrières l'amour de l'humanité en
général. Les hommes ne sont pas
distingués
essentiellement par la différence des langues qu'ils
parlent, des habits qu'ils
portent, des pays qu'ils occupent, ni des dignités dont ils
sont revêtus. LE
MONDE ENTIER N'EST QU'UNE GRANDE REPUBLIQUE, DONT CHAQUE NATION EST UNE
FAMILLE, ET CHAQUE PARTICULIER UN ENFANT. C'est pour faire revivre et
répandre
ces anciennes maximes prises dans la nature de l'homme, que notre
Société fut
établie. Nous voulons réunir des hommes d'un
esprit éclairé et d'une humeur
agréable, non seulement par l'amour des beaux-arts, mais
encore plus par les
grands principes de vertu, où l'intérêt
de la confraternité devient celui du
genre humain entier, où toutes les Nations peuvent puiser
des connoissances
solides, et où tous les sujets des différens
Royaumes peuvent conspirer sans
jalousie, vivre sans discorde, et se chérir mutuellement
sans renoncer à leur
Patrie. Nos Ancêtres, les Croisés,
rassemblés de toutes les parties de la
Chrétienté dans la Terre Sainte, voulurent
réunir ainsi dans une seule
confraternité les sujets de toutes les Nations. Quelle
obligation n'a-t-on pas
à ces Hommes supérieurs qui, sans
intérêt grossier, sans écouter l'envie
naturelle de dominer, ont imaginé un
établissement dont le but unique est la
réunion des esprits et des coeurs, pour les rendre
meilleurs, et former dans la
suite des temps une nation spirituelle
où, sans déroger aux devoirs que
la différence des états exige, on
créera un peuple nouveau qui, en tenant de
plusieurs nations, les cimentera toutes en quelque sorte par les liens
de la
vertu et de la science.
LA
SAINE MORALE
La
saine Morale est la seconde disposition requise dans notre
société. Les ordres
Religieux furent établis pour rendre les hommes
chrétiens parfaits; les ordres
militaires, pour inspirer l'amour de la belle gloire; l'Ordre des
Free-Maçons
fut institué pour former des hommes et des hommes aimables,
des bons citoyens
et des bons sujets, inviolables dans leurs promesses,
fidèles adorateurs du
Dieu de l'Amitié, plus amateurs de la vertu que des
récompenses.
Polliciti
servare fidem,
sanctumque vereri
Numen amicitiae, mores, non munera amarare. [1]
Ce
n'est pas que nous nous bornions aux vertus purement civiles. Nous
avons parmi
nous trois espèces de confrères, des Novices ou
des Apprentis, des Compagnons
ou des Profès, des Maîtres ou des Parfaits. Nous
expliquons aux premiers les
vertus morales et philanthropes, aux seconds, les vertus
héroïques; aux
derniers les vertus surhumaines et divines. De sorte que notre institut
renferme toute la Filosophie des sentiments, et toute la
théologie du coeur.
C'est pourquoi un de nos vénérables
Confrères [2]
dit dans une Ode
pleine d'enthousiasme:
Free-Maçons,
Illustre grand
Maître,
Recevez mes premiers transports,
Dans mon coeur l'ordre les fait naître;
Heureux ! si de nobles efforts
Me font mériter votre estime,
M'élèvent à ce vrai sublime,
A la première vérité,
A l'essence pure et divine,
De l'âme céleste origine,
Source de vie et de clarté.
Comme
une Filosophie sévère, sauvage, triste et
misanthrope dégoûte les hommes de la
vertu, nos Ancêtres, les Croisés, voulurent la
rendre aimable par l'attrait des
plaisirs innocens, d'une musique agréable, d'une joie pure,
et d'une gaieté
raisonnable.
Nos sentiments ne sont pas ce que le monde profane et l'ignorant
vulgaire
s'imagine. Tous les vices du coeur et de l'esprit en sont bannis, et
l'irréligion et le libertinage,
l'incrédulité et la débauche. C'est
dans cet
esprit qu'un de nos Poètes [3]
dit:
Nous suivons
aujourd'hui des
sentiers peu battus,
Nous cherchons à bâtir, et tous nos
édifices
Sont ou des cachots pour les vices,
Ou des temples pour les vertus.
Nos
repas ressemblent à ces vertueux soupers d'Horace,
où l'on s'entretenoit de
tout ce qui pouvoit éclairer l'esprit, perfectionner le
coeur, et inspirer le
goût du vrai, du bon et du beau:
O! noctes,
coenaeque Deum...
Sermo oritur non de regnis domibusque alienis;
...sed quod magis ad nos
Pertinet, et nescire malum est, agitamus; utrumne
Divitis homines, an sint virtute beati;
Quidve ad amicitias usus rectumve trahat nos,
Et quae sit natura boni, summumque quid ejus. [4]
Ici
l'amour de tous les désirs se fortifie. Nous bannissons de
nos Loges toute
dispute, qui pourrait altérer la tranquilité de
l'esprit, la douceur des
moeurs, les sentimes de l'amitié, et cette harmonie parfaite
qui ne se trouve
que dans le retranchement de tous les excès
indécens, et de toutes les passions
discordantes.
Les
obligations que l'ordre vous impose, sont de protéger vos
Confrères par votre
autorité, de les éclairer par vos
lumières, de les édifier par vos vertus, de
les secourir dans leurs besoins, de sacrifier tout ressentiment
personnel, et
de rechercher tout ce qui peut contribuer à la paix,
à la concorde et à l'union
de la Société.
LE
SECRET
Nous
avons des secrets; ce sont des signes figuratifs et des paroles
sacrées, qui
composent un langage tantôt muet et tantôt
très éloquent, pour le communiquer à
la plus grande distance, et pour reconnaître nos
Confrères de quelque langue ou
quelque pays qu'ils soient. C'étoit, selon les apparences,
des mots de guerre
que les croisés se donnoient les uns aux autres, pour se
garantir des surprises
des Sarasins, qui se glissoient souvent déguisés
parmi eux pour les trahir et
les assassiner. Ces signes et ces paroles rappellent le souvenir ou de
quelque
partie de notre science ou de quelque vertu morale, ou de quelque
mystère de la
foi. Il est arrivé chez nous, ce qui n'est guère
arrivé dans aucune autre
société. Nos loges sont établies et se
répandent aujourd'hui dans toutes les
nations policées, et cependant dans une si nombreuse
multitude d'hommes, jamais
aucun Confrère n'a trahi nos secrets. Les esprits les plus
légers, les plus
indiscrets et les moins instruits à se taire, apprennent
cette grande science
dès qu'ils entrent dans notre société.
Tant l'idée de l'Union fraternelle a
d'empire sur les esprits. Ce secret inviolable contribue puissamment
à lier les
sujets de toutes les Nations, et à rendre la communication
des bienfaits facile
et mutuelle entre eux. Nous en avons plusieurs exemples dans les
annales de
notre Ordre, nos Confrères qui voyageoient dans les
différens pays de l'Europe,
s'étant trouvés dans le besoin, se sont fait
connoître à nos loges, et aussitôt
ils ont été comblés de tous les
secours nécessaires. Dans le temps même des
guerres les plus sanglantes, des illustres prisonniers ont
trouvé des frères où
ils ne croyoient trouver que des ennemis. Si quelqu'un manquoit aux
promesses
solemnelles qui nous lient, vous sçavez, Messieurs, que les
plus grandes peines
sont les remords de sa conscience, la honte de sa perfidie, et
l'exclusion de
notre Société, selon ces belles paroles d'Horace:
Est et fideli
tuta silentio
Merces; vetabo qui Cereris sacrum
Vulgarit arcanae, sub isdem
Sit tragibus, fragilemque mecum
Solvat phaselum;... [5]
Oui,
Messieurs, les fameuses fêtes de Cérès
à Eleusis dont parle Horace aussi bien
que celles d'Isis en Egypte, de Minerve à
Athènes, d'Uranie chez les
Phéniciens, et de Diane en Scythie avoient quelque rapport
à nos solemnités. On
y célébroit les mystères où
se trouvoient plusieurs vestiges de l'ancienne
religion de Noë et des patriarches; ensuite on finissoit par
les repas et les
libations, mais, sans les excès, les débauches et
l'intempérance où les Païens
tombèrent peu à peu. La source de toutes ces
infamies fut l'admission des
personnes de l'un et de l'autre sexe aux assemblées
nocturnes contre la
primitive institution. C'est pour prévenir de semblables
abus que les femmes
sont exclues de notre Ordre. Ce n'est pas que nous soyons
assés injustes pour
regarder le sexe comme incapable de secret, mais c'est, parce que sa
présence
pourroit altérer insensiblement la pureté de nos
maximes et de nos moeurs:
Si le sexe
est banni, qu'il n'en
ait point d'alarmes,
Ce n'est point un outrage à sa
fidélité;
Mais on craint que l'amour entrant avec ses charmes,
Ne produise l'oubli de la fraternité.
Noms de frère et d'ami seroient de faibles armes
Pour garantir les coeurs de la rivalité.
LE
GOUT DES SCIENCES ET DES ARTS LIBÉRAUX
La
quatrième qualité requise pour entrer dans notre
Ordre est le goût des sciences
utiles, et des arts libéraux de toutes les
espèces; ainsi l'ordre exige de
chacun de vous, de contribuer par sa protection, par sa
libéralité, ou par son
travail à un vaste Ouvrage auquel nulle Académie,
et nulle Université ne
peuvent suffire, parce que toutes les Sociétés
particulières étant composées
d'un très petit nombre d'hommes, leur travail ne peut
embrasser un objet aussi
immense.
Tous
les Grands Maîtres en Allemagne, en Angleterre, en Italie et
par toute
l'Europe, exhortent tous les savants et tous les Artistes de la
Confraternité,
de s'unir pour fournir les matériaux d'un Dictionnaire
universel de tous les
Arts Libéraux et de toutes les sciences utiles, la
Théologie et la Politique
seules exceptées. On a déjà
commencé l'ouvrage à Londres; mais par la
réunion
de nos confrères on pourra le porter à sa
perfection en peu d'années. On y
expliquera non seulement le mot technique et son étimologie,
mais on donnera
encore l'histoire de la science et de l'Art, ses grands principes et la
manière
d'y travailler. De cette façon on réunira les
lumières de toutes les nations
dans un seul ouvrage, qui sera comme un magasin
général, et une Bibliothèque
universelle de tout ce qu'il y a de beau, de grand, de lumineux, de
solide et
d'utile dans toutes les sciences naturelle et dans tous les arts
nobles. Cet
ouvrage augmentera chaque siècle, selon l'augmentation des
lumières; c'est
ainsi qu'on répandra une noble émulation avec le
goût des Belles-Lettres et des
beaux Arts dans toute l'Europe.
SECONDE
PARTIE
ORIGINE ET HISTOIRE DE L'ORDRE
LA
LÉGENDE ET L'HISTOIRE SELON RAMSAY
Chaque
famille, chaque République, et chaque Empire dont l'origine
est perdue dans une
antiquité obscure, a sa fable et a sa
vérité, sa légende et son histoire, sa
fiction et sa réalité.
Quelques-uns font remonter notre institution jusqu'au temps de Salomon,
de
Moïse, des Patriarches, de Noë même.
Quelques autres prétendent que notre
fondateur fut Enoch, le petit-fils du Protoplaste, qui bâtit
la première ville
et l'appela de son nom. Je passe rapidement sur cette origine
fabuleuse, pour
venir à notre véritable histoire. Voici donc ce
que j'ai pû recueillir dans les
très anciennes Annales de l'Histoire de la Grande-Bretagne,
dans les actes du
Parlement d'Angleterre, qui parlent souvent de nos
privilèges, et dans la
tradition vivante de la Nation Britannique, qui a
été le centre et le siège de
notre Confraternité depuis l'onzième
siècle.
INSTITUTION
DE L'ORDRE PAR LES CROISÉS
Du
temps des guerres saintes dans la Palestine, plusieurs Princes,
Seigneurs et
Citoyens entrèrent en Société, firent
voeu de rétablir les temples des
Chrétiens dans la Terre Sainte, et s'engagèrent
par serment à employer leurs
talens et leurs biens pour ramener l'Architecture à
primitive institution. Ils
convinrent de plusieurs signes anciens, de mots symboliques
tirés du fond de la
religion, pour se distinguer des Infidèles, et se
reconnoître d'avec les
Sarasins. On ne communiquoit ces signes et ces paroles qu'à
ceux qui
promettoient solemnellement et souvent même au pieds des
Autels de ne jamais
les révéler. Cette promesse n'étoit
donc plus un serment exécrable, comme on le
débite, mais un lien respectable pour unir les hommes de
toutes les Nations
dans une même confraternité. Quelques temps
après, notre Ordre s'unit
intimement avec les Chevaliers de S. Jean de Jérusalem.
Dès lors et depuis nos
Loges portèrent le nom de Loges de S. Jean dans tous les
pays. Cette union se
fit en imitation des Israélites, lorsqu'ils
rebâtirent le second Temple,
pendant qu'ils manioinent d'une main la truelle et le mortier, ils
portoient de
l'autre l'Epée et le Bouclier.
Notre
Ordre par conséquent, ne doit pas être
regardé comme un renouvellement de
baccanales, et une source de folle dissipation de libertinage
effréné, et
d'intempérance scandaleuse, mais comme un ordre moral,
institué par nos
Ancêtres dans la Terre sainte pour rappeler le souvenir des
vérités les plus
sublimes, au milieu des innocens plaisirs de la
Société.
PASSAGE
DE L'ORDRE DE LA TERRE SAINTE EN EUROPE
Les
Rois, les Princes et les Seigneurs, en revenant de la Palestine dans
leurs
pays, y établirent des Loges différentes. Du
temps des dernières Croisades on
voit déjà plusieurs Loges
érigées en Allemagne, en Italie, en Espagne, en
France et de là en Ecosse, à cause de l'intime
alliance qu'il y eut alors entre
ces deux Nations.
Jacques
Lord Steward d'Ecosse fut Grand Maître d'une Loge
établie à Kilwinnen dans
l'Ouest d'Ecosse en l'an 1286, peu de temps après la mort
d'Alexandre III Roi
d'Ecosse, et un an avant que Jean Baliol montât sur le
Trône. Ce Seigneur
Ecossois reçut Free-Maçons dans sa Loge les
Comtes de Glocester et d'Ulster,
Seigneurs Anglois et Irlandois.
Peu
à peu nos Loges, nos fêtes et nos
solemnités furent négligées dans la
plupart
des pays où elles avoient été
établies. De-là vient le silence des Historiens
de presque tous les Royaumes sur notre Ordre, hors ceux de la
Grande-Bretagne.
Elles se conservèrent néanmoins dans toute leur
splendeur parmi les Ecossois, à
qui nos Rois confièrent pendant plusieurs siècles
la garde de leur sacrée
personne.
DES
CROISADES A LA RÉFORME.
DÉGÉNÉRESCENCE DE L'ORDRE.
Après
les déplorables traverses des Croisades, le
dépérissement des Armées
Chrétiennes et le triomphe de Bendocdar Soudan d'Egypte,
pendant la huitième et
dernière Croisade, le Fils d'Henry III Roi d'Angleterre, le
grand prince
Edouard voyant qu'il n'avoit plus de sureté pour ses
confrères dans la Terre
sainte, quand les troupes Chrétiennes s'en retiroient, les
ramena tous, et
cette Colonie de frères s'établit ainsi en
Angleterre. Comme ce Prince était
doué de toutes les qualités du coeur et de
l'esprit qui forment les Héros, il
aima les beaux Arts, se déclara protecteur de notre Ordre,
lui accorda
plusieurs privilèges et franchises, et dès lors
les membres de cette
Confraternité prirent le nom de Francs-Maçons.
Depuis ce temps la
Grande-Bretagne devint le siège de notre science,
conservatrice de nos lois, et
la dépositaire de nos secrets. Les fatales discordes de
religion qui
embrasèrent et déchirèrent l'Europe
dans le seizième siècle, firent
dégénérer
notre ordre de la grandeur et de la noblesse de son origine. On
changea, on
déguisa, ou l'on retrancha plusieurs de nos rits et usages
qui étoient
contraires aux préjugés du temps.
CONCLUSION
RETOUR,
RÉGÉNÉRATION ET AVENIR DE L'ORDRE EN
FRANCE
C'est
ainsi que plusieurs de nos confrères oublièrent
l'esprit de nos loix, et n'en
conservèrent que la lettre et l'écorce. Notre
grand maître, dont les qualités
respectables surpassent encore la naissance distinguée, veut
que l'on rappelle
tout à sa première institution, dans un Pays
où la religion et l'Etat ne
peuvent que favoriser nos Loix.
Des
Isles Britanniques, l'antique science commence à repasser
dans la France sous
le règne du plus aimable des Rois, dont
l'humanité fait l'âme de toutes les
vertus, sous le ministère d'un Mentor qui a
réalisé tout ce qu'on avait imaginé
de plus fabuleux.
Dans ces temps
heureux où
l'amour de la Paix est devenu la vertu des Héros, la nation
la plus spirituelle
de l'Europe deviendra le centre de l'Ordre; elle répandra
sur nos Ouvrages, nos
Statuts et nos moeurs, les graces, la délicatesse et le bon
goût, qualités
essentielles dans un Ordre, dont la base est la sagesse, la
force et la
beauté du génie. C'est dans nos Loges
à l'avenir, comme dans des Ecoles publiques,
que les François verront, sans voyager, les
caractères de toutes les Nations,
et c'est dans ces mêmes Loges que les Etrangers apprendront
par expériences,
que la France est la vraie Patrie de tous les Peuples. Patria
gentis humanae.
Notes
:
[1]
Nous avons promis
d'être fidèles, de vénérer
la sainte divinité de l'amitié, d'aimer la vertu,
non les récompenses.
[2]
Le comte de
Tressan.
[3]
Procope, dans
l'"Apologie des Francs-Maçons".
[4]
O nuits, ô repas
divins !
On ne s'y occupe pas des domaines ou des maisons d'autrui
Mais de sujets qui nous touchent plus directement
et qu'il est mauvais d'ignorer.
Si les richesses ou la vertu donnent aux hommes le bonheur,
Quel est le mobile des amitiés,
l'intérêt ou le bien moral,
Quelle est la nature du bien, et quel en est le degré
suprême.
Horace, Satire VI du Livre II
[5]
Il est au silence
fidèle une récompense assurée;
mais à celui qui aura divulgué les rites de la
mystérieuse Céres,
j'interdirai qu'il vive sous mon toit,
ou s'embarque avec moi sur un fragile esquif.
Horace, Odes, Livre III
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