Obédience : NC Loge : NC 23/09/2015

 

Le vénérable et la mort

Il était une fois, dans une Loge entre ciel et mer, un V\ M\ âgé qui se posait des questions sur l’Orient Eternel.

Lors de la dernière Tenue, un Frère planchant sur ce sujet, avait provoqué une foule d’interrogations de la part des F\ F\. Dans toutes les Obédience et toutes les Loges, lorsque cela s’impose ; on parle orient éternel, mais on oublie de donner du sens à ces deux mots sans se rendre compte que les deux mots indiquent, l’un l’espace et l’autre le temps ou mieux l’absence de Temps signifiant que la mort n’étaient pas la dissolution du corps physique dans un néant sans fin et surtout sans espoir, et cela supprimant tout sens à la vie humaine et terrestre, une absurdité digne de certaines théories philosophiques. Pour une fois une planche sortait des sentiers battus en abordant un sujet métaphysique sur le sens de notre vie.

Notre V\ M\ était un sacré bonhomme, au seuil de l’Orient Eternel, il réfléchissait à sa vie passée, naïvement il pensait être né sous une Bonne étoile Il était né dans un hôpital situé au centre d’une grande ville, puis de par ses parents avait fait ses « humanités » dans l’Est de cette ville, avec les hasards de sa vie active, vécu au Sud, puis au Nord de son pays et enfin il allait terminer sa vie terrestre à l’Ouest. La providence aidant, il fit ce constat, sans être riche il n’avait jamais manqué d’argent, et chaque fois que les revers de la vie, vidaient ses économies, des rentrées d’argent peu de temps après, arrivaient à point nommé. Il se disait béni des Dieux.

Ce vendredi de tenue, la planche de ce maçon, avait ouvert un questionnement sans réponses satisfaisantes ; pour les athées, la vie n’était qu’un formidable usine chimique procédant par échange entre la Vie et la Mort, sans plan précis et surtout sans espérance, sans but précis soumise à la loi du hasard, mais comme un initié doit savoir, le hasard obéit à des lois très difficiles à comprendre pour l’homme.

Entre temps, le frère, et pendant des années, avait eu des conversations, avec un couple de Chrétiens très instruits dans la vie religieuse, mais pas de ces intégristes, songez que le mari avait fait partie en son temps du PSU ; mais pas seulement une conversation de salon, non, non un approfondissement de thèmes importants sur l’Homme, sa place dans l’Univers et le sens de nos vies.

Pendant des heures et des heures ils eurent un débat contradictoire, mais finalement constructif, en particulier sur les relations entre la Maçonnerie et l’Eglise.

Un après-midi, la conversation, vint sur la Mort, et notre V\ M\ pensait qu’une fois le corps physique, décomposé, il ne restait rien d’une Vie, même le souvenir finissait avec le temps par disparaitre, ce qui posait un nombre de questions sans réponses, à quoi bon la Morale, le Civisme, et la Générosité ? Ne vaut-il pas mieux de vivre en égoïstes, en ermites et jouir de la Vie même au détriment des autre humains ? Ni rien, ni le Néant !

Il reprit le chemin de la maison de ses amis chrétiens, avec en tête une seule question : « après la mort, qui y a-t-il ? » La maitresse de maison lui répondit par une autre question : « crois-tu que Dieu ou pour toi, le Grand Architecte, puisse supprimer définitivement sa Création et ses créatures ? » Si c’était le cas, il se détruirait lui-même et remettrait en cause, non pas son existence, mais sa toute puissance, et il descendrait dans la monde terrestre, subissant les lois de l’entropie ; d’ailleurs dans ton monde maçonnique, et dans la légende d’Hiram, le postulant initiable renait tout comme le profane qui sollicite son entrée en Maçonnerie et je te rappelle cette belle formule : « Tout ce qui est en Haut est semblable à ce qui est en bas ! » Vous les maçons vous avez dans vos rituels : l’Orient Eternel et vous vous moquez des Chrétiens et de notre Paradis, dans les deux cas cela signifie que la mort n’est pas la négation des créatures que nous sommes, toi le maçon et moi la chrétienne, et pour moi la Mort n’est que le passage vers un autre monde qu’il est difficile d’en préciser clairement, l’existence, mais au moins notre Foi fait que notre Vie a un sens, toi le Maçon ne serais tu pas nihiliste ? Tu mentionnes le Grand Architecte en oubliant que le fonction et le métier de l’Architecte est de faire des plans pour l’avenir, en fait tu penses que ta vie n’a aucun sens, mais si tu es vraiment sincère avec toi-même, tu devrais te considérer comme un animal obéissant uniquement à ses instincts, notes bien que nombreux sont les Hommes qui se comportent encore de nos jours, moins bien qu’un animal.

Le V\ M\, ne répondit pas à ces constats de bon sens. Et son interlocutrice, sentant que notre Maçon cogitait, lui administra, une autre banderille, vous les Maçons en niant Dieu et le Paradis, vous avez forgé de toutes pièces, des philosophies prétendant installer un Paradis sur Terre… Oubliant le sens du Sacré et du respect de la Vie sous toutes ses formes ! Voyant la perplexité de son ami Maçon, l’hôtesse lui proposa de faire la collation et de boire un bon café.

Ce fut tout pour cette journée, et notre V\ M\ prit rendez-vous pour la semaine suivante. Durant ce temps notre V\ M\, puisa dans ses bouquins, afin de voir si les auteurs maçonniques, pouvaient donner des explications utiles à la compréhension de cette : Orient Eternel. La pèche ne fut point miraculeuse, il lui sembla donc que le sujet n’intéressait pas les symbolistes maçonniques et autres exégètes ayant pignon sur rue ? Et pourtant dans le passé, de grandes civilisations avaient dans leur parcours terrestre, intégré la Mort dans leur système socioculturel, comme le Livre des Morts, Egyptien ou tibétain sans pour autant tomber dans la déprime, vaste sujet…bien au contraire, l’archéologie en exhumant les dernières traces des anciennes civilisations, nous permettaient de voir qu’elles étaient aussi évoluées que la nôtre…

Dans cet après midi de printemps, notre V\ M\ reprit le chemin de ses amis catholiques. Après les salutations d’usage, la conversation repris, sur le même thème que celui de la dernière visite ; la vie et la mort !

Son amie catho, ouvrit le débat, la maçonnerie ayant supprimé l’Immortalité de l’Ame, je pense qu’il n’y a plus rien de sacré aux yeux des Maçons, et pour reprendre votre terminologie vous êtes restés dans le monde binaire, bien ou mal, vrai ou faux, et de ce fait il n’y a plus de transcendance, pour échapper à la condition humaine et pour tenter de répondre aux questions fondamentales que l’Homme se pose. Ne va pas croire que ma foi religieuse m’empêche de réfléchir, et m’évite de me poser des questions sur le sens de la vie, je ne suis pas un zombie, mais je crois que le fait religieux me donne la force de mieux comprendre, ma place sur Terre, je sais que je vis pour quelque chose de plus grand que moi, que dans mon passage sur cette Terre, j’ai un travail à accomplir, et qu’en fonction de l’amélioration de ma personnalité, mon passage sur Terre sera par la Mort, ma récompense, en rejoignant le Seigneur, mon cher ami, c’est un peu comme toi, lorsque tu taille la Pierre brute, tu veux t’améliorer, mais pourquoi faire, qu’elle est ta finalité ? Nous avons des points communs, mais c’est après que nos chemins divergent, et pour moi ma Mort sera une joie de retrouver Dieu le Père ou reprendre ton langage, quitter la dualité et enfin retrouver l’Unité, mais en toute conscience… !

Rien ne se perd, tout se transforme ! Notre V\ M\ pensa à la graine de blé qui devient épi portant de nombreuses graines et qu’en fait l’Orient Eternel, n’est qu’une autre porte basse à franchir, que la mort n’est pas un terme définif, mais le début d’une autre aventure, dans un monde inconnu… !

Plus tard, la mort vint réclamer son dû, dans le couple, ami de notre V\ M\, mais plutôt que de geindre, l’amie restante dit à notre V\ M\ ; « tu vois maintenant je sais qu’il est heureux, auprès du Seigneur ! » Depuis notre Maçon, intègre dans sa Pensée, le rien, le néant, le temps, l’éternité, et après la vie !

P\ L\


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