Obédience : NC Loge : NC 08/2014

Le dernier Grand Chapitre

Depuis quelques années la Maçonnerie était en proie à de grosses difficultés : querelles d’Egos, manque d’adaptation au changement de nos sociétés, conservatisme, absence de transmission initiatique, tripatouillage des rituels, et désaffection non seulement des Maçons mais aussi des Profanes. En fait la Maçonnerie n’avait plus aucun but, tant le domaine sociétal que dans la spiritualité initiatique. Bref, on s’ennuyait en loge. Peu était conscient de la situation, vraiment très peu. Sans emphase excessive, on pouvait dire que nous assistions à la lente agonie de l’Ordre Initiatique qu’est la Maçonnerie. Le matérialisme avait presque gagné la partie, tout devenait marchandise à vendre ou à acheter, même l’Ordre Initiatique n’échappait pas à cette décomposition. Un simple exemple : de plus en plus de F\ F\, se servaient de robot écrivain pour produire « des planches » ! Les maçons confondant leur égoïsme avec la Fraternité, les Maçons ne respectant plus la Parole donnée, et plus grave, les Maçons ne taillant plus la Pierre Brute et se prenant pour de grands initiés ! Gémissons ! Peut-être, mais surtout espérons !

Cette situation me laissait pas quelques maçons disséminés à travers le monde, indifférents, qui en constatant la situation, savaient qu’il fallait réagir. Les plus instruits en ésotérisme, n’étaient pas vraiment surpris, car ils savaient que l’Humanité était dans le cycle de l’Age de Fer, et que suivant la Tradition Primordiale, à la fin de ce temps, la Maçonnerie ne servirait plus à rien et dans un nouveau cycle, l’Humanité renaitrait de ses cendres, avec une autre forme de Connaissance Spirituelle. Mais cela n’était qu’une question de Temps, pas le temps humain, mais le temps céleste. (voir Paul V aléry).

Pour les initiés des chapitres, ils avaient un devoir suprême, conserver les traces de ce qui allait disparaitre ; car il fallait sauvegarder ce qui est indestructible, et surtout transmettre aux générations futures le souvenir de ce savoir initiatique, afin que la chaine de transmission ne soit pas interrompue mais bien peu dans les loges étaient conscients du vrai secret maçonnique et de son importance vitale pour le devenir de l’Humanité. Quant aux Chevaliers Rose Croix, ils n’étaient pas nombreux pour connaitre le sens et les devoirs du degré en question et pourtant, Guénon avait donné, dans ses écrits, avec précision le sens ésotérique du 18ème degré.

Des liens furent tissés entre les Grands Chapitres d’Europe, surtout avec les F\ F\ bien conscients de la situation, de ce qu’il fallait faire ; C’est sans surprise, les Chevaliers, sans concertation, venant de différents Grands Chapitres et de différents rituels, accueillir la proposition de se réunir pour prendre une décision pérenne.

Ils se retrouvèrent à Strasbourg dans la crypte de la Cathédrale, un jour sans visiteurs, le jour où le rayon vert (voir le frère Goethe) éclaire le chœur de l’autel.

Les douze Chevaliers prêtèrent serment sur le compas, l’équerre et la truelle, puis suivant le rite approprié, ils ouvrirent les travaux au chant du coq, dans la plus noire des Vallées celle de Josaphat. Renouant avec les Constructeurs, ils tracèrent l’esquisse de leur future action, ayant toujours à l’esprit l’urgence qu’il y avait à soustraire au monde matérialiste, la Flamme de l’Esprit et du Divin. Il fut décidé de se revoir très souvent, mais aussi dans leurs chapitres respectifs, de mettre en lieu sûr les documents et autres rituels. C’était urgent car sur les sites de vente du WEB, on pouvait acheter un certain nombre de rituels sans compter les objets maçonniques.

Le dernier Grand Chapitre, eut lieu dans une région chargée d’histoire, la Champagne, terre des grandes foires du Moyen Age, où toute l’Europe se retrouvait pour commercer, et aussi pour échanger des idées, terre aussi du Sacre des Rois, sans oublier, terre natale de l’Ordre des Templiers.

C’est dans la forêt d’Orient, dans une maison forestière, loin des chemins touristiques, que douze Chevaliers tracèrent les plans du travail à venir, ils débâtèrent de ce qu’il convenait de garder précieusement. Pour les RITUELS, il fut admis que seuls les rituels les plus proches de la Tradition seront gardés, afin d’assurer au mieux la pureté Du RITE, la même chose pour les décors maçonniques ; Dans l’histoire on a jamais vu un opératif avec une épée, même si la maçonnerie adamhiramite en fait mention. On peut dire sans exagération que ce fut une véritable opération alchimique. Il fut aussi préciser que le but de la Maçonnerie n’est pas de se substituer au monde profane et qu’il fallait laisser cela au monde profane. En clair dans le monde nouveau la défense de la laïcité, ne serait plus l’unique but de la Maçonnerie, il fallait rendre à César ce qui est à César : sur le chantier à chacun sa tâche.

Les travaux durèrent toute la nuit, le plus important restait à faire, le rituel du VERBE CREATEUR, rituel méconnu par la majorité de maçons, hommes ou femmes ; rituel qui permet sur Terre de faire œuvre divine, dans la ligne créatrice de la GENESE. Comment le protéger de la folie des Hommes, comment l’utiliser dans l’harmonie terrestre, à qui le confier pour agir avec sagesse ? Il fut décidé que l’admission au VERBE créateur serait réservé aux véritables initiés, ayant eu un parcours initiatique irréprochable. Sage précaution puisque peu de maçons peuvent prétendre à cette perfection. Trois F\ F\, dont les qualités n’étaient plus à démontrer furent installés dans cette fonction, avec mission de faire en sorte que ce rituel secret soit confié à de véritables maçons, quand il le faudra. Quant aux neufs Chevaliers restant, ils devaient veiller à la garde des rituels et ils trouvèrent que la meilleure cachette, était d’utiliser les banques de la finance et surtout quel paradoxe de mettre à l’abri des textes sacrés dans l’antre du matérialisme. C’est le LUXEMBOURG, qui fut choisi étant presque au centre de l’EUROPE. Ce qui fut dit, fut fait !

A l’aube naissant les douze Chevaliers se quittèrent, et regagnant, aux quatre points cardinaux, leur Chapitre, bien conscients que le chantier était presque parfait, et ils jurèrent de rester régulièrement en contact et de se réunir quatre fois l’an, aux équinoxes et aux solstices. Quelques années plus tard…

L’Orient Eternel accueillit plusieurs Chevaliers. En ce jour de Saint Jean d’Hiver, dans la crypte de la cathédrale de Bayeux, après la fermeture de l’édifice, des Chevaliers s’apprêtaient à recevoir en leur sein des Maçons dignes de servir l’ordre Initiatique ; Ils furent Chevalier Protecteur, après une cérémonie qui dura trois nuits, s’interrompant le jour, mais se poursuivant dans une loge de la région par des exercices de méditation et d’invocation. Le jour de Noel, dans une salle du monastère du Mont Saint Michel, les nouveaux Chevaliers furent définitivement consacrés, nantis de tous les Devoirs, utiles à la conservation de l’Initiation Maçonnique et pour transmettre cette dernière quand les temps seraient venus. Les maillons de la chaine étaient maintenant solides.

Quant à la Maçonnerie, elle était comme une coquille de noix vide, perdue dans des mesquineries qui avaient fini par lasser les maçons les plus persévérants, elle, comme la belle au bois dormant, finissait pas s’endormir, mais sans espoir de voir arriver le prince charmant…

P\ L\

Ps : le lecteur peut se demander si cette histoire est imaginaire, ou si elle est prémonitoire. Les deux, car je pense qu’un Maître Maçon doit reconnaître les causes et ne pas s’attarder sur les effets.


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