Obédience : NC Loge : NC Date : NC

Le Colporteur de joie

Dans l’imaginaire populaire, l’individu que l’on nomme Franc Maçon, est souvent représenté en habit sombre et se réunissant à la tombée de la nuit, pour traiter de sujets sérieux voire subversifs, fomentant on ne sait quelle théorie, en vue de diriger le monde.

Notre Frère avait dans sa jeunesse, entendu à plusieurs reprises dans son milieu familial ce type propos. Disons simplement que la Maçonnerie n’avait pas bonne presse. Malgré ce parti pris négatif, le profane de l’époque, avait voulu en savoir plus sur cette Maçonnerie tant décriée ; après bien des recherches, car dans les années 50, la Maçonnerie n’avait pas pignon sur rue et internet, n’était pas encore en service ; bref il fallait chercher pour trouver, et ensuite frapper pour accéder aux épreuves.

C’est ce qu’il fit, et il trouva une Obédience que l’on qualifie de nos jours d’Humaniste, mais à l’époque il ignorait tout de la Maçonnerie et encore plus du nombre d’obédiences. Dans les années 50/60, elles n’étaient pas nombreuses : peut-être 5 ou 6.

Ainsi commença une longue carrière maçonnique dans la plus totale ignorance de ce que recouvre en sens et en réalité la Maçonnerie des années 50/60. Une fois initié, il fut surpris d’être laissé à lui-même, une autre surprise brisa son espérance maçonnique, en constatant que les Surveillants fumaient en Loge et même que certains avait dans leur plateau, un verre d’alcool ; cruelle déception, la réalité pulvérisait son imaginaire.

Il aurait pu démissionner, mais il se mit en tête que cela faisait partie des épreuves de sa quête : voir toute la faiblesse de l’Homme et sa grandeur comme ses qualités car il fréquenta des Hommes de valeur qui n’hésitaient pas à faire des longues distances pour aider un Maçon tout comme il avait connu une des fondatrices d’une obédience féminine, qui deux fois par mois, prenait le train, du Nord de la France, pour construire l’Obédience…

Il participa donc avec assiduité aux travaux de sa Loge et en particulier aux questions à l’étude des Loges et principalement à la question sur la PAIX ; Mais après des années, il fit ce constat que comme la prière en religion, tout au moins dans ce monde, la réflexion des Maçons ne changeait rien à la réalité terrestre, la guerre était présente sur tous les continents ; Il se demanda à quoi sert la Maçonnerie, est-ce une cogitation intellectuelle qui flatte les Ego des uns et des autres,est-ce un centre de réflexion, une amicale quelconque ? VITRIOL. Il commença un travail intérieur pensant que le travail en Loge n’était qu’un prolongement de l’orgueil des uns et des autres et que la véritable initiation passait par le cœur et non par l’intellect et que la Maçonnerie était prétentieuse de vouloir changer le monde alors que les Maçons ne faisaient pas grand-chose pour se changer eux même.

Comme tous les matins, une des premières choses qu’il faisait, se rendre à la boulangerie de sa rue. Dans la boutique, plutôt que d’avoir un visage renfrogné il avait un sourire radieux et des mots de gentillesse, en cela il était aidé par la bonne odeur du pain, il engageait la conversation en ayant soin d’avoir des propos positifs avec la boulangère, au lieu de parler de la pluie il parlait du beau temps… Il faisait de même avec tout le monde, disant bonjour à tous même à ceux qu’il ne connaissait pas et vraiment il souhaitait un BON JOUR aux personnes qu’il rencontrait. Il émanait de sa personne une sérénité, qui rayonnait chez ses interlocuteurs et ces derniers, parlait ou exposait en toute confiance, leurs soucis, leurs espérances et sans pudeur ils parlaient de leur sexualité ; Mais sa plus grande joie, était de voir les enfants, même les plus farouches, venir lui faire la bise, et ainsi que les animaux domestiques accepter sa caresse. Bref, pour beaucoup il était considéré comme un membre de leur famille !

Qu’avait-il donc de si particulier ? Lui disait simplement ceci : « il y a longtemps que je ne regarde plus mon nombril, j’en connais tous les recoins, tous les plis, et maintenant, je regarde devant moi et je constate la misère et l’isolement des gens, et comme je pense avoir taillé convenablement ma pierre brute, et puis j’ai fait mien le poème de notre Frère Kipling : « tu seras un HOMME, mon fils ! » Alors sur le chantier de la vie de tous les jours je suis l’égal de tous ni au-dessus, ni en dessous, les plus sceptiques penseront que je suis vaniteux, mais alors comment peut-on parler de FRATERNITE ? Il est vrai que je suis modérément égoïste et comme le dit un ancien rituel : « ne point faire l’aumône au détriment de sa famille ! » La vie étant trop courte pour s’encombrer l’esprit de choses futiles ou sans importances, ni s’attarder sur les choses du passé, car comme le dit une prière des Templiers : « Ne vis qu’un jour à la fois, et tu seras heureux pour toujours ! »

Un peu plus tard, il fut convié à participer aux travaux des Chevaliers Rose Croix, et un de ses instructeur lui posa la question suivante : « que comptes-tu faire pour la Maçonnerie ? » Il répondit ceci : « si dans mon village les gens apprennent que je suis Franc Maçon, j’espère qu’ils diront simplement ceci, certes il est franc maçon mais c’est un brave type ! Donc pour moi, j’aurais le sentiment de bien avoir servi l’Ordre maçonnique ! ». Mais pour lui il était normal qu’il mette en pratique les valeurs théologales du Chevalier Rose Croix, et d’ailleurs il disait que sa devise personnelle était : « Faire le bien ! Faire le bien et encore le bien ! »

Lors de son passage à l’orient éternel, il était âgé de trois fois vingt-sept ans. Au moment de ses funérailles, il y avait peu de Maçons lors de sa mise en terre mais par contre un plus grand nombre d’anonymes… Comprenne qui pourra !

Dans la loge d’en haut, il pu vérifier que Dante avait raison sur l’Enfer, l’imagerie populaire représente l’endroit comme un feu ardent qui consume les Ames pécheresses, il vit que l’endroit était glacial, sans vie et sans chaleur ! Symboliquement il fut d’accord avec Dante. Sur le chemin, il vit la Terre qui devenait de plus en plus froide, l’Esprit vivifiant devait de plus en plus rare, et plus il s’approchait de la Jérusalem céleste, la Terre semblait morte et sans Ame.

Il rencontra les Fidèles d’Amour, puis les Chevaliers du Paraclet et en dernier lieu le Hiéron du Val d’Or et tous lui dire, « Tu as essayé de donner de l’Amour à tes proches mais le matérialisme de la Terre a été plus puissant que toi, les Hommes ont oublié ce pourquoi il était sur cette Planète, comme tu as rempli le chantier que le GADLU t’avais confié alors, tu vas faire partie de 144000 ELUS.

Dans un cimetière de campagne, au fond de l’endroit, il y a une tombe, simple sans fioriture, avec une simple plaque : Ci git un CHERCHANT ! De temps en temps, sur sa tombe il avait soit une rose, soit un myosotis, un jour on avait planté sur le côté, une branche d’acacia… »

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