Obédience : NC Loge : NC 02/2014

Le Jardin de la Fraternité

Il y a longtemps, après avoir chassé L’homme du paradis céleste, le Grand Architecte fut pris de remords ne voulant pas laisser Le couple Adam et Eve sans rien faire sur la Terre, sachant que l’oisiveté est la mère de tous les vices ; alors bien plus tard, il envoya sur Terre, un de ses aides, le Grand Jardinier.

Une fois sur Terre, ce demi-dieu rassembla une poignée d’hommes et de Femmes, afin de les instruire dans l’art du jardinage. C’est ainsi que pris forme et réalité, le jardin de la fraternité, afin de cultiver tout ce qui rassemble l’Humanité, dans un projet commun, celui de retrouver les valeurs du Jardin Céleste avec comme dirigeants les Francs jardiniers. C’était à eux d’apprendre le métier au reste de l’Humanité.

Pour irriguer le Jardin de la Fraternité, il y avait quatre fleuves : la Persévérance, l’intelligence, le Courage et le désintéressement. L’irrigation de ces quatre fleuves permettait de faire pousser, les plus belles fleurs de la Création et aussi les meilleurs fruits et les plus nourrissants des légumes, afin que l’Humanité reste dans de bonnes dispositions, dans le beau le bien et la paix, et cela dura fort longtemps.

De nos jours nous savons, que les temps ne sont pas invariables et que nous sommes soumis à la Loi des Cycles, après le bonheur, la descente aux enfers ce fit plus pressante et plus rapide.

L’humanité estima qu’elle n’avait plus besoin des Francs Jardiniers, que ces derniers n’avait plus d’utilité, que leur savoir était très et trop limité, qu’il était grand temps que l’apprenti dépasse le Maitre ; en prenant la pelle et la pioche du pouvoir, chacun se croyant capable de diriger les autres. Face à une révolte naissante, les Francs Jardiniers installés prirent la décision de convoquer une assemblée générale, où chacun pourrait prendre la Parole.

Ce qui fut dit, fut fait ! Le jour de la réunion, il y eut du monde, et aussi un beau tohu bohu !

Voici donc un extrait des interventions : un jeune proposa de faire uniquement de la monoculture ; une seule plante pour nourrir tout le monde.

Une Femme fit la remarque suivante : j’ai tout lu sur le Jardinage et je prétends pouvoir accéder au rang de Maitre jardinier, les Sages lui firent remarquer qu’elle n’avait jamais travaillée la Terre et jamais touché un outil de sa vie et que sans pratique la théorie ne conduit qu’à des échecs…

Un autre intervenant dit que le jardin devait être accessible à tous, mais le connaissant bien les Maitres Jardiniers lui rappelèrent qu’il ne faisait pas la distinction entre le bon grain et l’ivraie et que si on voulait voir le jardin disparate et ingérable, il fallait accepter tout le monde…

Les utopistes proposèrent un jardin bio avec des fleurs et des légumes des autres parties de la Terre, le plus raisonnable des Francs Jardiniers celui qui avait une grande expérience, répondit que le sol du jardin commun ne pouvait nourrir ces plantes exotiques, et même que certaines pouvaient être toxiques…

Les plus virulents demandèrent la culture hors sol et l’abandon des directives du Grand Jardinier de l’Univers et quittèrent sur le champ le jardin commun. L’assemblée prit fin dans un charivari sans retenue laissant à chacun le choix et la responsabilité des décisions prises. Chacun prit les outils qu’ils jugèrent indispensables pour mettre en œuvre leur choix en délaissant ceux qu’ils trouvèrent désuets et inutiles. A ce jour, j’ignore si leur jardin est plus beau que celui des autres en tout cas ils le disent bien haut, voulant peut être se persuader que le choix qu’ils firent est le meilleur. Mais ce qui est certain c’est cette division, au lieu de favoriser l’émulation déclencha la Haine, l’égoïsme et le jardin de la Fraternité, devint un terrain plein de ronces et de chardons.

Peu après, réuni en Chapitre, les francs jardiniers, analysèrent la situation, pensant qu’ils n’avaient pas utilisé les bonnes graines, que certaines des semences, étaient tombées sur des cailloux, que d’autres avaient manqué d’arrosage, de binage et de sarclage ; après avoir fait un mea culpa ; tous réunis sous L’Olivier, le Laurier et les Palmes, en présence des outils sacrés que sont le râteau d’or et la serfouette d’argent, Prirent la décision de mieux sélectionner les futures semences et surtout de tenir cachés à ceux qui n’en sont pas dignes, les techniques de jardinage permettant de recréer sur Terre, le Paradis Céleste.

Ainsi ce fut dit ! Ainsi ce fut fait !

Bien plus tard, un philosophe dans un de ses essais fit dire au héros de son roman, qu’il valait mieux cultiver son jardin…

P\ L\


3239-R L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \