Obédience : NC Loge : NC 10/2013


Le parchemin oublié

Depuis que le monde est monde, l’humanité par besoin a voulu codifié et mettre en ordre plusieurs aspects de la vie de tous les jours de la vie religieuse et de la vie spirituelle, c’est dans ce besoin que pris naissance la fonction du rituel, partant du constat suivant, les mêmes choses devant être comprises par tous, afin de vivre en société organisée.

La Maçonnerie n’échappe pas à ce besoin unificateur ; Donc dans de nombreuses Loges il y a ce que l’on appelle des rats de bibliothèque, qui cherchent tout et n’importe quoi, et donc dans la Loge qui nous concerne, il y avait un rat de bibliothèque, mais qui lui avait orienté ses recherches sur les premiers rituels de la Maçonnerie, ne voulant pas admettre que les rituels maçonniques étaient nés de l’imagination des Hommes. Dans son département il visita tout lieu qui pouvait contenir des documents anciens, en commençant par les archives départementales, sachant qu’en principe et dans le domaine de la Maçonnerie, les traces de la maçonnerie démarraient au 18ème siècle, même chose pour les archives de l’évêché de Coutances Il intrigua auprès d’un Frère, conservateur au Mont Saint Michel, pour fouiller dans les archives, interdites au public, de la Merveille. Il passa des nuits et des nuits, seul avec les parchemins du temps passés, sans trouver ce qu’il cherchait, mais par contre, cette forme d’apprentissage lui permit de mieux déchiffrer et comprendre aussi bien le latin que le vieux François.

Finalement il se retrouva au musée des parchemins et enluminures d’Avranches. Devant la multitude des documents à la disposition des chercheurs, par où commencer ? Le hasard fit bien les choses ! Les cloches de l’église voisine, sonnèrent les onze heures, le Frère commença ses recherches dans les archives du 11ème siècle. Pendant des semaines il voyagea à travers la beauté, la grâce et la minutie de Moines copistes, rendant hommage à ces hommes pour la qualité de leur travail, malgré le chatoiement des enluminures, il n’y avait pas de trace de rituel des constructeurs du Moyen Age, rien qui puisse satisfaire la curiosité du maçon spéculatif.

Les jours et les semaines passèrent sans résultat, et le Frère comme tout homme finit pas désespérer, et s’il venait encore à la bibliothèque, c’était plus par habitude que par goût du premier jour. Point besoin d’espérer pour entreprendre, et c’est la Providence qui le remis en selle ; dans la salle de lecture du la bibliothèque, son regard balaya les rayonnages, et il se rendit compte que dans sa recherche il n’avait pas exploré la rangée du haut. Grimpant sur l’échelle, il commença sa quête, prenant quand même grand soin des manuscrits enluminés. Son attention fut captée par une enluminure représentant un Moine, une clepsydre, une échelle, le soleil et les étoiles, avec dessous le titre suivant : Le Maistre du Temps suivi d’un texte dont chaque début de ligne commençait par une lettrine enluminée.

Suivant la trace des Copistes du Moyen Age, notre Frère recopia le plus fidèlement possible ce texte, écrit en latin et reparti chez lui, afin de s’isoler pour décrypter ce texte qui avait attiré son attention. Buchant pendant des jours et des nuits, notre Frère fini par saisir le sens général du parchemin : en voici une partie du texte : Le Maistre du Temps.

Pour maitriser le temps qui passe voici quelques recommandations :

Ne regrette pas les mauvais souvenirs
Oublie les bons moments de ta vie
Tu n’es ni jeune, ni vieux
Oublie le jour, oublie la nuit, devant la fuite du temps reste immobile
Vis ta journée comme la seule de ton existence
Le soleil se couche, la Lune se lève fais comme eux.

Suivi d’un rituel pour maitriser le Temps qui passe :
Tous les jours honore ton Créateur !
Tous les jours Médites sur ta vie !
Tous les jours fais le Bien !

Ensuite une série d’exercices spirituels impossible à retranscrire ici ; ayant pour but de devenir le Maistre du Temps. Pendant des mois, notre Maçon, s’appliqua mettre en œuvre ce fameux et ancien rituel, et pendant des mois, il n’y eut aucun effet et pourtant notre Frère avait le cœur à l’ouvrage, rien ne se produisait.

De bon matin au chant du Coq, dans la maison de notre ami, toutes les pendules mécaniques et digitales, s’arrêtèrent à 4h30, plus de tictac, plus de sonnerie intempestive pour réveiller notre Frère, rien que le silence ; et c’est ce qui réveilla notre chercheur, l’absence de bruits familiers, ni les ni bruits du voisinage, comme un jour ordinaire.

Il était devenu Maitre de son temps, lui qui pendant de années avait œuvré en loge de midi à minuit, il était maintenant dans l’immobilité la plus complète, ni passé, ni avenir simplement le Présent sans début et sans fin. Et cela lui apportait une tranquillité d’esprit incommunicable au commun des mortels, il pouvait voir autour de lui le monde extérieur, s’agiter, mais lui n’était pas concerné, il crut qu’il était passé à l’Orient Eternel, qu’il vivait entre deux monde, le terrestre et le céleste, non ! Non ! Il était bien vivant au sens habituel que l’on emploie sur Terre : il n’avait pas faim, pas soif, pas sommeil et aucune envie, aucun désir à satisfaire : le Viel Homme était devenu l’Homme Véritable.

Comme toute créature notre Frère quitta cette Terre pour rejoindre, pour l’Eternité, la loge d’en Haut !

P\ L\


3239-O L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \