Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Cherchez…
Conte a dormir debout

Dans notre société profane tout comme dans les sociétés initiatiques, il y a des individualités qui sont curieuses, pas de cette curiosité malsaine qui ne fouillent que dans la vie des gens, cherchant ce qu’il y de plus glauque.

Ce Frère était d’une autre qualité, ce qui l’intéressait, c’était de trouver des documents sur l’origine de la Maçonnerie, étant peu satisfait de ce que les Obédiences disaient sur la chose. Sauf que chaque Obédience avait sur la question, des réponses qui semblait les plus favorables à sa propre culture, pour certaines obédiences, la Maçonnerie étaient née de quatre loges anglaises qui faisaient ripailles dans une auberge, cela lui paraissait un peu trop simple, sceptique il ne voyait dans cette affirmation qu’une légende de plus sur la Maçonnerie, mais plus farfelu, d’autres disaient en particulier un pasteur anglais, que c’était les extras terrestres qui avaient introduit sur Terre le concept maçonnique ; pas mal de littérature en veine de merveilleux mais qui ne répondait à une analyse un peu plus sérieuse et moins approximative. Chercher et vous trouverez… !

Notre Frère fut récompensé de sa persévérance, en allant aux archives de son département. Un soir pendant les agapes un Frère l’interpella : « dis Thomas, tu devrais rendre une petite visite a l’Evêché, il y là-bas un fond maçonnique qui dort depuis plus de cinquante ans ! ». Effectivement, il trouva le fond maçonnique relatant l’arrivée de la Maçonnerie dans les salons et garnisons de son département, tout cela au début du 18ème siècle et grâce aux échanges commerciaux avec L’Angleterre toute proche, en réalité rien d’extraordinaire. Fouillant encore il fit la découverte que la Cathédrale, fut construite avec l’aide de maçons anglais mais au 11 ème siècle. Suite aux bombardements de la dernière guerre, une partie des archives avaient été mise à l’abri dans les locaux de l’évêché.

Tout le monde connait l’antagonisme qui existe entre l’Eglise et la Maçonnerie, et pour Thomas, la chose lui parut délicate, mais après une nuit de réflexion, son désir de savoir et de connaitre lui fit penser que d’aller dans les locaux de l’Evêché, ne devait, ne pouvait pas être un frein à sa Quête.

Un jeudi après-midi, la confrontation entre la soutane et le tablier eut lieu, dans les locaux de l’évêché. Dire que la première rencontre fut courtoise, plutôt un round d’observation, surtout quand Thomas demanda à l’abbé l’autorisation de prendre connaissance du fond maçonnique, l’abbé fut très surpris, de voir un homme se présenter comme un Maçon. Devinant son embarras, Thomas signala à notre brave Abbé, que dans son rituel, il utilisait la Bible ouverte au prologue de Saint Jean, et lui expliquant que le GADLU était une façon de faire plaisir au plus grand nombre, sans dire franchement que l’on parle de Dieu. Cela rassura notre Abbé, qui derechef mit à la disposition une vieille armoire où s’entassait une pile de cahiers de feuilles volantes des boites à chaussures. Thomas fut surpris de voir dans une de ces boites les décors de Chevalier Rose Croix et un rituel d’une loge disparue depuis Longtemps.

Pendant des années, Thomas, rendit visite à notre abbé archiviste, et disons-le entre les deux Hommes, le courant passa, un exemple : l’abbé lui fit une démonstration sur le symbolisme des couleurs des différentes vêtures ecclésiastiques, Thomas lui, expliqua comment il comprenait Dieu, tout ce que je peux dire, ce fut un échange fructueux, mais ce qui les rapprocha c’est le constat qu’ils firent mutuellement, l’abbé portait encore la soutane et Thomas se définissait comme un Maçon Traditionnaliste en affirmant qu’il ne « bouffait pas du curé ! » Plus loin vous verrez l’utilité de la chose… Demandez et vous recevrez… !

Travaillez et prenez de la peine, Thomas, toujours le nez dans l’armoire, mit la main sur une liasse de feuilles avec une écriture difficile à déchiffrer, il s’installa à la table mise à la disposition des Cherchants Le texte était en latin pas celui de la liturgie catholique, non plus ancien. Thomas et le latin c’était la réunion des contraires ; il fit donc appel à notre archiviste abbé.

Deux ou trois mois plus tard, l’abbé demande à Thomas de venir, à l’évêché, pour lui faire part de sa traduction dont voici quelques extraits : Mon cher Thomas, votre maçonnerie remonte au moins aux Collégia Fabrorum, tout comme des Sodalités de constructeurs, et suivant ce texte ces confréries auraient pris naissance avec la construction de Rome, mais difficile de donner une date précise. Il faut que je souligne aussi que toutes ces confréries de bâtisseurs avaient comme Dieu protecteur Janus, le bifront ; il y aussi un petit traité de métaphysique sur la Tradition Primordiale, mon cher Thomas j’avoue mes divergences avec ce Texte : la Tradition primordiale, est la transmission d’un message dont la source, n’est pas de nature humaine ? Tous les hommes sont potentiellement porteurs de ce message qui devrait éveiller l’Humanité à la connaissance d’une réalité différente de la réalité de tous les jours, là je retrouve en partie l’enseignement du Christ, mais où je suis plus réticent, c’est de croire que cette Tradition Primordiale, ne concerne une minorité que vous appelez les Initiés, pour moi Thomas, le Christ est universel. Il y aussi un recueil que j’ai traduit le plus fidèlement, il me semble que c’est un rituel, car on y parle de pratiques qui ouvrent la Porte des Dieux.

Thomas prit le recueil et lut en parti et dit à l’abbé : vous semblez sceptique, mais sans blasphémer lors de l’Elévation vous aussi grâce à la transsubstantiation, vous ouvrez la Porte du Christ ?

Quoiqu’il en soi, Thomas pendant des mois étudia ce fameux rituel, et il pratiqua les exercices spirituels que le rituel préconisait, tout en ayant au début, la crainte de pratiquer une sorte magie.

C’est un détail anodin, qui lui fit comprendre qu’il avait changé, c’est par le regard des autres qu’il s’aperçut du changement, une sorte d’émanation faisait que ces interlocuteurs, semblait captiver et par son regard et par ses paroles. Et la chose se reproduisit à plusieurs reprises.

C’est dans un songe que Thomas comprit. Il avait ouvert la Porte des Dieux, passant du Dieu Janus, avec ces deux faces orientées est/ouest, pour passer du binaire au ternaire, à savoir la face cachée de Janus, celle du Nord, il venait de retrouver la Parole Perdue, et il reprenait la mission que le GADLU, avait confié à Adam, accomplir le Plan Divin, sa Parole devenait Créatrice.

Quelques temps plus tard il rendit visité à notre Abbé, il lui dit : « L’abbé, grâce à vous et à votre traduction je comprends mieux l’iconographie religieuse et pourquoi les Saints portent une auréole, de par mon initiation maçonnique, j’avais reçu la Lumière, mais jamais cette Lumière n’avait rempli mon corps et mon esprit, c’est un peu ma Pentecôte ! L’abbé : ne blasphémait pas Thomas, mais quelque part nous sommes proches l’un de l’autre ! »
Bien plus tard, Thomas continua à fréquenter les Loges, mais il ne fit part à personne de son état d’avancement, tout comme il fit profiter son entourage de ses acquis, en essayant de distinguer, les faux maçons des maçons sincères et vraiment désireux d’atteindre une véritable Initiation.

Il y a quelque années, Thomas mourut à la Saint Jean d’Hiver, mais il n’y a pas si longtemps de cela, des Maçons disent qu’il était visiteur dans de nombreuses loges, le même soir parlant de la Parole Créatrice ; mais vous savez les légendes ont la vie dure…

P\ L\


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