Obédience : NC Loge : NC 23/04/2013


Le Maillet Infernal
Conte à dormir debout

Un Compagnon du Tour de France, me disait une chose qui n’apparaît pas comme évidente : « nos outils, prennent à force d’utilisation, nos qualités et nos défauts, ils sont en quelque sorte le miroir de notre Ame ! » Et il ajoutait ceci : « le bon sens populaire est une preuve bien profane, lorsqu’il dit que les mauvais ouvriers ont toujours des mauvais outils ! » Et l’on devrait retourner la formule : les mauvais outils sont souvent aux mains des mauvais ouvriers !

Comme tous les maçons le savent les maillets de la loge servent en premier lieu à marquer des séquences bien précises dans le déroulement de la Tenue, en quelque sorte un changement de rythme, allant du crescendo au décrescendo, et inversement !

Nous étions donc dans une Loge connue des seuls vrais Maçons dans un lieu éclairé par la Vraie Lumière et où le chantier consiste à construire un Temple pour les vertus théologales et un cachot, pour nos vices. Ainsi donc dans la Loge tout aller pour le mieux dans une loge de bon aloi, avec ses petites mesquineries, ses habitudes, mais aussi son bon vouloir de bien faire. Le hasard n’aime pas la monotonie.

Après avoir été admis régulièrement, après avoir passés les différentes épreuves initiatiques, après avoir occupé plusieurs offices, un frère comme les autres, posa sa candidature au poste suprême de la Loge, le premier maillet… Mais comme je l’écrivais plus haut, en précisant : les seuls vrais maçons ; voulant dire par là qu’il y a aussi des faux maçons, élémentaire mon cher Watson, puisque nous sommes dans le binaire, bien, mal, petit, grand. Donc, un Frère presque comme les autres, postulait pour le premier Maillet, il connaissait le règlement général, il savait naviguer dans les méandres du système administratif de l’Obédience, sachant aussi flatter les puissants du moment, pratiquant le consensus sans restriction, et pensant qu’il était très tolérant… En fait il retrouvait dans la Loge, le même fonctionnement de sa profession administrative, en pensant que son formatage professionnel, lui donnait l’assurance, la compétence, et le savoir, pour diriger une Loge maçonnique. N’est pas Maitre de Loge, qui vent !

Il fut donc élu premier Maillet. Sa première année, celle de l’Apprenti, fut une année d’observation et de prise de contact, le maillet fut peu actif, presque dans l’expectative, l’année du compagnon, fut une prise en main de l’organisation de la Loge, avec plus ou moins de succès, il multiplia les morceaux d’architecture, faisant dire à certains Frères, que la Loge devenait une encyclopédie… De plus pensant justifier le caractère initiatique de la Loge il mit en route à chaque tenue, « une minute de symbolisme » !!! Et pour faire bonne mesure, il y eut « une minute d’actualité » laissant ainsi entrer le tumulte profane dans ce lieu sacré.

La troisième et dernière année fut la pire : décidant de modifier le rituel en éliminant tout ce qui lui semblait « pas moderne », arriva un temps où le début et la fin des travaux furent simplifiées à l’extrême comme ceci : « Mes Frères nous reprenons nos travaux interrompus lors de notre dernière Tenue, et aussi pour la fermeture, les travaux sont clos jusqu’à la prochaine Tenue ! », Une situation très minimaliste. Situation qui fit un effet négatif auprès des nouveaux Frères, venus pour entendre et vivre autre chose qu’une mauvaise copie de la vie profane.

N’étant plus l’intercesseur de la Lumière ni des recommandations du GADLU, la Loge n’était plus irriguée, ni par la force, ni par la sagesse et encore moins par la beauté, la loge s’étiola doucement mais surement. Les Cherchants, ne trouvaient plus l’apport spirituel si utile pour progresser dans la démarche initiatique, même les Frères voulant de la camaraderie et un peu de cœur finirent par déserter les Tenues, une coquille vide ! La routine s’installa dans cette Loge, laissant croire qu’à la place, c’était l’harmonie qui régnait sur les Colonnes et comme les surveillants n’étaient plus en communion avec le Vénérable, ils n’avaient rien à transmettre aux jeunes maçons, comme cela avec le temps la Loge fut comme un désert aride, ne portant plus de fruit, les grenades étant sèches.

Le premier maillet était devenu celui de Thor ce dieu scandinave, brutal apportant la pluie destructrice du champ de blé, saccageant ainsi la future récolte ; mais dans l’obscurité, il y a toujours une lueur d’espoir…

De Frères moins endormis que d’autres, prirent conscience, du déclin de la Loge, et ils décidèrent de retrouver dans le passé les pierres qui pourraient resservir à la construction d’une nouvelle loge, ce ne fut pas difficile, car on trouve tout ou presque sur la Maçonnerie, mais le plus compliqué dans cette profusion d’informations sur la Maçonnerie, c’est de trouver l’essentiel, le bon rituel, celui qui vraiment est initiatique et non folklorique. Cherchez et vous trouverez, donc nos Frères trouvérent « tablier à leur taille ! », mais le plus dure fut d’avoir un local qui puisse accueillir nos Frères, et ce ne fut pas chose facile. De salle à manger en garage, de salle de réception, en pavillon de chasse d’un château de province la nouvelle Loge finit par allumer ses feux. Nos Frères la nommèrent ainsi : La Tradition Initiatique, l’on sait que nommer implique une direction précise dans le travail maçonnique ; et cette Loge trente ans après existe toujours, malgré de mauvais augures venant de Frères peu fraternels.

J’ignore s’il y a une morale, mais ce que je sais par expérience, que la volonté ou la foi peuvent résoudre bien des problèmes…

P\ L\


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