Obédience : NC Loge : NC 29/01/2013



La Porte Basse
Conte à dormir debout

Il était une fois dans un Orient incertain et dans une Loge sans Nom, la vie initiatique de deux Frères, qui œuvraient dans un Rite Oublié des autres Maçons. L’un des deux Maçons était un simple menuisier maniant le ciseau, la varlope et le bédane, l’autre Frère, un avocat de renom, maniant les mots pour en extraire ce qu’il croyait être la Vérité et surtout la quintessence de la Parole perdue.

Chacun vivait donc sa maçonnerie suivant son tempérament, son acquis culturel mais aussi avec son caractère, voulant dire par là que dans le tréfonds de chacun il y avait encore quelques traces de métaux qui malgré tout entraient dans le Temple…

Régulièrement, notre Frère avocat planchait ; il mettait un point d’honneur à proposer aux Frères de la Loge ce que l’on appelle, abusivement, des morceaux d’architecture, ainsi sans le dire, il devenait un Ténor, un notable de la Loge…dépassant quelque fois l’autorité des trois Lumières.

Comme le voulait les us et coutumes de la Loge sans Nom, une fois par an les Maitres Maçons devaient fournir un travail à l’attention des autres maçons de la Loge. Notre Frère menuisier, ne dérogea pas à ses devoirs…

Le jour venu, il nous parla de sa malle et des outils utiles à son métier. Les premières réactions des autres Frères furent la surprise et même l’incrédulité. De copeaux en sciure, de planches gauches et de tenons en mortaises, notre Frère fit réfléchir l’ensemble de l’Atelier surtout quand notre menuisier, expliqua que ce n’était pas sa main seulement qui à travers les outils, transformait la matière, mais son cœur, car il mettait un point d’honneur à faire de la belle ouvrage, tout en restant simple et anonyme, considérant que le mérite revenait à ses outils et surtout au GADLU…

A la fin de son exposé, la Parole ne circula point, mais c’est le silence conduisant à la réflexion et même à la méditation, qui pour beaucoup de Frères, inspira leurs questionnements, et pour d’autres l’incompréhension d’une planche toute simple, bousculant les habitudes d’écoute. Une réalité toute nue s’offrait à eux, loin des discours alambiqués, et c’est cela qui était le pus difficile à admettre, pour eux ; Notre Frère menuisier, en parlant de ses outils avait ouvert la malle du Cœur…

Plusieurs mois après, et assurant la continuité de ce rituel oublié, la Loge devait procéder au degré suivant de la Maitrise, le degré dit de la Porte Basse. Naturellement nos deux Maitres maçons devaient passer cette épreuve initiatique.

Un petit éclairage s’impose sur la loge sans nom ; elle avait la chance de posséder un vaste local, lui permettant d’avoir pour sa pratique rituelle, trois Temples distincts, chacun correspondant à une étape initiatique bien précise.

Le jour dit le grand Préparateur, convoqua les Elus, pour passer par la Porte Basse et… Nos Frère furent débarrassés de tout ce qui pouvait faire illusion comme les tabliers et cordons, comme les costumes de ville trop bien coupés, ainsi que les chaussures et autres métaux. Pieds nus et vêtus d’une chasuble blanche, nos F\ F\ furent placés dans la Chambre de Méditation, en règle générale pour méditer, il faut au moins de la tranquillité et surtout du silence, mais nos F\ F\ une fois la porte refermée, furent abasourdis par un immense vacarme, dans le but évident d’empêcher la méditation mais surtout pour éprouver la force de caractère des participants… Comme la concentration de leur Esprit.

Plus tard, le Frère Préparateur, les conduisit dans une pièce plus calme : « mes F\ F\, j’imagine votre surprise, mais nous devions vous préparer pour accéder à un monde très différent du notre, et nous avons voulu vous éprouver, car nous savons que la frontière entre la raison et la folie est mince et que l’on peut vite sombrer dans la démence ».

Le Frère Accompagnateur les conduisit devant la Porte Basse, dernière étape de ce jour, il informa les prétendants : « mes F\ F\ vous allez affronter une autre réalité dont vous n’avaient pas idée ; avant de franchir la Porte Basse, vous êtes encore dans le monde de l’illusion, celui de la matière, de la dualité, après votre regard sur le monde ne sera plus jamais le même, imaginez que vous êtes au sommet de la Montagne et que votre regard dans l’instant embrasse toutes les vallées dans les moindres détails, mais ce que vous allez vivre sous peu en franchissant la Porte Basse, ne peut être dit par les mots de l’HOMME . Peu d’homme on fait le voyage que vous allez faire, c’est le monde des dieux qui va vous accueillir, mais en tant qu’homme initié aux petits mystères, vous ne pourrait pas aller plus loin de votre vivant, l’accès du royaume du GADLU vous étant interdit, mais peut être qu’en revenant dans la monde terrestre en devenant un phare pour l’humanité ; alors en passant de vie à Trépas, les grands mystères vous seront connus. Cela dépend de vous et de votre travail pour l’humanité ».

Chemin faisant ils étaient arrivés devant la Porte Basse, séparant les deux mondes. La Porte Basse s’ouvrait sur une pièce, dont il était difficile de donner une description fiable, étant donné que ceux qui avaient franchis la Porte Basse étaient condamnés au Silence, et tout ce que peut imaginer le narrateur, votre serviteur, c’est qu’il y avait au centre de cette pièce un fil à plomb sur un ciel ouvert… Pour le reste seul l’imagination des futurs Elus, entretenait la confusion.

De même que pour le temps écoulé, impossible de dire avec précision combien de temps les Elus avaient passé dans cette pièce, même si la montre du Frère accompagnateur, marquait trois heures pleins, et d’ailleurs cela n’avait aucune importance. De retour sur les colonnes, nos deux Frères ressemblaient à n’importe quel autre Frère, en apparence seulement, la partie visible de ce changement était pour notre avocat, un peu d’humilité, et pour notre menuisier, de l’assurance dans ses propos, mais le principal changement, c’est à l’intérieur d’eux même qu’il se trouvait, mais cela relève de l’ineffable.

Après bien des mois, la Loge Sans Nom, a continué ses activités, peu nombreux, sur les Colonnes, elle faisait franchir la Porte Basse aux plus méritants, et ainsi de suite… Cette histoire, c’est un vieux Sage qui me l’a raconté, il me voyait cherchant dans de nombreux livres, changeant régulièrement de Rituels maçonniques et même de Loges, un jour me prenant à part, il éclaira, un peu mon cheminement maçonnique, et me donna la bonne direction à suivre, mais malheureusement pour moi, je n’ai pas encore trouvé la Loge Sans Nom…

P\ L\


3239-E L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \