Obédience : NC Loge : NC 30/10/2012


Le Pont
Conte à dormir debout

Ils étaient deux maçons travaillant au REAA, ils avaient terminé avec le temps, le circuit initiatique. Donc le 33éme degré représentait l’aboutissement de leur ambition maçonnique à chacun.

Il arrive quelque fois, ce que d’aucuns appellent la destinée, d’autres le hasard et pour le commun la malchance, quoi qu’il en soit bien habitant loin l’un de l’autre, ils moururent le même jour et à la même heure.

Donc tous deux se présentèrent ensemble devant le Grand Tuileur de l’Univers. « Bonjour mes Frères ! Donnez-moi tous les mots de passe de votre Rite, ce qui fut fait ; maintenant vous allez prendre le chemin qui est devant vous et si tout va bien vous serez reçu par Le grand Architecte de l’Univers ! Mais avant de partir prenez vos besaces de Compagnons, vous en aurez besoin, car au bout du chemin vous rencontrerez le Grand Expert de l’Univers qui vous inspectera ».

Nos deux Compères prirent le chemin, qui au début ne présentait aucune difficulté, mais au fur et à mesure de leur marche, le pas ce faisait plus pesant, mais pas seulement la besace aussi. En entrant dans une forêt, L’angoisse de se trouver sans aucun repère, fit qu’ils s’accordèrent un peu de repos en profitant pour regarder dans leur besace, ce qui la rendait aussi lourde. Il n’y avait rien d’apparent, mais l’une des deux besaces semblait plus légère que l’autre.

Reprenant la route après ce bref repos, ce qui les intrigua fut le silence de la forêt, pas de bruit d’animaux, pas de craquements de bois et encore moins de bruits lointains. Rien qui puisse donner une quelconque indication géographique, absence du ciel, mais aussi ni jour, ni nuit, et pourtant ils marchaient vers un lieu très précis, mais ils ne le savaient pas.

Dans ce monde le temps n’aucune importance, longtemps ils marchèrent, et ils furent très surpris de voir au loin une silhouette qui semblait les attendre. Forçant la marche, à grandes enjambées, ils débouchèrent dans une vaste clairière, la silhouette se transforma en Grand Expert de l’Univers. Arrivés près de lui, ce dernier sans mot dire, soupesa les besaces, d’une courte phrase, il demanda à nos frères 33ème, de lui, communiquer tous les signes et attouchements de tous les degrés du Rite ceci accompli, de son glaive flamboyant, il indiqua le chemin à prendre, mais cette fois, le Ciel était dans un clair obscure ce qui facilita la tâche de nos compères.

Tout en marchant leur attention fut attiré par le son d’une rivière qui pouvait paraître tumultueuse si l’on se fiait au vacarme s’amplifiant au fur et à mesure que nos deux Maçons s’avançaient vers ce qu’il ne voyaient pas encore.

Une grande esplanade et devant enjambant la rivière, un grand pont car on ne voyait pas l’autre rive. Nos deux Maçons virent que l’entrée du pont était fort grande mais qu’au milieu le tablier du pont se rétrécissait, au point de n’offrir qu’un passage très étroit.

Vers le milieu du trajet en regardant de chaque côté, ils furent stupéfaits de voir que la rivière était séparée en deux, du coté droit elle était limpide et transparente, et du coté gauche il coulait une eau saumâtre et malodorante. A la perplexité succéda l’angoisse !

Lors de leur initiation terrestre, ils avaient vu tellement de choses bizarres, mais pas celles-ci. Autre sentiment désagréable, le poids des besaces s’alourdissait de plus en plus, mais avec une différence, l’une des deux besaces prenait moins de poids que la seconde. L’inquiétude gagna un de nos 33ème.

Impossible de faire marche arrière, une force invisible plus un désir de curiosité fit qu’ils s’engagèrent sur le tablier du pont. Arrivé au milieu, ils s’arrêtèrent ; sans aucun bruit, les trois mauvais compagnons, assassins d’Hiram l’architecte, saisirent l’un des 33ème et l’entrainèrent dans les eaux malodorantes et bien noires. Il coula à pic, aidé par sa besace devenue très lourde.

Très surpris le Frère restant se demanda ce qu’il allait lui arriver. Un passé Maître vêtu de blanc, lui prit la main et doucement mais fermement l’obligea à poursuivre son chemin. Comme sa besace n’était point trop chargée, mais quand même un peu moins lourde que son compagnon d’infortune, le pont se rétrécissait ou reprenait sa forme normale ce qui inquiétait notre Maçon quant à son sort, mais la main du Passé Maître le tenait fermement et lui fit prendre un chemin creux, mais garni de multiple fleurs odorantes, un peu plus loin notre Frère, entraperçu, la forme d’une ville, dont il distinguait mal les contours.

Devinant sa pensée, le Passé Maître lui murmura à l’oreille, le nom de cette ville : la Jérusalem Céleste. Devant la porte basse de la Jérusalem d’en haut, le Grand Tuileur apostropha notre Frère : « as-tu agi avec Sagesse ? As-tu utilisé la Force pour arriver à tes fins ? As-tu fait de ta vie une œuvre de Beauté ? »

On peut penser que les réponses furent satisfaisantes, puisque la porte basse fut ouverte.

La Passé Maître n’étant plus là pour lui servir de mentor, notre voyageur prit comme guide, les hautes murailles qu’il voyait à l’horizon.

Arrivé devant un grand portail, d’instinct, il toqua vingt sept fois, le marteau de la porte, cette dernière s’ouvrit, et stupéfaction, il se trouva face à un ange, qui l’interrogea comme suit : « as-tu la Foi ? As-tu fait la Charité ? Qu’Espères tu, en venant ici ? »

Décontenancé, le Frère évita de répondre rapidement, car il se dit que cet Ange lui demandait de faire son examen de conscience et il savait aussi qu’il ne pourrait rien dissimuler. Si dans la vie terrestre, on peut dissimuler ses défauts, dans le monde céleste, c’est pratiquement impossible.

L’examen terminé l’Ange ne dit rien, mais lui montra la direction à suivre. Chose curieuse, sa besace était vide. Donc d’un pas léger et confiant, il marcha, combien de temps ? Il comprit que dans le monde céleste, le temps n’existe plus, qu’il avait lu dans la Genèse qu’une journée pouvait durer mille ans ; sa foulée devenait plus souple, et son corps plus léger.

Aux abords, d’une vallée profonde, il s’arrêta et observa. Ce qu’il vit, un gigantesque arc en ciel, avec des couleurs d’une intensité inconnue sur Terre. Il entendit une voix lui intimant l’ordre de traverser la vallée et de rechercher aux pieds de l’arc en ciel les réponses aux questions qu’il se posait dans le monde terrestre.

Il reprit sa marche dans cette vallée profonde, humide et silencieuse. Seul avec lui-même, il arriva donc à proximité de l’arc en ciel, il se dirigea vers l’un des pieds de l’arc en ciel, il trouva le tétragramme, il s’inclina trois fois devant le Nom sacré, prononça le Nom Divin, se releva, entreprit une série d’invocations à la gloire du Très Haut ; puis reprit son chemin en route vers la Loge d’en Haut située dans la Jérusalem Céleste. Son chemin fut plus facile et même agréable, plein d’allégresse, il se retrouva devant une muraille et face à un portail ; il frappa trois fois vingt sept fois, la porte s’ouvrit…mais ce qu’il vit, vous le verrez peut être lorsque vous serez arrivé à l’ORIENT ETERNEL !

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