Obédience : NC Loge : NC 05/03/2007


Conte de la Colonne du Nord

Pour ne pas déroger à la coutume qui fait que tous les contes commencent par la formule presque rituelle, il était une fois, donc dans une Loge, un apprenti qui se posait des questions sur son initiation et comme il était naïf mais pas au sens qui voudrait dire simplet ou lourdaud, non mais au sens signifiant qu’il faisait confiance à tous et que sa tournure d’esprit était ouverte à la plus saine des curiosités. Ayant lu comme profane tout ce qui concernait la légende dorée de l’Histoire maçonnique, son désir avait été porté par les hauts faits des Maçons illustres qui depuis bien longtemps avaient donner à la Maçonnerie ses lettres de créances et construit ce qu’il y a de plus beau dans la Maçonnerie, à savoir le don de soi même pour les autres. Donc plein de lectures édifiantes il avait franchi le pas en frappant à la porte du Temple. On lui avait donc ouvert !

Initié et assis sur la colonne du Nord, il observait ce nouveau monde avec attention ; puisqu’il fallait se taire il se taisait, sauf que son cerveau lui fonctionnait à plein régime, comparant, analysant, cherchant dans les propos de ses nouveaux Frères la substantifique moelle de leurs faits et gestes, et la concordance des mots et des actes. Car le fait de ne rien dire ne signifiait pas qu’il dormait pendant les Tenues, il engrangeait tout ce qui lui paraissait utile à son épanouissement, tout ce qui l’amènerait sur le chemin initiatique, mais en faisant le tri entre l’utile et l’inutile. Son rêve, car il avait un espoir, devenir un INITIE, comme ceux qui avaient apporté à l’Humanité la Lumière.

Dans la loge, il venait de bonne heure et en compagnie du Maître des Cérémonies, il prenait à cœur de connaître les outils du rituel, en les plaçant au bon endroit, en questionnant, mais quelques fois sans réponse satisfaisante de la part des Maîtres, mais qu’importe si cette source n’apaisait sa soif d’apprendre, il rentrait en lui-même et tant bien que mal il essayait de comprendre. Il avait l’orgueil de celui qui veut apprendre, car instinctivement, il savait que le Maçonnerie est riche, très riche de valeurs morales et spirituelles. Si la foi soulève les montagnes, l’espoir en Maçonnerie facilite la taille de la Pierre Brute.

Donc avec le temps, sa Pierre Brute commençait à prendre forme et ce malgré des maladresses de jeunesse, mais comme il disait : c’est le métier qui rentre.

Il était plein de vigueur lorsque deux propos de Frères vinrent ébranlés sa certitude. Le premier lui dit ceci : « ne fais confiance à personne, méfies toi de tout le monde ! » quand au second il fut encore plus catégorique : « ne traite pas d’affaires avec les Maçons, tu auras des déceptions ! » Déboussolé par ces recommandations bien loin de la Fraternité, du moins celle que lui attendait avec ferveur, il se mit à repenser sa présence en Loge. Ce désarroi dura juste le temps d’entendre un autre frère lui dire : « jeune apprenti, on s’initie aussi dans la déception et dans l’erreur, apprends à discerner ceux qui sont restés des profanes malgré leur décor, et les autres qui initiés, marchent vers l’idéal maçonnique, il y a des pierres qui ne serviront jamais, car elles sont inutilisables pour l’architecte, c’est la vie, apprend à voir avec ton cœur et non avec tes illusions et ce faisant tu ne seras pas déçu car il serait bien dommage pour la Loge que dès le début tu en viennes à douter de la finalité de ton initiation, dernière chose jeune frère, ne viens pas en Tenues par habitude mais par plaisir et même par besoin ! »

Perplexe désirant réfléchir, dorénavant il écouterait avec politesse les propos de certains frères, mais sans laisser les dits propos envahir et détruire son imaginaire, car il voulait croire que la Maçonnerie était bien plus élevée que les discours du café du commerce.

Il se replongea dans le passé à la recherche de certitudes pour cimenter sa présence en Loge, tout d’abord en direction des constructeurs de cathédrales, puis il s’intéressa, aux maçons dont l’Histoire a retenu les faits et les gestes glorieux ; pour lui tout ce monde serait son Etoile du Nord, son guide et sa raison d’être, il ferait en sorte de par sa conduite de mériter le respect des illustres prédécesseurs. Il se dit que c’est dans l’effort que l’on taille sa Pierre et non dans le bavardage sur les parvis…

C’est une leçon qui guida sa vie maçonnique, il apprit qu’il faut juger par soi même et non par le prisme déformée des autres fussent ils maçons, qu’il devait se fier aux actes et non aux paroles. Ce fut pour lui sa première leçon d’apprenti : suivre son chemin sans céder aux avis des uns et des autres, en restant lui-même.

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